Montreux Jazz Festival

Créé en 1967 par Claude Nobs, Géo Voumard[1] et René Langel, le Montreux Jazz Festival se déroule pendant deux semaines chaque été à Montreux en Suisse, au bord du Lac Léman. Si le jazz et le blues sont aux sources de la manifestation, les autres styles de musique y ont trouvé leur place[2]. Ainsi, Nina Simone, Miles Davis, Ella Fitzgerald, Marvin Gaye, Prince, Leonard Cohen, David Bowie ou encore Stevie Wonder se sont produits à Montreux[3]. Il est le deuxième plus grand festival de jazz annuel après le Festival international de jazz de Montréal au Canada[4] regroupant des artistes venus des quatre coins du monde[5].

Pour les articles homonymes, voir Montreux (homonymie).

Montreux Jazz Festival

Logo Jazz Festival Montreux

Genre Jazz, Blues, Rock, Pop, Electro
Lieu Montreux, Suisse
Coordonnées 46° 26′ 20″ nord, 6° 54′ 16″ est
Période Juillet
Capacité Auditorium Stravinski :
1 600 (assises) / 4 000 (debout)
Montreux Jazz Lab : 2000
Montreux Jazz Club : 350
Date de création 1967
Fondateurs Claude Nobs, Géo Voumard et René Langel
Organisateurs Montreux Jazz Festival
Site web http://www.montreuxjazzfestival.com

Les trois scènes payantes (Auditorium Stravinski, Montreux Jazz Club, Montreux Jazz Lab) sont la vitrine la plus connue du Festival. Toutefois, dès ses débuts, des scènes gratuites complètent l’offre du festival[6].

L'édition 2020, initialement prévue du 3 au , est annulée le par les autorités locales, en raison de la pandémie de coronavirus COVID-19. La 54e édition est, quant à elle, programmée l'année prochaine, du 2 au [7].

Historique

Audioslave performing live on Montreux Jazz Festival, 2005.

En 1967, Claude Nobs organise la première édition du Montreux Jazz Festival avec un budget de 10 000 francs. Le festival, qui se déroule alors sur trois jours, a notamment pour têtes d’affiche Charles Lloyd et Keith Jarrett. Il connaît immédiatement un grand succès. Se déroulant dans ses premières années au mois de juin, il a très rapidement pris place en juillet dans le calendrier international des festivals.

La deuxième édition marque la venue à Montreux de Nina Simone et la sortie de l’album live du concert du pianiste Bill Evans qui obtient un Grammy et sur la pochette duquel figure le château de Chillon. L’année suivante, Claude Nobs ouvre le festival à la musique rock avec le groupe Ten Years After, suscitant de vives critiques de la part des puristes. Cette édition 1969 est également celle de la venue d’Ella Fitzgerald et de l’enregistrement de l’album live Swiss Movements, vendu à plus d’un million d’exemplaires, réunissant Eddie Harris, Benny Bailey, Les McCann, Leroy Vinnegar et Donald Dean.

En parallèle, Claude Nobs se met à organiser chaque mois des concerts d’artistes tels que Pink Floyd, Chicago ou Santana, faisant ainsi de Montreux un haut lieu de la musique pop.

En , le festival accueille des groupes et artistes aussi différents que Colosseum — groupe « rock-jazz » (allusion au Colisée de Rome) avec Jon Hiseman à la batterie et Dick Heckstall-Smith aux saxophones — Ella Fitzgerald, l'organiste Jimmy Smith avec le guitariste Kenny Burrell, le trompettiste Clark Terry. Ces concerts sont précédés ou suivis d'ateliers, où les musiciens viennent répéter, échanger idées et techniques musicales, devant les spectateurs.

En 1970, Carlos Santana et ses diverses formations commencent une longue série de « venues » et concerts, jusqu'à nos jours.

En 1971, Aretha Franklin donne son premier concert helvétique. Cette même année, l’incendie du casino, déclenché par un feu d’artifice lancé par un fan durant le concert de Frank Zappa, inspire au groupe Deep Purple leur succès Smoke on the Water, composé à Montreux, et dote Claude Nobs de son surnom de « Funky Claude ». L'année suivante, le festival a lieu dans le nouveau casino.

En 1973, Claude Nobs rencontre Miles Davis au Newport Jazz Festival et l’invite à se produire à Montreux. L’artiste, devenu l’une des icônes du festival, y reviendra à dix reprises, notamment en 1991 pour l’ultime concert avant son décès.

