La Vie devant soi

La Vie devant soi est un roman de Romain Gary publié le sous le nom d'Émile Ajar au Mercure de France et qui a obtenu le prix Goncourt la même année.

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La Vie devant soi
Auteur Émile Ajar (Romain Gary)
Pays France
Genre Roman
Éditeur Mercure de France
Date de parution
Nombre de pages 274
ISBN 207028929X

Historique

Ce roman constitue une exception et une mystification dans l'histoire du prix Goncourt — attribué en 1975 au huitième tour de scrutin à La Vie devant soi par six voix contre trois à Un policeman de Didier Decoin et une à Villa Triste de Patrick Modiano[1] —, puisque Romain Gary l'avait déjà reçu auparavant en 1956 pour Les Racines du ciel, et que le prix ne peut être décerné deux fois au même auteur.

Cependant, ce roman fut publié sous un nom d'emprunt, Émile Ajar. L'affaire ne fut révélée qu'à la mort de l'auteur en 1980, bien que des doutes sur la double identité d'Ajar aient été émis dès sa parution[1]. Romain Gary prit ce pseudonyme à un moment où il était très critiqué  l'homme séduit autant qu'il agace , pour se libérer de son propre personnage devenu encombrant et retrouver une certaine liberté d'expression. Un journaliste de Lire alla jusqu'à attaquer vigoureusement son œuvre, croyant l'achever en déclarant : « Ajar, c'est quand même un autre talent[2]. »

Quatre jours après sa victoire au Goncourt, Romain Gary demande à Paul Pavlowitch, son petit-cousin, de jouer le rôle d'Ajar pour les médias tandis que l'avocate Gisèle Halimi fait savoir que ce dernier, son client, refuse le prix « pour des raisons de tranquillité nécessaire à l'élaboration de son oeuvre[2] », ce qui lui vaut des critiques acerbes de la part de plusieurs critiques littéraires (au Figaro et à L'Aurore notamment[3]). Le prix lui est malgré tout remis, car il est attribué à un livre plutôt qu'à un écrivain[1],[2] et le président de l'académie Goncourt déclare : « Le Goncourt ne peut ni s'accepter ni se refuser... Mais M. Ajar est libre de reverser les bénéfices à une bonne oeuvre[2] ».

Résumé

Madame Rosa, une vieille femme juive qui a connu Auschwitz et qui, autrefois, se défendait avec son cul (selon la formule employée par Momo pour désigner la prostitution) rue Blondel à Paris, a ouvert « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », autrement dit une pension clandestine où les prostituées laissent leurs rejetons pendant quelques mois pour les protéger (de l'Assistance publique ou des représailles des « proxynètes »). Momo, jeune maghrébin timide âgé de 14 ans auquel elle a fait croire qu'il en avait 4 de moins, raconte sa vie chez madame Rosa et son amour pour la seule « mère » qui lui reste, cette ancienne prostituée proche de la mort et qu'il aime de tout son cœur. Le jeune homme accompagnera la vieille femme, cette mère courageuse et orgueilleuse, jusqu'à la fin de sa vie.

Adaptations

Au cinéma

Le roman est adapté une première fois au cinéma dans le film homonyme de Moshé Mizrahi en 1977 avec Simone Signoret dans le rôle de Madame Rosa. Cette dernière obtient pour ce film le César de la meilleure actrice en 1978 et le long métrage est récompensé la même année par l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood.

En 2020, une nouvelle adaptation réalisée par Edoardo Ponti transpose le roman dans l'Italie contemporaine, avec Sophia Loren pour incarner Madame Rosa et Ibrahima Gueye dans le rôle de Momo[4].

En dehors de ces adaptations, le livre d'Émile Ajar apparaît dans le film Mommy de Xavier Dolan : il est le premier livre que Steve, personnage atteint de trouble du déficit de l'attention, parvient à lire jusqu'à la fin. Il figure également dans le film Mon roi de Maïwenn, lu par Toni, que joue Emmanuelle Bercot.

À la télévision

Le roman est également adapté dans un téléfilm homonyme de Myriam Boyer en 2010.

Au théâtre

Ce roman est adapté au théâtre par Xavier Jaillard en 2008 dans une mise en scène de Didier Long, avec Aymen Saïdi, Xavier Jaillard, Magid Bouali et Myriam Boyer dans le rôle de Madame Rosa. Cette pièce est récompensée la même année du Molière de la meilleure comédienne pour Myriam Boyer et des Molières du meilleur spectacle de théâtre privé pour François de Carsalade du Pont et du meilleur adaptateur pour Xavier Jaillard. En 2009, ce spectacle obtient également le Globe de cristal du meilleur spectacle de théâtre privé.

Éditions

Livre audio

Notes et références

  1. Du côté de chez Drouant : Le Goncourt de 1962 à 1978, émission de Pierre Assouline sur France Culture le 17 août 2013.
  2. Didier van Cauwelaert, « Le prix aux deux visages », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  3. Éliane Lecarme-Tabone, La Vie devant soi de Romain Gary, Gallimard, foliothèque, 2005, p. 18, p. 24 et p. 206.
  4. Caroline Besse, « Sur Netflix, La Vie devant soi célèbre le retour de Sophia Loren au cinéma », Télérama, (lire en ligne)

Liens externes

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