Lodovico Carracci

Lodovico Carracci ou Ludovico (ou encore Ludovic Carrache et Louis Carrache en français), né le à Bologne et mort dans la même ville le , est un peintre italien pré-baroque de l'école bolonaise, ainsi qu'un graveur et imprimeur qui restera dans sa ville natale tout au long de sa carrière.

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Biographie

Fils de Vincenzo Carracci, boucher de métier, il fut élève de Prospero Fontana puis du Tintoret à Venise, mais aucun de ses maîtres n'a cru en lui. Il voyagea ensuite, copiant les tableaux d'Andrea del Sarto, étudiant ceux de Parmigianino, du Corrège et de Giulio Romano, puis retourné à Bologne, il y développa, pour ses tableaux à sujet religieux, un style propice à la dévotion. Il créa un genre éclectique s'attachant à détruire les exagérations et le mauvais goût des diverses écoles de son temps. Il fonda à Bologne, en 1582, de concert avec ses deux cousins, Agostino et Annibale, l'académie de peinture des Carrache, dite des Incamminati (acheminés, progressifs), qui avait pour principe d'allier l'observation de la nature à l'imitation des meilleurs maîtres. En 1584, les trois Carrache ont reçu la commande des fresques de l'étage noble du palais Fava où ils vont mettre en pratique leur enseignement académique.

Médée, fresque, Bologne, palais Fava.

De cette période datent une Annonciation (Pinacoteca Nazionale, Bologne) et un Baptême du Christ (Alte Pinakothek, Munich). Ses œuvres de jeunesse se caractérisent par des constructions simples et rigoureuses. Il a appliqué ce principe dans un magnifique tableau : la Prédication de saint Jean-Baptiste

Il ne va pas rester insensible aux nouvelles tendances naturalistes. Il va alors s'exprimer dans un nouveau style avec des clairs-obscurs contrastés et une grande intensité dramatique qui s'exprime dans La Chute de saint Paul (1587), la Madone Bargellini (1588), La Madone des Scalzi (vers 1590), la Flagellation (1590) de Douai, la Vierge à l'Enfant avec saint Joseph et saint François de Cento (1591) et les fresques du palais Magnani (1588-1591).

Cependant il s'est consacré plus à l'enseignement comme le confirme la commandite du cardinal Farnèse à Rome qu'il préféra voir exécutée par Annibale et Agostino.

« L'âge suivant assista dans Bologne au grand travail de réformation commencée par Lodovico Carracci. L'art s'était perdu par l'abus de la science et par la substitution des formes conventionnelles aux enseignemens de la nature; il se releva par la profondeur des études et la comparaison des chefs-d'œuvre l'inspiration lui revint par des voies plus doctes, mais détournées. Bologne eut son école de géants. »

 Revue des deux Mondes, 1839, tome 18 - Chronique de la quinzaine. 30 avril 1839 Chronique de la quinzaine.- 30 avril 1839

Sa dernière commande importante est celle des fresques du cloître du monastère de San Michele in Bosco, à Bologne, en 1604-1605. Une grande partie de ces peintures a été perdue mais est connue grâce à une belle série de gravures faites par Charles Pisarri à la fin du XVIIe siècle.

En 1607 et 1608, il est à Plaisance où il a peint les fresques dans le chœur de la cathédrale et le palais de l'archevêque.

En 1612, Maffeo Barberini a commandé pour la chapelle de sa famille dans l'église de Sant'Andrea della Valle, à Rome, Saint-Sébastien jeté dans la Cloaca Maxima, maintenant au Getty Museum.

Il peint la Crucifixion et les Pères de l'Église dans les limbes se trouvant dans l'église Santa-Francesca-Romana de Ferrare, initialement prévue pour la basilique Saint-Georges-hors-les-murs. Cette œuvre, maintenant placée dans la première chapelle à droite en entrant dans l'église, se trouvait à l'origine dans l'abside et était entourée par une trilogie de peintures représentant des anges adorateurs portant les instruments de la Passion et dans les niches latérales Notre Dame des Sept-Douleurs et Saint Jean l'Évangéliste pleurant.

Dans sa dernière période, les Carrache ont exécuté des peintures d'une expressivité remarquable, caractérisée par une structure formelle romantique en réaction aux nouvelles orientations vers une plus faible palette chromatique.