En 1976, Claude Nobs décide de renommer le festival, qui n’est plus uniquement consacré au jazz, « Montreux International Festival ». Ce nouveau nom ne perdure cependant que deux éditions tant le Montreux Jazz Festival s’est déjà imposé comme une marque auprès du public.

En 1978 débute une collaboration avec le Festival de São Paulo apportant ainsi une note sud-américaine à Montreux qui vibre avec Gilberto Gil au son de la bossa nova et de la samba. Cette association marque également le début de l’exportation du label Montreux Jazz Festival dans le monde avec la première édition du festival à São Paulo au Brésil. S’ensuivront de nombreuses collaborations avec des festivals internationaux tels qu’Atlanta, Détroit, Tokyo ou encore Monaco.

En 1979, Peter Tosh, guitariste et chanteur jamaïquain participe au festival. Puis, dans les années 1980, le festival élargit considérablement son programme en accueillant des artistes plus « pop » ; c'est ainsi que des groupes comme Talk Talk ou Tears for Fears donnent plusieurs prestations. À ces occasions, le festival prend d'ailleurs le nom de « Montreux Pop Festival ».

Écriture de l'affiche Jazz 1982 de Jean Tinguely dont Giovanni Riva en fait une affiche pour le 50ème Jazz festival en 2016

En 1982, l’artiste suisse Jean Tinguely imagine l’affiche du festival et le dote par la même occasion de son logo. À sa suite, de nombreux artistes renommés créeront les affiches de la manifestation : Keith Haring (1983, 1986), Andy Warhol (1986), Niki de Saint Phalle (1984), Tomi Ungerer (1993, 2009), Julian Opie (2006), John Armleder (2008), ou encore les musiciens David Bowie (1995) et Phil Collins (1998).

En 1991 ont lieu au Montreux Jazz Festival les premiers enregistrements de concerts en haute définition, vingt ans avant que le format numérique ne soit rendu accessible à tous. Cette année-là, Claude Nobs s’associe avec Quincy Jones qui coproduira le festival à trois reprises en 1991, 1992 et 1993.

En 1993, le festival déménage au Montreux Music & Convention Center, offrant dès lors deux salles : l'auditorium Stravinski, la salle principale, et la « petite salle », le New Q's, qui changera de nom par la suite pour devenir le Miles Davis hall.

Dans les années 1990, le festival s’étend progressivement dans la ville et sur les quais avec de nombreux concerts gratuits et la création du Montreux Jazz Café. Il devient de plus en plus populaire et s’ouvre à de nouveaux genres musicaux tels que la musique électronique et le hip-hop. En 1999, il bat même tous ses records de fréquentation en franchissant la barre des 220 000 visiteurs.

En 2006, à l’occasion des 40 ans de la manifestation, Claude Nobs organise deux concerts exceptionnels en hommage aux frères Ertegün. La même année, le chanteur camerounais Josco L'inquiéteur impressionne le public avec un rythme particulier propre à son pays : le Bikutsi.

En 2007, le musicien Prince établit un record : les 4 000 billets pour son concert à l'Auditorium Stravinski le se vendent en moins de dix minutes. Le concert a été annoncé seulement 10 jours avant l'événement[8].

En 2008, la Fondation Montreux Jazz 2 pour la création et l'échange culturel est créée. Elle gère les événements didactiques, les concours, les créations et la scène extérieure Music in the Park.

En 2009, Les Black Eyed Peas remplissent l'auditorium Stravinski avec La Fouine en première partie. Le légendaire Prince revient à Montreux pour deux shows exceptionnels en une nuit, le , dernier jour du festival. Les 8 000 places se sont arrachées en huit minutes.

En 2010, de nombreux artistes sont présents comme Billy Idol, Gary Moore, Missy Elliott, Charlotte Gainsbourg, Vanessa Paradis, Simply Red, ou même Massive Attack.

Parrainage du Festival de jazz de Montreux par British American Tobacco en 2012.

En 2011 jouent Deep Purple, B.B.King, Sting, Natalie Cole, Liza Minnelli, Santana, Paolo Nutini, Selah Sue, Arcade Fire, The Pretty Reckless ou encore The Vaccines[9],[10]

Le , Claude Nobs, le fondateur du festival, meurt à la suite d'un accident de ski de fond. Après la disparition de Claude Nobs, c'est Mathieu Jaton qui reprend la direction du Festival[11].

