Logiciel abandonné

Un logiciel abandonné, ou abandogiciel, ou par anglicisme un abandonware, est un logiciel (le plus souvent un jeu vidéo, voire un utilitaire[1],[2],[3],[4],[5]) considéré comme abandonné sous prétexte qu'il n'est plus en vente ou mis à jour par son éditeur ou ayant droit, si bien que certains utilisateurs prennent des libertés par rapport à la législation sur la propriété intellectuelle en l'utilisant, le reproduisant et le partageant gratuitement bien qu'il soit encore protégé[6].

Logo de l'abandonware, détournement du tidy man.

La notion d'abandonware n'a pas de base légale (tant que l'éditeur n'a pas libéré les droits).

Étymologie

Créé par Peter Ringering en 1997 pour son webring Abandonware Ring Central[7], le néologisme anglais abandonware, formé par l'amalgame de « abandon » (« abandonner, délaisser ») et de « ware » (produits), pour « software » (produits logiciels) ou pour « game ware » (jeux)[note 1], s'est répandu à partir de 1997 à la suite de la banalisation de l'Internet et de la mise en ligne de sites mettant illégalement du contenu protégé à la disposition des internautes. Par la suite, certains de ces sites, dits de warez, se spécialisèrent dans les jeux passés de mode, adoptant les vocables oldwarez ou abandonwarez. Enfin la dénomination perdit le z terminal pour s'arrêter à abandonware par souci de ses adeptes de se différencier des sites de pirates[8].

Si les termes français correspondants sont « logiciel abandonné » ou « logiciel orphelin », le terme le plus couramment employé par les francophones reste « abandonware »[réf. souhaitée].

En 2001, l'Office québécois de la langue française proposa les synonymes « abandogiciel », « abandoniciel » et « abandongiciel », trois différentes contractions de « abandon » et « logiciel », laissant à l'usager le soin de faire son choix[1]. Certains dictionnaires par la suite ont donné la préférence à « abandogiciel ».

Présentation

Le logiciel abandonné est un compromis entre les maisons d'édition du logiciel, les ayants droit et les utilisateurs. Le principe est de ne pénaliser personne ; même avec une durée de droit d'auteur de 70 ans, si le logiciel n'est plus commercialisé depuis longtemps, et que le service après-vente a été lui aussi abandonné, il devient de manière tacite un orphelin. Il peut donc se voir proposé en libre téléchargement. Cela ne le caractérise pas indéfiniment, et un logiciel recommercialisé par son éditeur ne doit plus être considéré comme abandonné.

Pour savoir si un logiciel est abandonné (car il est difficile de prouver que quelque chose n'existe pas, surtout quand les développeurs et/ou les éditeurs ont disparu), il faut postuler qu'il l'est. Alors le propriétaire fera peut-être valoir ses droits d'auteur et le logiciel ne sera plus un orphelin. Mais le plus simple reste de demander aux ayants droit (s'ils existent) la permission.

Ce phénomène, inauguré par des utilisateurs nostalgiques, donne un second souffle à des logiciels introuvables dans le commerce et que les amateurs achèteraient pourtant s'ils le pouvaient. Certains éditeurs l'ont compris, comme LucasArts qui a réédité ses plus grands jeux d'aventure de type « pointer-et-cliquer » sur CD-ROM. Ces jeux ne sont donc pas abandonnés.

La plupart des utilisateurs de logiciels abandonnés sont des nostalgiques qui souhaitent retrouver les jeux et programmes de leur jeunesse. Ce qui impose de nombreuses contraintes techniques, un vieux jeu ne fonctionnant pas forcément sur les ordinateurs récents. De nos jours de nombreux émulateurs ont donc été développés afin de permettre le fonctionnement de ces vieux logiciels en simulant l'environnement d'anciens systèmes d'exploitation, consoles et périphériques (souris, carte son, carte graphiques). Les émulateurs ont rendu le retrogaming possible jusqu'aux consoles de sixième génération. D'autres utilisateurs se replongent dans l'histoire du logiciel et des jeux vidéo pour comparer la production et la créativité d'hier à celles d'aujourd'hui. Ainsi, il a été possible de refaire fonctionner le tout premier tableur (VisiCalc) jamais écrit, qui tenait sur 27,5 ko (26,9 kio), l'éditeur Lotus ayant donné son accord.

