Marion Dapsance

Marion Dapsance est une anthropologue française. Elle a publié plusieurs ouvrages et articles sur le bouddhisme pratiqué en Occident, ainsi que certaines personnalités telles que le lama Sogyal Rinpoché, mettant notamment en lumière des dérives comportementales, commerciales, et idéologiques.

Biographie

Elle soutient une thèse d'anthropologie en décembre 2013, à l'École pratique des hautes études (EPHE), intitulée « Ceci n’est pas une religion » : l’apprentissage du dharma selon Rigpa (France) »[1],[2].

Elle obtient une bourse postdoctorale de la Robert H. N. Ho Family Foundation in Buddhist Studies et est enseignant-chercheur en contrat postdoctoral à l'université Columbia à New York[3], de 2015 à 2017.

Prises de position

En 2016, dans son ouvrage Les dévots du bouddhisme, reprenant en partie sa thèse, elle s'en prend notamment au lama Sogyal Rinpoché et sa « folle sagesse[4] », qu'elle a suivi pendant deux ans dans les centres du bouddhisme tibétain du réseau Rigpa, en raison des humiliations imposées en public à ses disciples, ainsi que les coups qu'il leur assène[1]. Cet ouvrage, ainsi que des articles de presse qui s'en font le relais, déclenchent des critiques de la part de certaines personnalités bouddhistes[1]. L'ethnologue Philippe Cornu, ancien disciple de Sogyal Rinpoché, écrit en novembre 2016 dans le Monde des religions une tribune dans laquelle selon lui « il ne s’agit pas de défendre Rigpa, organisation bouddhique aux inévitables défauts structurels et humains, ni même Sogyal Rinpoché », mais où il critique « un livre digne de la « presse à scandale » et des articles où l’accumulation d’inexactitudes et d’incompréhensions égrenées au fil des pages ruine, à [s]es yeux, la validité de la démonstration », ainsi que « le discrédit que Madame Dapsance jette sur l’ensemble du bouddhisme tibétain[5]. » Cornu a également fait un compte rendu réprobateur de l'ouvrage[6]. Dapsance répond à certaines critiques qui lui sont adressées dans un article de La Croix indiquant notamment que son ouvrage n'a pas pour but d'attaquer le bouddhisme, ni même Sogyal Rinpoché, mais de montrer « une facette mal connue du bouddhisme réel et non imaginé, que certains manifestement cherchent absolument à occulter » ; selon Dapsance, ce bouddhisme « mi-occidental mi-tibétain proposé par des « maîtres » comme Sogyal Rinpoché n'a pas grand-chose à voir avec les traditions culturelles himalayennes »[7]. Quelques mois plus tard, en juillet 2017, un scandale éclate à la suite de dénonciations de huit proches disciples de Sogyal Rinpoché, poussant à sa démission, concernant des agressions sexuelles et physiques, et des abus financiers[8],[9].

En 2018, elle publie Qu'ont-ils fait du bouddhisme ?, ouvrage dans lequel elle critique la forme commerciale qu'il peut prendre en Occident, avec un approche « développement personnel » éloignée de la doctrine du Bouddha : « Il me semble qu'il y a un malentendu dans la manière dont le bouddhisme est pratiqué en Occident. Ses adeptes recherchent avant tout une forme de bien-être, une manière de lutter contre le stress, plutôt qu'un accomplissement spirituel. On trouve en librairie de nombreux "livres de recettes" pour méditer, qui sont assez éloignés de l'enseignement originel de Bouddha. Par ailleurs, j'observe que nombre de personnes qui critiquent la hiérarchie pesante et la liturgie de l'église catholique sont souvent les premières à être en prosternation devant un lama, comme jamais elles ne l'auraient été devant un curé[10]. »

En 2019, à l'occasion de la sortie de son livre Alexandra David-Néel, l’invention d’un mythe, elle affirme que cette dernière n'est pas, contrairement à l'image qu'on lui donne, une bouddhiste authentique, « ni une mystique ni une spirituelle » : « bien qu'elle se réclame effectivement du bouddhisme, le sens qu'elle donne à ce mot est très différent de ce qu'en ont pensé les Asiatiques pendant des siècles. Ils sont spiritualistes alors qu'elle est farouchement matérialiste[11]. »

