Smoke on the Water

Smoke on the Water est une chanson du groupe de hard rock britannique Deep Purple, parue en 1972 dans l'album Machine Head. Elle relate l'incendie du casino de Montreux survenu le , dont le groupe a été témoin ; la « fumée sur l'eau » du titre est celle de la fumée qui se répand sur le lac Léman. Le riff de guitare de la chanson est l'un des plus célèbres de l'histoire du rock.

Pour les articles homonymes, voir Smoke.

Smoke on the Water

Single de Deep Purple
extrait de l'album Machine Head
Face B Smoke on the Water (Live)
Sortie (album)
(single)
Enregistré décembre 1971
Durée 5:42 (album)
3:54 (single)
Genre Hard rock[1],[2]heavy metal[3]
Auteur Ritchie Blackmore
Ian Gillan
Roger Glover
Jon Lord
Ian Paice
Producteur Deep Purple
Label EMI / Warner Bros. 7710
Classement 4e (États-Unis)
21e (Royaume-Uni)

Singles de Deep Purple

Conception et enregistrement

Le « Funky Claude » mentionné dans les paroles est Claude Nobs (ici en 2006).

Le , Deep Purple pose ses valises à Montreux, en Suisse. Le groupe souhaite utiliser le casino de la ville pour enregistrer son prochain disque à l'aide du studio mobile Rolling Stones, afin de capter l'ambiance d'un concert sans que cela en soit vraiment un. Ces projets sont réduits à néant dès le lendemain : lors du concert de Frank Zappa et des Mothers of Invention, le soir du 4, un incendie se déclare dans le casino après qu'un spectateur a tiré dans le plafond avec un pistolet de détresse. Le complexe est entièrement détruit, laissant les Mothers sans matériel et Deep Purple sans studio d'enregistrement[4].

Grâce à l'organisateur de spectacles Claude Nobs, les cinq musiciens trouvent à s'installer au Pavillon, une salle de concert du centre-ville, mais ils en repartent au bout d'une journée : le vacarme qu'ils y causent dérange le voisinage, d'autant que le groupe préfère travailler de nuit. La seule chanson qu'ils parviennent à enregistrer au Pavillon avant d'être interrompus par la police est une jam instrumentale autour d'un riff de guitare de Ritchie Blackmore, simplement intitulée Title #1[5], ou Durh Durh Durh (onomatopée des riffs du morceau) selon Jon Lord[6].

Le périple du groupe s'achève au Grand Hôtel, où l'enregistrement de l'album Machine Head est bouclé en l'espace de deux semaines. Title #1 est retravaillée et devient Smoke on the Water, une phrase venue au bassiste Roger Glover dans son sommeil. Les paroles de la chanson, écrites par Glover avec le chanteur Ian Gillan, décrivent les événements de la nuit du , les déboires du groupe et les sessions au Grand Hôtel. Le titre évoque la fumée de l'incendie au-dessus des eaux du lac Léman, tel que les membres du groupe en ont été témoins depuis leur hôtel[7]. Le texte démarre ainsi : « Nous sommes tous arrivés à Montreux / sur les rives du lac de Genève / pour enregistrer un disque avec un [studio] mobile / nous n'avions pas beaucoup de temps. / Frank Zappa et les Mothers / occupaient le meilleur endroit possible / mais un imbécile avec un pistolet de détresse / a réduit l'endroit en cendres / Fumée sur l'eau, feu dans le ciel » Le dernier couplet de la chanson explique : « Nous avons fini au Grand Hotel, il était vide, froid et nu / mais en réalisant notre musique ici avec le machin du camion des Rolling Stones juste à l'extérieur / avec quelque lumières rouges et quelques vieux lits, on en a fait un endroit pour transpirer / peu importe ce qu'on allait en tirer, je sais, je sais, que nous n'oublierons jamais »

Les musiciens de Deep Purple n'ont aucune idée du succès que leur chanson va rencontrer : pour eux, ce n'est qu'« une chanson comme les autres »[8]. Interrogé en 2006 sur l'image qui lui reste de l'incendie du casino et de l'enregistrement de l'album, Ian Gillan répond :

