Léonide Pliouchtch

Léonide Ivanovitch Pliouchtch (en ukrainien : Плющ Леонід Іванович), né le et mort le à Bessèges, est un mathématicien ukrainien et dissident soviétique (en).

Léonide Pliouchtch fait partie du mouvement clandestin en faveur des droits de l'homme en Ukraine à partir du début des années 1960. Il est interné en hôpital psychiatrique de 1972 à 1976. Il émigre par la suite en France.

Biographie

Leonide Pliouchtch est né dans une famille ukrainienne vivant à Naryn, une ville du Kirghizistan soviétique, où son père cheminot avait été envoyé. Ce père est tué en 1941 sur le front au début de l’invasion nazie.

À la fin de la guerre, sa famille quitte Frounze (désormais Bishkek) et regagne Borzn, une bourgade ukrainienne où vit la grand-mère de L. Pliouchtch.

Pour échapper à la misère et à un début de tuberculose, sa mère obtient de Nikita Khrouchtchev qu’il soit accueilli en sanatorium où il restera 6 ans et recevra une solide éducation secondaire. Plus tard, il rejoint sa famille installée à Odessa et grâce à son diplôme d’honneur du secondaire, il accède à la faculté de mathématiques et de physique de l'Université d'Odessa, puis poursuit ses études à la faculté de mathématiques et de mécanique de l'université de Kiev, où il obtient son diplôme en 1962.

À cette époque, il est un militant communiste convaincu, membre actif du Komsomol, les Jeunesses communistes où toute la jeunesse soviétique est embrigadée. Il participe aux brigades de volontaires aidant la police des frontières à surveiller le port d'Odessa, lieu de nombreux trafics, alors que l'espionnite fait rage. Il pose même sa candidature au KGB, qui la refuse à cause des séquelles de sa tuberculose osseuse, qui le fait boiter d'une jambe.

Mais la déstalinisation et sa désillusion face à l'hypocrisie de la communauté universitaire d'Odessa (mouchardage, plagiat, concussion, racisme) lui font chercher une autre voie. Il exerce d'abord pendant un an comme professeur de mathématiques dans un village, une expérience cocasse et décevante de retour à la terre[1].

Une fois à Kiev, il se met à étudier sérieusement les œuvres de Lénine et de Marx, en particulier les écrits de jeunesse de ce dernier, pour pouvoir critiquer l'idéologie officielle débitée dans les cours de marxisme-léninisme. Cela le met en contact avec les débuts du samizdat en Ukraine.

Après son diplôme, il obtient un poste de chercheur en mathématiques appliquées à la biologie dans un laboratoire de l'Académie des Sciences d'Ukraine travaillant pour le programme spatial, et reste un militant du Komsomol, donnant des conférences sur des sujets divers, du marxisme à la télépathie ou au yoga. Il prend peu à peu conscience de la contradiction entre son activité de propagandiste et ses convictions marxistes. Léonide Pliouchtch se rapproche alors progressivement des milieux dissidents ukrainiens, en particulier Dziouba, Tchornovil, Ossadchy, puis moscovites et tatares. Le KGB le surveille, puis organise son licenciement, l’empêchant ensuite de retrouver un autre travail. Il procède à une perquisition chez lui, dont il narre l'amère saveur dans son autobiographie, avant de l'inculper de détention de littérature anti-soviétique.

Arrêté en 1972, il est condamné un an plus tard en son absence et sans avocat à être interné en asile psychiatrique. Motifs de sa condamnation : « menées antisoviétiques » et diffusion de « textes dactylographiés ». Ses conditions de vie dans l’hôpital psychiatrique Serbsky de Moscou qui le déclare psychotique et celui de Dnipropetrovsk en Ukraine, où il est interné pendant trois ans, émeuvent l’opinion. À la suite d'une intense campagne internationale, conduite en France tant par des mathématiciens célèbres comme Laurent Schwartz et Henri Cartan[2], que par les trotskistes lambertistes et des anarchistes, séduits par ce marxiste dissident, il est expulsé vers la France en 1976, où il habitera jusqu’à sa mort, d'abord à Nanterre puis à Bessèges.

Trois avocats Français, François Morette, Jean-Michel Pérard et Jean-Marc Varaut s'étaient présentés en septembre 1975 à la Loubianka pour demander à entrer en contact avec Leonide Plioutch, invoquant la déclaration universelle des Droits de l'homme et les accords d'Helsinki. Cette démarche sans précédent portera ses fruits. Le 15 septembre, le Figaro publie un article de Jean-Marc Varaut, "Jours noirs et nuits blanches à Moscou", relatant le voyage, article qui sera traduit et publié dans le monde entier.

Le 3 février 1976, Leonide Plioutch, lors d'une conférence de presse à Paris, explique que « l'URSS est un capitalisme d'État »[3].

Il s’engage alors dans la défense des persécutés. En 1977, il est nommé président pour l’étranger du groupe ukrainien Helsinki de défense des droits de l’homme et collabore à la rédaction ukrainienne de Radio Liberty.

Léonide Pliouchtch meurt le à Bessèges (Gard)[4].

Ouvrages traduits en français

  • Dans le carnaval de l'histoire. Mémoires, Seuil, 1977
  • Réponse à Alexandre Soljénitsyne, trad. Nina Kehayan, Éditions de l'aube, « Regards croisés », 1991.
  • Ukraine : À nous l'Europe !, Le Rocher, 1993.

Bibliographie

  • (en) Tatiana Khodorovich, The Case of Leonid Plyushch, Boulder, Westview Press, 1976.
  • Tania Mathon et Jean-Jacques Marie, L'affaire Pliouchtch, Le Seuil, 1976

Références

  1. Voir dans son autobiographie le portrait saisissant de l'école du kolkhoze, entre un directeur alcoolique, son épouse professeur d'allemand ne connaissant pas l'allemand et les élèves indisciplinés.
  2. « Un grand homme vient de nous quitter », sur La Règle du jeu, (consulté le )
  3. Le Monde libertaire, n° 220, mars 1976, page 7.
  4. Contrairement à ce qui a été annoncé par plusieurs quotidiens nationaux (Libération, La Croix, Le Monde), Léonide Pliouchtch, selon son épouse, est décédé à Bessèges dans le Gard où il a été inhumé.

Voir aussi

Liens externes

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