Guido Reni
Guido Reni dit Le Guide, né à Bologne le et mort à Bologne le est un peintre italien de l'école de Bologne.
Il est imprégné par l'idéal maniériste de la grâce Michelangelesque (grazia) mais affirme un style particulièrement influencé par Le Caravage.
Biographie
Guido Reni entre d'abord dans l'atelier de Denis Calvaert, peintre flamand installé à Bologne, puis poursuit son étude de la peinture à l'académie des Carrache, portant le nom de Accademia dei desiderosi (« de ceux qui désirent »), puis Accademia degli Incamminati (« de ceux qui progressent »), dans la même ville en 1595.
À Rome en 1602
En 1602, Guido Reni se rend à Rome pour étudier les œuvres de Raphaël ainsi que les sculptures antiques. En effet, Reni a été littéralement fasciné par la Sainte Cécile de Raphaël[1], exposée alors dans l’église San Giovanni in Monte (en) à Bologne ; il s’en inspira pour sa première pala d’autel importante, le Couronnement de la Vierge, et en tira également une copie fidèle qui passa plus tard à Rome. Reni rejoint par la suite le chantier de la galerie Farnèse, où il assiste Annibal Carrache aux côtés du Dominiquin et de Giovanni Lanfranco.
Il sera marqué par le Caravage mais aussi par Raphaël. Pourtant, c’est l’œuvre du Caravage qui lui procure un choc bref mais très significatif et qui l’amène à se risquer dans l’interprétation de ce grand maître sans pour autant faillir à ses propres conceptions idéalistes. Au-delà de l’expérience naturaliste du Caravage, estimé pour son luminisme et sa valeur picturale, Reni affirme sa conception personnelle de l’art en tant que représentation du naturel expurgé de toute laideur, de toute vulgarité. À partir de ce moment, les incertitudes se dissipent ; d’un limbe crépusculaire commencent à émerger des figures d’une beauté raffinée, animées d’une vitalité douce et ferme, et dont l’expression est tout à la fois romantique et héroïque. La réussite de Reni s’amorce simultanément dans les cercles artistiques les plus importants de Rome et de Bologne, où il se rend alternativement et sans marquer de préférence. Fermé désormais à toute influence extérieure, il perfectionne son propre langage expressif dans la ligne du plus pur classicisme rythmique, mais en termes picturaux affinés, avec des reflets de tonalités d’une grande transparence et d’une précieuse délicatesse[1].
En 1609, Reni travaille aux côtés du Dominiquin dans la réalisation de deux grandes fresques dans l'oratoire Sant'Andrea al Celio à Rome. Bellori, qui diffuse la théorie classique du beau idéal dans ses Vies d'Artistes (ca) (1676), raconte comment Carracci a appris quelle était la fresque la plus réussie : une vieille femme reste silencieuse devant celle de Reni mais parvient à expliquer l'histoire à son enfant devant Le Martyre de saint André du Dominiquin[2].
Installation à Bologne en 1614
Bien que renié par Annibal Carrache dans ses travaux, Reni, en 1614, atteint l'apogée de son succès et s'établit à Bologne. Quelle qu'ait été la cause de cette décision — désaccord avec la cour papale, qui l'aurait contraint à quitter Rome, comme le laissent entendre certaines sources, ou besoin d'une plus grande indépendance, plus aisément concevable dans une ambiance provinciale —, le retour dans son pays natal coïncide avec un enrichissement de ses thèmes picturaux et de ses expériences. La grande et sévère Pala des mendiants (Bologne, Pinacothèque nationale), construite sur deux registres (La Pietà et les Saints protecteurs de Bologne), comme un tableau du quattrocento, témoigne d'une crise spirituelle résolue en termes poétiques. Chacune des œuvres composées à cette époque représente une tentative nouvelle pour varier et enrichir intérieurement la vision de formes sublimées, inspirées par un sentiment religieux intense et profond ou conçues dans le climat contenu d'une évocation nostalgique des paradis perdus[1].
De la Crucifixion de l'église des Cappuccini (1616, Bologne, Pinacothèque nationale) aux quatre Hercule (Paris, musée du Louvre), de l'Annonciation (Gênes, San Ambrogio) à Atalante et Hippomène (Naples, musée de Capodimonte), la tension croît à un tel point qu'elle devient difficilement soutenable dans les limites de l'équilibre classique que Reni se proposait d'atteindre. En effet, après 1620, Reni se permet des moments de grâce, d'élégance, de sentimentalisme théâtral qui alternent avec des sommets d'expression spirituelle. Il créera ainsi les personnages de femmes célèbres (Madeleine, Cléopâtre, Lucrèce, Sémiramis, Salomé, Judith), toutes exténuées par la même langueur amoureuse, caractéristique sur laquelle se fondera sa renommée la plus grande, mais aussi la plus caduque. À la même époque, il exécutera également de nombreuses toiles de sujets religieux d'un piétisme excessif. Parallèlement à la composition de ses œuvres, il concevait des images nouvelles dont la beauté immatérielle naissait d'une lumière de plus en plus irréelle. Sa palette s'éclairait peu à peu, prenant des reflets irisés. Ce furent ses évocations du paradis qui acquirent les premières une transparence lunaire (Pala de la peste : la Vierge et l'Enfant entourés d'anges avec les saints protecteurs de Bologne (1631-1632, Bologne, Pinacothèque nationale).
