Octave Béliard

Octave Béliard, né le à Paimbœuf et mort le à Paris, est un médecin et écrivain français[1] de science-fiction[2].

Octave Béliard
Octave Béliard
Nom de naissance Octave, Julien, Marie, Béliard
Naissance
Paimbœuf (Loire-Atlantique, France)
Décès
Boulevard Voltaire, Paris
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Français

Il est l'un des cofondateurs du Groupement des écrivains médecins en 1949.

Biographie

Fils de Luc-Célestin Béliard, capitaine au long cours, et d'Octavie-Agathe Metagy, Octave est né à Paimbœuf le . Après des études à Ancenis et à Nantes, il devient médecin. En 1896, alors qu'il n'a que vingt ans, il est initié au martinisme et fréquente la loge Les Temps nouveaux de Nantes, où il se lie avec le Dr Auguste Chauvet, ami et médecin de Saint-Yves d'Alveydre. Auguste Chauvet, lecteur attentif des œuvres du Philosophe inconnu, avait présenté à la loge Les Temps nouveaux un long discours intitulé « Claude de Saint-Martin (le Philosophe-inconnu), interprétation de sa véritable doctrine et de son application comme base de la sociologie », texte qu'il publiera en 1905 sous le pseudonyme de Saïr.

En 1903, Octave Béliard épouse une Angevine, Jeanne Rabjeau, et s'installe quelque temps à Montjean-sur-Loire. Ses inclinations le portent davantage vers la littérature que vers la médecine, et il rédige régulièrement des articles pour la Revue du théâtre Graslin et pour le Nantes mondain. Il finit par abandonner plus ou moins la pratique de la médecine pour s'installer à Paris. En 1907, il publie avec son ami le Dr Léo Gaubert Le Périple. Albert-Louis Caillet présente ce livre comme un « ouvrage des plus détaillés sur l'occultisme et ses différentes branches, et qui jouit de la plus haute estime parmi les initiés ». Par la suite, il écrit plusieurs nouvelles, parmi lesquelles nous citerons : Aventures d'un voyageur qui explora le temps (1909), Le Passé merveilleux (1909), ou Une exploration polaire aux ruines de Paris (1911).

En 1920, après la Première Guerre mondiale, Octave Béliard publie Sorcières, rêveurs et démoniaques, une étude sur les croyances et pratiques superstitieuses dans l'histoire. Il y évoque les origines de la sorcellerie dans l'Antiquité, ses développements au Moyen Âge, l'ésotérisme au XVIIIe siècle et l'occultisme contemporain. Historien scrupuleux, il relate aussi des faits qu'il a lui-même observés et les travaux de grands savants. Mais Octave Béliard est plus un romancier qu'un historien, et son livre La Petite-Fille de Michel Strogoff lui vaudra en 1927 le prix Jules Verne honorant les auteurs de science-fiction.

Parallèlement à ses travaux de plume, il se passionne pour les mystères de l'occultisme. La Première Guerre Mondiale a mis fin à la grande période du martinisme, qui n'a guère survécu à la mort de Papus, survenue en 1918. L'Ordre s'est fractionné en petits groupes. Octave Béliard se tourne vers d'autres horizons, et en 1921, avec Auguste Chauvet et Léon Gaubert, il tente de créer l'Ordre des chevaliers du Christ, de l'Ordre du Graal, groupuscules qui ne connaîtront jamais d'existence réelle. Le médecin nantais reste en relation avec ses amis martinistes. En , accompagné de Victor-Émile Michelet et Han Ryner, il donne une conférence sur le thème « La douleur » à La vie morale, à Paris. Finalement, Octave Béliard se joint à Victor-Émile Michelet et Augustin Chaboseau, qui, loin des disputes de ceux qui se présentent comme les successeurs de Papus, perpétuent au sein d'un petit groupe la tradition martiniste. À partir de 1931, ce groupe devient l'Ordre Martiniste Traditionnel. Le docteur Béliard, chancelier de l'Ordre, est membre du Conseil suprême.

Pendant cette période il participe aux activités du groupe Atlantis de Paul Le Cour (1861-1954). Lors du cinquième banquet platonicien organisé par la revue en 1932, il donne une conférence sur « L'Immortalité en Égypte » et fait paraître la même année Au long du Nil. Son retour vers le martinisme semble relancer son intérêt pour la métapsychique, et en 1933, il publie Magnétisme et spiritisme. En 1936, il écrit pour la revue Mesures, « L'Annonce du Nouvel Homme ». Cette étude se divise en deux parties. La première est une introduction à la pensée de Saint-Martin, dans laquelle Octave Béliard insiste sur la récurrence du mot homme dans quatre des œuvres majeures du Philosophe inconnu L'Homme de désirLe Nouvel Homme, Ecce Homo et Le Ministère de l'homme-esprit. La seconde partie de l'article propose des extraits caractéristiques du Nouvel Homme, introduits chacun par un titre composé par Octave Béliard lui-même. Ces textes, dit-il, présentent « l'autocréation de notre être spirituel, dont le réparateur, en son existence humaine, fournit l'exact et vivant modèle du nouvel homme, fils de l'homme de désir ».

