Écureuil gris

Sciurus carolinensis

Ne doit pas être confondu avec Spermophilus armatus.

Pour d'autres Écureuils gris, voir Écureuil gris (homonymie).

L'Écureuil gris (Sciurus carolinensis) est une espèce de mammifères rongeurs arboricoles, commun dans l'Est de l'Amérique du Nord. Généralement gris, il peut aussi avoir un pelage brun, noir ou, plus rarement, blanc ou cannelle. L'Écureuil gris est très abondant notamment dans la grande région de Montréal alors qu'il est majoritairement brun, plus ou moins foncé, à Toronto.

Au début du XXe siècle, il a été introduit en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne, et est devenu invasif depuis dans cette île, aboutissant à une réduction drastique des populations de l'Écureuil roux en Angleterre et au Pays de Galles. Des individus introduits dans d'autres régions d'Europe, en Italie notamment, posent depuis les années 1990 de sérieux problèmes environnementaux.

Pour l'identifier, et notamment pour le distinguer de l'Écureuil roux d'Europe à pelage gris-roux ou noir, on se référera utilement au site du Muséum national d'histoire naturelle[1] où est menée une enquête sur la population des diverses espèces d'écureuil en France.

Description de l'espèce

D'un poids de quelques centaines de grammes (de 140 310g) et grand de seulement 50 cm, son pelage est habituellement gris, avec des tons de brun particulièrement à la tête et à la queue, les parties ventrales demeurant blanches. Il existe des variétés mélaniques noires à l'extrémité nord de sa distribution (Québec et Ontario), de même qu'en Colombie-Britannique où l'espèce a été introduite. On trouve des variétés brunes dans certaines régions du Québec (Outaouais, Laurentides). Le phénomène de leucistisme (pelage blanc ou cannelle, ou encore blanc-grisâtre) se manifeste plus rarement.

Habitat

Un écureuil gris à Central Park, New York. Février 2021.

Bien qu'il fréquente parcs et jardins, l'habitat naturel de l'écureuil gris est la forêt, où il peut toujours trouver assez de sous-bois pour se dissimuler à la vue des prédateurs.

Contrairement à l'écureuil roux d'Europe qui préfère les forêts de résineux et mixtes, l'écureuil gris est essentiellement adapté aux forêts de feuillus et mixtes[2].

L'écureuil construit son nid sur une branche nue ou dans un tronc creux. Il s'empare souvent d'un nid de corbeau qu'il recouvre d'un toit de brindilles pour protéger l'intérieur. Le nid est généralement tapissé de mousse, de duvet de chardon, d'herbes sèches et de plumes. L'écureuil gris peut construire plusieurs nids et les utiliser tour à tour. Les nids de maternité sont réservés aux femelles et aux jeunes, mais les nids d'hiver et les nids de passage sont souvent occupés par plusieurs animaux qui se tiennent chaud.

Répartition en Amérique du Nord. Les étoiles indiquent les introductions.

Reproduction

Jeune écureuil gris.

L’espèce connaît deux périodes de reproduction par an, la première en janvier et février, et la seconde en juin et juillet. Chaque saison de reproduction dure environ trois semaines. La gestation, ou la grossesse, dure de 40 à 44 jours et, en moyenne, il naît trois petits, les portées pouvant cependant en compter de un à six. Les nouveau-nés, nus et aveugles, pèsent environ 15 g. Ils se développent rapidement; au bout de trois semaines, leur pelage est complet et, à quatre semaines, leur queue est bien fournie. Les oreilles se dressent quatre semaines après la naissance, et les yeux s’ouvrent une semaine plus tard. À l’âge de huit semaines, les jeunes écureuils s’aventurent aux alentours du nid. Le sevrage, période où la mère cesse peu à peu d’allaiter les petits, commence alors, et vers l’âge de 12 semaines, les jeunes ont presque atteint la taille adulte et sont passablement autonomes[3].

Comportement de la mère

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La mère est très protectrice et est prête à faire tous les sacrifices pour ses petits. Lorsqu'elle entreprend de nourrir ses petits ou améliorer son nid et qu'elle est dérangée par l'humain ou un prédateur, elle devient immobile, afin de se faire oublier. Rien ne lui fait changer de position, pas même une noisette à proximité, si ce n'est le départ de l'intrus en question.

La mère allaite mais fournit également des graines ou noix stockées dans ses joues qu'elle s'est au préalable procurées grâce aux humains visitant les forêts où les parcs, en volant dans les jardins des habitations ou de par une recherche intensive en forêt. Dans le cas où la portée excède le nombre de 7 bébés, elle ne peut hélas pas en allaiter un de plus, et la plupart du temps, les bébés sont recueillis par un membre femelle de la famille: tante, grand-mère, arrière-grand-mère ou grande sœur. Les écureuils gris ont en effet une excellente mémoire spatiale et « personnelle ».

