Les Gouffres

Les Gouffres est le premier film long métrage réalisé par Antoine Barraud, présenté lors du Festival de Locarno 2012, et qui sort de manière généralisée le . Film en partie expérimental, empruntant tout à la fois au genre du film fantastique et à celui de l'étude psychologique, il est également monté en 2013 dans une version court métrage sous le titre Abismo.

Les Gouffres
Abismo
Entrée d'un gouffre (pic du Jer).
Réalisation Antoine Barraud
Scénario Antoine Barraud
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films du Bélier
Pays d’origine France
Genre Film fantastique
Drame
Durée 65 / 35 minutes
Sortie 2012


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Georges Lebrun se rend en Amérique latine pour explorer une série de gouffres, de type doline, qui viennent d'être découverts à la suite d'un regain d'activité sismique dans la région. Il est accompagné de sa femme, France, une actrice qui prépare le rôle de Liù, l'esclave sacrificielle dans une adaptation de l'opéra Turandot de Puccini. Des répliques sont toujours très sensibles lors de leur arrivée à l'hôtel et de la conférence de presse d'avant le début de mission scientifique. Très inquiète, France appréhende le départ de Georges ainsi que de rester seule. Qui sait ce qu'il peut rencontrer au fond du gouffre.

Alors que Georges n'a pas donné de nouvelles depuis quarante-huit heures, l'angoisse de France s'accroît à l'approche de la nuit. Si le gardien du gite/hôtel tente de la rassurer, une étrange femme de chambre — qui prétend « être en communication » avec les gouffres — ne fait qu'ajouter à ses peurs. Durant la nuit, rêve ou perte de contact avec réalité, France découvre à la suite d'une nouvelle secousse une galerie sous son lit et ne peut s'empêcher d'y descendre. S'enfonçant dans les entrailles de la Terre, elle suit d'inquiétantes marques d'art pariétal et rencontre un groupe d'hommes qui l'incitent à s'enfoncer encore plus profond jusqu'au lac pour passer de l'autre côté et rejoindre Georges. Refusant l'ultime obstacle, elle fuit et remonte à la surface.

L'appel téléphonique tant attendu la sort de sa torpeur : le contact avec Georges a été rétabli, il revient. Le lendemain, alors qu'elle se précipite vers son mari, elle constate horrifiée que s'il s'agit bien de sa voix et de ses gestes, son visage n'est plus le même ; elle doit faire face à un autre homme. Ce choc la conduit à faire un séjour en hôpital. De retour en France, elle doit reprendre sa vie et son travail, sans y parvenir.

Distribution

  • Nathalie Boutefeu : France Lebrun
  • Mathieu Amalric : Georges Lebrun
  • Mario Dragunsky : Le gardien
  • Marta Hoskins : Pearl, la femme de chambre
  • Vincent Launay : L'autre Georges
  • Antonio Armando Alvarez : Un homme des gouffres
  • Benoît Joubert : Un homme des gouffres
  • Jesus Hernandez Parada : Un homme des gouffres
  • Thomas Laborde : Un homme des gouffres
  • Lina Maria Rozo Ocampo : Sylvia
  • Antoine Barraud : Maurice, le réalisateur
  • Ève Marie Salaverria : Turandot

Fiche technique

  • Titre : Les Gouffres
  • Titre à l'international : The Sinkholes
  • Réalisation : Antoine Barraud assisté de Matthieu Blanchard
  • Scénario : Antoine Barraud
  • Photographie : Gordon Spooner
  • Son : Fred Piet et Gilles Benardeau
  • Montage : Antoine Barraud et Fred Piet
  • Décors : Jean-Charles Duboc et Anne Delepoulle
  • Costumes : Moïra Douguet
  • Musique : Sebastian von Roland
    • Musique alternative version Abismo : Pierre-Henri Dutron et Stéphane Chalumeau[1]
  • Producteur : Justin Taurand
  • Société de production : Les Films du Bélier, Papaye
  • Pays d'origine : France
  • Langue : français, anglais, espagnol
  • Format : Couleurs - 35 mm
  • Genre : Drame
  • Durée : 65 minutes (ou 35 minutes pour la version courte Abismo[1])
  • Année de production : 2012
  • Dates de sortie :

Présentations festivalières et sorties nationales

Les Gouffres a été sélectionné lors du festival de Locarno 2012 — et son réalisateur nommée pour le Léopard d'or dans la catégorie « Réalisateurs du présent[2] » — puis en novembre de la même année le film est intégré au programme du Festival du film de Turin[3]. Il est également présenté le en compétition officielle « longs métrages » lors du festival Premiers Plans d'Angers[4]. À l'issue de sa présentation en compétition officielle au festival du film fantastique de Montréal « FanTasia » le , Nathalie Boutefeu remporte le prix de la « meilleure actrice » et le film reçoit une « mention spéciale du jury[5] ».

Une version raccourcie à 35 min et remontée avec une bande musicale différente — le court métrage s'intitule alors Abismo —, est également présentée en juin 2013 lors du festival Côté Court de Pantin[1], qui lui décerne le Grand-Prix de la « compétition Fictions[6] », et diffusée sur France 2 le [7].

Le , le film fait sa sortie généralisée en France dans sa « version longue » de 65 minutes.