Bientôt arrive la Seconde Guerre mondiale. Octave Béliard est nommé commandant, médecin-chef de l'hôpital Fénelon à Vaujours. Cependant, l'hôpital reste à l'état de projet, et le médecin nantais est contraint de retourner à la vie civile. Le décès de son épouse Jeanne au milieu de l'année 1942 le plonge dans le désespoir. Il tente d'oublier son chagrin en se replongeant dans l'étude des hiéroglyphes égyptiens. Durant cette période, il fréquente assidûment le Louvre et travaille à l'élaboration d'un dictionnaire de hiéroglyphes égyptiens. C'est pendant cette époque qu'il fait la connaissance de l'égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt.

Après la guerre, ses amis martinistes l'invitent à se joindre à eux pour relancer l'Ordre Martiniste Traditionnel, dont les activités, comme celles de tous les mouvements initiatiques, avaient été interdites par un décret du gouvernement de Vichy. Octave Béliard n'est guère enthousiaste. En effet, avec le temps, il en est venu à douter de l'existence d'une transmission initiatique provenant de Saint-Martin lui-même.

En , lors de la réunion organisée par Augustin Chaboseau pour décider de l'éventuelle reprise des activités de l'Ordre, deux tendances se dessinent. Les uns pensent inutile de garder une forme rituelle et initiatique, et proposent de transformer l'Ordre en une société d'étude sur Louis-Claude de Saint-Martin. Octave Béliard, comme la majorité des membres présents, incline pour ce choix. Un second groupe souhaite poursuivre les activités de l'Ordre Martiniste Traditionnel. En définitive, c'est ce dernier courant qui finit par l'emporter. Cependant, si l'OMT reprend ses activités, ceux qui n'ont pas opté pour cette direction fondent au mois de septembre l'association des Amis de Saint-Martin.

Octave Béliard reste partagé. Par amitié pour Augustin Chaboseau, il reste à l'OMT, mais participe aussi aux activités des Amis de Saint-Martin. Sa position évolue cependant quelques mois plus tard. En effet, Augustin Chaboseau, grand maître de l'OMT, meurt le . Octave Béliard s'estime alors libéré de ses engagements et préfère s'éloigner de l'Ordre. À la fin de l'année, en , il affirme sa position dans un article intitulé « À propos d'un livre récent », publié dans la revue Les Cahiers de l'homme-esprit, premier numéro de la revue des Amis de Saint-Martin. Le livre dont il parle est celui que vient de publier Robert AmadouLouis-Claude de Saint-Martin et le martinisme. Dans son article, le médecin nantais critique ouvertement l'existence d'une initiation issue de Saint-Martin, dont Robert Amadou résume l'histoire dans le troisième chapitre de son ouvrage. Ce dernier se range rapidement de son côté, reconnaissant que la chose est sujette à caution. Octave Béliard semble alors s'impliquer davantage dans les Amis de Saint-Martin. Quelques mois plus tôt, le , il a été mandaté par l'association pour prononcer une allocution lors de la cérémonie qui officialisa la découverte de la maison natale du Philosophe inconnu à Amboise.

Après cette période, il se consacre à nouveau à l'écriture et publie plusieurs nouvelles parmi lesquelles L'Étrange Histoire de FrançoiseLa HantiseLa Seconde VieLa Ville de rêveLe BouddhaLe Charmeur de bruitsLe Décapité vivantLe KarmaLe Roseau de Tout-Ankh-AmonSpiritismeUn dîner au MajesticVisite de nuitLe Sac de serge verteLe Seuil

En 1950 Octave Béliard revient plus directement vers l'ésotérisme en publiant « À propos d'occultisme ». Ce texte montre la distance qu'il a prise avec un sujet qu'il observe désormais avec une démarche scientifique. Il y aborde l'étude des phénomènes psychiques en se situant dans la mouvance de la métapsychique. Il annonce qu'il privilégie l'étude des faits et conclut son article en soulignant que ces expériences le laissent sceptique.

