Laïcisation en France au XIXe siècle

Entre 1789 et 1905, la France passe d'un État catholique à un État "laïc", c'est-à-dire qui se veut religieusement neutre. Cela a impliqué un changement progressif qui s'est déroulé au XIXe siècle, mais dont la plus grande partie pratique a été réalisé par la troisième république.

L'évolution des pratiques religieuses

Avec la Révolution, l'Église catholique romaine a perdu une grande part de son clergé. Environ la moitié a péri pendant la Terreur. Elle a du mal à répondre à la demande.

Il n'y a pas de croissance nette du protestantisme ni du judaïsme en France. Il y a par contre un grand développement de croyances non déistes : l'Utilitarisme, le positivisme, le socialisme, le communisme... toutes opposées au catholicisme.

La révolution industrielle et ses conséquences

La révolution industrielle a eu pour conséquence un grand appauvrissement du prolétariat. Cela a conduit d'un côté à un développement de croyances non déistes comme le socialisme et le communisme, et également à un affrontement entre l’Église et les libéraux à propos de doctrine sociale.

L’Église critique en particulier la Loi Le Chapelier et ses équivalents européens. L'encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII critique à la fois socialisme et libéralisme, mais en particulier la destruction des Corporations, qui lui semblaient réduire les méfaits du libéralisme.

Socialistes et libéraux ont un intérêt commun à réduire l'influence de l’Église catholique : les libéraux comme adversaire idéologique, les socialistes comme concurrente.

Avant 1879

Le Concordat de 1801 reste en vigueur, bien qu'un débat récurrent concerne les biens de l’Église nationalisés en 1789.

La brève deuxième république de 1848 a pu prévoir des mesures de laïcisation qui ne seront pas appliquées.

Napoléon III, en faisant de l'Algérie un royaume du second Empire, et en y promulguant la charia comme loi en vigueur[1], en y interdisant l'évangélisation chrétienne, fait plutôt reculer l'idée de laïcité à la grande fureur des républicains.

Ceux-ci militent de plus en plus pour la nationalisation des églises, des écoles et des hôpitaux. Cela conduit à la création d'écoles publiques d'enseignants et d'infirmières.

A la chute du second empire en 1871, le gouvernement auto-proclamé de Gambetta prend comme l'une de ses rares mesures civiles la suppression du statut spécial algérien, et la transformation des sujets en citoyens ou indigènes.

La troisième république au XIXe siècle

Quand les républicains parviennent au pouvoir en 1879, leur priorité est la laïcisation de l'État.

Ils procèdent pour cela à une épuration, en renvoyant le plus possible de catholiques de postes importants de la fonction publique.

En 1880, ils expulsent hors de France les jésuites et d'autres congrégations religieuses qui réalisaient une grande partie de l'enseignement scolaire.

En 1881 et 1882, ils nationalisent l'enseignement. En même temps, ils renvoient tous les religieuses, qui assuraient l'essentiel du métier d'infirmière, ce qui conduit à une nationalisation progressive de la Santé publique.

Prolongements immédiats au XXe siècle

Entre 1900 et 1904, dans le cadre de l'épuration, la république fait collecter par la franc-maçonnerie des fiches sur tous les officiers catholiques de l'armée.

En 1903, la troisième république expulse toutes les congrégations enseignantes.

En 1904, elle interdit l'enseignement par des religieux.

En 1905, elle nationalise les bâtiments appartenant encore à l'Église après la première nationalisation de 1789, et s'interdit de financer toute nouvelle construction, ni de salarier aucun chargé de culte.

Notes et références

  1. Napoléon III, « Sénatus-consulte sur l'état des personnes et la naturalisation en Algérie », Loi française, (lire en ligne)

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