Nymphée

Un nymphée (en grec ancien νυμφαιον / nymphaion, en latin nymphaeum) est un bassin recevant une source considérée à l'origine comme sacrée.

Pour les articles homonymes, voir Nymphaion.

Vestiges du Septizonium de Rome, vers 1580.

Époque pré-romaine

Ex-voto trouvé à Aquis Segeste, portant l'inscription : AVG. DEAE SEGETAE T. MARIUS PRISCINUS V.S.L.M. EFFICIENDVM CVRAVIT MARIA SACRA FIL[1],[Note 1].

À l'origine, c'est un sanctuaire dédié aux nymphes. Les nymphes étaient des créatures mythologiques subalternes associées aux sources, aux bois, aux montagnes, et autres éléments naturels. À cette époque, le nymphée prenait généralement la forme d'une grotte naturelle ou artificielle (dans ce cas construite et ornée d'un décor de rocailles) abritant une source.

Plus tard mais toujours dans un contexte cultuel, le nymphée désigne spécifiquement le bassin accueillant une source sacrée, localisé dans une construction appelée le sanctuaire de source et associée ou non à un nemeton pour le monde celte ou un fanum pour le monde romain. Ces établissements se développent souvent autour d'une source présentant des qualités thérapeutiques.

Ces nymphées reçoivent fréquemment des offrandes votives ou des ex-votos de formes diverses dont au moins un élément rappelle le souhait de la personne qui l'offre. Ces offrandes peuvent nous renseigner sur le site lui-même. Ainsi dans le nymphée polylobé[2],[Note 2] de la ville d'eau antique Aquis Segeste, dont l'eau était ferrugineuse[3] (la source a depuis été comblée), on a retrouvé un ex-voto fait d'une plaque de marbre gravée, dont le texte indiquait le nom de la divinité remerciée — ce qui a permis de clore le long débat sur la double question à la fois de la localisation de l'Aquis Segeste sénone et sur la forme à donner au nom de la ville, qui avait agité les spécialistes de la question pendant plus de 150 ans.

Époque romaine

Restitution du Nymphée de Laodicée du Lycos

À l'époque romaine le nymphée devient une fontaine publique monumentale, ornée de sculptures et de jeux d'eau. Il se compose d'un ou plusieurs bassins entourés d'une façade ornementale à étages multiples. On retrouve également des nymphées en contexte privé, à Pompéi et à Herculanum notamment.

Les nymphées de la Renaissance

Le nymphée du château d'Ombreval (XVIe siècle) à Neuville-sur-Saône, Rhône par Thomas Blanchet.

La Renaissance voit un regain d’intérêt culturel pour l'Antiquité. Les villas de Toscane (en Italie) agrémentent leur parc de grottes artificielles décorées - comme à l’origine - de rocaille, on y place des statues de nymphes (d'autres grottes sont dédiées à d'autres divinités), des bassins et des jets d'eau. Cette mode essaime dans toute l'Europe pendant deux siècles[4].

Quelques nymphées célèbres

  • Un nymphée public antique, le Septizodium à Rome.
  • Un nymphée renaissance, celui de la Villa Giulia de Rome.
  • La Villa Visconti Borromeo Arese Litta (it), dans la banlieue de Milan, possède un nymphée monumental conçu par l'architecte Martino Bassi et construit entre 1585 et 1589 pour Pirro I Visconti Borromeo (it). L'édifice est orné de statues, de mosaïques, de grotesques et d'autres œuvres rappelant le classicisme romain, rempli de fontaines et d'inventions du génie hydraulique capables de surprendre et de divertir les invités.
  • Un nymphée XVIIe : celui du château de Gerbéviller, qui fait actuellement l'objet d'une campagne de restauration. Un autre à Viry-Châtillon dans l'Essonne.
  • Un nymphée XVIIIe : dans le parc de Reynerie à Toulouse.
  • Un nymphée XVIIIe : dans le jardin d'une propriété privée à Chatou (Yvelines). Vestige du décor du parc d'Henri Léonard Jean Baptiste Bertin.
  • Un nymphée moderne : la fontaine de Trevi à Rome.

Galerie

Notes et références

Notes

  1. À l'auguste déesse Segeta, T. Marius Priscinus s'est acquitté de son vœu de bonne grâce : Maria Sacra, sa fille, a pris soin de le réaliser.
  2. Le nymphée d'Aquis Segeste est le seul nymphée polylobé antique en France.

Références

  1. Segeta (‘Victory’). Thèse universitaire Lyon II. Inscription complétée : Aug(ustae) deae Segetae T(itus) Marius Priscinus v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito) efficiendum curau(i)t Maria Sacra fil(ia). Le donateur porte le tria nomina (trois noms) des citoyens de Rome ; et sa fille porte des noms latins.
  2. Aquis Segeste - Le sanctuaire de l'eau : le nymphée. J.F. Bradu, Professeur agrégé histoire-géographie – Orléans.
  3. Les théâtres ruraux des Carnutes et des Sénons : leur implantation et leurs rapports avec la Civitas. F. Dumasy. Dans Revue archéologique du Centre de la France, 1974, Vol. 13, n°13-3-4, p. 202.
  4. [Hervé Brunon, L'Imaginaire des grottes dans les jardins européens, Paris : Hazan, 2014, 400 p. , (ISBN 9782754104890)]

Voir aussi

Article connexe

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