Le logiciel abandonné remet en question la durée des droits d'auteur en informatique qui est de 70 ans. On s'aperçoit qu'en moins de 10 ans la vente et le service après-vente ne sont plus assurés pour la très grande majorité des logiciels. Ce qui s'explique en partie par l'évolution très rapide des ressources en mémoire et de la puissance de calcul des machines. Il y a actuellement une disproportion entre la durée légale et la durée de vie constatée.

Abandon volontaire

Certains éditeurs distribuent gratuitement sur leur site web leurs jeux les plus anciens, à l'image de Grand Theft Auto (1997) et Grand Theft Auto 2 (1999) et Wild Metal Country (1999), que Rockstar Games mit en ligne en 2003 et 2004[9] ; ou encore de Command and Conquer (1995) qu'Electronic Arts mit en ligne le pour célébrer le douzième anniversaire de la sortie du jeu[10].

D'autres éditeurs font eux passer leurs jeux sous licence libre et/ou publient leur code source. C'est par exemple le cas d'id Software avec ses anciens moteurs de jeu, ou de Beneath a Steel Sky (1994) dont Revolution Software donna le code source à ScummVM le . De même, pour permettre le portage du jeu sur le projet One Laptop per Child, SimCity parut sous licence GNU GPL 3 le [11] et fut renommé Micropolis[12].

Notes et références

Notes

  1. Le terme anglais se rencontre aussi sous les formes abandon-ware et abandon ware (en deux mots séparés), abandoned ware, abandoned software et abandon software, certaines plus répandues que d'autres.

Références

  1. « logiciel abandonné », Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ) : « Il arrive que les abandogiciels soient des utilitaires, mais plus rarement. Il s'agit le plus souvent de jeux vidéo ».
  2. (en) Eric Goldman, « The Challenges of Regulating Warez Trading », Social Science Computer Review, vol. 23, no 1, , p. 24–28 (DOI 10.1177/0894439304271531, lire en ligne) : « ... abandonware enthusiasts collect and distribute software (especially gaming software)... ».
  3. (en) Aaron Schwabach, Internet and the Law : Technology, Society, and Compromises, Santa Barbara, ABC-CLIO, , 395 p. (ISBN 1-85109-731-7 et 1-85109-736-8, lire en ligne), « Abandonware », p. 2 : « Old spreadsheets, word processing programs, and the like are of interest only to a limited number of enthousiasts. ».
  4. (en) Matthew G. Kirschenbaum, Mechanisms : New Media and the Forensic Imagination, Cambridge, Mass., MIT Press, , 296 p. (ISBN 978-0-262-11311-3, lire en ligne), p. 210 : « Abandonware sites... are... repositories... for... such products, most often games. ».
  5. (en) Kevin Savetz, « Can "Abandonware" Revive Forgotten Programs? », sur byte.com, 17 septembre 2001 : « Many (if not most) abandonware sites focus on games, but there are plenty such as Underdogs and Prophet's Abandonware that offer applications and utilities, too. ».
  6. (en) « The Abandonware FAQ v6: I. A. The definition of abandonware », sur The Official Abandonware Ring, 1997 / 2006 (consulté le ).
  7. (en) « The Abandonware FAQ v6: I. F. The history of abandonware », sur The Official Abandonware Ring, 1997 / 2006 (consulté le ).
  8. (fr) « Histoire de l'abandonware », sur Définition de l'abandonware.
  9. (en) « Rockstar Classics - Free Donwload Series », Rockstar Games.
  10. (en) Carlos Bergfeld, « Free Download of Command and Conquer Gold Begins C&C 12th Anniversary Celebration », sur Shacknews, .
  11. (en) Bil Simser, SimCity Source Code Released to the Wild! Let the ports begin…, Weblogs, 10 janvier 2008 (page consultée le 20 novembre 2008).
  12. (en) Code source de Micropolis, donhopkins.com, (page consultée le 20 novembre 2008).

Voir aussi

Articles connexes

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