Les Antigones (association)
Les Antigones est un mouvement « alterféministe » français se définissant comme un mouvement féminin, alternatif et radical. Né en 2013, le mouvement veut porter un regard sur la féminité et les sujets qui s’y rattachent ainsi qu'un regard féminin sur la société.
Pour les articles homonymes, voir Les Antigones.
Le mouvement est considéré comme situé à droite sur l'échiquier politique, du fait de son adhésion affichée aux valeurs traditionnelles et conservatrices, voire identitaires. Il est classé dans la tendance alter-féminisme.
Historique
Création du mouvement
Le , à la suite d'une manifestation avortée au local des Femen, une vidéo est publiée sur Youtube, dans laquelle des jeunes femmes vêtues de blanc dénoncent des « méthodes d’action dégradantes », des « profanations liberticides », un « réification du corps féminin » et un « fonctionnement sectaire » de la part de Femen. Parmi elles, Iseul Turan (pseudonyme), co-fondatrice du mouvement Les Antigones, annonce avoir infiltrée Femen durant 2 mois. Le buzz de la vidéo de cette action permet aux Antigones de faire leur entrée sur la scène médiatique[1],[2],[3],[4].
La doctorante Marie Labussière, de l'université de Maastricht estime, dans un article universitaire publié en 2017 et intitulé Le féminisme comme « héritage à dépasser » : Les Antigones, un militantisme féminin à la frontière de l’espace de la cause des femmes que le mouvement est né « dans une dynamique oppositionnelle vis-à-vis des Femen »[5].
Dès le début, ce mouvement est classé à droite sur l'échiquier politique[6] du fait de leurs positions sur les valeurs traditionnelles et conservatrices et de leur proximité avec les mouvements identitaires[4],[7].
Actions militantes
Le mouvement prend à ses débuts la forme d'un mouvement militant, avec plusieurs actions coup de poing amplement relayées sur leurs réseaux internet[Quoi ?]. La plupart des premières actions sont directement dirigées contre le mouvement Femen[8], avec la première vidéo publiée à la naissance du mouvement ; une lettre ouverte à François Hollande pour dénoncer le timbre à la Marianne supposément inspirée du visage d'Inna Shevchenko ; et une visite « réparatrice » aux ambassades des pays qu'aurait offensés Femen. Les Antigones tentent à partir de 2013 de diversifier leurs sujets, avec quelques actions au succès plus relatif. Une action est ainsi menée par le mouvement au Forum des Halles à Paris contre le « capitalisme de séduction », d'après la formule de Michel Clouscard. L'action est relayée dans un reportage sur Canal+[9]. En utilisant ce style d'action, ce mouvement, qui d'après le journal Le Monde est constitué en bonne partie de militantes identitaires, cherche à continuer à faire parler de ses idées[10].
Positionnement
Différences hommes femmes et complémentarité
Les Antigones expliquent principalement leur différence avec les courants féministes français contemporains, majoritairement universalistes, par la reconnaissance de l'idée d'une « complémentarité » entre hommes et femmes.
Les différences entre hommes et femmes sont pour le mouvement une grille d'analyse récurrente de l'actualité. La porte-parole du mouvement Iseul Turan explique ainsi les inégalités salariales par la possibilité des femmes d'être mères, qui créerait une discrimination à l'embauche envers les femmes, qu'elles soient mères ou non, de la part d'entreprises pour lesquels la maternité serait un poids économique.
Les violences faites aux femmes
Le mouvement des Antigones défend des positions conservatrices sur les sujets comme l'avortement, la PMA ou le mariage pour tous.
Concernant les violences faites aux femmes, leurs revendications sont à rebours du discours majoritaire parmi les mouvements féministes contemporains puisqu'elles dénoncent la notion de féminicide[11], et n'évoquent que très rarement la question des stéréotypes de genre, de la culture du viol ou encore simplement des violences sexistes. Leur axe principal de travail est la dénonciation de la loi Justice de la ministre Christiane Taubira et de la gestation pour autrui. La prostitution n'est que rarement abordée par le mouvement comme violence faite aux femmes, si ce n'est dans les propositions publiées sur son site par le mouvement à l'occasion des élections présidentielles 2017. Les Antigones contestent l'existence d'une violence structurelle de la société à l'égard des femmes, à laquelle elles préfèrent une analyse au cas par cas selon le type de violence exercée. Elles citent à plusieurs reprises la PMA, mais aussi l'IVG et la réforme du congé parental prévu par la loi-cadre Égalité Femmes-Hommes de 2013 comme des violences faites aux femmes.
Les Antigones pointent également à plusieurs reprises dans leurs textes l'univers médical comme étant source de violences faites aux femmes, notamment durant la grossesse et l'accouchement. Là encore, c'est l'intégralité du système de santé occidental qu'elles mettent en cause et non le sexisme du corps médical, cité comme une cause parmi d'autres.
L'égalité salariale
Les Antigones se sont approprié un autre thème propre au combat féministe avec le sujet de l'égalité salariale. Là aussi, elles récusent la misogynie et l'héritage patriarcal comme causes des inégalités salariales qui subsistent encore entre hommes et femmes pour se focaliser sur la question de la maternité. Elles expliquent en effet les écarts de salaire entre hommes et femmes par le coût que fait peser une grossesse sur les entreprises. C'est aussi au titre de la maternité qu'elles se positionnent contre l'individualisation de l'impôt. Celui-ci s’avérerait défavorable aux femmes dans la mesure où ce sont encore majoritairement les femmes qui s'arrêtent pour s'occuper des enfants et bénéficient ainsi de retraites minorées.
Critiques
Un article de l'Obs classe les Antigones dans « le féminisme néo-réac ou féminisme identitaire »[12]. Un article de Médiapart les classe quant à lui aux côtés d'Eugénie Bastié, Marianne Durano, Thérèse Hargot, dans l'alter-féminisme[13].
Références
- Julien Sartre, « Les Antigones, des militantes anti-Femen aux drôles de CV », L'Express, (lire en ligne)
- « Qui sont les Antigones, ces anti-Femen ? », Le Point, (lire en ligne)
- Ewa Dwernicki, « Les Antigones contre les Femen », Euronews, (lire en ligne)
- Carole Boinet, « Antigones : qui sont ces anti-Femen ? », Les Inrocks, (lire en ligne)
- Marie Labussière, « Le féminisme comme « héritage à dépasser » : Les Antigones, un militantisme féminin à la frontière de l’espace de la cause des femmes », OpenEdition Journals, (lire en ligne)
- Le nouveau visage d'une jeunesse de droite : les Antigones, sur le site sociologie - Sorbonne, 1 septembre 2014
- « Allons-nous vers une revanche masculiniste ou un féminisme radical ? », sur usbeketrica.com (consulté le ).
- Hélène Guinhut, « Féminisme : les Antigones, le nouveau groupe anti-Femen », Elle, (lire en ligne)
- « "Le Supplément": Jérôme Kerviel, Qatar 2022 et les Antigones au sommaire ce dimanche », newstele.com, (lire en ligne)
- Samuel Bouron, « Les ‘identitaires’ se mobilisent pour moderniser la lutte des races », Le Monde, (lire en ligne)
- http://lesantigones.fr/author/anne/, « Le féminicide, ce mot qui ne veut rien dire », sur lesantigones.fr, (consulté le ).
- Marie Vaton, « D'Olympe de Gouges aux Effronté(e)s, plongée dans la galaxie féministe », L'Obs, (lire en ligne)
- Lucie Delaporte, « Entre alterféminisme et antiféminisme, la droite tâtonne », Médiapart, (lire en ligne)
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