Marie-Jean Hérault de Séchelles
Marie-Jean Hérault de Séchelles, né à Paris le et guillotiné à Paris le , est un homme politique français, député de Seine-et-Oise à la Convention nationale.
Pour les articles homonymes, voir Hérault.
Marie-Jean Hérault de Séchelles | |
Hérault de Séchelles, portrait par Jean-Louis Laneuville, musée Carnavalet. | |
Fonctions | |
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Député de la Seine | |
– (2 ans, 6 mois et 20 jours) |
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Législature | Assemblée nationale législative Convention nationale |
Groupe politique | Montagne - Indulgents |
Président de la Convention nationale | |
– (14 jours) |
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Groupe politique | Montagne - Indulgents |
Prédécesseur | Georges Jacques Danton |
Successeur | Maximilien Robespierre |
– (14 jours) |
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Groupe politique | Montagne - Indulgents |
Prédécesseur | Élie Guadet |
Successeur | Henri Grégoire |
Membre du Comité de salut public | |
– (5 mois et 18 jours) |
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Groupe politique | Montagne - Indulgents |
Président de l'Assemblée législative | |
– (14 jours) |
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Législature | Assemblée nationale législative |
Prédécesseur | Jean-François Delacroix |
Successeur | Pierre-Joseph Cambon |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris |
Date de décès | |
Lieu de décès | Paris |
Nationalité | Français |
Profession | Avocat |
Biographie
Les années de jeunesse
Il est le fils de Jean-Baptiste Martin Hérault de Séchelles et de Marie-Marguerite Magon de La Lande, le petit-fils de René Hérault et l'arrière-petit-fils de Jean Moreau de Séchelles, contrôleur général des finances du roi Louis XV. Il est toutefois admis que Jean-Baptiste Martin Hérault de Séchelles serait le fils naturel du maréchal Louis Georges Érasme de Contades, amant de sa mère à l'époque de sa conception.
Il fut élève au collège de Juilly.
Il est avocat du roi au Châtelet à 18 ans. Grâce à une dispense d'âge très fréquente dans les familles d'héritiers, il est en 1785 le plus jeune avocat général au Châtelet, où il se fait remarquer par ses « chaleurs antiphysiques » selon Coste d'Arnobat.
Acteur de la Révolution
Il dit avoir figuré parmi ceux qui prennent la Bastille.
En 1791, Il est élu député du département de Seine-et-Oise à l'Assemblée législative, il est nommé commissaire du roi près le tribunal de cassation. Après la journée du 10 août 1792, il contribue à la formation du premier tribunal révolutionnaire.
En 1792, il est élu à la Convention par deux départements, la Somme et la Seine-et-Oise (il est seigneur d'Épône); il opte pour ce dernier, siège avec les Montagnards, et devient aussitôt commissaire pour l'organisation des Comités, suppléant au Comité de constitution, membre du Comité d'instruction publique, membre du Comité de sûreté générale et suppléant au Comité des secours publics. Il est président de l'Assemblée du 1er novembre au , puis est envoyé dans le département du Mont-Blanc. Il est en mission lors du procès de Louis XVI et ne participe pas au scrutin. Il se prononce néanmoins à distance sur le sort de « ce roi parjure » le dans une lettre cosignée par ses trois collègues en mission, Henri Grégoire, Philibert Simond et Grégoire Jagot. Les quatre députés n'entendent pas « profiter de leur éloignement pour se soustraire à cette obligation » à savoir l'expression de « notre vœu » : « pour la condamnation de Louis Capet par la Convention nationale sans appel au peuple ».