Postérité
Son art séduira la première génération des grands collectionneurs français tels que Richelieu, Mazarin, le financier La Vrillière ou encore le duc de Créquy.
Œuvres
- Saint Jérôme (fin XVIe – XVIIe siècle), Galerie Spada, Rome.
- 1603 : Le Crucifiement de saint Pierre, huile sur toile, 305 × 175 cm, Musées du Vatican, Rome.
- vers 1604 : Le Christ ressuscité apparaissant à sa mère, Musée des beaux-arts de Nancy.
- 1605 : David tenant la tête de Goliath, huile sur toile, 220 × 145 cm, musée du Louvre, Paris.[4].
- 1610 : les fresques de la chapelle du palais Quirinal, au Vatican.
- 1609-1611 : les fresques de la chapelle Sainte-Marie-Majeure, au Vatican.
- 1610-1612 : Portrait de femme dit La Mère de l'artiste, huile sur toile, 65 × 55 cm, Pinacothèque nationale (Bologne)[5]
- 1611-1612 : Le Massacre des Innocents, huile sur toile, 268 × 170 cm, Pinacoteca Nazionale, Bologne.
- 1611-1612 : La Victoire de Samson, huile sur toile, 260 × 223 cm, Pinacoteca Nazionale, Bologne.
- 1613-1614 : L'Aurore, 281 × 700 cm, fresque du plafond du Palazzo Pallavicini Rospigliosi, Rome.
- vers 1614 : Le Martyre de sainte Apolline, huile, Collection Alana[6]
- 1614 : Saint Philippe Néri en extase, huile sur toile Chiesa Nuova
- 1614-1615 : Moïse et la récolte de la manne, huile sur toile, 280 × 170 cm, cathédrale, Ravenne.
- 1615 : Saint Sébastien, retable, musées du Capitole, Rome.
- 1615-1616 : Loth et ses filles, huile sur toile, 111 × 149 cm, National Gallery, Londres[7]
- 1617-1621 : Le cycle des Travaux d'Hercule, musée du Louvre, Paris.
- 1617-1621 : Déjanire enlevée par le centaure Nessus, 239 × 193 cm, Musée du Louvre, Paris[8]
- 1619-1620 : Bacchus et Ariane, huile sur toile, 97 × 86 cm, Musée d'art du comté de Los Angeles[9]
- 1620 : La Charité, huile sur toile, 116 × 90 cm, Florence, Palais Pitti, Galerie Palatine[10]
- 1620-1625 : L'Union du Dessin et de la Couleur, huile sur toile, Diam. 121 cm, Musée du Louvre, Paris[11]
- 1620-1630 : Saint Sébastien, huile sur toile, 225 × 162 cm, Dulwich Picture Gallery[12]
- 1622 : Saint François en extase, huile sur toile, 198 × 133 cm, église des Girolamini, Naples.
- 1622-1623 : Le Baptême du Christ, huile sur toile, 263 × 186 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne[13]
- 1622-1625 : Atalante et Hippomène, huile sur toile, 191 × 264 cm, Musée de Capodimonte, Naples.
- 1623 : Madonna della neve, Vierge à l'Enfant avec sainte Lucie et Marie-Madeleine sur régule de cuivre, commande de Giuliano Micotti pour l'église Santa Maria Corteorlandini de Lucques, actuellement conservée dans la galerie des Offices de Florence.
- 1624 : L'Annonciation, Musée du Louvre, Paris[14].
- 1624-1626 : Saint Jean Baptiste, huile sur toile, 157 × 113 cm, Musée des beaux-arts de Nantes[15]
- 1627 : L'Immaculée Conception, Huile sur toile, 268 × 185 cm, Metropolitan Museum of Art, New York[16]
- 1630-1642 : Adoration des bergers, huile sur toile, 485 × 350 cm, musée San Martino, Naples
- 1631 : L'Enlèvement d'Hélène, huile sur toile, 253 × 265 cm, Musée du Louvre, Paris[17].
- 1631 : Portrait du Cardinal Bernardino Spada, Galerie Spada, Rome.
- 1631-1632 : Vierge à l'Enfant entourée d'anges, musée Condé, Chantilly.
- 1632 : Autoportrait, huile sur toile, 45 × 34 cm, Musée des Offices, Florence[18]
- 1635 : Saint Michel archange, Église Santa Maria della Concezione dei Cappuccini, Rome[19].
