Monarchisme en France
Cet article traite du monarchisme français.
La monarchie française a successivement revêtu les visages d'une monarchie féodale (la noblesse faisant opposition au pouvoir royal) jusqu'à Louis XIII, puis d'une monarchie absolue (Ancien régime, jusqu'en 1790) puis d'une monarchie constitutionnelle (1790-1792 avec Louis XVI ; 1814-1830 avec la Restauration ; 1830-1848 avec Louis-Philippe Ier).
Courants monarchistes français
L'histoire de la monarchie française, marquée par des changements dynastiques, conduit aujourd'hui à une diversité des courants monarchistes :
- les légitimistes, partisans de la maison capétienne de Bourbon (descendant de Louis XIV), dirigé aujourd'hui par le duc d'Anjou Louis de Bourbon, alias « Louis XX » ;
- les orléanistes, partisans de la maison d'Orléans (descendant de Philippe d'Orléans, frère cadet de Louis XIV), dirigé aujourd'hui par le comte de Paris Jean d'Orléans alias « Jean IV » ;
- les bonapartistes, partisans de la maison Napoléon descendant de Jérome Bonaparte, frère cadet de Napoléon Ier), dirigé aujourd'hui par Jean-Christophe Napoléon alias « Napoléon VII ».
Il était autrefois d'usage de considérer les légitimistes comme des monarchistes conservateurs (par référence à la ligne politique suivie par Charles X) et les orléanistes comme des monarchistes libéraux (en référence à la politique de Louis-Philippe Ier) ; cette classification doit tout de même être entendue avec réserves, surtout durant le XXe siècle : l'Action française, antiparlementaire, est orléaniste et elle draina longtemps (jusqu'à la Seconde Guerre mondiale) la majorité des monarchistes français (et a contrario, un des prétendants légitimistes, le comte de Montizón, était ouvertement libéral, et son petit-fils le duc d'Anjou et de Madrid fut considéré comme « cosmopolite et même ‘libéral’ »[1] par une grande partie de ses partisans). Au XXIe siècle, le prétendant légitimiste au trône de France, Louis Alphonse de Bourbon, a renoué avec la tradition ultra-conservatrice en manifestant à maintes occasions ses sympathies pour le parti espagnol d'extrême-droite Vox et l'organisation ultra-catholique Hazte Oír[2],[3].
Summa divisio : légitimistes et orléanistes
La division entre les monarchistes français trouve son fondement dans les avatars de la succession au trône de France.
À la mort en 1883 d'« Henri V », comte de Chambord, petit-fils de Charles X et dernier Bourbon de la branche aînée, les monarchistes se divisèrent en deux courants :
- une minorité de légitimistes refusa de se rallier au prétendant orléaniste d'alors, « Philippe VII », comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe Ier, roi des Français et ils reportèrent leur fidélité salique sur la nouvelle branche aînée des Bourbons, la branche dite des « Bourbons d'Espagne » (Bourbon-Anjou). Depuis lors, ils reconnaissent l'aîné de ces derniers comme prétendant au trône de France, aujourd'hui « Louis XX », duc d'Anjou, chef de la maison de Bourbon et aîné des descendants légitimes en ligne masculine d'Hugues Capet, et dont le père était cousin germain aîné de Juan-Carlos Ier d'Espagne.
- la majorité des anciens légitimistes rejoignit les rangs des orléanistes, partisans de la branche cadette d'Orléans, descendante de Louis XIII, roi de France, branche dont l'un des membres, à savoir Louis-Philippe Ier, roi des Français était déjà monté sur le trône, et arguèrent d'une légitimité dynastique de « Philippe VII » (et non « Louis-Philippe II » comme le souhaitaient certains orléanistes partisans de la monarchie de Juillet). Les orléanistes se rangent aujourd'hui derrière l'aîné des descendants du frère de ce dernier, « Jean IV », chef de la maison d'Orléans.
Entre 1886 et 1950, les familles de prétendants ont été visées par la loi « d'exil » du 22 juin 1886, interdisant notamment l'entrée et le séjour sur le territoire français aux chefs des familles ayant régné en France (Bourbons, Bonaparte et Orléans) et à leurs fils aînés et le service dans les armées françaises auxdites familles. Plusieurs générations de prétendants ont ainsi vécu en exil.
Querelles dynastiques
Selon les orléanistes, les Orléans, qui portèrent à partir de 1709 le titre honorifique de premier prince du sang, sous l'Ancien Régime et la Restauration, seraient les seuls prétendants possibles au trône de France. En effet, les Bourbons « d'Espagne », descendants de Philippe de France, duc d'Anjou, sont exclus, selon les orléanistes, de la succession à la suite de la renonciation dudit duc d'Anjou au trône de France pour lui-même et ses descendants, partis régner sur l'Espagne. Ils ajoutent que ces princes, devenus étrangers « sans esprit de retour », seraient affectés d'un « vice de pérégrinité ».
