Louis Poirson

Louis Poirson, surnommé « Rambo »[1],[2],[3], est un violeur multirécidiviste et un tueur en série français, né en à Madagascar.

Pour les articles homonymes, voir Poirson.

Louis Poirson
Tueur en série
Information
Nom de naissance Louis Poirson
Naissance
à Manakara (Madagascar)
Surnom Rambo
Condamnation


Sentence Réclusion criminelle à perpétuité
Actions criminelles Meurtres
Victimes 4 dont il est reconnu coupable, ainsi qu'une autre dont un avis de recherche a été lancé infructueusement
Période -
Pays France
Régions Alsace, Île-de-France, Haute-Normandie
Ville Strasbourg, Douains, Neuilly, La Villeneuve-en-Chevrie, Mantes-la-Jolie
Arrestation

Biographie

Louis Poirson naît en à Madagascar. Il y réside jusqu'à ses 4 ans en 1966.

Son père est français, sa mère est malgache, ils ont quatre enfants. Louis Poirson est l'aîné et seul garçon. Il déclare être devenu le souffre-douleur de son père alcoolique qui le bat régulièrement, souvent sans raison, sous l'œil d'une mère passive. Il éprouve par la suite une haine féroce à leur égard.

Il est décrit par les témoins qui se succéderont à ses procès en des termes élogieux : élève « très motivé et agréable à fréquenter », employé « exemplaire », compagnon « prévenant »[4].

En , il obtient un CAP de navigation et devient marinier sur un pousseur du Rhin. Son employeur vantera un travail « efficace et sérieux » et un comportement « exemplaire »[4].

Il est doté d'une force herculéenne, il rêve de devenir para-commando. « J'adore l'armée et je voulais devenir para-commando, pour les voyages, le sport et le combat », mais en raison d'une fracture au péroné, il ne pourra jamais devenir parachutiste et il est fortement déçu[4]. En , il effectue son service national.

Parcours criminel

Série de viols

Entre et , Louis Poirson commet sept viols et cinq agressions (parfois sous la menace d'une arme, certaines de ses victimes faisant l’objet d’un début d’étranglement) dans la région de Strasbourg. Il commet son dernier viol dans une forêt, la victime relève la plaque d'immatriculation de la voiture. C'est celle de la compagne de Louis Poirson[1].

En , âgé de 22 ans, Louis Poirson est arrêté et incarcéré à la Prison d'Ensisheim. Bien que son comportement puisse paraître comme étant schizophrènique, les experts psychiatres déterminent néanmoins que Poirson est responsable de ses actes et qu'aucune thérapie n'est à envisager. Une photographie d'une femme nue dans un bois, terrorisée, est trouvée dans les affaires de Poirson. Interrogé par les enquêteurs, Louis Poirson déclare qu'il n'a jamais vu cette femme et que c'est une photo qu'il a simplement trouvée. N'étant poursuivi que pour viols et agressions sexuelles, Poirson ne sera jamais inquiété de ce meurtre supposé[1],[5].

Le , Louis Poirson est jugé et condamné à 15 ans réclusion criminelle. Durant qu'il purge sa peine dans les prisons d'Ensisheim et de Fleury-Mérogis, il entretient une correspondance avec Chantal Vaslet, sa future compagne. Elle est assistante maternelle, a 14 ans de plus que lui et 6 filles.

En , Louis Poirson est libéré, après 9 ans et demi de détention[6]. Il devient tailleur de pierres en région parisienne.

