Lucien Loizeau
Lucien Loizeau est un général français né à Reims, le , dans une famille champenoise illustrée par le général Étienne Radet, grande figure du Premier Empire, et par Léon Bourgeois, président de l'Assemblée nationale et du Sénat sous la Troisième République. Le général Loizeau est mort à Angoulême, le .
Pour les articles homonymes, voir Loizeau.
Lucien Loizeau | |
Naissance | Reims |
---|---|
Décès | Angoulême |
Origine | France |
Grade | Général de corps d'armée |
Années de service | 1897 – 1945 |
Commandement | 12e Division d'Infanterie 6e Corps d'Armée |
Conflits | Première Guerre mondiale Guerre du Rif |
Distinctions | Légion d'honneur |
Famille | Général Radet |
Avant la Première Guerre mondiale
Après de brillantes études secondaires terminées au lycée Faidherbe de Lille, Lucien Loizeau intègre Saint-Cyr dont, en 1900, il sort 3e sur 550 et premier d'Infanterie. Ses premières armes se font en Algérie comme lieutenant au 3e régiment de tirailleurs algériens. Le jeune officier y étudie l'histoire de ce pays dans diverses publications qui le font nommer officier d'Académie à 27 ans. En 1906, à Constantine, Lucien Loizeau épouse Hélène Panis qui lui donnera deux filles.
À l'École supérieure de guerre, il suit les enseignements des futurs maréchaux Foch et Pétain avant d'être attaché à l'état-major du gouvernement militaire de Paris auprès du général Maunoury. Capitaine en 1912, il commande une compagnie au 72e régiment d'infanterie à Amiens.
Première Guerre mondiale
Au cours de la Grande Guerre, après avoir été l'un des représentants du maréchal Joffre auprès de l'Armée britannique et être resté un an au grand quartier général, il fait toute la campagne de 1918 comme commandant de bataillon en Champagne puis chef d'état-major de la 58e division dans son offensive de Noyon à la trouée de Chimay. Loizeau est cité quatre fois et nommé chevalier de la Légion d'honneur. À l'armistice, le maréchal Foch l'appelle à son état-major pour assurer la direction des Chemins de fer des Pays rhénans. Il intègre ensuite le Comité interallié présidé par Herbert Hoover, futur président des États-Unis.
Entre-deux-guerres
En 1919, le maréchal Lyautey demande au commandant Loizeau de le rejoindre au Maroc. Le résident général fait de Lucien Loizeau l'un de ses plus proches collaborateurs. Il va ainsi réorganiser les transports militaires et civils, en assumer la direction (sorte de ministère) et participer à toutes les réunions du gouvernement marocain. Promu lieutenant-colonel, Loizeau assure également la direction du cabinet militaire du maréchal Lyautey. Au départ de ce dernier en 1925, le colonel Loizeau commande trois régiments de tirailleurs, notamment lors de la guerre du Rif et de la reddition de l'Atlas marocain.
Rentré en France en 1929, il est remarqué par le général Weygand au Centre des hautes études militaires et il devient professeur de tactique générale et commandant en second de l'École supérieure de guerre. Ses enseignements sont publiés en France et à l'étranger.
Général de brigade en 1932, Loizeau est décoré l'année suivante de la cravate de commandeur de la Légion d'honneur par le général Weygand. En 1934, il est nommé sous-chef d'état-major général de l'armée au ministère de la Guerre. L'adjoint du général Weygand, puis du général Maurice Gamelin, a la mission de diriger les bureaux d'opérations, de renseignements et de transports. Il négocie également la position de défense en Belgique avec l'état-major de ce pays. Il assure aussi d'importantes missions en Italie, auprès du roi Victor-Emmanuel III et de Mussolini, puis en URSS, à la recherche d'alliances militaires. L'idée est d'opposer plusieurs fronts à l'Allemagne en cas de guerre. À son retour de Russie, où il a rencontré le maréchal Kliment Vorochilov et assisté aux manœuvres de Kiev, le général propose une alliance militaire avec ce pays, ainsi que la constitution de compagnies parachutistes. Il ne sera entendu que sur le second point.
