L'Annonciation (Guido Reni)

L'Annonciation est un tableau de Guido Reni, exécuté en 1629 sur une commande de Marie de Médicis. Il est aujourd'hui conservé au Musée du Louvre[1].

Historique

Marie de Médicis, très concernée par le mécénat, tant dans des buts politiques qu'artistiques, avait œuvré auprès de Guido Reni, maître de Bologne par l'intermédiaire du cardinal Spada pour le faire venir à Paris et lui confier la décoration de la deuxième galerie du palais du Luxembourg, initialement promise à Rubens. La commande de cette Annonciation en 1624 constituait une première étape et un prétexte. Cette toile s'inscrivait également dans la politique dévote de Marie de Médicis. Elle fut peinte probablement au début de l'année 1629 et installée sur le maître-autel de l'église du couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques à Paris, dans un somptueux encadrement de marbre et de bois doré, puis déplacé dans le chœur de l'église avant 1684.

Saisi à la Révolution le tableau est transporté au dépôt des Petits-Augustins en , puis transféré, en , dans les premières collections du Musée central des Arts de la République qui deviendra quelques années plus tard le musée du Louvre. C'est le premier grand tableau de Reni qui soit parvenu en France[2],[3].

Description

Le tableau, huile sur toile de 3,19 × 2,21 m, traite un thème que Guido Reni avait déjà abordé à plusieurs reprises dans d'autres tableaux, au palais du Quirinal, dans une toile visible à l'église de Fano, mais c'est dans la composition peinte pour Marie de Médicis qu'il atteint une perfection et une maîtrise encore inégalée. Il peint un ange majestueux aux ailes très grandes, une composition monumentale sans trop de fioritures baignée dans une lumière froide qui n’empêche cependant pas une certaine douceur et une intimité, « le naturel désormais s'élève vers une sphère immatérielle et idéale, qui dans la manière ultime du Guide, confinera à la sublime abstraction[4] »

Influence exercée par le tableau

Admirée en 1665 par Le Bernin, qui l'estima « une des plus belles choses qu'on pût voir, et qui seule valait la moitié de Paris[5] », la toile de Reni exerça dès avant le milieu du XVIIe siècle une importante influence sur les peintres de son temps et suscita de nombreuses copies, le peintre était d'ailleurs appelé « le Guide » par ses admirateurs. Le tableau est cité de manière élogieuse par les chroniqueurs et critiques de l'époque, Claude Malingre (1640)[6], Symonds (1649), Germain Brice (1684)[7], et influence profondément des peintres comme Laurent de La Hyre, Philippe de Champaigne, Jacques Stella ou Eustache Le Sueur, chefs de file d'un courant de peinture qui se construit au milieu du XVIIe siècle en France : l'Atticisme, caractérisé par un classicisme rigoureux préfiguré par Reni : « un pan fondamental de la peinture française de la première moitié du XVIIe siècle ne peut se comprendre sans Reni en général et cette œuvre en particulier »[4].

Autre version et copies

Première version du tableau (1621), pinacothèque de Fano (Italie)

Guido Reni avait peint une première version un peu moins élaborée de ce tableau en 1621 pour l'église de San Pietro in Valle à Fano, il est aujourd'hui dans la pinacothèque de cette ville[8]. De nombreuses copie de la grande toile de 1629 ont été faites, l'une d'entre elles, offerte à la ville de Balaruc-les-Bains par Napoléon III, est visible dans l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de cette ville[9], une autre se trouve dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris.

Notes et références

  1. Denon, 1er étage, Grande Galerie, Salle 12 (n° Inv 521).
  2. Base Joconde
  3. Marie de Médicis, un gouvernement par les arts, Exposition au château de Blois, 29 novembre 2003 au 28 mars 2004. Catalogue de l'exposition (ISBN 2-85056-710-8).
  4. Paola Bassini Pacht. catalogue de l'exposition à Blois (voir note 3)
  5. Citation sur le site officiel du Musée du Louvre
  6. Claude Malingre Claude Malingre, Antiquités de la ville de Paris, in-folio, 1640
  7. Germain Brice, Description nouvelle de ce qu’il y a de plus remarquable dans la ville de Paris, Paris, 1684, 2 vol. en 1
  8. Le tableau sur le site marchewoldwide.org
  9. Notice sur l'église ND-de-l'Asomption sur le site de Balaruc-les-Bains.

Annexes

Liens externes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jacques Thuillier, Histoire de l'art, éd. Flammarion, 2002.
  • Alain Mérot, « L’atticisme parisien : réflexions sur un style » in Éloge de la clarté. Un courant artistique au temps de Mazarin 1640-1660, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux, 1998.
  • Stéphane Loire, Musée du Louvre : école italienne, XVIIe siècle, I. Bologne (Réunion des musées nationaux), 1996, p. 273-277.
  • Stephen Pepper, Guido Reni, Oxford, 1984.
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