Archives

Depuis sa création en 1967, il existe des enregistrements vidéo des concerts. Les premiers enregistrements ont été réalisés par la télévision suisse romande, puis le festival s’est chargé de ses propres enregistrements. La collection d'enregistrements des concerts du festival représente en 2012 environ 14 000 supports magnétiques, 11 000 heures de vidéo (dont 1500 heures en haute définition, depuis 1991) et 6 000h d'audio pour environ 5 000 concerts.[12] Les co-productions avec la RTS ainsi que les productions des festivals de 1967 à 2013 ont été rachetées par Claude Nobs et son partenaire Thierry Amsallem (Montreux Sounds) afin de créer une collection privée unique au monde d'enregistrements live.

Devant le risque de la perte de ce patrimoine, étant donné qu’il n’y a qu’une seule copie de ces vidéos, la Fondation Claude Nobs[13] créée par Thierry Amsallem s’est associée à l'EPFL pour la technologie et à l’entreprise d’horlogerie Audemars Piguet pour le financement, afin de sauvegarder ce patrimoine en le numérisant. Le projet, nommé Montreux Jazz Digital Project[14], lancé en 2010, a permis la numérisation de l'ensemble des supports analogiques ainsi que la mise en valeur de l'archive dans de nombreux projets de recherches portés en collaboration avec des laboratoires de l'EFPL[15]. Depuis , la majorité de la collection est consultable depuis le Montreux Jazz Café de l'EPFL[16]. Ainsi, le Montreux Jazz Heritage Lab II[17] développé par l'EPFL+ECAL Lab y est exposé et accessible au public.

Le , sous le nom de The Claude Nobs Legacy, la collection Claude Nobs des bandes audio et vidéo du Montreux Jazz Festival est inscrite au Registre International de la Mémoire du Monde de l'UNESCO[18]. Elle couvre la période 1967 à 2012 et a été attribuée à la fondation éponyme.

Autour du Festival

Montreux Jazz Artists Foundation (MJAF)

Des activités gratuites (workshops, concours, projections d'archives du Festival, expositions, ...) et les Montreux Jazz Competitions (piano solo, voix, ...) sont organisés par la Montreux Jazz Artists Foundation durant le Festival. Pendant l'année, cette fondation d'utilité publique met en place la Montreux Jazz Academy.

Live at Montreux

Live at Montreux est une série de DVD de concerts live enregistrés au Montreux Jazz Festival publiée par Montreux Sounds et Eagle Vision jusqu'en 2012.


Notes et références

  1. Agence France-Presse, « Géo Voumard, co-fondateur du Festival de Montreux, est décédé », Tribune de Genève, 4 septembre 2008.
  2. (en-US) « Evolution of genres in the Montreux Jazz Festival », (consulté le )
  3. « Concerts database Montreux Jazz Festival », sur www.montreuxjazz.com, (consulté le )
  4. « Les meilleurs festivals de Jazz au monde | Vizzion50.com », sur www.vizzion50.com (consulté le )
  5. (en-US) « Montreux Jazz Festival artists map », (consulté le )
  6. « A propos du Montreux Jazz Festival », sur www.montreuxjazzfestival.com, (consulté le )
  7. Covid-19 : le Montreux Jazz Festival 2020 annulé, sur France 3 Régions - Auvergne Rhône-Alpes, 17 avril 2020 (consulté le 22 avril 2020).
  8. « Billets pour Prince vendus en dix minutes », rts.ch, (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Festival 2011 », Montreux Jazz, (lire en ligne, consulté le ).
  10. Montreux Jazz Festival, « Interview - The Pretty Reckless | Montreux Jazz Festival 2011 », (consulté le ).
  11. « A propos du Montreux Jazz Festival », sur www.montreuxjazzfestival.com, (consulté le ).
  12. (en) « Montreux Jazz Digital Project | MMC », sur metamedia.epfl.ch (consulté le )
  13. « Claude Nobs Foundation », sur Claude Nobs Foundation (consulté le ).
  14. (en) « Cultural Heritage & Innovation Center », sur epfl.ch (consulté le ).
  15. (en) « Valorize | MMC », sur metamedia.epfl.ch (consulté le )
  16. https://www.montreuxjazzcafe.com/fr/cafe/epfl-lausanne
  17. http://www.epfl-ecal-lab.ch/work/montreux-jazz-heritage-lab-ii/
  18. Les archives du Montreux Jazz Festival font leur entrée à l'UNESCO, article de la RTS, du 19 juin 2013

Articles connexes

Voir aussi

Liens externes


  • Portail du jazz
  • Portail du rock
  • Portail arts et culture de la Suisse
  • Portail du canton de Vaud
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.