La vie est un long fleuve tranquille
La vie est un long fleuve tranquille est un film français réalisé par Étienne Chatiliez et sorti en 1988.
Réalisation | Étienne Chatiliez |
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Scénario |
Étienne Chatiliez Florence Quentin |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Téléma MK2 FR3 Cinéma |
Pays d’origine | France |
Genre | Film de mœurs |
Durée | 90 minutes |
Sortie | 1988 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Dans une ville du Nord de la France, à Bapaume, coexistent deux familles radicalement opposées et parodiant les stéréotypes sociaux[1].
D’un côté, les Groseille et leurs six enfants, aux revenus modestes, vivant d’aides sociales dans une HLM, et dont l’existence est constituée de combines, de larcins et des dures réalités de la vie. Le fils aîné Franck âgé de 18 ans est d'ailleurs en prison pour vol. Parmi leurs autres enfants, Maurice (surnommé Momo), 12 ans, est de loin le plus débrouillard et le plus intelligent.
De l’autre, les Le Quesnoy, famille aisée catholique pratiquante : Monsieur est directeur régional de l’EDF et Madame, outre ses actives participations aux kermesses de la paroisse, s’occupe de leurs cinq enfants. Les seuls tracas viennent de la part de Bernadette, 12 ans, qui agit de façon un peu erratique ces derniers temps ; elle vole le maquillage de sa mère et s'habille en tenue légère.
Les deux familles qui vivent chacune de leur côté auraient pu ne jamais se rencontrer. Mais douze ans plus tôt, le soir de Noël, à la maternité, l’infirmière Josette, excédée par l'indifférence de son amant, le docteur Mavial, gynécologue, décide d’échanger au berceau deux nouveau-nés : le fils Le Quesnoy et la fille Groseille. Ainsi sont venus au monde, sur un coup de colère, Maurice Groseille et Bernadette Le Quesnoy.
Restée fidèle à son amant durant toutes ces années, espérant enfin faire vie commune après la mort de Mme Mavial, Josette voit ses illusions réduites en fumée en une phrase du docteur : « Je ne pourrai jamais la remplacer. » Pour se venger en ruinant sa carrière, elle décide d’informer, par lettre, les parents des deux enfants et le docteur Mavial de l'échange des nourrissons. Celui-ci, humilié, décide de quitter la ville.
Les Le Quesnoy et les Groseille reçoivent la révélation chacun à leur manière. Les Le Quesnoy, contre un peu d’argent, convainquent les Groseille de leur confier Maurice en simulant une adoption tout en conservant Bernadette et en omettant de lui révéler qu’ils ne sont pas ses vrais parents pour lui éviter un traumatisme.
Maurice semble parfaitement se fondre dans le monde bourgeois de ses parents géniteurs et se montre gentil avec ses frères et sœurs. Toutefois, il vole de précieux couverts en argent et les revend. Un jour, après que Bernadette lui dit qu’elle n’aime pas les pauvres, Maurice lui révèle qu’elle n’est pas une fille Le Quesnoy mais la fille des Groseille. Bernadette décide d’aller voir sa « vraie » famille mais est tétanisée par le mode de vie au jour le jour des Groseille et leur grossièreté. Elle tombe en dépression.
Maurice fait en sorte que les enfants Le Quesnoy et les enfants Groseille se rencontrent et tous vont se baigner dans la Deûle alors que l’endroit est interdit car dangereux ; Roselyne, « l’ex-sœur » de Maurice, fait des avances à Paul, son frère aîné… qui en tombe amoureux.
Jean et Marielle Le Quesnoy sont furieux lorsque leurs garçons leur reviennent éméchés : ils ne comprennent pas pourquoi ils ont fait ça ; Marielle sombre elle aussi dans l’alcool.
Après que Bernadette a tenté de fuguer, Jean propose alors à Marielle de partir avec leur fille, ainsi qu’avec Marie-Thérèse, au Touquet pour se reposer. Il promet de les rejoindre avec leurs autres enfants une fois les cours scolaires terminés.
Le soir qui précède le départ, Maurice se rend chez les Groseille où il est bien accueilli… et rentre chez lui à pied.
