Nigel S. Wright

Nigel S. Wright (né le ) est un homme d'affaires et un fonctionnaire canadien. CEO d'Onex Corporation et personnalité influente de Bay Street, il quitte ces fonctions pour devenir le treizième chef de cabinet du Premier ministre du Canada sous Stephen Harper de à [1],[2].

Jeunesse et formation

Nigel S. Wright est né à Hamilton le . Fils d'un technicien en ingénierie, Wright est éduqué à Burlington. Il voyage également de temps à autre en Angleterre.

Il fréquente d'abord l'Université de Toronto, où il côtoie des personnalités telles Jim Balsillie, Malcolm Gladwell, Tony Clement, Andrew Coyne, Patricia Pearson et John Duffy[3]. Wright est rapidement perçu comme un étudiant doué. Un ancien collègue de classe et adversaire politique affirme qu'« à l'époque, la question était «Est-ce que Nigel sera à la Cour suprême ou Premier ministre ?» Il travaillait plus fort que n'importe qui d'autre et était le plus brillant de nous tous »[trad 1],[3]. Jim Balsillie, cofondateur de BlackBerry, se rappelle s'être dit qu'il devrait « sérieusement augmenter son niveau d'inspiration s'il voulait demeurer dans la course avec ce jeune »[trad 2],[3].

Sur le campus, il est cofondateur du University of Toronto Magazine dont il est l'éditeur pendant quelque temps. Il se signale par son admiration envers Margaret Thatcher et pour son militantisme au service de Brian Mulroney. Il maintient un contact étroit avec le milieu conservateur canadien à partir de cette époque.

Il obtient son diplôme en 1988 et poursuit des études de maîtrise à l'université Harvard[3].

Carrière

Après ses études, Nigel Wright est engagé par la firme Davies Ward Phillips & Vineberg, où il joue un rôle clé dans le mégaprojet du pont de la confédération. Après cinq ans, il devient partenaire de la firme. Il est remarqué par le CEO d'Onex Corporation Gerry Schwartz (en), qui le prend sous son aile. Wright grimpe les échelons chez Onex et devient CEO, acquérant une réputation de gestionnaire de haut niveau (heavy hitter[3]) auprès de Bay Street, quartier des affaires de Toronto. Il est notamment très proche de Peter Munk, fondateur de Barrick Gold[4].

Politique

Établissant des liens pendant des années entre le Parti progressiste-conservateur du Canada et le Parti réformiste du Canada, Wright entreprend de convaincre Stephen Harper d'unir la droite canadienne[3]. Après la fusion réussie de ces deux partis dans le Parti conservateur du Canada, en 2003, il devient un des trois directeurs-fondateurs du Conservative Fund Canada, branche financière du Parti conservateur du Canada, ainsi que directeur du think tank de Preston Manning à Calgary[5].

En 2010, il est recruté par le Premier ministre Stephen Harper comme chef de cabinet, en remplacement de Guy Giorno. Il abandonne ainsi un salaire à sept chiffres pour un travail décrit comme « exaltant, mais plus ardu que tout ce que j'ai fait dans le public ou le privé » [trad 3],[3]. Sa nomination soulève des questions et des critiques en raison de ses liens étroits avec Bay Street. Lors de sa comparution précédant sa nomination, le député de l'Opposition, Pat Martin du néo-démocrate, lui a dit : « chaque geste que vous posez, chaque respiration que vous prenez vous place en conflit d'intérêt[trad 4],[3]. » Avant de commencer son nouveau travail, Nigel Wright a dû négocier avec la Commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique un « mur éthique » l'isolant de ses holdings et autres intérêts[3].

Démission

Selon la chaîne CTV, à la fin , l'ancien conseiller spécial du Premier ministre Harper, Benjamin Perrin, rédige une lettre d'entente entre Wright et le sénateur Mike Duffy, alors pressé de rembourser un montant de plus de 90 000 dollars canadiens qu'il avait perçus du Sénat en dépenses injustifiées[6],[7]. À la suite de cette entente, Wright fait un chèque personnel de 90 172 dollars au sénateur pour lui permettre de rembourser ce montant. Selon un porte-parole du parti conservateur, l'argent était un cadeau de Wright sans attente de compensation.

