Louis de Bourbon (1725-1793)

Louis-Jean-Marie de Bourbon, né le au château de Rambouillet et mort le au château de Bizy à Vernon (Eure), est un membre de la famille royale de France, petit-fils de Louis XIV, qui fut duc de Penthièvre, d'Aumale (1775), de Rambouillet (1737), de Gisors, de Châteauvillain, d'Arc-en-Barrois, d'Amboise, comte d'Eu, seigneur du duché de Carignan, amiral et grand veneur de France.

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Louis de Bourbon
Portrait de Louis de Bourbon, duc de Penthièvre.
Biographie
Titulature Duc de Penthièvre
Duc de Rambouillet
Duc d'Aumale
Duc de Gisors
Duc de Châteauvillain
Duc d'Arc-en-Barrois
Duc d'Amboise
Comte de Dreux
Comte d'Eu
Dynastie Maison de Bourbon
Distinctions Chevalier des Ordres du Roi
Chevalier de l'Ordre de la Toison d'or
Autres fonctions Amiral de France
Gouverneur de Bretagne
Grand Veneur de France
Nom de naissance Louis Jean Marie de Bourbon
Naissance
château de Rambouillet (Royaume de France)
Décès
Château de Bizy à Vernon (Eure, République française)
Père Louis Alexandre de Bourbon
Mère Marie-Victoire de Noailles
Conjoint Marie-Thérèse-Félicité d'Este-Modène
Enfants Louis-Alexandre
Louise-Marie-Adélaïde
Religion Catholicisme

Signature

Biographie

Portrait du jeune Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre par Nattier ou Tocqué

Petit-fils de Louis XIV de France, fils unique de Louis-Alexandre de Bourbon (1678-1737), prince légitimé, comte de Toulouse, et de Marie-Victoire de Noailles, Louis-Jean-Marie de Bourbon est nommé amiral de France en survivance le et gouverneur et lieutenant général de Bretagne en survivance le .

Il perd son père à l'âge de 12 ans ; la comtesse de Toulouse, femme avisée, sait conserver la faveur du roi, son petit-neveu par alliance, en protégeant ses amours adultérines et les charges de son défunt mari sont transmises à son fils. Bien qu'encore mineur, le jeune duc de Penthièvre succède à son père dans ses charges civiles et militaires (), à savoir amiral de France, gouverneur de Bretagne et grand veneur de France sous le tutorat de l'intelligente comtesse de Toulouse. Il est fait chevalier de l'Ordre de la Toison d'or le puis chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit le . Nommé maréchal de camp le puis lieutenant général des armées du roi le .

Il combat sous les ordres de son oncle Adrien Maurice de Noailles à Dettingen (1743), Fontenoy (1745) et Raucoux (1746).

La comtesse de Toulouse qui sait l'importance de se concilier les membres des autres branches de la maison de France, cherche à marier son fils avec une princesse du sang et jette son dévolu sur Louise-Henriette de Bourbon, mais la mère de la princesse, la princesse douairière de Conti, dédaignant une alliance avec une branche bâtarde, accorde sa préférence au duc de Chartres Louis Philippe d'Orléans (1725-1785). Cependant l'avisée comtesse de Toulouse et le très pieux duc de Penthièvre n'eurent pas lieu de s'en plaindre : le mariage sera malheureux, la duchesse de Chartres cumula les frasques et les amants au point que la cour douta de la légitimité de ses enfants.

La comtesse de Toulouse se tourne alors vers une princesse de rang moindre mais dont le père est un souverain régnant et la mère une Orléans, Marie-Thérèse de Modène. Le mariage a lieu en présence du roi, des membres de la famille royale et de la cour à Versailles en 1744.

Le mariage de ce prince très pieux avec une princesse très pieuse se transformera très vite en mariage d'inclination et le couple, à l'instar de celui que formera quelques mois plus tard le dauphin Louis et la dauphine, eux aussi très pieux, fut harmonieux.

Le mariage du duc et de la duchesse de Penthièvre sera prolifique mais seuls un fils et une fille survivent à l'enfance. Les effets de la consanguinité étaient ignorés.

Cependant, usée par les maternités, la duchesse de Penthièvre meurt prématurément après dix ans de mariage. Le duc lui restera fidèle et ne se remariera pas.

