Limonade

La limonade est une boisson froide constituée de jus de citron, d'eau et de sucre. Elle est souvent gazeuse en Europe, mais pas aux États-Unis, ni au Canada.

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Atelier de Gerard ter Borch - Un verre de limonade - Moitié XVIIe siècle.

Histoire

Le terme limonade est une dérivation de limon (citron), fruit du limonier. La limonade, non gazeuse, est parmi les plus anciennes boissons du commerce des boissons, remontant au moins au XVIIe siècle. À Paris, en 1676, une entreprise appelée la Compagnie de Limonadiers a été formée et a accordé des droits de monopole pour vendre la limonade, la vente s’effectue dans des tasses à partir de citernes adossées aux boutiques des marchands appelés limonadiers[1]. La Varenne dans Le Cuisinier françois, publié en 1654, donnait la recette suivante pour réaliser une limonade :

« Elle se fait diversement selon la diversité des ingrédients. Pour la faire avec du jasmin, il en faut prendre environ plein les deux mains, le mettre infuser dans deux ou trois pintes d'eau, et l'y laisser pendant huit ou dix heures, après quoi sur une pinte d'eau vous mettrez six onces de sucre. Celles de fleurs d'oranges, de roses muscades, et d'œillets se font de même. Pour faire celle de citron, prenez des citrons, les coupez, et en tirez le jus, mettez le parmi l'eau comme dessus ; pelez un autre citron, le coupez par tranches, le mettez parmi ce jus, et du sucre à proportion »

 Le Cuisinier françois[2]

Au XVIIIe siècle la limonade fut utilisée pour ses qualités médicales et pharmaceutiques. Jean-Baptiste Faciot mit au point une poudre que l'on pouvait mélanger avec de l'eau à raison d'une cuillerée pour un grand verre d'eau ; elle était composée de sucre, de sel d'oseille, et de quelques zestes de citron[3]. Ce mélange fut particulièrement utile sur les navires où les bienfaits du citron dans le traitement du scorbut avait été mis en lumière par James Lind, et son usage fut ainsi répandu par ordre du duc de Choiseul[4]. Parmentier dans le Formulaire pharmaceutique à l'usage des hôpitaux militaires de la République française publié en 1793 proposait différentes formules de limonades pharmaceutiques à base d'acide ou de crème de tartre, aromatisées à l'huile essentielle de citron[5]. Dans les îles des Caraïbes on préparait au XVIIIe siècle une variante de la limonade qui était appelée en France « limonade à l'anglaise », avec du vin de Canarie, du sucre, du jus de citron, de la cannelle, de la muscade, du clou de girofle, et un peu d'essence d'ambre[6].

Différents types de limonade selon le pays

Limonana à la menthe servie en Syrie.
Illustration de 1880 représentant un vendeur de limonade.
Bouteille de limonade artisanale à la myrtille servie en Provence.
Étiquette, datant des années 1980, de limonade OR, produite par la société des eaux d'Orezza, en Corse.

En Argentine, Canada, Danemark, États-Unis, Hongrie, ou Turquie, la limonade non gazeuse se réfère à un mélange de jus de citron, de sucre et d'eau. En France celle-ci est appelée citronnade.

En Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Suisse ou France le terme se réfère principalement à un breuvage incolore, gazéifié, doux, parfumé au citron. Il est semblable en goût et en apparence aux boissons telles que 7 Up et Sprite. En fait, ces deux boissons sont appelées « lemonade » en Australie, et désignées comme telles sur les canettes et bouteilles. La boisson américaine appelée « lemonade » existe au Royaume-Uni comme « boisson maison » (appelée « cloudy » ou « traditional lemonade »), mais n'est que très rarement vendue dans le commerce comme telle. En Grande-Bretagne dans les années 1970, la limonade n'était pas considérée comme un produit « glamour ». Cela a été délibérément parodié dans une publicité télévisée pour R.White's. Cette publicité a été un franc succès et a duré près d'une décennie, mais, bien plus tard, la relance de la campagne a eu moins de succès.

En Belgique, on distingue la limonade aromatisée qui n'est que de l'eau sucrée et aromatisée sans trace de fruit et la limonade au jus de fruit qui elle contient du jus de fruit.