Publications

Ouvrages

Articles

  • « Une éthique à géométrie variable. L’étrange silence des bouddhistes français dans le débat sur l’avortement », Revue des Deux Mondes, (lire en ligne)
  • « Le bouddhisme à l’occidentale : une sagesse de notre temps ? », Esprit, no 10, (ISSN 0014-0759 et 2111-4579, DOI 10.3917/espri.1610.0101, lire en ligne)
  • « Quand la sagesse devient folle. Le bouddhisme tibétain en Occident entre mystique et mystification », Revue des Deux Mondes, (lire en ligne)
  • « « S'asseoir avec Sogyal Rinpoché ». L'apprentissage de la dévotion dans le bouddhisme moderne », The Polish Journal of the Arts and Culture, vol. New Series 2, no 2, , p. 7-28 (DOI 10.4467/24506249PJ.15.006.4634, lire en ligne)
  • « Sur le déni de la religiosité du bouddhisme. Un instrument dans la polémique antichrétienne », Le Débat, vol. 184, no 2, , p. 179-186 (ISSN 0246-2346 et 2111-4587, DOI 10.3917/deba.184.0179, lire en ligne)
  • (en) « When Fraud is Part of a Spiritual Path: A Tibetan Lama's Play on Reality and Illusion », dans Amanda Van Eck Duymayer Van Twist (dir.), Minority Religions and Fraud, In Good Faith, Ashgate, (lire en ligne) - réédition Rootledge 2018 : (ISBN 9781138546158)

Références

  1. Claire Lesegretain, « Polémique autour d’un livre hostile au bouddhisme tibétain », sur La Croix,
  2. Marion Dapsance, « « Ceci n’est pas une religion» : l’apprentissage du dharma selon Rigpa (France) », sur theses.fr, soutenue en 2013
  3. Collectif, Revue des Deux Mondes : Les bien- pensants, Revue des Deux Mondes, (ISBN 978-2-35650-137-0, lire en ligne)
  4. Katrin Langewiesche, « Marion Dapsance, Les dévots du bouddhisme. Journal d’enquête. Paris, Max Milo, coll. « Essais-Documents », 2016, 283 p. », Archives de sciences sociales des religions, no 180, , p. 322–324 (ISSN 0335-5985, lire en ligne, consulté le )
  5. « Philippe Cornu : « Quand le bouddhisme est attaqué… » », sur Le Monde des religions (consulté le )
  6. Philippe Cornu, « Dapsance Marion, Les dévots du bouddhisme. Paris, Éditions Max Milo, 2016, 283 pages, (ISBN 978-2-31500-777-6) », Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines, no 47, (ISSN 0766-5075, lire en ligne, consulté le )
  7. « L’auteur des « Dévots du bouddhisme » répond à ses détracteurs », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  8. « Le scandale qui secoue la communauté bouddhiste tibétaine », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
  9. « Exclusif - Violences, abus sexuels... le scandale qui déshonore le bouddhisme », sur Marianne, (consulté le )
  10. « L'Occident a-t-il dévoyé le bouddhisme ? », sur LExpress.fr, (consulté le )
  11. Alice Raybaud, « Bouddhisme Marion Dapsance : «Alexandra David-Neel n’était ni une mystique, ni une spirituelle» », sur Le Monde des religions, 4 dévrier 2020
  12. « Alexandra David-Néel, ni bouddhiste, ni spirituelle », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  13. Jean-Baptiste Malet, « Qu’ont-ils fait du bouddhisme ? Une analyse sans concession du bouddhisme à l’occidentale », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  14. « Une critique sévère du bouddhisme à l’occidentale », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  15. Propos de Marion Dapsance recueillis par Julia Mourri, « Soumission, dévotion et abus sexuels : j'ai enquêté sur le bouddhisme en France », sur leplus.nouvelobs.com (consulté le )

Liens externes


  • Portail du bouddhisme
  • Portail de l’anthropologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.