Mustelidae

Mustélidés

Les Mustélidés (Mustelidae), du latin mustela signifiant belette, sont une famille de mammifères caniformes[2] de l'ordre des Carnivora. Ce sont des prédateurs, de taille variée (de 20 cm à plus de m), avec un corps allongé et des pattes courtes. Ils possèdent des glandes sécrétrices développées (de chaque côté de l'anus) qui peuvent dégager une odeur musquée en cas d'attaque. Divisée en plusieurs sous-familles, la famille des Mustélidés comprend 55 espèces réparties en une vingtaine de genres ; elle est proche de la famille des mouffettes (Mephitidae).

Systématique

Cette famille a été décrite pour la première fois en 1817 par le naturaliste saxon devenu sujet russe Gotthelf Fischer von Waldheim (1771-1853).

La classification des espèces de cette famille fait encore débat parmi les spécialistes, certains auteurs[3] ayant déterminé jusqu'à six sous-familles distinctes (Mephitinae, Melinae, Mustelinae, Lutrinae, Mellivorinae et Guloninae) bien que la majorité d'entre eux n'ait retenu que les quatre premières. La sous-famille des Mephitinae forme plus probablement une famille distincte : les Mephitidae[4], alors que Melinae et Mustelinae seraient paraphylétiques[5]. Les conclusions du début du XXIe siècle tendent ainsi à ne conserver plus que deux sous-familles : Mustelinae et Lutrinae[6].

Ceci est susceptible d'évoluer puisqu'il est possible que Melogale soit un ancêtre des Lutrinae et Mustelinae[7] et que quelques spécialistes remettent en cause la séparation des Lutrinae[6].

Synonyme : Mustelladae (Gray, 1821)[6].

Sous-familles et genres actuels

Belette d'Europe (Mustela nivalis)

Sous-familles et genres actuels selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (21 mai 2013)[6] et ITIS (21 mai 2013)[1] :

  • sous-famille Lutrinae Bonaparte, 1838 - les loutres
    • genre Aonyx Lesson, 1827 - les loutres à joues blanches
    • genre Enhydra Fleming, 1822 - la Loutre de mer
    • genre Hydrictis Pocock, 1921 - la Loutre à cou tacheté
    • genre Lontra Gray, 1843 - diverses loutres
    • genre Lutra Brisson, 1762 - diverses loutres
    • genre Lutrogale Gray, 1865 - la Loutre à pelage lisse
    • genre Pteronura Gray, 1837 - la Loutre géante
  • sous-famille Mustelinae Fischer, 1817 - les martres, putois, blaireaux, fouines, belettes, etc.
    • genre Arctonyx F. G. Cuvier, 1825 - le Blaireau à gorge blanche
    • genre Eira C. E. H. Smith, 1842 - la Martre à tête grise
    • genre Galictis Bell, 1826 - les grisons
    • genre Gulo Pallas, 1780 - le Glouton
    • genre Ictonyx Kaup, 1835 - des zorilles
    • genre Lyncodon Gervais, 1845 - le Lyncodon patagonicus
    • genre Martes Pinel, 1792 - des martres, les zibelines et la Fouine
    • genre Meles Brisson, 1762 - les blaireaux eurasiatiques
    • genre Mellivora Storr, 1780 - le Ratel
    • genre Melogale I. Geoffroy Saint-Hilaire, 1831 - les blaireaux-furets
    • genre Mustela Linnaeus, 1758 - les belettes, furets, visons, putois et l'Hermine
    • genre Neovison Baryshnikov & Abramov, 1997 - des visons
    • genre Poecilogale Thomas, 1883 - le Poecilogale
    • genre Taxidea Waterhouse, 1839 - le Blaireau américain
    • genre Vormela Blasius, 1884 - le Putois marbré

Liste de taxons actuels et fossiles

Selon Paleobiology Database (21 mai 2013)[8] :