Série d'enlèvements et meurtres

Le , Louis Poirson boit un verre à la terrasse d'un bar. Il savoure ce moment de repos, mais les aboiements d'un chien à proximité l'en empêchent, cela le met en colère. Il marche à travers les champs et se rend au cimetière animalier de Douains pour se venger d'avoir été ainsi importuné. Il brise la vitre du cabanon à outils, en saisit un et s'en sert pour saccager les tombes des animaux. Jeanine Villain, 67 ans, et sa fille Monique, 44 ans, domiciliées à Saint-Vincent-des-Bois, venues se recueillir sur la tombe de leur chienne « Babette », entendent les bruits et le surprennent. Monique le menace d'appeler les gendarmes et lui tient tête. Ne supportant pas cela, il assomme Jeanine et attache Monique, les met dans leur voiture, une BX, et les emporte dans un champ à Neuilly. Il propose à Monique de les relâcher si elles renoncent à le dénoncer, elle refuse. Il étouffe Monique en lui mettant la tête dans un sac plastique et brise la nuque de Jeanine en la frappant avec un bout de bois. Il va chercher un bidon d'essence à La Villeneuve-en-Chevrie à la ferme des Molières où il travaille et revient brûler les corps des deux femmes. Ensuite, il part avec la voiture se promener dans Paris et revient à Mantes-la-Jolie, où il abandonne et incendie la voiture sous un pont de chemin de fer, là où elle sera retrouvée. Il rentre à pieds chez lui[1].

Le , les corps des deux femmes sont retrouvés par des promeneurs. Les enquêteurs dirigent leurs soupçons sur Michel Villain, 47 ans, fils et demi-frère des deux victimes, avec qui il est brouillé depuis une dizaine d'années. Dénoncé à tort par son propre fils de 24 ans, Michel Villain est mis en examen et passera trois années en détention provisoire avant d'être libéré après les aveux de Louis Poirson[7],[8].

En , Louis Poirson enlève trois auto-stoppeuses de 15 ans à Chaufour-lès-Bonnières et les séquestre dans la ferme à La Villeneuve-en-Chevrie. Elles s'échappent. Arrêté, Poirson est incarcéré. Jugé en et condamné à trois ans de prison ferme. Il est libéré le [6].

Le , à Douains, Louis Poirson viole Adeline, 20 ans.

Le , Lucie Pham-Ngoc-Bich 73 ans, sort se promener dans la rue, comme elle fait chaque jour. La septuagénaire réside à la maison de retraite A.R.E.P.A rue Frédéric Chopin, au Val Fourré à Mantes-la-Jolie. Elle est décrite comme étant « déconcertante de naïveté » et est sous tutelle. Louis Poirson, au volant de la voiture de sa compagne, passe près d'elle et lui propose de l'emmener. Elle monte à bord. Peu après, elle lui demande de s'arrêter car elle a envie d'uriner. Dès qu'il peut, il arrête la voiture sur une aire de repos, sort de la voiture et fait descendre Lucie. Il constate alors qu'elle s'est soulagée sur son siège passager. Furieux, il la pousse violemment, elle tombe et est assommée. Il la remet dans la voiture et l'emporte à La Villeneuve-en-Chevrie dans la ferme où il travaille. Ils se disputent à nouveau, il l'étrangle, puis transporte son corps derrière la ferme jusqu'à la lisière du champ à Chaufour-lès-Bonnières et l'enterre[9].

Le , Charlotte Berson 79 ans veuve, part se promener dans la campagne près de chez elle à Pacy-sur-Eure, comme elle fait chaque jour. Louis Poirson, au volant de la voiture de sa compagne, passe près d'elle, s'arrête en lui bloquant le passage. Il lui propose de l'emmener en voiture. Elle refuse catégoriquement et frappe sur le capot de la voiture pour qu'il dégage le passage. Il craint qu'elle ait abimé la voiture en frappant ainsi dessus, il en sort furieux et pousse Charlotte violemment, qui tombe sur une pierre et est assommée. Il la met dans la voiture et l'emporte à La Villeneuve-en-Chevrie où il l'étrangle. Il la remet dans la voiture et dissimule son corps nu dans un fourré à Chaussy. Il verse de l'acide chlorhydrique sur son visage et ses mains dans l'espoir d'empêcher son identification. La famille de Charlotte signale sa disparition.