Réception critique

Lors de sa présentation au festival Premiers Plans à Angers, le critique du journal Ouest-France juge que cette « œuvre expérimentale servie par de magnifiques comédiens » réussit à proposer un « climat d’angoisse indéfinissable » s'attachant aux interprétations psychanalytiques des « fantasmes » et de l'« inconscient[4] ». Après sa présentation à Montréal au festival « FanTasia », la critique de La Presse considère ce « film atmosphérique » comme une « œuvre déstabilisante » et souligne en particulier l'interprétation « très convaincante [...] d'une femme au bord de la folie » de Nathalie Boutefeu[8].

Au moment de sa sortie nationale en France, le magazine Trois couleurs considère qu'avec ce film le réalisateur « construit un monde de bruissements et de moiteur en parfaite adéquation avec l'interprétation de Nathalie Boutefeu » qui, mise en abyme en jouant une actrice qui répète, souligne « la folie qui touche certains artistes dans leur travail » notamment dans une scène finale « vertigineuse[9] ». Très enthousiaste, Les Inrocks saluent le travail du réalisateur qui par « glissement progressif vers l’irrationalité [...], le jeu entre le fantasme et une réalité » abouti à un « objet séduisant et mystérieux d’un bout à l’autre[10] ». Julien Gester, pour Libération, juge que ce film « raffiné » sur le couple utilise une « sédition poétique » et une « plastique soignée » tout en étant principalement porté par le jeu « merveilleu[x] de délicatesse » de « la sublime Nathalie Boutefeu[11] ». Dans la même ligne, L'Express-Studio Ciné Live met en avant la performance de l'actrice principale tout en considérant que l'œuvre en elle-même est « un peu scolaire et abscons, mais la maîtrise de la réalisation force le respect[12] ». Le magazine en ligne Critikat, qui propose une analyse plus complète de l'œuvre qualifiée d'« analogie psychogéologique », souligne les différents « niveaux d’interprétation : fantastique, psychopathologique, mythologique et poétique » du film qui traite avant tout de l'état d'une femme qui « tomb[e] à l’intérieur d’elle-même » à l'issue d'une scène finale « particulièrement forte[13] ». Notant des similitudes avec The Descent (2005) de Neil Marshall et Ils (2006) de Xavier Palud et David Moreau, le site Culturebox de France Télévisions estime que Les Gouffres démontre d'« une sensibilité peu commune qui vaut le coup d’être explorée[14] ».

À l'inverse, Jacques Mandelbaum pour Le Monde considère que le projet « ambitieux » n'aboutit pas en raison d'un excès de la « métaphore du gouffre » sans donner au spectateur d'éléments sur la vie, les « causes de [l]a fragilité et des raisons de [l]a perdition » de ce couple[15]. Encore plus négatives, la critique du Le Nouvel Observateur juge que le « floutage pour exprimer le malaise du personnage et des dialogues prétentieux finissent par miner le (beau) travail de Nathalie Boutefeu[16] » et celle de Télérama considère qu'« en basculant dans le fantastique, le film s'enfonce aussi dans le fumeux[17] ».

Prix et distinctions

Année Cérémonie ou récompense Prix Catégorie / Lauréat(es)
2013 Festival Côté Court Grand prix du festival pour Abismo[6] Compétition fiction
FanTasia Prix de la meilleure actrice[5] Nathalie Boutefeu
Mention spéciale[5]

Notes et références

  1. Abismo, sur le site du festival Côté Court.
  2. Awards - Les Gouffres sur le site d'IMDb.
  3. Les Gouffres sur le site du 30e Festival du film de Turin.
  4. Sébastien Aubinaud, « Les Gouffres, une descente vertigineuse », Ouest-France, 20 janvier 2013.
  5. Palmarès du festival FanTasia, www.filmdeculte.com, 9 août 2013.
  6. Palmarès du festival Côté court 2013 sur le site de la ville de Pantin.
  7. « Courts à Pantin ! » : Abismo, France 2, 16 juin 2013.
  8. Catherine Schlager, « Fantasia : La Presse a vu Les Gouffres », La Presse, 24 juillet 2013.
  9. Laura Tuillier, Les Gouffres, Trois couleurs no 117 hiver 2013-2014, p. 98.
  10. Vincent Ostria, « Les Gouffres : un conte mystérieux », Les Inrocks, 7 janvier 2014.
  11. Julien Gester, « Des "gouffres" à filer le vertige », Libération, 7 janvier 2014.
  12. Thierry Chèze, « Les Gouffres, la critique de Studio Ciné Live », L'Express-Studio Ciné Live, 6 janvier 2014.
  13. Matthieu Amat, Les Gouffres, www.critikat.com, 8 janvier 2014.
  14. Jacky Bornet, « Les Gouffres : les tréfonds d'une âme », Culturebox, 6 janvier 2014.
  15. Jacques Mandelbaum, « Les Gouffres : et le film qui n'en ressortit pas » , Le Monde, 7 janvier 2014.
  16. Sophie Grassin, « Les Gouffres : Nathalie Boutefeu ne suffit pas à sauver le film », Le Nouvel Observateur, 8 janvier 2014.
  17. Mathilde Blottière, Les Gouffres, Télérama, 8 janvier 2014.

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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