Émile Allix

Émile Allix, né le à Fontenay-le-Comte et mort le à Saumur, dans le quartier du Petit-Puy[1], est un médecin français spécialisé en pédiatrie. Il a été docteur en médecine, ami et médecin de Victor Hugo.

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Biographie

Fils de Pierre-François Allix et de Gabrielle-Thérèse Vexiau, Émile Allix est le dernier enfant d'une famille nombreuse originaire de Fontenay-le-Comte, en Vendée.

Il est le frère du communard Jules Allix (1818-1903) et a pour sœurs Thérèse-Mirza Allix (1816-1882) et Bathilde Allix (1825-1910), enseignantes, artistes peintres et gymnastes au Gymnase Triat, ainsi que les musiciennes et pédagogues Eudoxie Allix (1828-1891), pianiste et professeur de musique, fondatrice des cours de piano d'après la méthode Galin-Paris-Chevé[2], et Augustine Allix (1823-1901), cantatrice et professeur de chant ayant vécu à Jersey et à Guernesey dans l'intimité de la famille de Victor Hugo, de 1854 à 1861.

Émile Allix commence ses études de médecine en 1854 à Paris. Il passe ses vacances d'été 1854 et 1855 à Jersey pour y rejoindre son frère Jules et sa sœur Augustine, qui y vivent avec d'autres proscrits du Second Empire. Émile, Jules et Augustine font partie de l'entourage proche de Victor Hugo et sa famille[3]. Émile Allix, par sa jeunesse, son extrême gentillesse et sa douceur, conquiert Victor Hugo.

Ses études à la Faculté de médecine de Paris sont brutalement interrompues au début de l'année 1856. Émile Allix, anti-bonapartiste, participe à un chahut destiné à troubler le cours d'éloquence française du professeur Désiré Nisard, qui s'est rallié à l'Empereur Napoléon III.

Pour ces faits, Émile Allix est, avec plusieurs autres étudiants, arrêté et condamné par la 6ème Chambre correctionnelle du Tribunal de Paris à 3 mois d'emprisonnement. Il est incarcéré à la prison Mazas, près de la gare de Lyon. Le , le Ministre de l'Instruction Publique annule la carte d'étudiant d'Émile Allix à la Faculté de médecine de Paris. Émile Allix n'a alors que 19 ans.

Plutôt que de poursuivre ses études en France, dans une Faculté de médecine de province (ce qui l'aurait obligé à se soumettre à des contrôles policiers), Émile Allix décide de quitter Paris et de s'inscrire à la Faculté de médecine de Bruxelles.

Émile Allix est interne à partir de 1857 à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, puis à l'hôpital Saint-Jean. Il se spécialise en pédiatrie et obtient en le grade de docteur en médecine, en chirurgie et en accouchement[4].

À Bruxelles, Émile Allix se passionne pour la "pathologie de la première enfance", spécialité qui désigne à l'époque la pédiatrie. Il y consacre ses trois années d'externat et d'internat dans le service de l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, dirigé par le professeur Henriett, très connu alors comme précurseur de la médecine infantile[4].

Pendant les six années qu'il passe en Belgique de 1856 à 1862, Émile Allix vient régulièrement en France et garde le contact avec sa famille. Il développe ses relations avec la famille Hugo à Jersey, puis à Guernesey, et également en Belgique. En effet, Victor Hugo, son épouse Adèle Foucher et leurs fils Charles Hugo et François-Victor Hugo se rendent fréquemment en Belgique, en particulier à Bruxelles et à Spa.

En 1862, Émile Allix décide de revenir à Paris. Il passe les examens en 1867 et obtient le diplôme de la Faculté de Paris qui lui permet d'exercer la médecine en France[4].

Il est le médecin de Victor Hugo et de la famille Hugo pendant leur exil dans les îles anglo-normandes. De très nombreuses lettres montrent les relations chaleureuses entre la famille Hugo et Émile Allix[5]. Ainsi, une lettre adressée à Émile Allix par Victor Hugo le est signée de la seule lettre V, qui était la plus grande marque d'affection que Victor Hugo pouvait témoigner, habituellement réservée à ses deux fils, à sa fille, à son épouse et à ses amis Auguste Vacquerie et Paul Meurice.

À la fin du Second Empire, Émile Allix est un médecin connu et reconnu à Paris. Il est membre de la Société de médecine pratique à partir de 1867, de la Société médicale d'émulation à partir de 1868, de la Société protectrice de l'enfance, dont il est un des administrateurs. Il est membre fondateur en 1868 de la Société de médecine légale de Paris, et membre correspondant de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, Émile Allix est chirurgien principal de la Garde Nationale dans le 8ème arrondissement de Paris.

