Mongo Beti
Alexandre Biyidi Awala (en littérature Mongo Beti ou Eza Boto), né à Akometam (Cameroun) le et mort à Douala le [1], est un écrivain camerounais francophone. Romancier renommé, il est également essayiste engagé, enseignant, libraire et éditeur.
Biographie
Alexandre Biyidi Awala, Eza Boto ou Mongo Beti en littérature, fils d’Oscar Awala et de Régine Alomo, naît le à Akométam, petit village situé à 10 km de Mbalmayo, lui-même distant de 45 km de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Akom, le rocher ; Etam, la source. Akométam, le rocher de la source. Sur les anciennes cartes de la région, le nom est encore en deux parties. Il prend le pseudonyme de Beti qui est le nom du groupe ethnique auquel il appartient : Béti.
Études
Après des études primaires à l’école missionnaire de Mbalmayo, il entre en 1945 au lycée Leclerc à Yaoundé. Bachelier en 1951, il s’installe en France pour y poursuivre des études supérieures de lettres à Aix-en-Provence, puis à la Sorbonne à Paris. En 1966, il devient professeur agrégé en lettres classiques[2].
Débuts en littérature
Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour, publiée dans la revue Présence africaine, dirigée par Alioune Diop, en 1953. Un premier roman Ville cruelle, sous le pseudonyme d’Eza Boto suit en 1954, publié aux éditions Présence africaine.
Écrivain anticolonialiste
Mais c’est en 1956 que la parution du roman Le Pauvre Christ de Bomba fait scandale par la description satirique qui est faite du monde missionnaire et colonial. Paraissent ensuite Mission terminée, 1957 (prix Sainte-Beuve 1958) et Le Roi miraculé, 1958. Il travaille alors pour la revue Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il travaille également comme maître auxiliaire au lycée de Rambouillet.
En 1959, il est nommé professeur certifié au lycée Henri-Avril à Lamballe. Il passe l’agrégation de Lettres classiques en 1966 et enseigne au lycée Corneille de Rouen de cette date jusqu’en 1994. Il publie en 1974 Perpétue et Remember Ruben.
Victime de la censure
En 1972, il revient avec éclat à l’écriture. Publié par François Maspero, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande, relayée par Jacques Foccart, du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono [3],[4],[5]. Après une longue procédure judiciaire, Mongo Beti et son éditeur François Maspero obtiennent en 1976 l’annulation de l’arrêté d’interdiction de Main basse.
Dénonciation du néo-colonialisme
En 1978, il lance, avec son épouse Odile Tobner, la revue bimestrielle Peuples Noirs, Peuples africains, qu’il fait paraître jusqu’en 1991. Cette revue décrit et dénonce les maux apportés à l’Afrique par les régimes néo-coloniaux. Pendant cette période, paraissent les romans La Ruine presque cocasse d’un polichinelle (1979), Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama futur camionneur (1983), La Revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama (1984), également une Lettre ouverte aux Camerounais ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobe (1986) et le Dictionnaire de la négritude (1989, avec Odile Tobner).
Retour au Cameroun
En 1991, Mongo Beti rentre au Cameroun, son pays natal, après 32 années d’exil. Il publie en 1993 La France contre l’Afrique, retour au Cameroun. En 1994, il prend sa retraite de professeur. Il ouvre alors à Yaoundé la Librairie des Peuples noirs et organise dans son village d’Akometam des activités agricoles. Il crée des associations de défense des citoyens, donne à la presse privée de nombreux articles de protestation. Parallèlement, il publie plusieurs romans : L’Histoire du fou en 1994 puis les deux premiers volumes, Trop de soleil tue l’amour (1999) et Branle-bas en noir et blanc (2000), d’une trilogie restée inachevée.
Il est hospitalisé à Yaoundé le pour une insuffisance hépatique et rénale aiguë qui reste sans soin faute de dialyse. Transporté à l’hôpital général de Douala le , il y meurt le .
Postérité et hommages
Dans le cadre de Saison Africa 2020 est inaugurée le 18 mai 2021 une exposition nommée « La clairière d'Eza Boto », dans l'Orangerie du Jardin des plantes de Rouen [6].