Alimentation

Écureuil gris nourri par un passant

L'écureuil gris est omnivore, se nourrissant de glands, noisettes, marrons, baies et autres fruits, sève d'érable, écorces, fleurs et bourgeons, faines de hêtre, samares d'érable, œufs et oisillons, insectes. Il accumule des réserves dans le sol ou autres endroits. Il doit manger tous les jours, même en hiver ; il peut retrouver ses réserves sous la neige par sa mémoire des repères visuels et sa capacité olfactive. Il n'hiberne pas et ne peut emmagasiner assez d'énergie pour survivre longtemps sans manger[4],[5].

Prédateurs

Parmi ses prédateurs, on trouve les faucons, les mustélidés, les moufettes, les ratons-laveurs, les serpents et les chouettes. Il arrive parfois que l'écureuil perde un bout de sa queue en échappant à un prédateur par autotomie.

Un restaurateur anglais, décidé à lutter contre cette espèce invasive introduite dans son pays à la fin du XIXe siècle, renoue avec les traditions culinaires ancestrales et propose en 2008 des brochettes d'écureuil gris au menu dans le but de sauver l'écureuil roux local[6].

Liste des sous-espèces

Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (11 mars 2013)[7] :

  • sous-espèce Sciurus carolinensis carolinensis
  • sous-espèce Sciurus carolinensis extimus
  • sous-espèce Sciurus carolinensis fuliginosus
  • sous-espèce Sciurus carolinensis hypophaeus
  • sous-espèce Sciurus carolinensis pennsylvanicus

Selon NCBI (11 mars 2013)[8] :

  • sous-espèce Sciurus carolinensis carolinensis

Statut de l'espèce

Cette espèce est considérée comme de préoccupation mineure par l'UICN.

Législation européenne

En Europe, Sciurus carolinensis est inscrit depuis 2016 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne[9]. Cela signifie qu'il est dorénavant interdit d'acquérir, de vendre, d'échanger et de faire se reproduire les individus de l'espèce Sciurus carolinensis, de même que Tamias sibiricus, Callosciurus erythraeus et Sciurus niger, et ce nulle part dans l'Union européenne[10].Il est surtout interdit de les relâcher dans la nature afin de protéger les espèces autochtones[11].

L'Écureuil gris, invasif en Europe

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L'Écureuil gris tend à éradiquer l'Écureuil roux et provoque d'importants dégâts en écorçant les arbres. L'Écureuil gris a apporté un virus relativement bénin pour lui, mais fatal pour son cousin. Il détruit aussi l'habitat des Écureuils roux. En 2009, on comptait 2,5 millions d'Écureuils gris en Angleterre pour 160 000 roux.

Le suivi scientifique de transects, de 1977 à 2002, dans une hêtraie mélangée classée réserve naturelle depuis 1985 (Lady Wood Park), a montré qu'il a provoqué de gros dégâts, principalement sur les hêtres (surtout pour ceux dont le diamètre est compris entre 7,5 et 30 cm, pour lesquels 54 % des arbres présentaient des écorcements en 2002). Il attaque aussi – bien que moindrement – l'érable champêtre, le bouleau, le chêne, le tilleul, le frêne, etc.

Dans d'autres pays ou lieux, il écorce aussi des résineux.

L'Écureuil gris n'attaque pas les arbres dépérissant comme le font d'autres animaux (dont le pic, qui y consomme des insectes xylophages), mais il semble curieusement rechercher les arbres les plus vigoureux, dont il mange le phloème et lèche la sève après les avoir écorcés.

La territorialité pourrait être une explication, mais pourquoi cette espèce ne fait-elle pas les mêmes dégâts en Amérique du Nord ? Il est possible que nous observions la naissance d'une « culture » propre à cette souche. L'écorcement pourrait avoir une origine alimentaire, car ce comportement a commencé avec la sécheresse de 1976. Peut-être un écureuil a-t-il trouvé par hasard ce moyen de survivre, en le transmettant aux autres. La sécheresse de 1976 a tué de nombreux arbres en Europe, mais elle a été suivie d'un regain de vitalité des jeunes arbres et pousses dans les trouées laissées par les arbres morts. Ces jeunes arbres riches en sève auraient pu entretenir ce comportement et quand le peuplement s'est refermé, les écureuils gris auraient conservé cette habitude.

L'écureuil gris déprécie les boisements commerciaux d'arbres et de fruits et parfois les cultures céréalières. Plus on attend, moins l'espèce sera contrôlable et plus son impact sera important sur la faune native, l'agriculture et la foresterie.

Ce caractère invasif préoccupe la Commission permanente de la Convention de Berne et d'autres experts qui se disent inquiets de l'absence de réaction de l'Italie. Elle a émis une recommandation en , incitant les autorités de la Vallée du Tessin à éradiquer les écureuils gris.

Le comportement de cet écureuil semble être une menace sérieuse pour la production de bois de hêtre en Angleterre, et cette espèce se répand dans le Nord de l'Italie, menaçant notamment les boisements de Suisse et de France. Dans les réserves naturelles et en forêt, il pourrait induire d'importantes perturbations de la biodiversité à la suite des modifications de composition spécifique et de l'importance du couvert arboré qu'il induit.