« En fait, avec le temps qui passe, les éléments visuels — la fumée, le feu, la peur — restent présents, mais ce qui est le plus fort, c'est le souvenir du dernier jour d'enregistrement, au Grand Hotel. Martin Birch, notre manager, nous avait dit : "J'ai une mauvaise nouvelle : il nous manque sept minutes de matériel. Et il ne nous reste que 24 heures." Alors il a proposé qu'on écoute les prises qu'on avait faites le premier jour, pour le soundcheck. Et là-dedans, il y avait les bases de ce qui allait devenir Smoke on the Water. Roger Glover, le bassiste, a proposé qu'on écrive des paroles sur ce qu'on venait de vivre… Ce moment-là a été la conclusion de l'enregistrement le plus dramatique qui ait jamais eu lieu[9] ! »

Parution et accueil

Au moment de la sortie de Machine Head, en , ce n'est pas Smoke on the Water qui est mise en avant, mais une autre chanson, Never Before. Cette dernière sort en single le même mois que l'album sur le label du groupe, Purple Records (PUR 102), et réalise une performance modeste dans les charts britanniques (35e), mais passe totalement inaperçue aux États-Unis. Comme le résume Roger Glover en 1998 :

« Ce qui est amusant, c'est que quand Machine Head est sorti, c'est Never Before que nous pensions voir devenir un hit. On avait vraiment travaillé dessus : un joli pont, un jeu soigné, un mixage approprié[10] »

Ce n'est qu'en , plus d'un an après la sortie de l'album, que Warner Bros. Records, la maison de disques américaine de Deep Purple, décide de publier Smoke on the Water au format 45 tours, avec un enregistrement live de cette même chanson en face B. Ce single se classe 4e du Billboard Hot 100, le plus gros succès du groupe depuis Hush en 1968, et il est certifié disque d'or aux États-Unis. Au Royaume-Uni, il n'atteint que la 21e place du hit-parade. Purple Records édite également en tirage limité un single Smoke on the Water / Woman from Tokyo / Child in Time (PUR 132).

Smoke on the Water est la dernière chanson de Machine Head à intégrer le répertoire scénique de Deep Purple, à la fin du mois de [11]. Elle ne l'a plus jamais quitté depuis, et figure à ce titre dans la plupart des albums live du groupe, à commencer par le Made in Japan enregistré en août et sorti en décembre de la même année.

Smoke on the Water figure dans plusieurs listes musicales : elle est 434e dans la liste des 500 plus grandes chansons de tous les temps établie par le magazine Rolling Stone en 2004[12] et 12e dans la liste des plus grandes chansons à guitare établie par le magazine Q en 2005[13]. La chaîne musicale VH1 l'a classée 11e dans sa liste des 100 plus grandes chansons de hard rock, et 37e dans sa liste des 40 plus grandes chansons de metal.

Structure musicale

Smoke on the Water débute avec le riff de quatre notes joué par Ritchie Blackmore sur sa Fender Stratocaster. Blackmore n'hésite pas à comparer la simplicité de ce riff à la symphonie no 5 de Beethoven[14]. Le riff, un des plus célèbres de l'histoire du rock, consiste à pincer les 3e et 4e cordes de la guitare (le sol et le ré) à vide, puis à descendre sur les 3e et 5e cases, la 2e fois en faisant un glissando de la 6e à la 5e case et la 3e fois en remontant sur les deux cordes à vide. Une variante consiste à commencer le riff avec les 4e et 5e cordes (le et le la) en appuyant sur la 5e case (ce qui donne et sol) et à continuer de la même façon, limitant ainsi les déplacements sur le manche. Mais cette façon de jouer utilisée par tous les guitaristes débutants, n'est pas celle utilisée par Richie Blackmore. La voici en tablatures :
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------8-10_----8-11-10__------8-10_-8-----
---10-8-10_-10-8-11-10__---10-8-10_-8-10__
---10-------10-------------10---------10__

Les autres instruments le rejoignent un à un : le charleston de Ian Paice, l'orgue Hammond distordu de Jon Lord, la batterie de Paice et la guitare basse de Roger Glover qui appuie sur les toniques en sol, avant le début du premier couplet, chanté par Ian Gillan.

La chanson compte deux solos : un solo de guitare entre le deuxième et le troisième couplet, et un solo d'orgue à la fin. Une autre version du solo de guitare apparaît dans la version remixée de l'album Machine Head, parue en 1997[15]. Il existe aussi pendant le solo de guitare de Ritchie Blackmore un solo de basse fait par Roger Glover.

