Mont Royal
Le mont Royal est une colline qui domine la ville de Montréal, au Québec. Il s'agit de l'une des dix collines montérégiennes situées dans le sud-ouest de la province.
Pour les articles homonymes, voir Mont-Royal (homonymie).
Mont Royal | ||||
Le mont Royal vu depuis l'observatoire de la Place Ville-Marie. | ||||
Géographie | ||||
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Altitude | 234 m | |||
Massif | Collines montérégiennes | |||
Coordonnées | 45° 30′ 23″ nord, 73° 35′ 20″ ouest | |||
Administration | ||||
Pays | Canada | |||
Province | Québec | |||
Région | Montréal | |||
Géologie | ||||
Roches | Magmatiques (gabbro, diorite, monzonite) et métamorphiques (cornéenne)[1] | |||
Géolocalisation sur la carte : Région métropolitaine de Montréal
Géolocalisation sur la carte : Québec
Géolocalisation sur la carte : Canada
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Toponymie
Cette colline appelée mont Royal par Jacques Cartier en 1535-1536 donna, par déformation attestée quarante ans plus tard, son nom à la ville et à l'île sur laquelle elle était sise : Montréal. Il s'explique par la variante mont réal, dont l'adjectif réal est une forme archaïque de « royal » dans le français du XVIe siècle[2]. Sous l'initiative du géologue Frank Dawson Adams, les collines de la plaine du Saint-Laurent entourant le mont Royal prirent le nom « montagnes royales », soit mont Regii, version latine de mont Royal.
Aujourd'hui, le terme Montérégiennes désigne tout le groupe de collines marquant la plaine du Saint-Laurent.
Le toponyme Montérégie désigne également une région sise au sud-ouest de la province de Québec et marquée de la présence des Montérégiennes.
Géographie
Topographie
La colline possède trois sommets ou collines : la Grosse Montagne ou colline Mont-Royal (234 mètres), l’Outremont, jadis sous le régime français appelée Pain de Sucre (211 mètres) et la Petite Montagne ou mont Westmount (201 mètres)[3],[4].
Le mont Royal fait environ quatre kilomètres d'est en ouest et 2,5 kilomètres du nord au sud. La montagne émerge des plaines qu'occupent la métropole et les régions avoisinantes[4].
Réseau routier
Deux routes traversent le territoire[4] :
- la voie Camillien-Houde (nommée chemin Remembrance sur une partie de son parcours) ;
- le chemin de la Côte-des-Neiges.
Géologie
Le mont Royal s'est formé il y a environ 125 millions d’années lors d’une intrusion souterraine de magma. Ce magma n’a pas atteint la surface terrestre et a été figé en profondeur. La colline est apparue lors de l’érosion par les glaciers des roches sédimentaires avoisinantes, plus fragiles que la roche métamorphique formée par le contact du magma et de la roche sédimentaire.
Faune et flore
Le mont Royal abrite de nombreuses espèces animales, notamment l'écureuil gris et roux, le raton laveur, la grande chauve-souris brune, la chauve-souris nordique, le rat de Norvège, le renard roux, la souris sauteuse des bois, le lapin à queue blanche, le campagnol à dos roux, la marmotte commune, la mouffette et l'abeille[5],[6].
Du point de vue de la flore, la montagne abrite un ensemble d'espaces naturels et semi-naturels riches en arbres, en arbustes et en plantes herbacées[4].
Histoire
Lors de son deuxième voyage en 1535, après s'être arrêté le à Québec, Jacques Cartier remonte le Saint-Laurent jusqu’à Hochelaga, maintenant la ville de Montréal. Le , il est accueilli à Hochelaga qu'il visite, puis il monte sur la montagne située à proximité, qu'il nomme mont Royal en l'honneur du roi de France François Ier : « Et au parmy d'icelles champaignes, est scituée et assise ladicte ville de Hochelaga, près et joignant une montaigne... Nous nommasmes icelle montaigne le mont Royal. »
Vingt et un ans plus tard, en 1556, le livre du Vénitien Giovanni Battista Ramusio Delle Navigationi et Viaggi comprend, outre un récit du voyage de Cartier, une carte de Giacomo Gastaldi intitulée La Terra De Hochelaga Nella Nova Francia, où les trois sommets du mont Royal sont fidèlement reproduits[7]. Cartier revient ensuite à Stadaconé le et y passe l’hiver. Lors de son troisième voyage, en 1541, Jacques Cartier, devenu subalterne de Roberval, fonde la colonie de Charlesbourg-Royal. L'année suivante, Roberval arrive à Charlesbourg-Royal qu'il renomme France-Roy. Tous deux, séparément, reviennent à la bourgade de Hochelaga, alors détruite. Ils essaient de passer outre les saults[8] qui avaient jusqu'alors bloqué l'avance dans l'intérieur des Indes occidentales.
