Milan royal

Milvus milvus

Un milan royal dans une fauconnerie de Haute-Autriche. Septembre 2018.

Le Milan royal (Milvus milvus) est une espèce de rapaces peuplant l'écozone paléarctique occidentale.

En ancien français et encore au XVIe siècle, il est appelé escoufle. Ainsi, Guillaume de Saluste Du Bartas, dans La Sepmaine, V, 661 : « Le ravissant Escoufle, à qui la queue sert / De gouvernal fidele ».

Description

Aspect général

Son plumage est brun roux dessus, strié de noir dessous, sa tête, sa nuque, sa gorge sont blanchâtres striées de sombre. Ses yeux ont un contour vert avec un point noir au milieu. La femelle est un peu plus terne. Le bec est jaune à la base, gris à l'extrémité et arrondi comme un mini crochet. En vol, il présente une silhouette caractéristique, avec ses longues ailes étroites et fortement coudées, des taches claires sous les ailes et sa queue échancrée.

Mensurations et propriétés

L'envergure est de 1,75 à 1,95 m. Le poids du mâle est de 750 à 1 050 g et de 950 à 1 300 g pour la femelle. Sa taille est de 60 à 66 cm[1]. C'est un oiseau ultra-léger dont les plumes présentent à l'échelle microscopique nanométrique des réseaux complexes de couches de protéines et d'air qui lui permettent de planer dans les courants d'air ascendants.

Aspect des juvéniles

Les jeunes sont plus pâles ; le dessous jaunâtre est taché de roux et de noir.

Espèces similaires

Contrairement à son proche cousin, le milan noir, sa queue est beaucoup plus profondément échancrée et des taches blanches sont bien visibles sous les ailes ; la tête est claire et le dessous plus pâle. Il est un peu plus grand que la buse, qui a les ailes moins coudées en vol et ne présente pas d’échancrure à la queue.

Comportement

Les milans royaux du sud sont sédentaires tandis que ceux du nord sont migrateurs en direction des régions méditerranéennes et parfois même de l'Afrique. En hiver, les milans royaux se rassemblent volontiers là ou la nourriture abonde et forment des dortoirs communs qui peuvent compter jusqu'à cent individus. Le reste de l'année, ils sont le plus souvent solitaires en survolant à basse altitude les villages de montagne en émettant un sifflement. Pendant la reproduction ils vivent en couples. Le Milan royal effectue la majeure partie de ses captures sur les terrains découverts, volant au ras du sol. Parfois, on le voit, très calme, les ailes immobiles dans les airs, observant une proie juste au-dessous de lui. S'il repère une charogne, il tournera lentement au-dessus avant de se poser à proximité. En revanche, s'il aperçoit une proie vivante, il plonge en piqué, les pattes en avant juste au moment de l'atterrissage pour la saisir avec les serres. Son meilleur atout est la surprise qui lui donne de meilleurs résultats. Il lui arrive de dévorer ses proies en vol. Il a été observé tenant une souris avec les serres, et la déchiquetant à coups de bec répétés en plein vol.

Alimentation et chasse

Le milan royal se nourrit de cadavres de petits animaux, de poissons malades ou morts, de charognes, de rongeurs, de reptiles, de batraciens, de mollusques et d'insectes. Il lui arrive de dérober des proies à d'autres rapaces (autours, faucons, balbuzards) ou hérons ; à l'occasion quelques oiseaux de taille moyenne capturés par surprise (pigeons, poussins de volailles).

Reproduction

Trois oisillons de milan royal tapis au fond de leur nid.
œufs de Milvus milvus - Muséum de Toulouse.

Le milan royal est très attaché à son site de vie et ancien nid, installé le plus souvent sur un arbre élevé près d'une lisière ou à l'intérieur d'une forêt claire ou d'un bois isolé dans la plaine. L'aire, généralement plus importante, est construite par les deux oiseaux, avec les mêmes matériaux que chez le milan noir.

La ponte est effectuée en avril ou en mai et se compose de 3 œufs en moyenne (dimensions 56 × 34 mm), blanchâtres plus ou moins balafrés et tachés de roux, couvés 4 semaines à peu près par la femelle seule ; les jeunes s'envolent à l'âge de 50−55 jours[2].