  • sous-famille Galictinae
  • sous-famille Grisoninae
  • Ictonychini
  • sous-famille Leptarctinae
  • Lutrina
  • sous-famille Lutrinae
  • sous-famille Melinae
  • sous-famille Mellivorinae
  • Mephitina
  • sous-famille Mustelavinae
  • Mustelina
  • sous-famille Mustelinae
  • sous-famille Mustellinae
  • sous-famille Oligobuninae (en)
  • sous-famille Potamotheriinae
  • sous-famille Taxidiinae
  • Viverrina

Classification phylogénétique

Nouvelle classification en huit sous-familles selon les études génétiques publiées 2008[9]:

Arbre phylogénétique

Arbre phylogénétique des sous-familles actuelles[9]:

   Mustelidae   

Taxideinae




Mellivorinae





Martinae



Melinae





Helictidinae




Galictinae




Mustelinae



Lutrinae








En France

Les mustélidés jouent un rôle important dans le réseau trophique en tant que petits prédateurs contrôlant notamment les populations de rongeurs (souvent très prolifiques, et vecteurs ou réservoirs de diverses maladies). Ils sont suivis par diverses associations, ONG et l'OFB qui a publié des cartes de répartition nationale puis en 2006 une première carte d'abondance relative de six mustélidés en France métropolitaine à l'échelle des petites régions agricoles de France. Ces cartes résultent d'une modélisation des données provenant des « carnets de bord petits carnivores » de l’OFB (protocole mis en place en 2001 pour tous ses agents départementaux de l'office). Un modèle statistique prend en compte l'effort d’observation et les probabilités de détection pour produire des indices de densité[10].

Des individus de l'espèce américaine, échappés d'élevage ou relâchés par des éleveurs depuis les années 1920 sont devenus invasifs et ont contribué à faire reculer le Vison autochtone. Il y avait en France en 1959 environ 600 visonnières (fermes d'élevage à fourrure) en France, et lors d'une tempête, environ 12 000 visons américains se sont échappés en une nuit d'une visonnière du Morbihan[11].

Mustélidés et COVID-19

Il existe une soixantaine d'espèces de mustélidés ; elles occupent dans le monde des habitats très divers[12], terrestres (prairies, steppes, toundra, forêts) et aquatiques (marins et d'eau douce)[13]. Quelques mustélidés sauvages se sont habitués aux villes et à la proximité de l'Homme (ex : fouine ou localement loutres et blaireaux). Le furet est quant à lui élevé en grand nombre comme NAC (nouvel animal de compagnie) ou animal destiné à la chasse dans les terriers.

Et dans le même temps, des centaines ou milliers de « fermes à fourrures » existent de par le monde, principalement en Chine, en Europe et en Amérique du Nord qui concentrent de dizaines de millions de visons et autres mustélidés dans des cages et des environnements favorables aux épidémies.
En 2020, les élevages de visons sont les élevages d'animaux qui ont été les plus touchés par le virus SARS-CoV-2 responsable de la COVID-19. Si ce virus devait se répandre parmi les mustélidés sauvages, ces derniers pourraient devenir un réservoir permanent d'infection pour d'autres espèces animales, comme ce fut le cas pour la rage transmise aux ratons laveurs et aux mouffettes[14], ou encore avec la tuberculose bovine transmise aux blaireaux[15] ou avec la paratuberculose, transmissible à de nombreux ruminants sauvages et parfois transmise à des humains immunitairement déprimés.

Début septembre 2020, avant que la situation ne se dégrade encore dans les élevages de vison (6 pays touchés début novembre 2020 : Danemark, Pays-Bas, Espagne, Suède, Italie et Etats-Unis)[16], Costanza Manes & ses collègues, du Centre d'excellence « One Health », de l'Université de Floride) alertaient et estimaient qu'« il est important de prioriser les études chez les mustélidés sur leur rôle putatif comme réservoirs et amplificateurs de l'infection par le SRAS-CoV-2 chez les animaux et par la suite chez les humains. Le développement de stratégies de surveillance et d'intervention appropriées permettra de déterminer si les mustélidés sont l'un des maillons clés de la chaîne du déclenchement d'un événement historique sans précédent : une panzootie ». D'autant que les élevages industriels de visons, et autour d'eux une partie de la population de visons sauvages sont, depuis les années 1980, de plus en plus touchés par la maladie aléoutienne, une virose induite par un parvovirus qui s'est répandue dans les élevages[17] et qui peut aussi infecter d'autres mustélidés tels que Furet, loutre, putois, marte des pins (...) et au-delà renard et raton-laveur et qui est connue pour affaiblir l'immunité des animaux infectés par ce virus.