Le premier façonnement de la « Montagne » fut en 1643 lors d'une inondation, De Maisonneuve, gouverneur de l'île de Montréal, planta une croix sur ses flancs pour remercier le Seigneur d'avoir épargné la ville[9]. C’est à la Société Saint-Jean-Baptiste que l’on doit la croix s’élevant aujourd’hui sur le mont Royal. En 1874, l’organisation émet le souhait d’aménager une croix sur la montagne en souvenir de celle érigée par De Maisonneuve au XVIIe siècle. Ce n’est que plusieurs années plus tard, en 1924, que la croix du Mont-Royal devient ce qu'on connait actuellement, après le succès d'une grande collecte de fonds menée auprès du public québécois. La croix du mont Royal est une croix en métal haute de 31,4 m et qui couronne la montagne. Depuis 1992 elle est éclairée à la fibre optique.
Dès 1667, les Sulpiciens, seigneurs de l’île de Montréal, divisent la montagne en plusieurs parcelles et les octroient aux colons afin qu'ils en exploitent le potentiel agricole[10]. Au milieu du XIXe siècle, grâce à la croissance démographique et économique de la ville la bourgeoise de Montréal remplace graduellement les agriculteurs et les fermiers qui gravirent la montagne. Les propriétés foncières des familles bourgeoises enrichies par le commerce arrivent au sommet de la Montagne, et le versant sud-est de celle-ci, qui fait face à la ville et bénéfice du paysage plus valorisé et qui devient l’emplacement de leurs résidences, elles constituent un quartier caractérisé par la grande concentration de familles riches, en majorité anglophone[9]. Les estimations montrent que, vers la fin du XIXe siècle, 70 % de la fortune du Canada se trouve concentrée sur le flanc sud du mont Royal[10].
Au milieu du XVIIIe siècle, l’antagonisme entre ville et montagne commence à se faire sentir, la ville qui symbolisait la civilisation, située en bas, face à la montagne qui symbolisait la nature, située en haut ; le mont Royal était alors conçu comme un milieu doté de caractères naturels particuliers qui affectaient d’une manière positive la santé physique et morale, et qui se définissaient en opposition à la ville[9]. De nombreuses institutions ont été attirées par les charmes de la montagne : l’Université McGill, les cimetières et l’Hôtel-Dieu, « le mont Royal devenait le lieu du savoir, du sacré et de la santé »[10].
Au milieu du XIXe siècle, la construction du parc du Mont-Royal s’inscrit dans un mouvement de réformisme social visant à donner aux plus démunis des conditions de vie urbaine saines et plaisantes, la ville commence à acquérir des terres détenues par la bourgeoisie montréalaise[9]. En 1874, la Ville confiait à Frederick Olmsted, reconnu à l’époque comme le plus éminent architecte paysagiste du continent américain, l’aménagement du parc, «il devait y laisser le témoignage d’un idéal social et d’une vision particulaire du rôle de la nature dans la fabrique urbaine »[11]. « Le mercredi , jour de la fête de la Reine Victoria, le parc du Mont-Royal était inauguré »[10].
L’indépendance du Canada en 1867 mène à une réinterprétation du paysage du mont Royal par l’affirmation du nationalisme canadien, pour qui le mont Royal signifie la nature sauvage, lieu récréatif, et la réussite sociale et économique d’une élite[9], aussi bien que par l’affirmation du nationalisme canadien-français qui s’identifie avec le territoire par la mémoire de l‘ascension inaugurale de Jacques Cartier, l’acte de foi de Maisonneuve, et la croix de métal au point culminant de la Montagne, et qui s’approprie du même par différents aménagent : un nouveau quartier résidentiel sur le versant nord, deux grands bâtiments : l’Université de Montréal, et l’Oratoire Saint-Joseph, et finalement par l’aménagement des routes d’accès, d’un parking, et un bâtiment d’accueil moderniste « la maison Smith » dans le parc su Mont-Royal, qui devient le lieu de ses festivités[9]. Au milieu du XXe siècle, ce lieu est aussi l’emplacement des revendications politiques des Canadiens français[12]. En 1975 la croix lumineuse du mont Royal est érigée rappelant le geste De Maisonneuve et elle est tournée vers l’est marquant l’appropriation symbolique de la ville par les francophones.
En 2008, l'Office de consultation publique de Montréal organise une importante consultation sur l'avenir du mont Royal. Les thèmes abordés sont la protection des espaces verts, des espèces végétales et animales, la circulation automobile et le stationnement, le vélo hors piste, les nouvelles constructions et aménagements, les paysages, etc.[13]
« Petite en altitude, la montagne est immense dans l’identité de la métropole avec son parc dessiné par Olmsted, ses belvédères qui nous font découvrir le fleuve oublié, ses cimetières reflétant la diversité montréalaise et ses grandes institutions qui la servent ». »
— Dínu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal (décembre 2013).