La maturité sexuelle est acquise à deux à trois ans. Il peut vivre jusqu'à vingt-six ans[réf. nécessaire].

Répartition et habitat

— Aires de répartition de l'espèce —
Zones de reproduction :
  • Habitat permanent
  • Habitat permanent et zone d'hivernage
  • Aire majoritairement migratoire
  • Migration de faible ou moyenne distance
  • ? Aires de reproduction incertaines dans les Balkans et le Caucase
  • ? Habitats au Maroc, probablement disparus

Zones d'hivernage :
  • • Les aires de reproduction
  • • L'Europe du Sud-Ouest, majoritairement
  • • L'Europe du Sud et l'Europe du Sud-Est, occasionnellement
  • • L'Asie-Mineure, exceptionnellement

Le milan royal est un oiseau essentiellement européen, avec quelques occurrences à l'extrême ouest de l'Asie et au Maroc : la population européenne représente en effet 95 % de la population mondiale en 2011[3]. Il vit près des bois entrecoupés de pâturages, des cultures et des zones humides.

Statut et protection

Dans le monde

Le milan royal est inscrit dans la liste rouge de l'UICN sous la catégorie NT (quasi-menacée) depuis 2005[3]. L'espèce, auparavant placée en catégorie LC (préoccupation mineure) a changé de catégorie à cause du déclin des populations européennes, qui constituent l'essentiel des populations mondiales de milan royal[3].

En France

Cette espèce est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France dans la catégorie VU (vulnérable)[4]. En effet, elle est sensible aux dérangements dus aux humains, mais est aussi victime d’empoisonnement accidentels ou volontaires par des proies toxiques et de la modification des paysages ruraux. Il ne resterait en 2011 que 3 000 couples en France, ce qui est faible étant donné que la population vivant en France est estimée à 1/6e de la population mondiale[4].

Le Milan royal bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Il est inscrit à l'annexe I de la directive Oiseaux de l'Union européenne[5][source insuffisante]. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l'acheter.

En , une ZPS a été mise en place pour le suivi et la protection du milan royal en Corse. Vallée du Regino est aussi l'appellation donnée au site naturel classé Natura 2000 (ZPS), inscrite à l'Inventaire national du patrimoine naturel sous la fiche FR9412007 - Vallée du Regino[6]. Elle est englobée par la ZNIEFF 940030247 – Vallée du Regino[7].

Selon un suivi ornithologique coordonné par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) le massif pyrénéen est le territoire qui dans le pays en abrite le plus (les 9 et , 170 observateurs de 16 ONGE ont compté plus de 5.000 milans royaux (dont neuf portaient une balise GPS et 12 des marques alaires) dans les vallées Pyrénéennes où ils consomment en hiver une grande quantité de campagnols.)[8].

Sous-espèces

D'après Alan P. Peterson, cette espèce est constituée des deux sous-espèces suivantes :

  • Milvus milvus fasciicauda Hartert 1914
  • Milvus milvus milvus (Linnaeus) 1758

Notes et références

  1. « Page sur Oiseaux.net » (consulté le )
  2. Jean-Claude Chantelat, Les Oiseaux de France, Guide vert, Solar, 2000
  3. (en) IUCN Red List of Threatened Species, BirdLife International, « Milvus milvus », sur www.iucnredlist.org, version 2011.2 (consulté le )
  4. [PDF] Comité français de l’UICN et Muséum national d’Histoire naturelle, LPO, SEOF & ONCFS, « La Liste rouge des espèces menacées en France ; Oiseaux de France métropolitaine », sur http://www.uicn.fr, (consulté le ), p. 6
  5. Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue pour la protection des oiseaux
  6. Fiche FR9412007 - Vallée du Regino sur le réseau Natura 2000
  7. Voir la fiche ZNIEFF 940030247 - Vallée du Regino à l'INPN
  8. Plus de 5000 Milans royaux ont passé l'hiver dans les Pyrénées, 20 minutes, 3 mars 2016.

Annexes

Références taxonomiques

Liens externes


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