Œuvres

  • Apparition de la Vierge et de l'Enfant Jésus à sainte Hyacinthe (1594), 375 × 223 cm, musée du Louvre, Paris[1]
  • Samalcis et Hermaphrodite, huile sur toile, 114 × 152 cm, Vente Christie's 2006[2]
À Bologne
  • Nativité de saint Jean-Baptiste
  • Transfiguration sur le mont Thabor
  • Bargellini Madonna (1588), pinacothèque
  • La Sainte Famille sous une arcade (1590), eau-forte
  • Annonciation (1619), retable du maître-autel, église San Pietro
  • Peintures de son école à San Michele in Bosco
  • Peinture à l'église San Domenico
Musées hors d'Italie
  • Vierge à l'Enfant, musée du Louvre de Paris
  • Assomption de la Vierge, musée des beaux-arts de Marseille
  • Déploration du Christ, musée des beaux-arts de Lille
  • Flagellation, musée de la Chartreuse de Douai
  • Visitation et le Martyre de saint Pierre et de saint Paul, musée des beaux-arts de Rennes
  • Baptême de Jésus, musée des beaux-arts de Lyon, inv. no A 68
  • L'Adoration des bergers et La Nativité de Jésus-Christ, musée national du château, Fontainebleau
  • Vision de saint François (1583-1585), Rijksmuseum, Amsterdam, inv. no SK-A-3989
  • Étude d'ange à mi-corps la main devant les yeux, sanguine et rehauts de craie blanche. H. 0,204 ; L. 0,177 m[3]. Paris, Beaux-Arts de Paris[4]. Ce dessin est caractéristique des dessins de jeunesse des Carracci, datables de la fin des années 1580, des études de figures isolées dans une pose naturelle, voire quotidienne, exécutées à un ou deux crayons.
  • Le Premier Discours de Pierre (Actes II, 14-41), plume, encre brune, lavis brun. H. 0,298 ; L. 0,256 m[5]. Paris, Beaux-Arts de Paris. Ce dessin très fini ne peut être mis en relation avec une composition connue de Carracci, mais le format suggère une étude pour la décoration d'une chapelle. Ludovico a illustré plusieurs fois la vie de saint Pierre, notamment dans un Saint Pierre repentant conservé au musée du Louvre (sanguine).
  • L'Adoration des mages, plume et encre brune, lavis d'encre brune. H. 0,215 ; L. 0,161 m[6]. Paris, Beaux-Arts de Paris. Ce dessin est à mettre en rapport avec le décor de la petite chapelle Gessi de l'église Sant Bartolomeo di Reno, exécuté par Ludovico et Agostino. Ludovico peint deux toiles latérales, L'Adoration des mages et La Circoncision, aujourd'hui détruites.
  • Saint Jean et la perdrix, sanguine. H. 0,264 ; L. 0,204 m[7]. Paris, Beaux-Arts de Paris. Ce dessin représente un épisode de la vie de saint Jean l'Évangéliste rarement illustré mais que relate Cassien puis Jacques de Voragine dans La Légende dorée. Au cours de son séjour à Éphèse, saint Jean est apostrophé par un chasseur qui lui reproche de s'adonner à un passe-temps futile, celui de caresser une perdrix qu'il a apprivoisée. Saint Jean lui répond que l'arc comme l'esprit ne peuvent pas être toujours occupés de Dieu.
  • de nombreux dessins destinés à la gravure.
Œuvres détruites
  • Saint François
  • Saint François en extase

Notes et références

  1. Apparition à St Hyacinthe, Louvre (atlas)
  2. Samalcis et Hermaphrodite, Christie's (site)
  3. « Etude d'ange à mi-corps, la main devant les yeux, Ludovico Carracci », sur Cat'zArts
  4. Les Beaux-Arts de Paris possèdent un bel ensemble de dessins des Carraccci ; voir, Brugerolles, Emmanuelle, van Tuyll, Carel, Le Dessin à Bologne, Carrache, Guerchin, Dominiquin …, Chefs-d’œuvre des Beaux-Arts de Paris, Paris, Beaux-Arts édition, 2019.
  5. « Le Premier Discours de Pierre, Ludovico Carracci », sur Cat'zArts
  6. « L'Adoration des mages, Ludovico Carracci »
  7. « Saint Jean et la perdrix, Ludovico Carracci », sur Cat'zArts

Annexes

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 3, éditions Gründ, , 13440 p. (ISBN 2700030133), p. 282-284
  • De Carrache à Guardi. La peinture italienne des XVIIe et XVIIIe siècles dans les musées du Nord de la France, p. 62-65, Édition de l'Association des Conservateurs de la Région Nord-Pas-de-Calais, Lille, 1985 (ISBN 2-902-092-05-9)
  • Catherine Loisel, Ludovico Carracci, Louvre éditions (cabinet des dessins), Paris, 2004 (ISBN 88-7439-155-2) ; p. 82

Articles connexes

Liens externes

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