En 1936, Loizeau quitte le ministère de la Guerre, où ses relations avec le général Gamelin ne sont pas excellentes, pour prendre le commandement de la 12e division d'infanterie à Châlons-sur-Marne. Il est promu général de division. Dans ce commandement, il a la tâche de transformer cette unité en une division motorisée capable de se diriger rapidement, en réserve stratégique, sur un point éloigné du champ de bataille pour rétablir un front ou procéder à une contre-attaque. Le général Loizeau poursuit également ses enseignements stratégiques et tactiques au Centre des hautes études militaires. Dans l'auditoire, on distingue quelques brillants sujets : Charles de Gaulle, Jean de Lattre de Tassigny et Alphonse Juin. Le , il reçoit des mains du président Albert Lebrun la plaque de grand officier de la Légion d'honneur.
Ultime consécration, le général Loizeau est nommé, en , gouverneur militaire de Metz, « le plus beau commandement de France », en remplacement de son vieil ami le général Giraud. Désormais général de corps d'armée, Loizeau s'installe au palais du Gouverneur. Il commande à 100 000 hommes, dont un certain colonel de Gaulle. À l'heure où les hostilités s'approchent, ce poste prestigieux, occupé par les chefs les plus illustres, est particulièrement exposé. Loizeau constate vite le manque de préparation à la défense. La ligne Maginot n'est que factice, elle se réduit aux ouvrages de première ligne, sans la moindre défense des intervalles, sans la moindre profondeur, sans installation à proximité des troupes occupantes. Le tout nouveau gouverneur établit alors un plan d'urgence de travaux, qui commence à peine d'être appliqué quand la guerre débute.
Seconde Guerre mondiale
À l'entrée en guerre, Lucien Loizeau prend la tête du 6e corps d'armée. Durant la drôle de guerre, le général emploie ses divisions non seulement pour les travaux de défense indispensables mais aussi pour leur instruction. Il développe en particulier l'esprit offensif par le jeu actif des patrouilles et des coups de main. Le , après une lutte courageuse, encerclé par l'ennemi, sans vivres et sans munitions, il est fait prisonnier avec ses soldats et restera cinq années en captivité dans la forteresse de Königstein près de Dresde.
L'après-guerre
Libéré en 1945 en zone soviétique par un coup de main américain et passé à son retour en France dans le cadre de réserve, le général Loizeau se fixe à Angoulême en Charente dont il devient citoyen d'honneur. Il se consacre alors, tant au niveau national que départemental, à la défense des intérêts moraux et matériels des combattants prisonniers de guerre, ainsi qu'à l'écriture.
Titulaire de plus de quarante décorations françaises et étrangères, le général Loizeau est élevé par le président Auriol à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur en 1950.
Le général de corps d'armée Lucien Loizeau est mort presque centenaire le . Il repose aux côtés de son épouse au cimetière de Bardines à Angoulême.
Décorations
Française
- Grand-croix de la Légion d’honneur (1950).
Étrangères
- Grand-croix de l'ordre du Ouissam alaouite (Maroc)
- Grand-croix de l'ordre du Nicham Iftikhar (Tunisie)
- Grand officier de l'ordre de la Couronne d'Italie
- Grand officier de l'ordre du Mérite militaire (Espagne)
- Grand commandeur de l'ordre du Phénix (Grèce)
- Grand officier de l'ordre de l'Étoile de Roumanie
- Grand officier de l'ordre de la Couronne (Yougoslavie)
- Commandeur avec étoile de l'ordre Polonia Restituta
- Grand commandeur de l'ordre du Grand Duc Gediminas (Lituanie)
- Grand officier de l'ordre du Soleil (Pérou)
- Commandeur de l'ordre du Lion blanc (Tchécoslovaquie)
- Commandeur de l'ordre de Léopold (Belgique)
- Commandeur de l'ordre du Jade (Chine)
- Officier de l'ordre Hafidian chérifien (Maroc)
- Chevalier de l'ordre de Saint-Sava (Serbie)
- Chevalier de l'ordre d'Orange-Nassau (Pays-Bas)
- Distinguished Service Cross
- Military Cross (Royaume-Uni)
- Mérite militaire (Mexique)
- Portail de l’histoire militaire
- Portail de la Seconde Guerre mondiale
- Portail de la France