- vers 1635 : Saint Joseph avec Jésus enfant dans les bras, huile sur toile, 126 × 101 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg[20]
- 1635-1636 : Sybille, Pinacothèque nationale, Bologne[21].
- 1635-1640 : Saint Matthieu et l'Ange, huile sur toile, 85 × 68 cm, Musées du Vatican, Rome
- 1635-1640 : La Mort de Cléopâtre, huile sur toile, 125 × 97 cm, Palais Pitti, Florence[22]
- 1637 : L'Assomption de la Vierge , huile sur toile, 242 × 161 cm, provient de l'église des Philippins de Pérouse, Musée des beaux-arts de Lyon[23].
- 1637-1638 Bacchus buvant, huile sur toile, 72 × 56 cm, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde[24]
- 1639-1640 : Le Christ au roseau, dit aussi Ecce Homo, huile sur toile, 60 × 45 cm, Musée du Louvre, Paris[25]
- vers 1640 : L'Adoration des bergers, huile sur toile, National Gallery de Londres[26].
- 1640-1642 : Âme béate, Bologne.
- Portrait de l'orfèvre Jean Jacobs ;
- Le Christ et la Samaritaine, Musée des Beaux-arts de Carcassonne.
- La Sainte Trinité, maître-autel de l'église Santissima Trinità dei Pellegrini, Rome
Aurore et Apollon (1613-1614), Rome, palais Pallavicini Rospigliosi. - Saint Sébastien (1615), Rome, musée du Capitole.
- Atalante et Hippomène (1622-1625), Naples, musée de Capodimonte.
- Immaculée Conception (1627), New York, Metropolitan Museum of Art.
- Nativité (1630-1642), Naples, San Martino.
- Bacchus buvant (1637-1638), Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister.
Notes et références
- Laclotte, Michel., Dictionnaire des grands peintres, Larousse, (ISBN 2-03-720006-4, OCLC 30402077, lire en ligne).
- Mignot, Claude, et Rabreau, Daniel, (1945- ...).,, Histoire de l'art. [3], Temps modernes : XVe – XVIIIe siècles, Paris, Flammarion, impr. 2011, 603 p. (ISBN 978-2-08-124426-9, OCLC 758290706, lire en ligne).
- L'épitaphe latine indique :
Ici reposent
GUY RENI et ÉLISABETH SIRANI.
Guy vécut 67 ans et mourut le 15e jour des calendes de septembre de l'an 1642.
Élisabeth vécut 26 ans et mourut le 5e jour des calendes de septembre de l'an 1665.
Ce tombeau renferme les cendres d'Élisabeth Sirani
et protège aussi la dépouille de Guy Reni.
Ainsi, la mort put réunir dans ce tombeau deux miracles de la peinture que la vie n'a pas conjoints.
HANNIBAL GUIDOTTI
fit graver une ancienne épitaphe en l'an 1808
puisque leurs cendres contenaient, dans son propre tombeau, celles plus illustres de Guy Reni,
pour honorer ses restes d'une inscription.
La tête qui, à ce qu'assure la mémoire humaine, fut celle de ce peintre exceptionnel, dont les ossements gisaient jadis dans la sépulture des Guidotti, fut transférée ici depuis le cimetière de la Chartreuse
en 1950. - « David tenant la tête de Goliath », notice no 000PE026991, base Joconde, ministère français de la Culture
- Mère, Bologne (musée)
- Exposée au musée Jacquemart-André, Paris, 2019-2020
- Loth et ses filles, Londres (Musée).
- Louvre (base Collections)
- Bacchus et Ariane, Los Angeles (musée)
- Charité, Florence (Utpictura18)
- Dessin et Couleur, Louvre (atlas)
- St Sébastien, Dulwich (musée)
- Baptême, Vienne (musée)
- « L'Annonciation », notice no 000PE026992, base Joconde, ministère français de la Culture
- St Jean Baptiste, Nantes (rmn)
- Immaculée, Metropolitan (musée)
- « L'Enlèvement d'Hélène », notice no 000PE027002, base Joconde, ministère français de la Culture
- Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN 2-84459-006-3), p. 602
- Site internet Artliste.com consulté le 03/07/2011.
- St Joseph, Ermitage (musée)
- « Le opere nella sala 24: Guido Reni - Pinacoteca Nazionale di Bologna », sur www.pinacotecabologna.beniculturali.it (consulté le )
- Cléopâtre, Florence (Utpictura18)
- « L'Assomption de la Vierge », notice no 000PE030348, base Joconde, ministère français de la Culture
- Bacchus, Dresde (Utpictura18)
- Ecce Homo, Louvre (atlas)
- (en) « The Adoration of the Shepherds », sur nationalgallery.org.uk
Annexes
Bibliographie
- (nl) Cornelis de Bie, Het Gulden Cabinet, 1662, p. 52.
Articles connexes
Liens externes
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