Duffy effectue le remboursement en question, évitant ainsi un audit de ses comptes de dépense par la firme de comptable[8]. Toutefois, lorsque l'affaire devient publique, le scandale est tel qu'il doit quitter le caucus conservateur et siéger comme sénateur indépendant[9]. En effet, un tel « cadeau » contrevient à « la Loi sur le lobbying et à la Loi sur les conflits d'intérêts, car les cadeaux doivent être déclarés[4]». Le fait qu'il soit fait à un sénateur par le bras droit du Premier ministre contrevient aussi au principe fondamental de séparation des pouvoirs[4].

Le , la Commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique confirme qu'elle enquêtera sur les liens entre Wright et Duffy[10].

Le , Nigel Wright démissionne de son poste de chef de cabinet de Stephen Harper. Le Premier ministre dit dans un communiqué : « c'est avec un grand regret que j'ai accepté la démission de mon chef de cabinet Nigel Wright. J'ai compris que Nigel croyait agir dans l'intérêt public et je comprends sa décision de quitter. Je veux remercier Nigel pour sa contribution énorme à notre gouvernement lors des deux dernières années et demi[trad 5],[11]. »

Stephen Harper prétend n'avoir été mis au courant de ce chèque que le , soit après sa divulgation dans les médias[12].

Le , les partis d'opposition à la Chambre des communes obtiennent confirmation que la GRC a ouvert une enquête « pour déterminer si un acte criminel a eu lieu[13]». L'affaire est suivie de près, car elle met en cause le jugement du premier ministre, Stephen Harper[13].

Alors que Stephen Harper avait affirmé que la décision de faire le chèque avait été prise par le seul Nigel Wright, l'enquête de la GRC révèle que le responsable financier du Parti conservateur, le sénateur Irving Gerstein, avait envisagé de régler cette affaire en tirant un chèque sur le compte du parti, mais qu'il avait fait marche arrière en apprenant que le montant à payer était de 90 000 $ et non de 32 000 $ comme il le croyait d'abord. En outre, trois membres du cabinet étaient au courant de l’entente entre le sénateur et le chef de cabinet[14].

Le , Mike Duffy affirme devant le Sénat avoir eu une rencontre en février avec Stephen Harper et Nigel Wright au sujet de ses dépenses de logement et que le Premier ministre lui aurait alors dit de rembourser le montant en question sous peine d'expulsion du caucus. Le lendemain, en Chambre, Harper nie catégoriquement avoir participé à cette rencontre[15].

Le , Stephen Harper contredit une de ses affirmations précédentes en disant qu'il avait congédié son ancien chef de cabinet Nigel Wright, alors qu'il affirmait jusque-là que ce dernier avait démissionné : « Comme vous savez, j'avais un chef de cabinet qui a fait un chèque inapproprié à M. Duffy. Il a été congédié[trad 6] »[17]. Le lendemain, Harper reconnaît que le Parti Conservateur a aussi remboursé les frais de justice de Duffy (13 560 $) et accuse Wright de « duperie[18] »[19]. Cette transformation de Wright en vilain étonne, étant donné que ses collègues en avaient unanimement loué l'intégrité, l'éthique de travail et l'honnêteté[16].

Le sénateur et trésorier du Parti conservateur, Irving Gerstein, affirme au congrès de son parti, tenu à Calgary les 1er et , que le parti avait remboursé les dépenses d'avocat de Duffy, pour un montant de 13 500 $, mais qu'il n'avait jamais été question de lui rembourser les dépenses de logement. Il contredisait ainsi une déclaration faite sous serment par Nigel Wright selon laquelle M. Gerstein était d'abord prêt à couvrir un montant de 32 000 $, mais qu'il avait reculé en apprenant que le montant était près de trois fois plus élevé[20].