Le film se termine sur une dernière apparition de Josette. Celle-ci habite désormais dans une petite maison au bord de la plage du Touquet… avec Mavial, amoindri et brisé. L’ex-infirmière savoure ainsi sa victoire sur l’ex-gynécologue après des années de patience et d’humiliation.
Fiche technique
- Titre : La vie est un long fleuve tranquille
- Réalisation : Étienne Chatiliez
- Scénario : Étienne Chatiliez et Florence Quentin
- Musique : Gérard Kawczynski
- Sociétés de production : Téléma, MK2, FR3 Cinéma
- Film français
- Format : Couleurs - 1,66:1 - son Dolby numérique - 35 mm
- Genre : comédie de mœurs
- Durée : 93 minutes
- Date de sortie :
- Tous publics
Distribution
Enfants échangés
- Benoît Magimel : Momo Groseille / Maurice Le Quesnoy
- Valérie Lalande : Bernadette Le Quesnoy / Bernadette Groseille
Famille Le Quesnoy
- André Wilms : Jean Le Quesnoy, le père
- Hélène Vincent : Marielle Le Quesnoy, la mère
- Emmanuel Cendrier : Pierre Le Quesnoy
- Guillaume Hacquebart : Paul Le Quesnoy
- Jean-Brice Van Keer : Mathieu Le Quesnoy
- Praline Le Moult : Emmanuelle Le Quesnoy
- Catherine Jacob : Marie-Thérèse, la femme de ménage de la famille
Famille Groseille
- Tara Römer : Million Groseille
- Jérôme Floch : Toc-Toc Groseille
- Sylvie Cubertafon : Ghislaine Groseille
- Axel Vicart : Franck Groseille
- Claire Prévost : Roselyne Groseille
- Christine Pignet : Marcelle Groseille
- Maurice Mons : Fredo Groseille
Maternité
- Daniel Gélin : docteur Louis Mavial, le gynécologue
- Catherine Hiegel : Josette, l'infirmière qui échange les bébés
- Elisabeth Tavernier et Frédérique Moidon : les infirmières
Paroisse
- Patrick Bouchitey : père Aubergé, le curé de la paroisse
Autres
- Abbes Zahmani : Hamed
- Khadou Fghoul : Latifa
- Ismael Bourabaa : Rachid
- Louise Conte : la grand-mère
- Liliane Ledun : Mme Mavial
- Gilles Defacque : le chauffeur de taxi
- Philippe Peltier : l'instituteur
- Pierre Rougier : le professeur d'anglais
- Louis Becker : l'agent EDF #1
- Jean-Pierre Fouillet : l'agent EDF #2
- Luc Samaille : le livreur
- Marc Spillman et Louis-Marie Taillefer : les flics
- Philippe Vacher : le docteur
- Roger Dancoine : le brigadier
- Denis Barbier : le contrôleur SNCF
- Marie-Luce Delesalle et Rina Garfneur : les speakerines
- François Paoli : le journaliste de télévision
- Johan Le Poulain, André Vlaminck et Franck Rossignol : les Labitte et Imor
Production
Genèse et développement
Après avoir fait carrière dans la publicité, Étienne Chatiliez décide de faire un long-métrage. Créant un partenariat avec Florence Quentin, ils imaginent ensemble l'histoire de deux familles aux classes opposées dont les destins se croisent. La co-scénariste trouve alors l'idée de les réunir par deux enfants échangés à la naissance. Après avoir situé dans un premier temps l'action à Compiègne où Florence Quentin a grandi, les deux auteurs décident finalement de la faire dérouler dans la région du Nord, terre natale d'Étienne Chatiliez, jugeant qu'il y a une meilleure concentration des deux classes sociales. Lui-même a côtoyé des familles bourgeoises et catholiques durant son enfance et déclare avoir remarqué notamment leurs principes d'éducation mais aussi des habitudes alimentaires (d'où la réplique : « Lundi c'est ravioli. »).
Distribution des rôles
Étienne Chatiliez ne souhaite en aucun cas engager des vedettes pour les premiers rôles de son film, prétendant même ne pas imaginer Catherine Deneuve en Mme Le Quesnoy ou encore Josiane Balasko dans le rôle de Mme Groseille. Il souhaite en effet choisir exclusivement des comédiens de théâtre.