Le , deux chasseurs découvrent le cadavre. Elle porte encore sa montre au poignet. Elle est identifiée grâce au numéro de série inscrit sur la broche qu'elle a dans le poignet gauche. La famille reconnait sa montre. Les enquêteurs croient qu'elle a été séquestrée environ deux semaines avant que son corps soit abandonné, car l'acide a retardé l'installation et le développement des insectes nécrophages. L'étude du bol alimentaire au cours de l'autopsie, conclut que Charlotte a été tuée le jour de sa disparition, et contredit les observations de l'analyse entomologique[1].

Le au matin, Clémence 38 ans, prend le train à Paris pour rentrer chez elle à Vernon. Elle s'est trompée de train et elle est contrainte de descendre à Mantes-la-Jolie. Elle est contrariée, car elle a rendez-vous à l'école où est scolarisé son fils. Elle se dirige vers un arrêt de bus, pour prendre un car pour Vernon. Louis Poirson, au volant de sa voiture, passe près d'elle et lui propose de l'emmener à Vernon. Mais avant, il doit passer sur son lieu de travail pour déposer les cartons qui sont dans le coffre de la voiture. Arrivés à la ferme à La Villeneuve-en-Chevrie, il sort de la voiture, ouvre le coffre, puis ouvre la portière passager et menace Clémence avec un couteau. Il l'oblige à descendre de la voiture en criant. Il lui attache les mains dans le dos et l'entraine dans un des bâtiments de la ferme en travaux. Dans la lutte, la montre de Clémence tombe au pied des escaliers. Il la fait monter dans une petite pièce du premier étage où il n'y a qu'un vieux matelas sur le sol. Il la bâillonne, la ligote fermement et la laisse ici. Il descend travailler dans son atelier. Sa patronne arrive, elle est étonnée de trouver cette montre de femme. Elle monte et trouve Clémence. Elle va voir Poirson et lui demande ce que cela signifie. Il lui répond qu'il sait qu'il y a une femme attachée au premier étage, que c'est lui qui l'a enlevée et qu'il va la ramener chez elle. Paniqué, il détache Clémence et lui dit qu'il la ramène chez elle en voiture. La patronne lui téléphone alors qu'il conduit. Elle lui dit qu'elle a averti la gendarmerie par téléphone. Elle lui ordonne d'y aller après avoir déposé Clémence chez elle. Arrivés à Vernon, il présente ses excuses à Clémence, puis il va à Bonnières-sur-Seine se constituer prisonnier à la gendarmerie. Il est mis en examen pour enlèvement et séquestration. Il est arrêté et incarcéré à la prison de Bois d'Arcy.

Entre et , lors des interrogatoires en garde à vue, Louis Poirson est très calme, et très respectueux des enquêteurs. Il ne reconnait les faits que si les enquêteurs lui soumettent des preuves irréfutables. Ils comprennent qu'il veut à tout prix éviter que sa compagne puisse être impliquée. Ils lui disent que puisqu'il a utilisé la voiture de Chantal à plusieurs reprises, ils pourraient aussi la placer en garde à vue, il avoue alors immédiatement. Il déclare avoir tué Charlotte Berson parce qu'elle ressemblait à sa mère. Au sujet du cimetière animalier, il déclare : « un tel tralala pour un chien mort » et que « la pierre, ça coûte cher ». Lors de la perquisition de son logement les enquêteurs découvrent des bijoux de femmes qui ne sont pas à sa compagne. Il déclare les avoir trouvés. La famille de Charlotte Berson ne reconnait pas les bijoux. Françoise Maricourt, conseillère sociale, reconnait le bracelet de Lucie Pham-Ngoc-Bich[1].

En , la journaliste Michèle Fines, effectuant un reportage sur une enquête de gendarmerie, filme la garde à vue de Louis Poirson et a un entretien avec lui ensuite. En fouillant le casier judiciaire de Poirson, les enquêteurs sont convaincus que la photo retrouvée chez-lui en , est celle d'une victime qu'il aurait tué durant sa jeunesse, vers le début des années 1980[1].