Le , un rapport de la GRC estime avoir relevé dans les agissements de Wright plusieurs actes illégaux (abus de confiance, prévarication) qui pourraient donner lieu à des poursuites criminelles[21]. Il est appelé à témoigner au procès de Mike Duffy, dont les audiences reprennent le [22] : durant deux semaines, il est questionné par l'avocat de la défense de Duffy, qui met en évidence la quantité de personnel du bureau du premier ministre mêlé à cette affaire[23]. Le Nouveau Parti démocratique demande à la GRC de reconsidérer la possibilité de poursuivre Wright pour avoir offert de l'argent à un sénateur[24].

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Nigel S. Wright » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) « back in the day, the question was "‘Will Nigel be on the Supreme Court or be prime minister?’ He worked harder than anybody and he was pretty much the smartest guy in the room. »
  2. (en) « seriously up [his] inspiration levels if [he was] going to keep up with this kid. »
  3. (en) « exhilarating but more strenuous than anything else I did in the public or private sector. »
  4. (en) « Every move you make, every breath you take puts you in a conflict of interest. »
  5. (en) « is with great regret that I have accepted the resignation of Nigel Wright as my Chief of Staff. I accept that Nigel believed he was acting in the public interest, but I understand the decision he has taken to resign. I want to thank Nigel for his tremendous contribution to our Government over the past two and a half years. »
  6. (en) « As you know, I had a chief of staff who made an inappropriate payment to Mr. Duffy. He was dismissed[16]. »

Références

  1. Daniel Thibeault, « Démission du bras droit de Stephen Harper », sur http://www.radio-canada.ca, Société Radio-Canada,
  2. (en) Jane Taber, « Onex executive Nigel Wright becomes Harper’s chief of staff », The Globe and Mail,
  3. (en) « Who is Nigel Wright, the man who bailed out Mike Duffy? », The Globe and Mail,
  4. Charlie Angus - Chambre des Communes - 28 mai 2013
  5. (en)The Globe and Mail, 23 novembre 2013, Behind Nigel Wright's fateful decision that darkened the Senate
  6. (en) Andrea Janus, « PM’s former legal adviser arranged deal for Wright to give Duffy $90K; CTV News », ctvnews.ca,
  7. Lawrence Martin, The Globe and Mail, 1er septembre 2015, A shoe-leather newsman, and our own Deep Throat
  8. (en)The Globe and Mail, 22 mai 2013, Senate votes to reopen Duffy probe
  9. Marie Vastel, « Le sénateur Duffy quitte le caucus conservateur », Le Devoir,
  10. (en) La Presse canadienne, « What we know about Mike Duffy and the $90,172 repayment », Maclean's,
  11. (en) « Nigel Wright resigns », Maclean's,
  12. Chambre des communes - 28 mai 2013
  13. Le Devoir, 14 juin 2013, La GRC s’invite dans le bureau de Harper. L’ex-chef de cabinet du premier ministre fait l’objet d’une enquête criminelle
  14. Le Devoir, 6 juillet 2013, Sénatgate: des documents incriminants pour le PC
  15. Radio-Canada, 23 octobre 2013, Le scandale des dépenses de Duffy hante Harper
  16. CBC, 31 octobre 2013, Wright-Duffy cheque affair: Harper's explanations changing by the day
  17. Radio-Canada, 28 octobre 2013, Le sénateur Duffy dit avoir reçu un chèque de 13 560 $ du Parti conservateur
  18. Le Devoir, 30 octobre 2013, Le PC a remboursé Duffy, admet Harper
  19. « Once again, Mr. Speaker, on our side, there is one person responsible for this deception, and that person is Mr. Wright. Mr Wright by his own admission. For that reason, Mr. Wright no longer works for us »
  20. (en)The Globe and Mail, 3 novembre 2013, Tories refused to spend party funds on $90K Duffy cheque, fundraiser says
  21. Le Devoir, 21 novembre 2013, Affaire Duffy-Wright - La défense de Harper s’effrite
  22. CBC News, 10 août 2015, Mike Duffy trial to resume against election backdrop — with star witness Nigel Wright
  23. CBC News, 20 août 2015, Mike Duffy trial: 7 things we learned from Nigel Wright's testimony
  24. Toronto Sun, 18 août 2015, NDP wants RCMP to consider charging Wright, other PMO staffers in Duffy affair
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