La guerre de Troie n'aura pas lieu

La guerre de Troie n'aura pas lieu est une pièce de théâtre de Jean Giraudoux, jouée la première fois le au Théâtre de l'Athénée[1] sous la direction et avec Louis Jouvet. Cette œuvre cherche à déchiffrer les motivations fratricides de la future Seconde Guerre mondiale, comme un avertissement. L'auteur y met en relief le cynisme des politiciens ainsi que leur manipulation des symboles et de la notion de droit. La pièce met en lumière le pacifisme de Giraudoux qui avait combattu en France et à la bataille des Dardanelles mais aussi sa lucidité devant « deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments » (I, 1).

La guerre de Troie n'aura pas lieu

Hector adressant des reproches à Pâris par Pierre Claude François Delorme

Auteur Jean Giraudoux
Pays France
Genre Tragédie
Version originale
Langue francais
Version française
Éditeur Bernard Grasset
Lieu de parution Paris
Date de parution
Date de création
Metteur en scène Louis Jouvet
Lieu de création Théâtre de l'Athénée

Historique

Giraudoux, blessé à deux reprises durant la Première Guerre mondiale, est un ardent défenseur de la paix. Il écrit cette pièce relativement rapidement entre l'automne 1934 et , alors que les dictatures montent en Europe et que la crise de 1929 continue de sévir, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Dans cette pièce qui décrit la bêtise des hommes et leur obstination, Giraudoux fait un parallèle entre la situation dans l'Europe des années 1930 où tout le monde voit venir la guerre sans réellement réagir et la guerre de Troie dans l'Antiquité. Son œuvre se termine effectivement par l'inévitable guerre, reflet de la réalité.

La guerre de Troie n'aura pas lieu est créée par Louis Jouvet et sa troupe le au Théâtre de l'Athénée[2]. Giraudoux a longtemps hésité sur le titre de la pièce avec Prélude des préludes et Préface à l'Iliade en raison de la longueur du titre initial, qui en définitive s'imposera[3].

  • Mise en scène : Louis Jouvet
  • Musique originale : Maurice Jaubert
  • Scénographie : Mariano Andreu Estrany, Guillaume Monin
  • Costumes : Guillaume Monin

Une prépublication de la pièce a eu lieu le dans la revue La Petite Illustration puis également dans La Revue de Paris avant d'être éditée en par Bernard Grasset[4]. Le livre a été traduit en anglais en 1963 par Christopher Fry avec le titre Tiger at the Gates Le tigre aux portes »)[5]. Le manuscrit est conservé au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France[6].

Distribution des principaux rôles à la création

Mises en scène notables

La pièce

Acte I

Durant les 10 scènes de l'acte I, l'intrigue s'expose sous les yeux des spectateurs. Hector rentre de la guerre, las, et apprend l'enlèvement d'Hélène par son frère Pâris. Se rendant compte de l'enjeu qu'elle représente et de la guerre qui menace contre les Grecs, il décide avec son épouse Andromaque de convaincre Pâris de la leur rendre. Celui-ci s'en remet à leur père et roi de Troie, Priam, qui acceptera seulement si Hélène consent elle-même à revenir en Grèce. À la scène 7, Pâris demande à celle-ci de refuser. Puis Hector interroge Hélène, qui tergiverse. L'acte I se termine par l'apparition de la Paix malade.

Acte II

Devant les portes de la guerre, qui doivent être fermées en signe de paix, Hélène tente en vain de séduire Troïlus, le jeune fils de Priam. S'ensuit le conseil de guerre, où s'opposent deux camps, les pacifiques contre les belliqueux. Après la cérémonie de fermeture des portes, Andromaque, accompagnée d'Hécube, la mère d'Hector et Pâris et épouse de Priam, continue la négociation avec Hélène pour qu'elle parte et évite la guerre en utilisant la jeune Polyxène pour l'attendrir. C'est un échec.

À la scène 5, Hector consulte publiquement Busiris, « plus grand expert vivant du droit des peuples » alors de passage à Troie. Celui-ci mentionne trois incartades commises par les Grecs, qui, selon lui, offensent gravement Troie. Hector, pour qui « le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination », estimant que « jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité » somme Busiris d'employer ses talents à justifier au contraire que la situation exige d'éviter la guerre. Busiris refuse avec indignation, au nom de la Vérité. Mais apprenant que si la guerre éclate il sera retenu indéfiniment dans les murs, imagine aussitôt de nouveaux arguments invalidant les trois premiers. Hector ordonne que l'on placarde dans la ville l'avis de Busiris et qu'on se prépare à recevoir Ulysse, non sans dépit de Demokos, qui déclare « Cela devient impossible de discuter l’honneur avec ces anciens combattants. Ils abusent vraiment du fait qu’on ne peut les traiter de lâches. ».

Oiax, Grec belliqueux, précède l'ambassade grecque menée par Ulysse. Il provoque Hector, qui veut absolument éviter la guerre et tourne habilement la situation à son avantage et à l'encontre de Démokos, le poète troyen belliqueux. Il y a durant ces trois scènes un comique de geste avec trois gifles. Hector gagne alors l'admiration d'Oiax. Puis arrive l'ambassade grecque et les dieux interviennent via Iris la messagère pour éloigner la foule. Hector et Ulysse sont ainsi en tête-à-tête, et ce dernier, qui apparaissait auparavant méfiant et antipathique, se montre pacifiste à son tour (il confie tout à la fin de l'entretien qu'Andromaque a le même battement de cils que Pénélope). Puis, alors qu'Hector croyait avoir gagné la paix, Oiax réapparait ivre et le provoque à nouveau. Démokos crie à la vengeance et Hector, à bout de nerfs, le tue avec son javelot. Avant de mourir, le poète hurle que c'est Oiax qui l'a tué et l'on déclare la guerre. Les portes de la guerre se rouvrent sur Hélène et Troïlus qui s'embrassent. La guerre de Troie aura donc lieu.

Les camps

Durant la pièce se dessinent deux camps. Ceux qui veulent la paix et le départ d'Hélène regroupent Hector, Andromaque, Hécube, Cassandre, et Ulysse (bien que ses intentions soient parfois troubles). Ceux qui veulent la guerre et ne veulent pas le départ d'Hélène regroupent Pâris, Priam, Démokos, le Géomètre, le Gabier et les vieillards. Il y a enfin Hélène, au centre de toutes les préoccupations et dont les volontés restent mystérieuses.

Notes et références

  1. La guerre de Troie n'aura pas lieu, éditions de la Bibliothèque de la Pléiade, 1982, p.482.
  2. La majeure partie des éditions donne la date du 21 novembre qui en réalité est celle de la répétition générale, in éditions de la Bibliothèque de la Pléiade, 1982, p. 1503.
  3. Ibid, pp. 1495-1496.
  4. Ibid p. 1492.
  5. Cohen, Robert (1968), Jean Giraudoux: Three Faces of Destiny, p. 158, University of Chicago Press, Chicago. (ISBN 0-226-11248-9).
  6. Fonds Jean Giraudoux. I-CXI Œuvres. XXXVI-LXXXIII, Nouvelles Acquisitions françaises 25365, sur le site Gallica.
  7. La guerre de Troie n'aura pas lieu sur le site des « Archives du spectacle ».

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