Narsès

Narsès (arménien : Նարսես; grec : Ναρσής) (v. 478- v. 573) est un général byzantin, qui combattit sous le règne de l'empereur Justinien Ier, au même titre que le célèbre général Bélisaire.

Ne doit pas être confondu avec Narsès Ier d'Ibérie ou Narsès (maître des milices).

Pour l'empereur sassanide de Perse, voir Narseh.

Narsès
Ναρσής

Homme traditionnellement identifié comme Narsès, sur une mosaïque de la basilique de Saint-Vital à Ravenne représentant Justinien et son entourage.

Naissance v. 478
Décès 573
Origine Byzantin
Allégeance Empire romain d'Orient
Grade Général
Conflits Guerre des Goths
Faits d'armes 532 : Sédition Nika
552 : Bataille de Taginae
552 : Bataille du mont Lactarius
554 : Bataille du Volturno
Autres fonctions Grand chambellan

Biographie

Narsès est d'origine arménienne, né probablement vers 478.

Général au sein de l'armée arménienne, il combat Bélisaire et Sittas en [1]. Vaincu, il échappe à l'exécution en se ralliant à l'empereur victorieux et en intégrant l'administration impériale en tant qu'eunuque : il passera une grande partie de sa vie dans les palais de Constantinople où il rejoint d'abord le cubiculum (appartements privés des empereurs)[2] avant de prendre le commandement des spathaires (gardes du corps)[1].

Son intelligence et sa persévérance à surmonter sa condition humiliante lui permettent de devenir, à un âge tardif pour l'époque (presque 50 ans) le chambellan de l'empereur Justinien (au pouvoir en ) et le favori de son épouse l'impératrice Théodora. Bon connaisseur des intrigues de la cour, il avait notamment un réseau personnel d'informateurs au service de l'impératrice, en complément des fonctionnaires du palais. Son astuce, son attention aux détails et son réalisme parfois cru étaient particulièrement appréciés par cette dernière[3]. Celle-ci fait également appel à lui lorsqu'elle doit confier des missions importantes, comme l'installation du patriarche Théodose à Alexandrie en 535[1].

Son premier rôle politique majeur connu se déroule en lors de la sédition Nika. Cette année-là, il entame, avec succès, des négociations avec les rebelles de la faction « bleue » dont il achète les chefs.

Devenu l'homme de confiance de Justinien, il est envoyé en Italie afin de seconder et surveiller Bélisaire dont l'empereur se méfie. Les deux hommes s'entendent très mal, et donnent des ordres contradictoires aux officiers subalternes qui ne savent plus à qui obéir. En après la prise de la ville de Milan par les Ostrogoths, Justinien rappelle alors Narsès.

Cette semi-disgrâce dure jusqu'en quand Narsès est chargé, à 74 ans, du commandement des armées byzantines (armées comptant de nombreux mercenaires « barbares » et perses) en Italie. Ses capacités stratégiques lui permettent en trois ans (552-555) de mettre fin à la puissance des Ostrogoths.

Le roi Totila est tué en au nord de Rome sur la Via Flaminia lors de la bataille de Taginae, et son successeur Teias au pied du Vésuve lors de la bataille du mont Lactarius. Une dernière armée germanique de Francs et d'Alamans est anéantie à la bataille de Casilinum sur le Vulturne vers 554. Narsès est alors nommé gouverneur de l'Italie où il exerce le pouvoir d'un proconsul. Pendant 13 ans, il préserve l'Italie romaine des invasions et donnera asile à Gondovald, fils naturel et non reconnu de Clotaire Ier. Mais son administration rigoureuse et sa pression fiscale le rendent impopulaire.

En , la mort de Justinien marque la fin de cette brillante, quoique tardive, carrière. La femme du nouvel empereur Justin II, Sophie, lui fait envoyer une quenouille et un fuseau, ce qui est une façon méprisante de lui indiquer qu'il doit rentrer à Constantinople pour « filer la laine », par allusion à sa condition d'eunuque. Cette insulte rend Narsès furieux. Il démissionne de son poste mais reste en Italie et réside près de Naples. On l'a accusé d'avoir, lors de tractations secrètes, ouvert la frontière italienne aux Lombards vers . Il meurt vers en entrant dans Rome afin de répondre aux suppliques du pape Jean III pour défendre la ville.

Narsès est mort très âgé, sans doute à plus de 95 ans.

Narsès dans la culture moderne

Narsès est un des personnages du film d'aventure Pour la conquête de Rome I de Robert Siodmak. Le personnage est incarné par l'acteur américain Michael Dunn.

Narsès n'a que le nom de commun avec le personnage La Femme Narsès dans Électre (Jean Giraudoux).

Narsès apparait dans deux épisodes de la série télévisée française, Kaamelott (Livre I, épisode 75 ; Livre VI, épisode 4). Il est incarné par Denis Maréchal. Ce personnage ne correspond cependant pas au véritable Narsès, l'action de Kaamelott de déroulant à une époque où l'empire d'Occident est toujours debout, tandis que le Narsès historique est né deux ans après l'année conventionnelle de sa chute. Par ailleurs il est aussi fait mention dans cette série de l'empereur Justinien, accentuant l'imprécision historique du récit, faisant apparaître des personnages célèbres des Ve et VIe siècles sans distinction. Ainsi dans la série, Narsès est aussi contemporain d'Attila. L'acteur est également noir, or Narses n'était pas noir.

Annexes

Bibliographie

  • L. H. Fauber, Narses, Hammer of the Goths: The Life and Times of Narses the Eunuch, St Martins Pr (1991) (ISBN 0-312-04126-8)
  • Philip Rance, Narses and the Battle of Taginae (Busta Gallorum) 552: Procopius and sixth century warfare, Historia 54 (2005), 424–472.
  • Paolo Cesaretti, Théodora, impératrice de Byzance, Payot, (ISBN 978-2-228-89757-0).
  • Virginie Girod, Théodora, prostituée et impératrice de Byzance, Paris, Tallandier, , 300 p. (ISBN 979-10-210-1822-8).

Liens externes

Notes et références

  1. Girod 2018, V, p. 147-148
  2. Sidéris G., "Une société de ville capitale", p.247
  3. Cesaretti 2003, X, p. 193-194
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