Les légitimistes arguent, quant à eux, d'une inconstitutionnalité des clauses des traités d'Utrecht imposant à Philippe de France de renoncer à ses droits sur le trône de France pour lui-même et ses descendants ; en effet, lesdites clauses seraient en contradiction avec la loi d'indisponibilité de la couronne (interdisant notamment au souverain de désigner ses successeurs) et la règle de succession par ordre de primogéniture mâle. Ils contestent l'existence d'un principe de nationalité dans l'ancien droit et soulignent que plusieurs de nos rois étaient déjà souverains d'un autre pays au moment de leur avènement au trône de France, dont notamment Henri IV, ancêtre commun aux deux branches.
Autres courants monarchistes français
Les bonapartistes, partisans d'un rétablissement du régime impérial, en la personne de l'actuel chef de la famille Bonaparte, le prince Jean-Christophe Napoléon, descendant du roi Jérôme, frère cadet de Napoléon Ier.
Sondages
Selon des enquêtes d'opinion réalisées par l'institut BVA en 2007 et 2016, 17 % des Français seraient favorables à ce que la fonction de chef de l’État soit un jour assumée par un roi. 80 % y seraient en revanche opposés[4].
En 2016, c'est auprès des sympathisants des partis d'extrême droite et de droite que l'on trouve le plus fort pourcentage de sondés favorables à la royauté, avec 37 % pour les sympathisants du Front national de Marine Le Pen et 27 % pour ceux des Républicains de Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez[4].
Citations
- « Quand nous disons : la Monarchie est le nationalisme intégral, nous disons que la Monarchie héréditaire correspond à tous ses moindres vœux, à toutes les petites parcelles des nécessités et des exigences de l'intérêt national. La Monarchie fait face, la Monarchie suffit, la Monarchie satisfait à tout ce que désire le nationalisme sensé. » Charles Maurras - cité par Lucien Thomas dans L'Action Française devant l'Église.
- « Une dynastie se continue indéfiniment. Elle est la conscience historique et politique d'une nation, concentrée en une famille. Sans dynastie, point de continuité politique ni historique pour un grand peuple. » Charles Maurras
- « Entre la monarchie constitutionnelle espagnole et la Ve République française, laquelle je préfère ? Ma réponse est que je choisis la monarchie espagnole. » Le président du gouvernement espagnol socialiste José Luis Rodríguez Zapatero ().
- « L'idée royaliste ne sera jamais ringarde car elle est permanente. Aujourd'hui, en France, personne n'incarne la continuité de la nation. Je pense qu'on peut aimer un roi, être fidèle à un roi... mais pas à un président de la République. » Jean Raspail, écrivain.
- « La République est virtuellement dans l'Empire à cause du caractère contractuel de l'institution et de la communication et de la délégation expresse du pouvoir par le peuple ; mais l'Empire l'emporte sur la République parce qu'il est aussi la monarchie, c'est-à-dire le gouvernement de tous confié à l'action modératrice d'un seul avec l'hérédité pour condition et la stabilité pour conséquence. » Raymond-Théodore Troplong, lors du rétablissement de l'Empire en 1852.
Notes et références
- (en) Martin Blinkhorn (es), Carlism and Crisis in Spain 1931-1939, Cambridge University Press, 1975 (notice BnF no FRBNF35333198), p. 11, lire en ligne.
- (es) « Radiografía de Luis Alfonso de Borbón: de admirar a Franco a apoyar la legitimidad del trono de Francia », LaSexta, (lire en ligne)
- (es) « ¿Qué relación mantienen Luis Alfonso de Borbón e Ignacio Arsuaga? Equipo de Investigación sigue el rastro del dinero de Hazte Oír », LaSexta, (lire en ligne)
- Sondages BVA pour France-Soir (2007) et l'Alliance royale (2016), réalisés les 5-6 mars 2007 et 22-23 août 2016 auprès d'échantillons de 953 (2007) et 1099 personnes (2016), représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Rapports en ligne : 2007 et 2016 (consultés le 14 septembre 2016).
Annexes
Articles connexes
- Liste des prétendants au trône de France depuis 1792
- Institut de la maison de Bourbon
- Union des cercles légitimistes de France
- Action française
- Nationalisme intégral
- Nouvelle Action royaliste
- Orléanisme
- Portail de la politique française
- Portail de la monarchie