Si Hélène Vincent est vite engagée pour le rôle de Marielle Le Quesnoy, le casting pour celui de Jean Le Quesnoy est plus long. Après bon nombre de candidats, André Wilms se présente à son tour. Ayant une personnalité très différente du personnage, l'acteur se rase la barbe, se coupe les cheveux puis enfile un costume très distingué pour se préparer à son rôle. Chatiliez est immédiatement conquis par la prestation de Wilms.
Le réalisateur engage également Catherine Jacob après l'avoir déjà dirigée dans une pub pour le camembert Le Rustique. Il confie le rôle du gynécologue Mavial à Daniel Gélin.
Tournage
Le film est tourné pendant l'été 1987 dans plusieurs localités du Nord : Roubaix, Lille (en face du conservatoire), Tourcoing et Villeneuve-d'Ascq (le bain se fait d'ailleurs dans la Deûle), et du Pas-de-Calais : Hénin-Beaumont, la scène dans le collège Jean-Macé[2] ou encore à Noyelles-sous-Lens, en haut du terril 94.
Des changements de dernière minute s'effectuent, entre autres Patrick Bouchitey qui donne à son personnage du père Aubergé une facette différente par rapport au script.
Lors de la scène de la réaction de Mavial à la suite de la révélation dans la lettre de Josette, Daniel Gélin devait à l'origine ne prononcer qu'une seule fois la grossière réplique (« La salope ! ») mais Étienne Chatiliez jugeait que ce n'était pas suffisamment comique. Il a donc demandé au comédien de la réciter de manière répétitive.
Bande originale
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
- C'est comme ça (chanson des Rita Mitsouko de ).
- Jésus reviens par Patrick Bouchitey (sur la scène de la fête ; fin du générique de fin).
- Paris en colère par Mireille Mathieu de (Josette réjouie assise face à la mer en compagnie du docteur Mavial en état végétatif, début du générique de fin).
Accueil
Accueil critique
Site | Note |
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Allociné | [3] |
Périodique | Note |
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En France, le site Allociné propose une note moyenne de 4,4⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 5 titres de presse[3]. Celui de Sens Critique le note 6,7/10.
Distinctions
- Nomination au César du meilleur film
- César du meilleur scénario original ou adaptation écrit par Étienne Chatiliez et Florence Quentin
- César du meilleur premier film
- Nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Patrick Bouchitey
- César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Hélène Vincent
- César du meilleur espoir féminin pour Catherine Jacob
Autour du film
- De tous les enfants du film, seuls Benoît Magimel et Tara Römer ont poursuivi une carrière de comédien. Magimel est devenu un des acteurs fétiches du réalisateur Florent-Emilio Siri et s'est imposé notamment avec Les Rivières pourpres 2 : les Anges de l'Apocalypse et Les Chevaliers du ciel. Quant à Römer, il est apparu, entre autres, dans Raï et Taxi avant de mourir dans un accident de la route le à l'âge de 25 ans.
- Étienne Chatiliez a eu l'idée de choisir la chanson Paris en colère dans le but d'exprimer d'une certaine façon qu'un homme doit être averti de ce qu'il peut risquer en allant vers une femme.
- Le film pose la question de l'inné et de l'acquis.
- En 1995, la sitcom de France 2, Les Gromelot et les Dupinson est vaguement inspirée du film[4],[5].
Notes et références
- « LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE », sur www.cinema-francais.fr (consulté le )
- « Vie est un long fleuve tranquille (La) (1988) - Lieux de tournage », sur L2TC.com
- « La vie est un long fleuve tranquille - critiques presse », sur Allociné (consulté le ).
- Ariane Chemin, « “Les Gromelot et les Dupinson” dans la règle des sitcoms », Le Monde, (lire en ligne) : « Riches et pauvres, mis à la sauce télévisée façon « Maguy » adaptés au goût des années 90 façon La vie est un long fleuve tranquille, le grand succès cinématographique de l'année 1988, réalisé par Etienne Chatiliez. »
- Jacqueline Beaulieu, « Les Groseille et Duquesnoy du pauvre », Le Soir, (lire en ligne) : « Les Gromelot et les Dupinson sont les Groseille et les Duquesnoy du pauvre, ces personnages de «La vie est un long fleuve tranquille», qui sont devenus quasiment des entités. »
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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