Dans certains pays comme la France, les mustélidés sont souvent considérés comme nuisibles et chassés, voire déterrés et tués sans précautions sanitaires, ce qui expose les chasseurs et leurs chiens à des contacts avec le sang, des sécrétions contaminantes. A l'automne 2020, les chasseurs français ont en outre été exemptés de confinement quand il s'agit de chasser des espèces dites "« nuisibles »"[18].

Notes et références

  1. ITIS, consulté le 21 mai 2013
  2. Font partie de ce sous-ordre : les chiens, loups, ours, pandas roux, morses, otaries, phoques, ratons-laveurs...
  3. McKenna and Bell (1997)
  4. Dragoo and Honeycutt (1997)
  5. Bininda-Emonds et al., 1999; Bryant et al., 1993
  6. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 21 mai 2013
  7. Bryant et al. (1993)
  8. Fossilworks Paleobiology Database, consulté le 21 mai 2013
  9. (en)Klaus-Peter Koepfli, K.A. Deere, G.J. Slater, C. Begg, K. Begg, L. Grassman, M. Lucherini, G. Veron et R.K. Wayne, « Multigene phylogeny of the Mustelidae: Resolving relationships, tempo and biogeographic history of a mammalian adaptive radiation », BMC Biology, vol. 6, , p. 10 (PMID 18275614, PMCID 2276185, DOI 10.1186/1741-7007-6-10, lire en ligne)
  10. Calenge C & al. (2016) Premières cartes d’abondance relative de six mustélidés en France Modélisation des données collectées dans les « carnets de bord petits carnivores » de l’ONCFS ; Revue Faune sauvage n° 310 ; 1er trimestre 2016 (sommaire)
  11. Arlot P Le Vison d’Europe (Mustela lutreola), une vision d’avenir ? ; le courbageot 21-22, voir p 3
  12. Kollias G.V. & Fernandez-Moran J (2015) Mustelidae. In Fowler's zoo and wild animal medicine (R.E. Miller & M.E. Fowler, eds). Elsevier, 8, 476-491.
  13. Costanza Manes et Rania Gollakner, « Could Mustelids spur COVID-19 into a panzootic? », sur Veterinaria Italiana, (DOI 10.12834/VetIt.2375.13627.1, consulté le )
  14. Rupprecht C, Smith J, Fekadu M & Childs J (1995) The ascension of wildlife rabies: a cause for public health concern or intervention? Emerg Infect Dis, 1 (4), 107-114.
  15. (en) J Gallagher et R.S Clifton-Hadley, « Tuberculosis in badgers; a review of the disease and its significance for other animals », sur Research in Veterinary Science, (DOI 10.1053/rvsc.2000.0422, consulté le ), p. 203–217
  16. « Des cas de coronavirus dans des élevages de visons recensés dans six pays », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  17. (en) Qing-Long Gong et Dong Li, « Mink Aleutian disease seroprevalence in China during 1981–2017: A systematic review and meta-analysis », sur Microbial Pathogenesis, (DOI 10.1016/j.micpath.2019.103908, consulté le ), p. 103908
  18. « Chasseurs et agriculteurs veulent plus de dérogations lors du confinement », sur www.20minutes.fr (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Bases de référence

Autres liens externes

Bibliographie

  • Davis, C. S., & Strobeck, C. (1998). Isolation, variability, and cross-species amplification of polymorphic microsatellite loci in the family Mustelidae. Molecular Ecology, 7(12), 1776-1778 (résumé).
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