« Si proche et si loin cet inconnu!... Depuis 150 ans, les Montréalais défendent bec et ongles leur montagne. La volonté des citoyens et des associations communautaires de préserver des blessures le poumon de notre ville donne l'exacte mesure du pouvoir identitaire du mont Royal. Dominant la ville, la montagne semble rester fidèle à ce qu'on attend de sa présence : un point de repère, un haut lieu symbolique et patrimonial où se côtoient nature, culture, et histoire… »
— Sylvie Guilbault, directrice des Amis de la montagne, Société d’histoire Rosemont-Petite-Patrie (janvier 2013)
Le mont Royal détient la première position dans la classification des lieux les plus emblématiques de la ville de Montréal du journal Métro[14].
Parc du Mont-Royal
Quelque 350 ans après la visite de l'explorateur Jacques Cartier sur le mont Royal, c'est-à-dire vers 1875, la ville de Montréal y crée un espace vert, le parc du Mont-Royal, inauguré le , jour de la fête de la reine Victoria. Le parc du Mont-Royal constitue l'un des espaces verts les plus importants de Montréal. Boisé en grande partie, ce parc fut aménagé en 1876 par Frederick Law Olmsted, paysagiste du Central Park à New York.
Quartiers résidentiels et institutions
Hors du parc, la colline accueille sur ses pentes des institutions importantes telles les cimetières Notre-Dame-des-Neiges et Mont-Royal ; l'oratoire Saint-Joseph, la plus grande église du Canada ; l'université McGill et l'université de Montréal ; l'hôpital Royal Victoria ; et des districts résidentiels bien nantis tels Westmount et Outremont.
Site patrimonial du Mont-Royal
Depuis le [15], le mont Royal est protégé par un décret du gouvernement du Québec[16].
« Ce décret permet de protéger un territoire urbain et naturel qui s'étend, dans sa partie la plus large, sur environ 4 km d’est en ouest et sur 2,2 km du nord au sud[17]. »
Dans la municipalité de Montréal, aucun édifice ne peut dépasser la hauteur du mont Royal. Le mont Royal doit rester le plus haut point de la ville[18].
Galerie de photos
- Versant est du mont Royal, avec le stade Percival-Molson de l'Université McGill au premier plan
- Une vue prise en infrarouge de Montréal depuis le mont Royal.
- Flanc nord du mont Royal
- Maison sur le mont Royal
- Maison sur le mont Royal
- La croix du mont Royal
- Maison sur le mont Royal
- Maison sur le mont Royal
- Chalet du mont Royal
- Vue du centre-ville de Montréal depuis le mont Royal
Notes et références
- Carte géologique du mont Royal
- Jean Poirier, Origine du nom de la ville de Montréal, 1992.
- Une montagne sur l’île de Montréal
- Répertoire du patrimoine culturel du Québec - Site patrimonial du Mont-Royal, Culture et communication Québec.
- « La nature du mont Royal », sur Les amis de la montagne (consulté le )
- Faune, site officiel du Mont-Royal
- Livre III, p. 446 et 447
- Sault : rapide ou chute d'eau, mot qu’on retrouve sur les cartes du XVIIe siècle.
- B. Debarbieux, « Le mont Royal Forme naturelle, paysages et territorialités urbaines. Cahier de Géographie du Québec. Vol 41, nº113, p. 171-197. » [PDF], sur ResearchGate (DOI DOI: 10.7202/022640ar, consulté le ), p. 171-197
- Jean-Yves Benoit, « Le parc du Mont-Royal : Espace vivant, espace de vie », Continuité, no 90, , p. 20–22 (ISSN 0714-9476 et 1923-2543, lire en ligne, consulté le )
- Jean-Claude Marsan, « Le parc du Mont-Royal a cent ans », Vie des Arts, vol. 19, no 75, , p. 17–22 (ISSN 0042-5435 et 1923-3183, lire en ligne, consulté le )
- Bernard Debarbieux, « Imaginaires nationaux et post-nationaux du lieu », Communications, vol. 87, no 2, , p. 27 (ISSN 0588-8018 et 2102-5924, DOI 10.3917/commu.087.0027, lire en ligne, consulté le )
- Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal, 11 janvier 2008
- Vincent Fortier, « Le symbole le plus emblématique de Montréal: le mont Royal. Journal Metro. », sur Journal Metro,
- Décret 190-2005
- Arrondissement historique et naturel du Mont-Royal
- Étude de caractérisation de l'arrondissement historique et naturel du Mont-Royal
- « 9 faits étonnants sur Montréal | Tourisme Montréal », sur www.mtl.org, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la géographie :
- Les amis de la montagne
- Site patrimonial du Mont-Royal
- Bureau du mont Royal
- L'intrusion magmatique du Mont Royal, Montréal (Québec, Canada)
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