Martín d'Azpilcueta

Martin d'Azpilcueta, né à Barásoain en Navarre le , et mort à Rome le , surnommé « Doctor Navarrus » ou "Navarre", est un canoniste et théologien espagnol[1],[2]. Il est le premier à développer la théorie quantitative de la monnaie et l'un des plus grands intellectuels de son temps ; il appartient à l'École de Salamanque.

Biographie

Après des études de philosophie et de théologie à l'université d'Alcalá de Henares, puis de droit canonique à l'université de Toulouse, il enseigne à Cahors et à Toulouse, où il dirige la chaire de droit canonique à 26 ans. Il entre chez les chanoines réguliers de Roncevaux en 1524. Il devient professeur de Décret puis de Prime (la chaire la plus importante) à l'université de Salamanque. Il passe à l'université de Coimbra au Portugal en 1538, comme professeur de Prime de droit canonique. Il prend sa retraite en 1555 et rentre en Espagne.

Le roi Philippe II d'Espagne et le roi Jean III de Portugal le consultent sur les affaires politiques importantes, de même que les papes Pie V, Grégoire XIII et Sixte V. Juriste, économiste, autorité reconnue par ses contemporains en matière de droit et de morale, il est avec les théologiens dominicains Francisco de Vitoria et Domingo de Soto l'un des intellectuels les plus marquants de l'École de Salamanque.

Le roi d'Espagne lui demande d'assurer la défense de l'archevêque de Tolède Bartolomé Carranza, accusé d'hérésie et arrêté en 1559 par l'Inquisition. En 1567 le procès fut transféré à Rome sur ordre du Pape Pie V. Martin se rendit donc à Rome pour poursuivre la défense de Carranza. Il y travailla comme consulteur auprès de la Pénitencerie apostolique. Il y resta jusqu'en 1586, date de sa mort à l'âge de 94 ans. Ses restes reposent à l'église de Sant'Antonio in Campo Marzio.

Travaux

Consilia et responsa, 1594

C'est en expert du droit canonique de la théologie que Martin d'Azpilcueta aborde les questions économiques, étroitement liées à la morale chrétienne. Ses réflexions économiques portent sur les effets de l'arrivée en grande quantité de métaux précieux des Amériques, et l'inflation qui en découle en Europe. Il détermine que c'est la quantité de métal précieux dans un pays qui détermine le pouvoir d'achat de la monnaie.

Il définit la théorie de la valeur-rareté : tout bien devient plus cher lorsque la demande est plus forte que l'offre.

Il défend le prêt à intérêt, contre les recommandations d'alors de l'Église catholique, considérant que l'argent en tant que tel est un bien de valeur, qu'il faut donc rémunérer par les intérêts.

Ces réflexions font de lui un précurseur de la théorie quantitative de la monnaie.

Son Manuel de confesseurs le situe comme l'un des fondateurs de la casuistique moderne[3]. Il définit notamment la doctrine de la mentalis restrictio ou restriction mentale.

Écrits

Manuale de' confessori, 1584 (Milano, Fondazione Mansutti).

Son œuvre complète a été publiée à titre posthume, à Venise, sous le titre suivant :

  • Compendium horum omnium Navarri operum, (1598)
  • Doctoris Navarri… Opera, Cologne, 1606, 5 vol. in fol. : la meilleure édition latine de ses œuvres.

Notes

  1. (en) Encyclopédie économique - Tomes 1 (Français) Broché
  2. Manex Goyhenetche, Histoire générale du Pays basque II : Évolution politique et institutionnelle du XVIe au XVIIIe siècle, t. 2, Donostia / Bayonne, Elkarlanean, , 357 p. (ISBN 848331505X et 9788483315057, OCLC 313744223), p. 84
  3. cf. notice du Scholasticon

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