Une question qui a fait couler beaucoup d'encre et le concerne indirectement est le débat sur l'attitude personnelle de son collègue l'abbé Grégoire qui aurait pour des raisons religieuses et philosophiques fait supprimer - par une rature ou une nouvelle rédaction du texte, on ne sait très bien - la mention « à mort » présente selon ses dires post-révolutionnaires dans une première version rédigée par ses trois collègues. Le cahier de correspondance d'Hérault de Séchelles[1] s'inscrit en faux contre cette allégation. Le texte y est identique et unique : sans rature aucune, ni autre jet contenant l'expression « condamnation à mort de Louis Capet... » En fait loin d'équivoquer, les quatre hommes ont explicité « notre vœu formel » dans une note envoyée à André Jeanbon Saint André qui la fit publier dans un journal jacobin bi-quotidien (le Créole Patriote - matin) : pour la mort de Louis sans appel au peuple (souligné dans le texte). Hérault est donc régicide d'intention. Le les quatre députés envoient une lettre secrète à Danton, pour l'informer de la situation préoccupante du nouveau département du Mont-Blanc ; ce qui laisse entendre qu'Hérault a pu avoir des contacts particuliers avec le tribun d'Arcis qu'il suivra à l'échafaud le 16 germinal an II. Cette lettre dénonçait le risque d'un renforcement de la contre-révolution qu'une atteinte à la liberté des cultes caractérisée par la suppression de salaires aux prêtres constitutionnels provoquerait en Savoie. Danton était un des rares députés à s'y opposer ; et son expérience de missionnaire en Belgique en et lui permettrait peut-être de trouver une solution. Pragmatique, Hérault considérait qu'il fallait « payer les prêtres afin qu'ils vous servent. »
Hérault ne participa pas le à l'appel nominal sur la mise en accusation de Marat. Anti-girondin, il vota « non » sur le rapport du décret qui avait cassé la Commission des Douze. Il est président de la Convention lors de la journée du où la Convention nationale, assiégée par les sections parisiennes, descend dans la cour pour enjoindre à la force armée de se retirer. Le commandant Hanriot lui aurait rétorqué : « Vous n'avez pas d'ordre à donner ici ; retournez à votre poste, et livrez ceux que le peuple demande ». Hérault de Séchelles voulut protester, mais Hanriot commanda : « Canonniers à vos pièces ». Rentré en séance, les députés rendent un décret prononçant l'arrestation des vingt-deux Girondins dénoncés par les sections parisiennes.
En juin, il fut chargé, au nom du Comité de salut public, de présenter un rapport sur le projet de constitution dont il est le principal rédacteur. Ce sera la grande constitution de l'an I, terminée le mais dont l'application sera reportée à la fin de la guerre. Sans doute y avait-il déjà réfléchi pendant sa mission dans les nouveaux départements. Le , par lettre, Jeanbon-Saint-André informait les quatre députés de l'exécution de leur demande quant à leur « vœu formel » sur le sort du roi, mais aussi avec satisfaction de l'évolution des projets constitutionnels : rejet des plans de Condorcet, Vergniaud et Barère. Hérault devint suppléant au Comité de législation et membre du Comité de salut public, du au .
Durant une partie de la Terreur, le comte d'Antraigues, agent secret contre-révolutionnaire, perd tout contact avec l'Agence royaliste de Paris mais continue d'envoyer de faux bulletins à ses destinataires. C'est ainsi qu'il envoie aux différentes puissances européennes de faux procès verbaux du Comité de salut public. Les députés, croyant à des vrais, accusent Hérault de Séchelles d'être celui qui les a trahis, probablement parce qu'il est le seul de leurs membres issu de la grande noblesse de robe[2]. Sur proposition de Saint-Just, la Convention le décrète d'accusation et d'arrestation le [3].
Il comparaît devant le Tribunal révolutionnaire avec les dantonistes du 13 au 16 germinal an II (2 au ), est condamné à mort et guillotiné avec eux. Il est inhumé aux catacombes de Paris.
Il est également un des principaux rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793.
Principales publications
- Dialogue pour les citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc, entre un électeur et l'un des commissaires de la Convention nationale, sur le serment civique que la loi exige des prêtres (1793) Texte en ligne
- Constitution du peuple français à l'usage des enfans, précédée du Rapport du comité de salut public, fait à la Convention le , par le citoyen Hérault, suivie du Décret et de l'instruction pour la convocation des assemblées primaires, &c, et à laquelle on a joint le nouveau calendrier, décrétée le , et acceptée le , l'an IIe de l'égalité (1793) Texte en ligne
- Recueil complet de tout ce qui s'est passé à la fête de l'unité et de l'indivisibilité de la République française, avec les Six discours prononcés aux stations, par le citoyen Hérault-de-Séchelles, président de la Convention nationale (1793) Texte en ligne
- Voyage à Montbard, contenant des détails très intéressans sur le caractère, la personne et les écrits de Buffon, par feu Hérault de Séchelles, suivi de Réflexions sur la déclamation, d'un Éloge d'Athanase Auger et d'autres morceaux de littérature du même auteur (1800). Réédition par François-Alphonse Aulard, Paris, Librairie des Bibliophiles, 1890 ; réédition chez Le Promeneur, collection « Le cabinet des lettrés », 2007.
- Théorie de l'ambition et autres essais, édité par Gérard Guégan, Paris, Ramsay, 1978.
- Œuvres littéraires et politiques, édité par Hubert Juin, Lausanne, Rencontre, 1970.
