Lydie Bastien

Lydie Bastien, née Lydie Jeanne Françoise, également connue sous les pseudonymes de Béatrice et Ananda Devi, née à Paris le et morte à l’hôpital Cochin à Paris le , est une femme française qui aurait travaillé pour les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, et est considérée par certains[Qui ?] comme étant à l'origine des arrestations de Charles Delestraint et de Jean Moulin en 1943.

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Biographie

Originaire d'Ohain dans le Nord, elle aurait été, pendant la Seconde Guerre mondiale, la maîtresse de Harry Stengritt, adjoint de Klaus Barbie à la Gestapo de Lyon. Elle aurait été chargée de séduire René Hardy, inspecteur de la SNCF et résistant du réseau Combat, afin d'accéder à diverses informations sensibles[1]. Hardy se serait confié rapidement à elle, ce qui aurait permis à Klaus Barbie d'organiser l'arrestation du chef de l'Armée secrète, le général Charles Delestraint, puis de plusieurs cadres de la résistance intérieure française, dont Jean Moulin, au cours d'une réunion organisée le dans la banlieue lyonnaise à la suite de l'arrestation de Delestraint[2].

Pendant cinquante ans, la responsabilité de la trahison reste floue. Hardy est principalement soupçonné, mais est acquitté, faute de preuves, lors de deux procès après-guerre, en et . Lydie Bastien se serait chargée de truquer les procès, afin de ne pas être démasquée[1].

Son rôle reste encore méconnu malgré les soupçons comme agent allemand que porte sur elle Henri Frenay. Après s'être intéressé à Jean Moulin dans Vies et morts de Jean Moulin : éléments d'une biographie (1998), le journaliste Pierre Péan est contacté par l'exécuteur testamentaire de Lydie Bastien, Victor Conté, qu'elle a chargé de faire connaître, après sa mort, la vérité sur son rôle[1]. Muni des confidences recueillies par Conté, Pierre Péan enquêtera et en sortira le livre La Diabolique de Caluire (1999), dans lequel il précise le rôle joué, selon lui, par Lydie Bastien.

Elle aurait été payée en bijoux pour son « travail », sa principale motivation ayant été l'intérêt. Elle collectionne après-guerre les aventures avec des hommes riches et puissants, et a en particulier une relation avec le prêtre défroqué et écrivain surréaliste Ernest de Gengenbach, qui évoque cette « beauté fatale », « luciférienne », et son expérience d'amant torturé dans son autobiographie romancée, l'Expérience démoniaque (1949)[1].

À la fin des années 1960, elle part vivre avec un maharaja en Inde. Elle s'installe ensuite aux États-Unis, où elle écrit des articles sur l'hypnose et le yoga et se rapproche d'Aldous Huxley, avant de revenir en France où elle finira ses jours après avoir créé le Centre culturel de l'Inde[2] sous le haut patronage d'André Maurois puis un bar du quartier Notre-Dame-des-Champs, au 11, rue Jules-Chaplain, le Jacky's Bar avec Jacky Kennedy comme directeur, et qui deviendra successivement le Jacky's Farwest Saloon dans lequel débutera le chanteur Dave, puis The Barbary Coast Saloon, et enfin Le Boucanier, temple de la new wave et du post-punk ancien. Elle fréquente aussi à cette époque Edgar Faure, René La Combe, le président guinéen Sékou Touré et gère également un bar de filles boulevard Henri-IV, le Gabrielle d'Estrées.

Elle meurt à l'hôpital Cochin et est inhumée dans une fosse commune au cimetière parisien de Thiais.

Notes et références

  1. Éric Conan, « C'est elle qui a fait arrêter Jean Moulin », L'Express, (lire en ligne).
  2. « La « putain » de la Résistance? », ladepeche.fr, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Filmographie

Bibliographie

Articles connexes

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