L'Initiative européenne pour l'écureuil (ESI)

l'Initiative européenne pour l'écureuil (ESI) est une organisation créée en par des écologues et forestiers préoccupés par les menaces qui pèsent sur l'écureuil roux natif, dont la concurrence que lui oppose l'écureuil gris. Elle promeut des mesures d'éradication de l'écureuil gris en Europe et soutient la recherche sur ces questions. Elle a produit des DVD incluant des cartes animées et des illustrations concernant l'écureuil roux.

En Europe, un projet de recommandation[12] sur le contrôle de l’Écureuil gris et d’autres espèces d’écureuils exotiques en Europe[13] a été rédigé en 2005. Il encourage l'Union européenne et les états-membres à « soutenir et financer des études supplémentaires » sur l’impact de l’écureuil gris sur les forêts, sur l’écureuil roux et sur la diversité biologique et l’adoption de mesures de contrôle efficaces ;
il invite les gouvernements à mieux détecter d’éventuelles nouvelles introductions d’espèces exotiques d’écureuils et à réagir rapidement en adoptant des mesures d’éradication ;
il recommande à l’Italie d’exhorter les autorités de la vallée du Tessin (Ticino), notamment le parc du Ticino, à engager dans les plus brefs délais un programme d’éradication de l’écureuil gris, en se conformant aux lignes directrices élaborées par l' Istituto Nazionale per la Fauna Selvatica (INFS) et le ministère italien de l’Environnement, pour éviter sa prolifération en Suisse et dans d’autres États.

Propagation invasive de l'espèce

Les auteurs d'un rapport publié le à Turin estiment que l'écureuil gris américain va se propager d'Italie (où il a été introduit en 1948) en France d'ici 2030 à 2035 en provoquant probablement des dégâts environnementaux et économiques importants, à moins qu'on ne prenne des mesures adaptées. Ce rapport prévoit que les colonies italiennes de cet écureuil se développeront rapidement pour envahir la France et la Suisse dans les vingt-cinq ans à venir.

Au rythme actuel, avant 2100, cette espèce aura au moins colonisé les grandes régions de l'Italie du Nord et devrait atteindre une population de près de 11 millions d'individus. En 2006, trois colonies sont présentes en Italie, l'une, la plus grande, près de Turin et deux autres, plus petites, le long du fleuve Tessin et à Gênes Nervi. Depuis 2008, les écureuils gris atteignent les zones commerciales à développement rapide au sud de Turin.

Une colonie italienne d'écureuils gris du Piémont atteindra probablement les Alpes françaises et les provinces de Turin et de Cuneo et, d'ici 2100 selon les modèles, la France pourrait compter plus de deux millions d'écureuils gris américains, au détriment de l'écureuil roux dont les populations européennes ont localement déjà beaucoup régressé.

Le modèle de population dynamique spatialement explicite (SEPM) utilisé pour modéliser la prolifération de cette espèce a été croisé avec des cartes d'habitat incluant les cultures et la disponibilité en graines et en nourriture. La principale incertitude est la vitesse de l'invasion (qui pourrait s'accélérer une fois l'animal arrivé en France), les vallées du Rhône et du Rhin en Suisse lui procurant un accès facile à l’Allemagne et au reste de l'Europe.

Ce rapport intitulé « Prévision de la prolifération de l'écureuil gris de l'Italie vers les pays voisins » a été élaboré pour l'Initiative européenne pour l'écureuil (ESI) par le service d'entomologie et de zoologie de la Facolta di Agraria, l'École de Biologie de Turin et l'Université de Newcastle, au Royaume-Uni[14].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bases de référence

Autres liens externes

Références

  1. « Les écureuils en France - Enquête nationale - Muséum National d'Histoire Naturelle »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Les écureuils en France - Enquête nationale
  2. Les écureuils en France, site du Muséum national d'histoire naturelle, consulté le 7 octobre 2018, .
  3. « Faune et flore du pays - L'écureuil gris de l'Est », sur www.hww.ca (consulté le )
  4. http://nature.ca/notebooks/francais/ecureuilgris.htm | Musée canadien de la nature, Carnets d'histoire naturelle, Écureuil gris.
  5. http://www.ceaeq.gouv.qc.ca/ecotoxicologie/mammifere/Ecureuil gris.pdf | Centre d'expertise en analyse environnementale du Québec, Paramètres d'exposition chez les mammifères, Écureuil gris, pages 8 et 9.
  6. Des brochettes d’écureuil gris au menu d’un restaurant pour sauver les écureuils roux, Yahoo! France actualités. Jeudi 30 octobre, 11h23
  7. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 11 mars 2013
  8. NCBI, consulté le 11 mars 2013
  9. « List of Invasive Alien Species of Union concern - Environment - European Commission », sur ec.europa.eu (consulté le )
  10. « RÈGLEMENT (UE) No 1143/2014 du parlement européen et du conseil du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes »
  11. Ce que dit la loi sur la détention d'écureuils chez soi, sur le site Les écureuils en France, consulté le 9 mars 2019.
  12. « Télécharger le projet de recommandation »
  13. élaboré par le Comité permanent de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, le 16 juin 2006, à la suite de la Recommandation n° 78 (1999) du Comité permanent relative à la conservation de l’écureuil roux en Italie
  14. Site de l'Initiative européenne pour l'écureuil
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