Liste des victimes connues

Les faits Identité[N 1] Âge Découverte
Date Lieu Date Lieu
Douains Jeanine Villain 67 Neuilly
Monique Villain 44
Chaufour-lès-Bonnières auto-stoppeuse 15 La Villeneuve-en-Chevrie
auto-stoppeuse 15
auto-stoppeuse 15
Douains Adeline 20 Douains
Mantes-la-Jolie Lucie Pham-Ngoc-Bich 73 Chaufour-lès-Bonnières
Pacy-sur-Eure Charlotte Berson 79 Chaussy
Mantes-la-Jolie Clémence 38 La Villeneuve-en-Chevrie

Procès et condamnations

Le , le procès de Louis Poirson débute à la cour d'assises de l'Eure à Evreux pour le double meurtre de Jeanine et Monique Villain[10],[11],[12].

Aude Le Guilcher est l'avocate générale. Vincent Picard est l'avocat de Michel Villain. La défense de Louis Poirson est assurée par Guylène Grimaud.

Le , Louis Poirson est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité[13],[14],[15],[16].

Le , le procès de Louis Poirson débute à la cour d'assises des Yvelines à Versailles pour les meurtres de Lucie Pham-Ngoc-Bich et de Charlotte Berson et pour le viol d'Adeline et l'enlèvement et la séquestration de Clémence[17].

Marie-Thérèse de Givry est l'avocate générale. Emmanuel Daoud est l'avocat de la famille Berson. La défense de Louis Poirson est assurée par Sophie Gourmelon.

Le , Louis Poirson est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.

N'ayant pas fait appel des ses condamnations, Louis Poirson pourra demander sa libération en .

Articles de presse

Documentaires télévisés

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Émission radiophonique

Notes et références

Notes

  1. Si la case du nom de la victime est sur fond saumon, cela signifie que Louis Poirson a tué cette victime.

Références

  1. « Louis Poirson, le tailleur de pierres » en septembre 2007 et septembre 2008 dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2
  2. Doté d'une incroyable force physique, adepte de la musculation, il est complètement fasciné par Rambo, d'où ce surnom. Le procès d'un homme presque ordinaire - Un homme quelconque, Fidès
  3. Louis Poirson est capable de soulever d'une seule main 40 kg sans manifester le moindre signe d'effort « L'itinéraire sanglant du tailleur de pierre » Article de Stéphane Sellami publié le 3 février 2005 dans Le Parisien
  4. Le procès d'un homme presque ordinaire - Un homme quelconque, Fidès
  5. « Programme TV - Faites entrer l'accusé - Louis Poirson, le tailleur de pierres », sur tvmag.lefigaro.fr (consulté le )
  6. « Réclusion criminelle à perpétuité pour le tueur en série de la Villeneuve-en-Chevrie -Le parcours terrifiant du tueur en série- » Article publié le 9 février 2005 dans Le Courrier de Mantes
  7. Le procès d'un homme presque ordinaire - Un passé judiciaire déjà chargé, Fidès
  8. « Trois ans volés à un innocent » Article de Jean-Pierre Thibaudat publié le 19 octobre 2002 dans Libération
  9. « Une retraitée de Mantes victime du tueur en série » Article publié le 1er février 2001 dans Le Courrier de Mantes
  10. Les tueurs en série
  11. « Un tueur en série jugé dans l'Eure » Article publié le 23 septembre 2002 dans Le Nouvel Observateur
  12. « Premier procès du tailleur de pierre tueur en série » Article de Geoffroy Tomasovitch publié le 23 septembre 2002 dans Le Parisien
  13. « Louis Poirson, le tailleur de pierres, condamné à perpétuité » Article publié le 2 octobre 2002 dans Le Courrier de Mantes
  14. « Prison à perpétuité pour le tailleur de pierre » Article de Frédéric Vézard publié le 25 septembre 2002 dans Le Parisien
  15. « C'est la bêtise humaine, la mienne » Article de Patricia Tourancheau publié le 25 septembre 2002 dans Libération
  16. « Assises : la perpétuité pour Louis Poirson » Article publié le 25 septembre 2002 dans Le Nouvel Observateur
  17. « Nouveau procès pour le tueur de vieilles dames » Article de Stéphane Sellami publié le 2 février 2005 dans Le Parisien

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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