Avant la guerre et pendant les premières années de la IIIe République, Émile Allix occupe de nombreux postes : médecin de la société de secours mutuel de la Compagnie générale des voitures, médecin adjoint de la Compagnie parisienne du gaz à partir de 1868, médecin de la Comédie-Française et du théâtre de la Porte-Saint-Martin[6].

En 1872, il héberge chez lui pendant quelques jours Adèle Hugo, la deuxième fille de Victor Hugo, à son retour de la Barbade. Avec son confrère le docteur Axenfeld, il prend la décision de la placer dans une maison de santé, en raison de sa grande fragilité mentale[7].

En 1874, la loi Roussel sur la protection des enfants en bas âge prévoit la possibilité d'établir une inspection médicale des enfants. À partir de 1878, Émile Allix occupe le poste de médecin-inspecteur du service de la protection des enfants et des crèches de Paris, une fonction qu'il occupera pendant vingt ans, d'abord dans les arrondissements du sud (principalement 14ème et 15ème), puis ceux du sud-ouest parisien (6ème, 15ème et 16ème).

Il est l'ami ou le médecin, et souvent les deux à la fois, de personnalités de la haute société parisienne, comme Henri Rochefort, Jules Verne, Camille Pelletan, Adolphe Pelleport, Charles-Augustin Sainte-Beuve, Étienne Arago.

Émile Allix fréquente Victor Hugo et ses proches jusqu'au décès du grand écrivain le . Avec ses confrères Alfred Vulpian et Germain Sée, il signe les derniers certificats qui précèdent la constatation du décès de Victor Hugo.

Émile Allix, qui s'est marié en 1873, acquiert en 1884 une maison sur les rives de la Loire dans la ville de Saumur. Il décède à Saumur en 1911 et est inhumé dans sa ville natale de Fontenay-le-Comte[1].

Hommages

Chevalier de la Légion d'honneur[8] par décret du [6].

La ville de Saumur a donné son nom à une rue du quartier du Petit-Puy.

La ville de Fontenay-le-Comte a donné le nom de "rue de la famille Allix" à une rue de l'ouest de la ville.

Son portrait photographique pris par Charles Hugo à Jersey dans les années 1853-1855, est présent dans plusieurs albums documentant la vie des proscrits du Second Empire, comme l'Album Allix, offert à sa sœur Augustine Allix et aujourd'hui conservé à la Maison de Victor Hugo.

Publications

  • Étude sur la physiologie de la première enfance, Paris, Masson, , [2], 253 p. (OCLC 19369438).
  • Hygiène de l’enfance : De l'alimentation des nouveau-nés (Extrait de la France médicale), Paris, G. Baillière, , v. ; in-18 (OCLC 456778932).
  • Émile Allix et Madame Millet-Robinet, Le Livre des jeunes mères. La nourrice et le nourrisson, édité par la Librairie Agricole de la Maison Rustique, 26 rue Jacob, Paris, 1884, consultable en ligne sur Gallica[9].

Notes et références

  1. « Mort de Léon-Émile Allix, un des compagnons les plus fidèles de Victor Hugo », Journal des débats politiques et littéraires, no 185, , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Joseph d'Ortigue, Le Ménestrel : journal de musique, Paris, Heugel, (lire en ligne), p. 88.
  3. Le journal d'Adèle Hugo, Tome 3, 1854, pages 364 et 365. Adèle Hugo est la fille de Victor Hugo
  4. L'union médicale : journal des intérêts scientifiques et pratiques, moraux et professionnelles du corps médical, t. Ier, Paris, L’union médicale (no 3), , 624 p. (lire en ligne), p. 557.
  5. « Victor Hugo à Jersey, d’après la correspondance inédite de Mme Victor Hugo », Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche, (lire en ligne, consulté le ).
  6. Grande Chancellerie de l'Ordre National de la Légion d'Honneur, « Dossier LH/24/36 », sur Archives Nationales (consulté le ), p. 8-9
  7. « Correspondances – Adèle II 3ème partie », sur Hauteville House
  8. E. Delaroche, « Deuil », Le Figaro : journal non politique, no 187, (lire en ligne, consulté le ).
  9. Émile Allix et Madame Millet-Robinet, « Le Livre des jeunes mères. La nourrice et le nourrisson », (consulté le )

Liens externes

  • Grande Chancellerie de l’Ordre National de la Légion d’Honneur, « Dossier LH/24/36 », sur Archives Nationales (consulté le ), p. 8-9.
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