Martin Winterberger

Martin Auguste Winterberger, né le à Dinsheim-sur-Bruche et mort le à Gresswiller, est le seul Français évadé du camp de concentration de Natzweiler-Struthof.

Biographie

Martin Winterberger est un fils de cheminot, il fréquente l'école communale de Gresswiller puis passe un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) de tourneur. Il est embauché comme mécanicien tourneur aux usines Bugatti de Molsheim[1]. Après l'armistice de juin 1940, il est toujours dans l'armée de l'air dans le sud de la France. En septembre, il obtient une permission et passe quelques jours dans sa famille en Alsace. Mais au moment de rejoindre son unité, les autorités allemandes lui interdisent de retourner en zone libre bien qu'il ne soit pas démobilisé[2].

Déporté politique

Martin Winterberger est profondément francophile. Il rejette l'annexion de fait de l'Alsace, au troisième Reich et manifeste son hostilité à la germanisation et la nazification de sa région. Le 14 avril 1941, dans les rues de Mutzig, il chante, avec des amis; des chants patriotiques. Le groupe est surpris par une patrouille. Il est arrêté et envoyé au siège de la Gestapo à Strasbourg. Il y est interrogé et transféré le 24 avril 1941 au camp de sureté de Vorbruck-Schirmeck. Sa résistance à la « rééducation » lui fait subir le cachot et des traitements particulièrement durs. Toujours insoumis, le 12 novembre 1941, il est interné au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en construction à quelques kilomètres de Schirmeck.

Dans un premier temps, il est affecté au chantier des baraquements, mais en juillet 1942, il est affecté au Kommando « Struthof ». Cette équipe est chargée de l'entretien du linge des officiers SS et de leurs véhicules. Elle travaille, en dehors de l'enceinte électrifiée, dans l'ancien hôtel du Struthof qui abrite l'état-major du camp [3].

Son évasion

Le 4 août 1942, Martin Winterberger, s’évade avec quatre autres détenus qui sont Karl Haas (autrichien), Alfons Christmann (allemand) Joseph Chichosz (polonais) et Joseph Mautner (tchèque). Ils neutralisent les lignes téléphoniques et les véhicules sauf celui du SS-Obersturmführer Schlachter, responsable du chantier. Martin Winterberger et Karl Haas se sont habillés en officiers SS. Ce dernier à l'origine du plan d'évasion prend la place du chauffeur et Martin Winterberger celle du passager. Les deux hommes parlent couramment l'Alllemand. Les trois autres se cachent à l'arrière. Ils se dirigent vers la sortie où les sentinelles leur ouvrent la barrière et leur rendent les honneurs. L'évasion a lieu sous un orage auquel les Allemands attribuent la panne téléphonique. L'absence du  commandant du camp, Egon Zill, permet aux prisonniers de gagner un temp précieux[4].

Les évadés abonnent leur véhicule à une cinquantaine de kilomètres sur la route de Saint-Dié-des-Vosges en zone occupé, où ils sont contrôlés par un gendarme alsacien qui leur donne des conseils pour continuer leur évasion. Ils atteignent Lons-le-Saunier où le capitaine Louis Théodore Kleinmann des Services de renseignement (SR) de Vichy dirige Martin Winterberger vers l'Afrique du Nord via l'Espagne dont il passe clandestinement la frontière caché dans un train fin janvier 1943[4]. L'évasion est réussie sauf pour Alfons Christmann, qui après le contrôle de gendarmerie, quitte le groupe. Il est repris et renvoyé au camp de Natzweiler-Struthof où il est pendu le 5 novembre 1942[5],[6].

Campagnes au sein de l'armée française

Après avoir été interné sept mois à la prison de Malaga et un mois au camp de Miranda el Ebro, Martin Winterberger quitte l'Espagne pour Casablanca le 1er novembre 1943. Il s'engage dans la 1ère division française libre (DFL) au sein de laquelle, il participe à la campagne d'Italie (1944), au débarquement de Provence et à la libération de l'Alsace. Lors de l'offensive allemande du 5 janvier 1945 (opération Nordwind), il participe à la défense du sud de Strasbourg dans le secteur d'Obenheim[1].

Il termine la guerre avec le grade de caporal d'infanterie de marine.

Après-guerre

Après la guerre, il reprend son poste de mécanicien aux usines Bugatti de Molsheim. Souffrant de problèmes de santé liés à ses séjours en camps, il change de profession et devient guide sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof du au . Il est licencié quand le site est reprit par le ministère des Anciens combattants[1].

II est le seul évadé français du camp de concentration de Natzweiler-Struthof[2].

Décorations

Notes et références

  1. Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA). (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne), « Martin Winterberger »
  2. « Winterberger Martin | Mémoires des déportations 1939 - 1945 », sur memoiresdesdeportations.org (consulté le )
  3. Henri Allainmat, Auschwitz en France, Paris, Presses de la cité, (lire en ligne)
  4. « Il y a vingt-cinq ans, un Français libre réussissait la seule évasion du camp de Struthof – Fondation de la France Libre » (consulté le )
  5. « Alfons CHRISTMANN », sur Struthof (consulté le )
  6. Broissia, Pierre Aymar de, 1965-, Jagora, Nicolas. et Neuville, Aurore de., Résistance, 1940-1944 : témoignages, dossiers, chronologie : édition Alsace, Little big man, (ISBN 2-915347-20-4 et 978-2-915347-20-3, OCLC 57250485, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Martin Winterberger », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9) DVD pédagogique
  • Charles Béné, Du Struthof à la France libre, FeniXX, 282 p. (ISBN 9782307041962, lire en ligne)
  • Henri Allainmat, Auschwitz en France, FeniXX, 280 p. (ISBN 9782258157095, lire en ligne)
  • Broissia, Pierre Aymar de, 1965-, Jagora, Nicolas. et Neuville, Aurore de. (préf. Hamlaoui Mekachera), Résistance, 1940-1944 : témoignages, dossiers, chronologie : édition Alsace, Little big man, , 241 p. (ISBN 2-915347-20-4 et 978-2-915347-20-3, OCLC 57250485, lire en ligne), p. 32. 

Articles connexes

Liens externes

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