Ordre de Saint-Guillaume

L’ordre de Saint-Guillaume est un ordre monastique catholique aujourd'hui disparu, fondé au XIIe siècle sous l’influence de saint Guillaume de Malavalle.

Ne doit pas être confondu avec guillelmites.

Ordre de Saint-Guillaume

Moine guillemite
Ordre de droit pontifical
Approbation pontificale 1211
par Innocent III
Règle règle de saint Benoît et règle de saint Augustin
Structure et histoire
Fondation XIIe siècle
Fondateur Guillaume de Malavalle
Liste des ordres religieux

Les moines qui le composaient étaient appelés les ermites de Saint-Guillaume ou, plus communément, les guillemites et, plus rarement, guillemins ou guillelmites[1].

Ils relevèrent tour à tour de la règle de saint Benoît et de celle de saint Augustin. Après un essor rapide dans de nombreux pays d’Europe occidentale, l'ordre déclina à partir du XVIIe siècle, pour disparaître au XIXe siècle.

Histoire

Origines

L'ordre des guillemites trouve ses origines après la mort de l'ermite et ascète Guillaume en 1157 dans sa retraite de Malavalle, à Castiglione della Pescaia, dans la province de Grosseto, en Toscane. Quoique Guillaume n'en eût pas émis l'intention, l'ordre fut fondé par ses disciples, particulièrement son biographe Alberto. Peu à peu, le petit groupe d'ermites se transforma en une communauté cénobitique. Probablement stimulé par l'affluence des pèlerins sur le site du tombeau du saint, attirés par sa réputation miraculeuse, l'ordre s'étendit à la Toscane puis aux Marches, à l'Ombrie et enfin au Latium avant de franchir les Alpes[2]. La règle de l'ordre fut approuvée par le pape Innocent III en 1211[3].

Cependant, dès les années 1250, les monastères guillemites se départagèrent entre l'observance simple et la stricte observance de la vie apostolique, ce qui amena les deux courants à un conflit insoluble. En 1254, le prieur général se démit de ses fonctions et deux congrégations se formèrent alors : celle de Malavalle et celle de Montefavale (Pesaro).

À ces dissensions s'ajouta bientôt la question de la réforme des ordres de Toscane. En 1243, le pape Innocent IV avait promulgué la bulle Incumbit nobis, dans laquelle il invitait les communautés érémitiques de Toscane à se rassembler en un ordre unique sous la règle de saint Augustin, les Ermites de saint Augustin. En 1256, le pape Alexandre IV procéda à cette unification. Certains couvents guillemites acceptèrent cette modification de la règle, dont Ardenghesca, Selvamaggio, Murceto et peut-être Castiglione della Pescaia, tandis que d'autres, comme Torre di Palma (marche d'Ancône), passèrent à la règle bénédictine.

Diffusion

En Italie, l'ordre de Saint-Guillaume possédait plusieurs églises et abbayes, parmi lesquelles S. Guglielmo d'Acerona près d'Acquapendente, S. Maria dell'Assunta à Buriano, San Giovanni d'Argentella, Sant'Antonio di Val di Carsia, San Michele à Monticchio, San Salvatore di Giugnano (Roccastrada), Santa Croce (Monterotondo Marittimo), San Pancrazio al Fango (Padule di Castiglione), S. Maria Maddalena (Montepescali), San Quirico près de Populonia et Sant'Antimo à Piombino.

En Allemagne, les principaux établissements des Guillemites furent Himmelpforten, Bedernau, Schönthal, Oberried (Breisgau), Gräfinthal (Saarland), Windsbach (Bacharach), Witzenhausen (aujourd'hui partie intégrante de l'université de Cassel) et Heiligenstein à Thal (Ruhl)[4].

Rapidement présent en Autriche, en Hongrie, en Bohême et en Flandre, l'ordre s'installa en France, d'abord à partir de 1249 au prieuré de Louvergny, où il demeura jusqu'en 1643, en 1255 à Walincourt-Selvigny (abbaye des Guillemins), puis en 1256 à Montrouge jusqu'en 1618, date à laquelle ce prieuré s'unit à la congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe. Enfin, les Guillemites s'établirent à Paris en 1297, au monastère des Blancs-Manteaux[5], à la suite de la suppression de l'ordre des Servites de Marie par le deuxième concile de Lyon. Les Servites de Marie étaient surnommés Blancs-Manteaux en raison de la couleur de leur habit[6]. Les guillemites, eux, étaient vêtus de manteaux noirs[7], mais malgré cela le monastère conserva ce surnom[8]. À proximité de l'ancien couvent, une rue donnant sur la rue des Blancs-Manteaux, la rue des Guillemites, porte toujours leur nom. Plus tardivement, ils fondèrent à Strasbourg un monastère dont il demeure aujourd'hui l'église Saint-Guillaume, édifiée entre 1298 et 1307.