Autant le duc est sage et chaste autant son fils sera un débauché. Pour le ramener à la raison, son père le marie à Nangis en 1767 à Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, une cousine et nièce du roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne. Cependant le jeune homme retourne à ses passions et meurt l'année suivante d'une maladie vénérienne à l'âge de 20 ans non sans avoir auparavant contaminé sa femme.

Portrait du duc de Penthièvre en amiral de France (Huile sur toile par Jean-Marc Nattier).

Seule héritière du plus riche prince du royaume, la fille du duc, « Mademoiselle de Penthièvre » attire les coureurs de dot et le duc d'Orléans, prince du sang, qui ne dédaigne pas de se mésallier avec une branche légitimée mais richissime, propose son fils, le duc de Chartres. Pour le duc de Penthièvre, cette alliance avec un prince du sang est flatteuse mais le mariage ne sera pas heureux. Devenu duc d'Orléans en 1785, l'ambitieux et mesquin prince du sang proposera en vain de racheter à son beau-père ses charges militaires ante mortem. Le couple Orléans se séparera en 1790. Quant à la belle-fille du duc, veuve de 19 ans, ses qualités de cœur lui valent l'amitié de la nouvelle dauphine puis reine Marie-Antoinette d'Autriche.

Marie-Thérèse-Félicité d'Este, princesse de Modène, duchesse de Penthièvre.

Très affecté par la mort de sa femme et de ses enfants, par celle de sa mère en 1766, de son seul fils survivant en 1768, par les déboires conjugaux de sa fille, les dernières années de la vie du duc de Penthièvre sont ternies par les excès révolutionnaires : le , une énième émeute contraint la famille royale, ramenée à Paris après sa fuite, à demander la protection de l'Assemblée nationale. Celle-ci décide de destituer le roi et d'incarcérer ses proches dont la princesse de Lamballe, belle-fille du duc de Penthièvre. Début septembre, des émeutiers instaurent des tribunaux d'exception dans les prisons et massacrent notamment les religieux réfractaires et les nobles. Amie intime de la reine, la princesse de Lamballe fait partie des victimes. Elle est atrocement massacrée (voire dévorée) et sa tête est portée en triomphe sur une pique dans les rues de Paris notamment sous la fenêtre de la reine. La république est proclamée quelques jours plus tard. Le roi est présenté devant la Convention en décembre et condamné à mort. Le duc d'Orléans, gendre du duc de Penthièvre, qui se fait appeler Philippe Égalité (sa femme est la « citoyenne Égalité »), dévoré d'ambition, était considéré comme le plus puissant opposant à la politique royale et à la reine. Apeuré par la révolution, il n'en vote pas moins la mort de son cousin et souverain. Le roi est exécuté le .

Le duc de Penthièvre, vieillissant, mène une vie retirée, mélancolique, absorbé par la dévotion et la charité. Sa principale passion est sa collection de montres, qu'il aime régler et réparer lui-même.

Bon et doux, il jouit d'une certaine popularité et conserve le respect des populations jusqu'à sa mort, arrivée paisiblement en son château de Bizy, en Normandie, à l'âge de 67 ans le . Son corps est enterré clandestinement dans la chapelle des Orléans à Dreux. La reine sera exécutée le de la même année après un procès inique.

Quelques semaines plus tard son gendre, ses enfants et sa sœur sont incarcérés ; le ci-devant duc d'Orléans sera exécuté le . Les révolutionnaires profanèrent les tombes le , huit mois après sa mort, et les corps sont jetés dans une fosse commune.

Il faudra attendre 1816 pour reconstruire la chapelle des Orléans, où ses restes seront transférés.

La fortune du duc de Penthièvre

Le duc de Penthièvre.

Le duc de Penthièvre recueille l'énorme patrimoine foncier des enfants du duc du Maine, le prince de Dombes (mort en 1755) et le comte d'Eu (mort en 1775), comprenant les châteaux de Sceaux, d'Anet, d'Aumale, d'Eu, de Dreux et de Gisors. D'après l'ouvrage La Fortune disparue du roi Louis-Philippe de Jacques Bernot et Jean-Pierre Thomas, ses revenus annuels étaient évalués à 6 millions de livres, ce qui faisait de lui l'un des hommes les plus riches d'Europe.

Il passait beaucoup de temps au château de Rambouillet, où il était né et dont il fit embellir les jardins en les mettant à la mode du temps.

En , il doit le céder à Louis XVI, qui voulait un vaste domaine de chasse dans la forêt des Yvelines et trouvait son château de Saint-Hubert trop exigu.