Le riff pourrait avoir été inspiré par l'introduction de Maria Quiet, une chanson d'Astrud Gilberto qui est un arrangement par Gil Evans de Maria Moita, composée par Carlos Lyra.

Classements et certifications

Classements hebdomadaires

Classement (1973) Meilleure
position
Autriche (Ö3 Austria Top 40)[16] 11
Allemagne (Media Control AG)[17] 20
France (SNEP)[18]64
Pays-Bas (Single Top 100)[19] 5
États-Unis (Billboard Hot 100) [20] 4
Classement (1977) Meilleure
position
Royaume-Uni (UK Singles Chart)[21] 21
Classement (2012) Meilleure
position
France (SNEP)[22] 134

Certifications

Pays Certification Date Ventes
États-Unis (RIAA)[23]  Or 1 000 000

Reprises

Ian Gillan a repris Smoke on the Water en concert hors de Deep Purple : avec Ian Gillan Band (un enregistrement de 1977 figure sur l'album Live at the Budokan), avec Gillan (un enregistrement de 1980 figure sur la réédition de l'album Double Trouble), et avec Black Sabbath durant la tournée de promotion de l'album Born Again en 1983.

Smoke on the Water a été reprise par de nombreux autres artistes, dans des genres très variés, parmi lesquels :

Deux reprises de la chanson figurent sur l'album-hommage Re-Machined: A Tribute to Deep Purple's Machine Head (2012) : la première par Carlos Santana et Jacoby Shaddix, la deuxième par les Flaming Lips.

Références

  1. (en) Andrew Winistorfer, « VH1's 100 Greatest Hard Rock Songs list only slightly less annoying than their hip-hop list », Prefix (consulté le )
    11 Deep Purple - "Smoke On The Water"
  2. (en) Gary Graff, MusicHound rock : the essential album guide, Visible Ink Press, , 911 p. (ISBN 978-0-7876-1037-1) "Purple's heyday came during the early 70s- when "Smoke on the Water" entered the pantheon of hard rock classics"
  3. Christe (2003), pg. 13, " Though Deep Purple's "Smoke on the Water" was a bona fide metal anthem and the first basic riff of a longhairded guitarist's repertoire, the band did not consider itself heavy metal."
  4. Thompson 2004, p. 125-126.
  5. Thompson 2004, p. 126-127.
  6. Robinson et Glover 1997, p. 9.
  7. Thompson 2004, p. 127-129.
  8. Robinson et Glover 1997, p. 25.
  9. « Quand Deep Purple laisse « bondir le tigre » », sur Swissinfo, (consulté le ).
  10. Cité dans Thompson 2004, p. 129.
  11. Robinson et Glover 1997, p. 12.
  12. (en) « 500 Greatest Songs of All Time: Deep Purple, 'Smoke on the Water' », sur Rolling Stone (consulté le ).
  13. (en) « 100 Greatest Guitar Tracks Ever! », (consulté le ).
  14. Thompson 2004, p. 127-128.
  15. Robinson et Glover 1997, p. 2.
  16. (de) Austrian-charts.com – Deep Purple – Smoke on the Water. Ö3 Austria Top 40. Hung Medien. Consulté le 16 février 2014.
  17. (de) Musicline.de – Deep Purple. GfK Entertainment. PhonoNet GmbH. Consulté le 16 février 2014.
  18. « Tous les titres par artiste (cliquer sur "Deep Purple") », sur InfoDisc (consulté le )
  19. (nl) Dutchcharts.nl – Deep Purple – Smoke on the Water. Single Top 100. Hung Medien. Consulté le 16 février 2014.
  20. (en) « Deep Purple - « Machine Head » : Awards », sur AllMusic (consulté le )
  21. (en) Archive Chart. UK Singles Chart. The Official Charts Company. Consulté le 16 février 2014.
  22. Lescharts.com – Deep Purple – Smoke on the Water. SNEP. Hung Medien. Consulté le 16 février 2014.
  23. https://www.riaa.com/goldandplatinumdata.php?content_selector=gold-platinum-searchable-database#
  24. « Vendée Globe. Tanguy De Lamotte s’essaie au air guitar », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

  • (en) Simon Robinson et Roger Glover, Machine Head, EMI Records, (livret de la réédition remasterisée de l'album).
  • (en) Dave Thompson, Smoke on the Water : The Deep Purple Story, ECW Press, , 402 p. (ISBN 1-55022-618-5, lire en ligne).
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