En Belgique, les guillemites s'établirent en 1269 à Nivelles, à Noordpeene en 1261, à Flobecq en 1283, à Biervliet (ensuite à Bruges), , Alost, Beveren, Bernaphay (ou Bernardfagne), et Liège, où le quartier des Guillemins leur doit encore son nom[9].

Extinction

L'ordre disparut dès le XVIIe siècle d'Italie, avant de disparaître progressivement du Saint-Empire romain germanique à la suite de la Réforme. L'ordre y disparaîtra complètement en 1785 à la suite de la réforme des ordres religieux par Joseph II en 1781.

En France, le cardinal de Retz ferma le monastère des Blancs-Manteaux à Paris en 1618, pour cause de « grand désordre ». Ensuite les guillemites, qui ne comptaient plus que très peu de membres, une vingtaine, firent partie des neuf ordres dissous par la Commission des Réguliers tandis que Loménie de Brienne écrivait à leur sujet que « la réputation et la conduite au moins oisives et inutiles de l'ordre ne peuvent guère laisser de regrets ». Si la suppression ne fut pas immédiatement suivie d'effet, la petite communauté de guillemites de Walincourt-Selvigny, dans le Nord, trop pauvre et trop peu nombreuse, se dispersa dans l'indifférence des autorités ecclésiastiques vers la fin des années 1770. Le décret de l'Assemblée constituante contre les ordres religieux du 13 février 1790 entérina leur disparition[10].

Aux Pays-Bas, un monastère subsista jusqu'en 1847 à Huijbergen[11], qui conserve un musée consacré à l'ordre et à l'ancien monastère.

Notes

  1. Il exista également au XIIIe siècle, en Italie, une communauté homonyme, mais sans rapport avec l'ordre de Saint-Guillaume : celle des « guillelmites », inspirée par une mystique du nom de Guglielma. Cette communauté fut interdite par l’Église catholique romaine. Cf. Encyclopædia Universalis, article « Guillelmites ». Cf. aussi .
  2. (de) Kaspar Elm, Beitrage zer geschichte des wilhelmitenordens, cf bibliographie
  3. (it) Maddalena Delli, San Guglielmo di Malavalle, publié sur ToscanaTascabile 02/2005, article en ligne
  4. Un monastère d'importance moyenne à Limbourg est à l'origine du culte à Sainte Anne en ce lieu.
  5. Cf. Jacques Hillairet, Connaissance du Vieux Paris, Payot/Rivages, 1993.
  6. Les guilhelmites sont appelés à Paris Les Blanc Manteaux, ils étaient en noir, mais avaient conservé le nom de la rue où s'étaient installés leurs prédécesseurs qui étaient en blanc, Gobert Théodore,Les rues de Liège, t.5, note 769
  7. L'habit des guillemites, initialement gris, fut remplacé en 1256 par le manteau noir des augustins lors de l'unification des communautés. Cf. .
  8. Cf. Danielle Chadych, Le Marais, Parigramme, 2005.
  9. Baron de Reinsberg-Düringsfeld, Traditions et légendes de la Belgique, tome I, 1870, article en ligne
  10. François Zanatta, La Résistance à la Commission des Réguliers : l'exemple du Nord (1766-1780), mémoire DEA, Droit et Justice mention histoire du droit, université Lille-II, 2001-2002;, article en ligne
  11. C. Van de Wiel, Les Guillelmites, un ordre religieux disparu. Quelques documents d'archives (1491-1791), in revue Ons Geestelijk Erf, 1987, vol. 61, n°2-3, p. 264-276

Bibliographie

  • (de) Kaspar Elm, Beitrage zer geschichte des wilhelmitenordens, Cologne-Graz, éd. Böhlau Verlag, 1962, traduction en ligne en italien
  • Agnès Gerhards, "Guillelmites" in Dictionnaire historique des ordres religieux, Aubin, Poitiers, 1998, p. 288

Voir aussi

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