En quittant le domaine où il était né et qu'il avait tant aimé, le duc de Penthièvre emporte les neuf cercueils de son père, de sa mère, de sa femme et de ses six enfants, qu'il fait déposer dans sa propriété de Dreux. C'est l'origine de la chapelle royale de Dreux, nécropole familiale des Orléans.

En contrepartie, il rachète à la duchesse de Choiseul le magnifique château de Chanteloup, près d'Amboise et le Roi contraint le banquier Jean-Joseph de Laborde à lui céder, en 1784, son splendide château de La Ferté-Vidame. Ces deux domaines seront saisis comme biens nationaux à sa mort en 1793.

Le duc possédait en outre les châteaux de Blois, d'Amboise et de Châteauneuf-sur-Loire, ainsi que l'Hôtel de Toulouse, à Paris, aujourd'hui siège de la Banque de France. Il séjournait aussi, à Passy, près de Paris, au château de Boulainvilliers.

Mariage et descendance

Louis-Alexandre, prince de Lamballe (1747-1768)
Jean Marie de Bourbon (1748-1755) duc de Châteauvillain d'après Louis-Michel van Loo (Versailles)
La famille du duc de Penthièvre (1766/1768).

Le timide duc épousa en 1744 Marie-Thérèse-Félicité d'Este, dite « Mademoiselle de Modène » (1726-1754), fille du duc François III de Modène et de la duchesse née Charlotte-Aglaé d'Orléans (1700-1761), elle-même fille du Régent. Le mariage fut très heureux. Il donne le jour à :

  1. Louis-Marie de Bourbon (né en 1746, mort en bas âge) ;
  2. Louis Alexandre de Bourbon (1747-1768), prince de Lamballe, époux de Marie-Louise-Thérèse de Savoie dite « Mademoiselle de Carignan » (1749-1792), l'amie de la reine Marie-Antoinette ;
  3. Jean-Marie de Bourbon (1748-1755), duc de Châteauvillain ;
  4. Vincent-Marie-Louis de Bourbon (1750-1752), comte de Guingamp ;
  5. Marie-Louise de Bourbon dite « Mademoiselle de Penthièvre » (1751-1753) ;
  6. Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon dite « Mademoiselle de Penthièvre » (1753-1821), mariée à Philippe, duc d'Orléans (1747-1793) : ils sont les parents du roi Louis-Philippe ;
  7. Louis-Marie-Félicité de Bourbon (né et mort en 1754).

Titres

Effigies

  • un portrait en Grand Amiral de France (Ecole française, vers 1760-1765) saisi en 1794 soit au château d'Amboise (Indre-et-Loire) soit au palais ducal (ex-tribunal, actuel Hôtel de Ville), exposé au Musée des Beaux-Arts de Tours;
  • une version similaire, attribuée à Louis-Michel Van Loo, était en 1836 du château d'Eu et passa ensuite au Palais-Royal à Paris;
  • un portrait en pied, cuirassé, par le peintre Vaxcillère (1779), prévu pour la série des 61 portraits de la « Galerie des Amiraux » de l'ex-hôtel de Toulouse, actuel siège de la Banque de France (reprod. coul. dans La Banque de France - Histoire et richesses de l'hôtel de Toulouse 1993, p. 107) ;
  • une autre, portant la signature du même, passa en vente à Paris (galerie Georges Petit) le  ; un autre, portant l'inscription « donné à Mr de Montillet en 1780 », s'y vendit le  ;
  • autres versions aux musées de Sceaux, Poitiers (attribués à Van Loo), Rennes (signé J. Carpentier, exposé à Paris en 1878), avant 1939 à l'ancien palais royal de Sofia (Espagne);

Notes et références

    Pour approfondir

    Bibliographie

    • Honoré Bonhomme, Le Duc de Penthièvre (Louis-Jean-Marie de Bourbon) , sa vie, sa mort (1725-1793), 1869
    • Étienne Allaire, le Duc de Penthièvre: mémoires de Dom Courdemanche, 1889
    • Jean Duma, Les Bourbon-Penthièvre, (1678-1793) : une nébuleuse aristocratique au XVIIIe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, 744 p.
    • Michèle Musy, Le duc de Penthièvre: grand serviteur de l'Etat, Versailles, Via Romana, 2016, 139 p.

    Pages connexes

    Liens externes

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