Platonisme (doctrine philosophique)

Le platonisme ou réalisme des idées est une théorie philosophique inspirée plus ou moins directement de la théorie des formes de Platon, théorie selon laquelle il existe des entités intelligibles en soi, dont le contenu est indépendant de la contingence de l'expérience sensible. Ces entités, suivant la version du platonisme dont on parle, peuvent être les concepts (les Idées en général, comme chez Plotin ou Augustin), les nombres (platonisme mathématique d'inspiration pythagoricienne, comme chez Jamblique ou Lautman), ou encore les valeurs logiques (logicisme de Frege par exemple). Cette théorie est une des réponses possibles, avec le nominalisme (Guillaume d'Ockham) et le conceptualisme (Pierre Abélard), à la question du statut ontologique des concepts cognitifs (idées, nombres ou contenus propositionnels).

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Histoire du platonisme

Le platonisme dans l’Antiquité

Selon Théophraste, Platon s'est consacré à l’étude des phénomènes et s'est attaché à la connaissance descriptive de la nature, dans laquelle il veut faire jouer deux principes : l'un qui est sujet et fait fonction de matière, auquel il donne le nom de « réceptacle universel », l'autre qui fait fonction de cause et de moteur et qu'il rattache à la puissance divine et du bien. La première forme de platonisme fut défendue par Platon dans le cadre de la théorie des idées, mais il faut bien voir que cette théorie ne fut jamais explicitement exposée par Platon mais qu’elle sous-tend une grande partie de la pensée platonicienne : les textes les plus importants pour connaître la théorie des idées sont La République, le Phédon, le Banquet et le Parménide, ainsi que dans une certaine mesure les dialogues socratiques. Le dernier Platon, de plus en plus influencé par la pensée pythagoricienne, tend à identifier les Idées et les Nombres, ce qui n'était pas le cas dans ses écrits plus anciens. Dans la République, l'Idée suprême était le Bien, au sens de convenance, non de bonté morale. Dans Le Banquet, l'Idée suprême était le Beau. Pour les néoplatoniciens, le domaine des Idées deviendra l'Intellect, et la Forme suprême deviendra l'Un.

Le platonisme au Moyen Âge

Le Moyen Âge fut sans doute la période durant laquelle le platonisme fut le plus discuté mais aussi défendu avec les arguments les plus vigoureux contre le nominalisme. La querelle entre ces deux théories fut nommée la querelle des universaux et constitue un des moments fondateurs de la philosophie et de l’épistémologie médiévale. Les principaux représentants du réalisme platonicien furent Guillaume de Champeaux, Amaury de Chartres, Gilbert de la Porrée.

Le platonisme à l'époque contemporaine

Les défenseurs les plus importants du platonisme à l’époque contemporaine sont les philosophes analytiques Frege et Russell, lesquels postulent l’existence d’un domaine où existent de manière autonome les significations des propositions logiques et mathématiques. Ce platonisme est critiqué dans le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein, qui renoue avec une certaine forme de nominalisme.

  • Kurt Gödel s'affirmait lui aussi résolument platonicien à la différence de son ami Albert Einstein, qui se disait spinoziste.
  • Le mathématicien français contemporain Alain Connes défend des idées platoniciennes, entre autres dans le livre qu'il a coécrit avec André Lichnerowicz et Marcel-Paul Schützenberger, intitulé Triangle de pensée (Éditions Odile Jacob, 2000).[réf. incomplète]
  • Le physicien Roland Omnès défend également une thèse platonicienne dans son livre Alors l'Un devint Deux (Flammarion, 2002).
  • Le mathématicien et physicien Roger Penrose accorde une ontologie mathématique aux lois de la physique dans tous ses ouvrages, et plus spécialement dans son dernier livre The Road to Reality : A Complete Guide to the Laws of the Universe[réf. souhaitée]. La thèse du platonisme fut vigoureusement remise en cause par Willard van Orman Quine.

Platonisme et réalisme

Il serait plus juste de qualifier les mathématiciens dits « platoniciens » de mathématiciens « réalistes », car le réalisme en mathématique reprend l'idée que la nature des objets mathématiques est réelle en ce sens qu'elle est indépendante de l'intellect de l'être humain mais ce réalisme ne reprend pas nécessairement tous les attributs du monde des idées de Platon[1]. Il n'empêche pas que cette terminologie soit souvent utilisée par les mathématiciens eux-mêmes.

Bibliographie

  • Geneviève Normandeau, « Le sens des timiôtéra et l’éthique du partage de la sophia chez Platon », Revue philosophique de Louvain, t. 101, no 3, , p. 367-382 (lire en ligne)

Notes et références

Liens externes

  • Répertoires de ressources philosophiques antiques :

Articles connexes

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