- Théorie de l'ambition : codicille politique et pratique d'un jeune habitant d'Épône ; suivi de Sur la conversation, édité par Gérard Guégan, Paris, Mille et une nuits, 2005
- Editions
- Hérault de Séchelles, Oeuvres Complètes, Texte et annotations de Jean-Pierre Jackson, Un volume au format 15 cm x 21 cm de 215 pages., éditions CODA, 2015, (ISBN 978-2-84967-108-5)
Notes et références
- Archives Nationales, AF II 251, dossier 2135 : Eugène Welvert, « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? » Lendemains révolutionnaires, les régicidesp. 171-190
- Jacques Godechot, « Les réseaux contre-révolutionnaires », dans Jean Tulard (dir.), La Contre-Révolution, Paris, CNRS, , p. 177.
- voir l'ordre d'arrestation manuscrit daté du 23 ventôse an II (13 mars 1994) et sa « http://www.royet.org/nea1789-1794/notes/articles/article_csp_down.htm#_edn100 transcription « en clair » (voir l'item n°100) »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
Voir aussi
Bibliographie
- Franck Alengry, Condorcet, guide de la Révolution, théoricien du droit, New York, 1904.
- Élisabeth Badinter, Robert Badinter, Condorcet (1743-1794), un intellectuel en politique, Paris, Fayard, 1988.
- Georges Bernier, Marie-Jean Hérault de Séchelles : biographie, Paris, Julliard, 1995.
- Édouard-L. Bornet, « Notes sur les séjours à Genève d'Hérault de Séchelles et de M. de Cambry (1790 et 1791) », Revue historique de la Révolution française et de l'Empire, , p. 46-54 (lire en ligne).
- Émile Dard, Un épicurien sous la Terreur. Hérault de Séchelles, Paris, Perrin, 1907, lire en ligne..
- Arnold de Contades, Hérault de Séchelles ou la révolution fraternelle, Librairie Académique, Perrin, 1978 ; rééd. numérique Perrin FeniXX, 2015.
- Bernard Gainot, « Hérault de Séchelles », dans Bernard Gainot, Dictionnaire des membres du comité de salut public ; dictionnaire analytique biographique et comparé des 62 membres du Comité de salut public, Paris, Tallandier, 1990.
- Louis Gaudel, « Jean-Marie Hérault de Séchelles », La Révolution française : revue d'histoire contemporaine, Paris, Recueil Sirey, no 1 (nouvelle série), 1er trimestre 1935, p. 4-45 (lire en ligne).
- Carla Hesse, « La preuve par la lettre : pratiques juridiques au tribunal révolutionnaire de Paris (1793-1794) », Annales. Histoire, Sciences sociales, Paris, Armand Colin, no 3, , p. 629-642 (lire en ligne).
- Augustin Kuscinski, « Hérault de Séchelles », dans Dictionnaire des Conventionnels, Paris, 1916.
- Edna Le May, « Hérault de Séchelles », dans Edna Le May, Dictionnaire des Législateurs, Paris, 2007, 2 vol., tome 2.
- Léon Levy-Schneider, Le Conventionnel Jeanbon Saint-André, Paris, Alcan, 1901.
- Jean-Jacques Locherer, Hérault de Séchelles, l'aristocrate du comité de salut public, Paris, Pygmalion, 1984.
- Albert Mathiez, « Hérault de Séchelles était-il dantoniste ? », Annales révolutionnaires, t. 7, no 4, , p. 485-510 (lire en ligne).
- Frédérique Matonti, Hérault de Séchelles ou les infortunes de la beauté, La Dispute, 1998.
- Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire et ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc furent "régicides" », Annales historiques de la Révolution française, janvier-, p. 61-77.
- Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé », Cahiers d'Histoire' Espace Marx, no 63-avril-.
- Jean-Daniel Piquet, « Lettre secrète de l'abbé Grégoire et de ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc à Danton », Cahiers d'Histoire Lyon, Grenoble, Clermont, Saint-Etienne, Chambéry, Avignon, tome 46 no 3-4, 3ème/4ème trimestres 2001, p. 397-415.
- Eugène Welvert, « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? », dans Eugène Welvert, Lendemains révolutionnaires, les régicides, Paris, Calman-Lévy, 1907, p. 171-190.
- Claudine Wolikow, « Hérault de Séchelles Marie-Jean », dans Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989.
- Jérôme Garcin, C'était tous les jours tempête, Paris, Gallimard, 2002, les confessions romancées de Hérault de Séchelles
Articles connexes
Liens externes
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