Œuvres
- Sans haine et sans amour, 1953
- Ville cruelle (publié sous le pseudonyme Eza Boto), 1954 [7]
- Le Pauvre Christ de Bomba, 1956.
- Mission terminée, 1957.
- Le Roi miraculé : chronique des Essazam, 1958.
- Main basse sur le Cameroun : autopsie d’une décolonisation, 1972 (ISBN 2-7071-4172-0).
- Perpétue et Biographie du malheur, 1974.
- Remember Ruben, 1974.
- Peuples noirs, peuples africains, 1978 - 1991
- La Ruine presque cocasse d’un polichinelle : Remember Ruben 2, 1979.
- Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama, futur camionneur, 1983.
- La Revanche de Guillaume Ismael Dzewatama, 1984.
- Lettre ouverte aux Camerounais, ou, La deuxième mort de Ruben Um Nyobé, 1986 (ISBN 9782864410065)
- Dictionnaire de la négritude avec Odile Tobner et la participation de collab. de la revue Peuples noirs - Peuples africains, 1989 (ISBN 2738404944)
- La France contre l’Afrique : retour au Cameroun, 1993 (ISBN 2707149780)
- L’Histoire du fou, 1994.
- Trop de soleil tue l’amour, 1999 (ISBN 2266101919)
- Branle-bas en noir et blanc, 2000.
- Mongo Beti à Yaoundé, textes réunis et présentés par Philippe Bissek, 2005 (ISBN 9782864410041)
- Africains si vous parliez, 2005 (ISBN 2-915129-08-8)
- Mongo Beti parle : Testament d'un esprit rebelle, 2006 (ISBN 2915129169)
Notes et références
- Certaines sources indiquent un décès le 8 octobre 2001.
- Encyclopædia Universalis, « MONGO BETI », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- « Main basse sur le Cameroun : autopsie d’une Hydre coloniale », sur La Cene Littéraire, (consulté le )
- Jean Copans, « Mongo Béti.- Main basse sur le Cameroun : autopsie d'une décolonisation », Cahiers d'études africaines, (www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1973_num_13_49_2734_t1_0167_0000_3)
- Armelle Cressent, « Penser une guerre de libération et (ré)écrire l’histoire : le cas de Mongo Beti », Études littéraires, vol. 35, no 1, , p. 55–71 (ISSN 0014-214X et 1708-9069, DOI 10.7202/008633ar, lire en ligne, consulté le )
- Rouen sur les traces de l’écrivain camerounais Mongo BetiSylvie Rantrua Le Point, le 04/06/2021
- Charly Gabriel Mbock, Comprendre “Ville cruelle” d'Eza Boto, Les Classiques africains, Versailles, 1992, 95 p. (ISBN 2-85049-217-5)
Annexes
Bibliographie
- Mohamed Aït-Aarab, Mongo Beti : un écrivain engagé, Karthala, Paris, 350 p. (ISBN 978-2-8111-1015-4)
- André Djiffack (éd), Mongo Beti, Le Rebelle (3 tomes), Paris, Gallimard, 2008 (ISBN 978-2-070-78225-3)
- Cilas Kemedjio, Mongo Beti, le combattant fatigué : une biographie intellectuelle, Lit, Berlin, 2013, 429 p. (ISBN 978-3-643-12034-2)
- Auguste Owono-Kouma, Mongo Beti romancier et l'Église catholique romaine, l'Harmattan, Paris, 2010, 391 p. (ISBN 978-2-296-11781-5)
- Wilberforce A. Umezinwa, La religion dans la littérature africaine : étude sur Mongo Beti, Benjamin Matip et Ferdinand Oyono, Presses universitaires du Zaïre, Kinshasa, 1975, 185 p.
- Mériem Zeharaoui, « Mongo Beti », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud, (dir.), Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, Éd. H. Champion, Paris, 2010, p. 319-323 (ISBN 978-2-7453-2126-8)
- « Mongo Beti : Le militant du peuple africain », dans Lilian Thuram, Mes étoiles noires : De Lucy à Barack Obama, Paris, Éditions Philippe Rey, , 50 ill., 400 p. (ISBN 978-2-84876-148-0), p. 301-309
Articles connexes
Liens externes
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