Comme il l'indique dans ses correspondances avec Victor-Émile Michelet, Octave Béliard se méfie des mouvements « hérétiques », se voulant fidèle à « l'église intérieure ». Par cette position, il se révèle être un martiniste au sens où Louis-Claude de Saint-Martin l'entendait. Ses activités littéraires lui valurent les titres de vice-président honoraire de l'association des Écrivains combattants et sociétaire des Gens de lettres de France.

Il meurt le à Paris.

Prix et distinctions

Le , il est décoré de la Croix de Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'honneur.

En 1927 il obtient le Prix Jules-Verne pour La petite fille de Michel Strogoff.

Les Petits Hommes de la pinède (1929) reçoit le prix de la Société des Gens de Lettres.

En 1930, la même société le récompense du prix Maurice-Renard pour l'ensemble de son œuvre[3].

Le , il est nommé Officier de la Légion d'honneur

Ouvrage

Études

  • Sorcières, rêveurs et démoniaques [Nantes, Lessare (1920), réédité chez Stock en 1981 (Les Sorciers)]
  • Magnétisme et spiritisme, Paris, Hachette, coll. « La Bibliothèque des merveilles », (1933)
  • Au long du Nil, (1932)

Articles

  • « L'Immortalité en Égypte », Atlantis no 44, (1932)
  • « L'annonce du NouvelHomme », Mesure no 4, (1936)
  • « A propos d'occultisme », Bibliographie et annuaire international des sciences psycho-pyschiques et occultes, Paris, L'Ermite, (1950)
  • « Sur le Chemin des Dames », Lecture pour tous, (1917)

Romans

  • Le périple (en collaboration avec le Dr Léo Gaubert) (1907)
  • Méditation sur la douleur
  • Les caquets du docteur
  • L'amour et l'immortalité
  • Les sorciers (Lemerre)
  • Las Maravillas del Cuerpo Humano (Seix et Barral, Barcelone)
  • La petite-fille de Michel Strogoff (Hachette, 1927)
  • Le message mystérieux (Tallandier, 1928)
  • Le marquis de Sade (Éditions du Laurier, 1928)
  • Les Petits Hommes de la pinède (Nouvelle société d'édition, 1929)
  • Le Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie (Le Livre de Paris, 1944)
  • La vie tragique de Danton (1946)
  • Au long du Nil (Peyronnet et Cie)
  • La femme... comme l'eau (Peyronnet et Cie)

Nouvelles

  • Aventures d'un voyageur qui explora le temps (1909)
  • Le boudha, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949) ;Nouvelles histoires étranges, Casterman, Autre temps, Autres mondes/Anthologies, (1966)
  • Histoires atroces, Claude Seignolle et Octave Béliard, Publicness, Paris, (1970)
  • Le charmeur de bruits, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Le décapité vivant, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, 1949 ; Histoires étranges, Casterman, Autre temps, Autres mondes/Anthologies, (1963)
  • La découverte de Paris (1911), Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949) ; Opta, Revue Fiction no 141, (1965)
  • Un dîner au Majestic, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Une exploration polaire aux ruines de Paris (1911), Lecture pour tous, (1911)
  • La hantise, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • L'histoire étrange de Françoise, Nouvelles histoires étranges, Casterman, Autre temps, Autres mondes/Anthologies, (1966)
  • L'étrange histoire de Françoise, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Le karma, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Le malacanthrope, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • « Les merveilles de l'ile mystérieuse », Lecture pour tous, () No 12 p. 1066-1.078
  • Le passé merveilleux (1909), Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949) ; Opta, Revue Fiction no 79 ; (1960), Un coup de tonnerre, et autres récits sur le temps, Gallimard, Coll. Folio Junior no 173, (1981)
  • Le réflexe suprême, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Le roseau de Tout-Ankh-Amon, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Le sac de serge verte, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • La seconde vie, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Le seuil, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • Spiritisme, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)
  • La ville de rêve, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949) ; in Histoires étranges, Casterman, Autre temps, Autres mondes/Anthologies, (1963)
  • Visite de nuit, Décapité vivant et autres histoires d'outre-vie, Ed. Saillard, Le Livre de Paris, (1949)

Références

  1. « Octave Béliard », Philosophe Inconnu (consulté le )
  2. Octave Béliard sur le site NooSFere
  3. Fleur Hopkins, « L'histoire du prix Maurice Renard (1922-1932) », Rocambole, no 85, , p. 141.

Bibliographie

  • Elaine Després, « Ère glaciaire cosmique et crise sémiotique chez Octave Béliard », dans Claire Barel-Moisan et Jean-François Chassay (dir.), Le roman des possibles : l'anticipation dans l'espace médiatique francophone (1860-1940), Montréal, Presses de l'Université de Montréal, coll. « Cavales », , 483 p. (ISBN 978-2-7606-4017-7), p. 445-462.

Liens externes

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