En France, l'article L. 3321-1 du Code de la santé publique mentionne les limonades dans les boissons du 1er groupe (boissons sans alcool). La réglementation française sur la limonade date de 1943[7], date à laquelle est créée la Société des eaux minérales d'Ogeu (SEMO) à Ogeu-les-Bains. Entre 1955 et 1971, la société commercialise sa fameuse limonade pur sucre (« La meilleure eau de source — Les meilleurs extraits de fruits — La meilleure limonade ») dans les bouteilles à la capsule en porcelaine et au verre gravé au-dessus de l'étiquette bleu turquoise à l'effigie du bon roi Henry[8],[9].

En Inde, la limonade (nimbu pani) fait référence à une boisson non gazeuse, mélange (entre autres ingrédients) de jus de citron, de sucre et d'eau qui peut ou non contenir du sel gemme.

En Irlande, la limonade est gazéifiée et subdivisée en limonade blanche et rouge. La limonade blanche équivaut à la limonade gazeuse courante dans de nombreux pays, tandis que la limonade rouge est « la limonade » particulière à l'Irlande, au goût différent de celui de la limonade blanche, elle est soit bue seule ou ajoutée à du Whisky.

En Suisse, la limonade est définie officiellement comme une boisson contenant ou non de l’acide carbonique, préparée à partir d’eau potable ou d’eau minérale naturelle et de jus de fruits ou d’arômes, avec ou sans addition de sucres, de caféine ou de quinine[10].

En Slovénie, la limonade désigne une boisson non gazeuse acidulée mais le terme endosse également un sens plus péjoratif qui est l'équivalent du terme français de « soupe » attribué aux choses qu'on considère comme dépourvues d'intérêt comme la mauvaise musique ou les feuilletons télévisés de série B[11].

Produits commerciaux

De nombreux industriels se sont approprié la recette et en ont augmenté le taux de sucre afin de les intégrer dans leurs gammes de boissons sucrées. Les marques les plus connues de lemonade et de limonade sont « 7 Up », « Sprite ». D'autres marques, comme « Lorina » (de la maison Geyer de Munster en Moselle), « La Délicieuse » (de la Brasserie d'Olt en Aveyron) restent sur une version traditionnelle de la limonade gazeuse à fines bulles, aux arômes naturels et peu sucrée.

Une des plus anciennes limonades artisanales françaises encore en activité est la limonade de Fontestorbes, créée en 1885 à Bélesta, dans le département de l’Ariège[12],[13].

Notes et références

  1. (en) « Soft drink » - Encyclopædia Britannica
  2. François-Pierre de la Varenne, Le Cuisinier françois, Paris, P. David, , 424 p. (lire en ligne), p. 342-343
  3. Emmanuel de Croÿ, Journal inédit du duc de Croÿ, Paris, Ernest Flammarion, , 327 p. (lire en ligne), p. 40
  4. Gazette du commerce, Paris, Knapen, (lire en ligne), p. 176
  5. Antoine-Augustin Parmentier, Formulaire pharmaceutique à l'usage des hôpitaux militaires de la République française, Paris, (lire en ligne), p. 12
  6. Jean-Baptiste Labat, Nouveau voyage aux îles de l'Amérique, vol. 1, La Haye, (lire en ligne), p. 136
  7. Décret du 31 décembre 1943 : jus de fruits et de légumes, boissons au jus de fruit gazéifiées, sodas et limonades.
  8. Tu veux de l'Ogeu ? - Blog La Gazette de Milcounor, 20 mars 2014
  9. Société des eaux minérales d’Ogeu (Semo) - LSA Commerce et consommation, 10 octobre 2012
  10. Ordonnance du département fédéral de l'intérieur du 23 novembre 2005
  11. Marie Treps, Les Mots migrateurs : Les tribulations du français en Europe, Éditions du Seuil, 2009 (ISBN 978-2-0208-6258-5)
  12. « L'avis du Petit Futé sur la limonade de Fontestorbes », petitfute.com (consulté le )
  13. « La limonade de Fontestorbes de retour sur les tables », sur La Dépêche,

Annexes

Articles connexes

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