Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux — orthographié également « Larévellière » ou « La Revellière » — est un homme politique français, né le à Montaigu et mort le à Paris. Il exerça son activité pendant la période de la Révolution. Député à la Convention nationale et au Conseil des Anciens, il fut un des cinq premiers Directeurs du Directoire.

Biographie

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux en tenue de Directeur, gravure de François Bonneville, Paris, BnF, département Estampes et photographie, 1796.

Né dans une famille de propriétaires terriens du Poitou (son père est juge des traites)[1], le jeune Louis-Marie fut l'élève d'un prêtre brutal[2] qui lui administrait des coups de bâtons. Il en garda des séquelles (visibles à son dos bossu) et surtout une profonde aversion pour la religion catholique. Il fut mis alors par ses parents au collège de Beaupréau dans le Maine-et-Loire, où se trouvait déjà son frère aîné, et acheva ses études chez les Oratoriens d'Angers, puis à l'université d'Angers, où il acquiert une licence de droit (1775). Un moment avocat au Parlement de Paris, il retourne en Anjou, où il s'intéressa surtout à la botanique en professant à la Société des Botanophiles puis en dirigeant le Jardin des plantes d'Angers (1789); et où il épousa le 13 février 1791 Jeanne Boyleau de Chandoiseau [3].

Élu du Tiers état de l'Anjou aux États généraux de 1789, il est député de l'Assemblée constituante, administrateur du département de Maine-et-Loire ; il fait partie du Club des Jacobins, mais le quitte après la fuite de Varennes (). Elu à la Convention nationale (1792), il vote pour la mort du roi; il soutient les Girondins et passe dans la clandestinité après le (chute des Girondins) ; il donne sa démission le , et n'est pas remplacé. Il revient à la Convention thermidorienne le (18 ventôse an III) et contribue à la rédaction de la Constitution de l'an III.

Membre du Conseil des Cinq-Cents, il est élu Directeur le .

Il raconte son installation, accompagné des autres Directeurs, au Petit Luxembourg, qui avait servi de prison, à un moment où régnait à Paris le dénuement le plus terrible : « Les dragons à cheval qui les escortaient « montaient en mauvais souliers et en bas de laine percés, au lieu de bottes ». Lorsqu’ils pénétrèrent dans le palais, « nous trouvâmes, se souvient-il, tous les appartements littéralement nus : il n’y avait pas de meubles de quelque nature que ce fût. […] Nous nous réfugiâmes dans un petit cabinet. Le concierge Dupont nous y fit placer une petite table boiteuse dont un pied était rongé de vétusté, et quatre chaises, le tout lui appartenant. Il nous prêta aussi quelques bûches car le temps était assez froid[4] ».

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux,
toile de François Gérard, 1798, Musée des beaux-arts d'Angers.
Buste de Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux par le sculpteur David d'Angers.

Au Directoire, Louis-Marie de la Révellière-Lépeaux s'occupe surtout des questions culturelles et religieuses : corédaction de la constitution civile du clergé, création de l'Institut de France, diffusion de la théophilanthropie, religion rationnelle, et du culte décadaire. Il prépare avec Paul Barras et Jean-François Reubell le coup d'État du 18 fructidor an V () contre les deux autres Directeurs : Barthélémy et Carnot. Il est décidé d'envoyer à Cayenne plus de 330 hommes, les "Déportés de Fructidor". Ce sont des monarchistes, des journalistes et des prêtes réfractaires français et belges. Ils partiront de Rochefort, parmi eux André-Daniel Laffon de Ladebat, François Barbé-Marbois, Pichegru et Ange Pitou.

En politique extérieure, il se montre hostile à la papauté mais s'oppose à toute idée d'unification de l'Italie, où il craint la domination des Jacobins. Lors du coup d'État du 30 prairial an VII, il doit démissionner sous la pression de Barras et de Sieyès, les Conseils l'estimant responsable des défaites de la France.

Il vit encore vingt-cinq ans, sans aucune activité politique. Il meurt le et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (39e division).

Portrait

La Révellière-Lépeaux fut jugé sévèrement par ses contemporains en raison notamment de la succession des coups d'Etat du Directoire dans lesquels il est impliqué. Il n'en demeure pas moins un observateur averti et lucide sur son époque. A ce titre, ses Mémoires conservent un grand intérêt, néanmoins partial, sur le Directoire et la période révolutionnaire.

Le 12 floréal an V, après avoir lu un exposé sur le culte et les cérémonies civiles à l'Académie des sciences morales et politiques, Talleyrand lui fit remarquer : « Je n'ai qu'une observation à vous faire. Jésus-Christ, pour fonder sa religion, a été crucifié et est ressuscité. Vous auriez dû tâcher d'en faire autant »[5].

L'historien Emmanuel de Waresquiel brosse un portrait peu amène de La Révellière : « [...] hypocrite, petit bossu, adepte de la théophilanthropie, une drôle de religion inventée par lui, anticlérical et vaniteux [...][6] ».

Postérité

Une rue porte son nom dans la commune de Bellevigne-en-Layon et la ville de Montaigu a donné son nom à une place dans le centre-ville. Sur cette place avait été érigée en 1886 un buste en bronze rendant hommage à La Revellière-Lépeaux. Cette sculpture fut fondue entre 1941 et 1945 par le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. En 1954, une réplique en résine d'après le buste de David d'Angers vient remplacer l'original détruit[7].

Notes et références

  1. http://recherche-archives.vendee.fr/ark:/22574/vta18a375cf173144f2
  2. Adolphe Robert, Edgard Bourloton, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français actifs du 1er mai 1789 au 1er mai 1889, Bourloton éditeur, 1891, 5 volumes, t.3, p.594-596
  3. http://recherche-archives.vendee.fr/ark:/22574/vta18a375cf173144f2
  4. Louis Vialatte, Paris, des origines à la Libération, Paris, Société universitaire d'éditions et de librairie, , 160 p., p. 65
  5. https://www.asmp.fr/travaux/dossiers/directoire_VIII.htm
  6. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Le prince immobile, Fayard, 2003, p. 208
  7. https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/3330

Voir aussi

Publications

  • Les Mémoires de La Revellière-Lépeaux ont été éditées par R. D. D'Angers (Paris, 3 vol., 1895). T1
  • Réflexions sur le Culte, sur les Cérémonies civiles et sur les Fêtes Nationales, lues à l'Institut, le 12 floréal an V de la république, dans la séance de la classe des sciences morales et politiques, Paris, 1797.
  • Notice du Patois vendéen - éditions Dugast-Matifeux 1867 ; Lecture en ligne - Archives de la Vendée

Bibliographie

  • Etienne Charavay, La Révellière-Lépeaux et ses mémoires, 1895
  • Albert Meynier, Un représentant de la bourgeoisie angevine, 1905
  • Adolphe Robert, Edgard Bourloton, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français actifs du au , Bourloton éditeur, 1891, 5 volumes, t.3, p.594-596
  • Auguste Kuscinski, Dictionnaire des Conventionnels, Paris, Rieder, 1917, article "La Revellière-Lépeaux"

Liens externes

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