Kimsooja

Kimsooja, née en 1957 à Daegu (Corée du Sud) est une artiste multidisciplinaire, plasticienne et vidéaste.

L'étoffe et le tissu composent ses premiers travaux. Très vite, ces matériaux deviennent emblématiques et récurrents dans son œuvre. Elle se sert du tissage comme allégorie de la féminité. Depuis, l'étendue de ses pratiques n'a cessé de s'étendre, de se renouveler sans cesse. Son propre site, des interviews et diverses publications permettent d'appréhender son œuvre d'artiste.

Repères biographiques

Elle a réalisé ses études de peinture à l'université Hongik à Séoul et a ensuite suivie un atelier de lithographie à l'École nationale des beaux-arts de Paris. Elle vit actuellement entre New York, Séoul et Paris. Elle a été résidente au MoMA PS1 en 1992. Son travail a été inclus dans plus de 30 biennales et triennales d'art contemporain. Elle a représenté la Corée du Sud pour la 24e Biennale de São Paulo en 1998 et la 55e Biennale de Venise en 2013.

Son travail a fait l'objet d'expositions personnelles à Peabody Essex Museum, Salem, États-unis (2019) ; Yorkshire Sculpture Park, West Bretton, Royaume-Uni (2018-2019) ; Perth institute of contemporary arts (2018) ; Musée des Beaux-arts du Liechtenstein (2017) ; Musée national d’art moderne et contemporain de Séoul (2016) ; Centre Pompidou Metz[1] (2015) ; Musée Guggenheim Bilbao (2015) ; Vancouver Art Gallery (2013) ; Musée d’Art Moderne Saint-Étienne (2012) ; Pérez Art Museum Miami (PaMM) (2012) ; Baltic center for contemporary art Gateshead, Royaume-Uni (2009) ; Hirshhorn Museum and Sculpture Garden (2008); BoZar, Bruxelles (2008) ; Palais de Cristal de Madrid, Musée national centre d’art Reina Sofia, Madrid (2006) ; Musée national d’art contemporain d’Athènes (2005) ; Museum Kunstpalast Dusseldorf (2004) ; Musée d'Art Contemporain de Lyon (2003) ; PAC, Milan (2003) ; Kunsthalle Vienne (2002) ; Kunsthalle Bern (2001) ; MoMA PS1, New York (2001) ; Rodin Gallery, Leeum Samsung Museum of Fine Art, Seoul (2000) ; ICC Tokyo (2001) ; et CCA Kitakyushu (1999).

Kimsooja a été l’artiste invitée du Pavillon coréen lors de la 55e Biennale de Venise (2013) et elle a représenté la Corée lors de la 26e Biennale de São Paulo (1998). Elle a participé, entre autres, à la documenta 14 à Cassel, ANTIDORON – the EMST Collection (2017) ainsi qu’aux biennales et triennales internationales de Busan (2016, 2002), Venise (2019, 2013, 2007, 2005, 2001, 1999), Gwangju (2012, 2002, 1995), Moscou (2009), Lyon (2002), Istanbul (1997) et Manifesta 1 (1996).

Éléments du langage de l'artiste

Sa pratique artistique se compose de performances, films, photographies, installations in situ créées à partir de textiles, lumières et sons. Le travail de Kimsooja, à la fois conceptuel, expérimental et en rapport avec notre milieu proche, amène à une conscience de soi et des autres ; elle interroge les conditions de l’humanité tout en abordant des questions liées à l’esthétique, la culture, la politique et l’environnement.

Avec son principe du non-faire, lequel tire son origine d’enquêtes conceptuelles et structurelles sur la performance à travers les notions de mobilité et d’immobilité, Kimsooja renverse le statut de l’artiste en tant qu’acteur prédominant. L’œuvre de Kimsooja nous invite à questionner notre existence, le monde, et les épreuves majeures auxquelles nous faisons face actuellement.

Le tissu

Tels des puzzles ses morceaux de tissus sont assemblés et cousus entre eux, colorés et brodés tels des patchworks. Elle les déplie dans des espaces divers et variés. S'inspirant de pratiques traditionnelles coréennes, les bojagi, ses travaux sont exposés tels des couvre-lits de mariage; des enveloppes de paquets ; de grands tapis ou encore des nappes de tables de restaurant[2].

Le nomadisme

En 1997, elle entreprend un voyage de 2727 km à travers la Corée du Sud. Cities on the Move - Bottari Truck est une vidéo la représentant de dos, perchée sur un camion rempli de bottaris (baluchon de nomade coréen). Cette œuvre symbolise le thème du voyage et de l'errance de l'art contemporain mondialisé. La vidéo sera projetée à travers un périple jusqu'à l'église Saint-Bernard (lieu de manifeste pour les sans-papiers).

Œuvre

Kimsooja, Sewing Into Walking, 1995

À la suite d'une résidence au MoMA PS1 en 1992-93, Kimsooja a présenté des sculptures qui s'inspirent d'articles de la vie quotidienne et qui furent recouverts par l'artiste de tissu coréen traditionnel[3]. Ces objets, et en particulier les tissus aux couleurs vives utilisés par l'artiste évoquent la notion de bottari en coréen qui signifie emballer pour un voyage[4].

En 1992, l'installation Deductive Objects exposé à MoMA PS1, s'étendait sur la surface d'un mur où l'artiste introduisit des morceaux de tissus entre les briques[4]. Dans Sewing into Walking-Kyungju, 1994, la première performance en vidéo de l'artiste, Kimsooja s'est rendue dans la vallée de Kyungju, en Corée, où elle déposa 2 tonnes et demi de vêtements usagés sur le sol d'une forêt. Cette performance était un hommage aux victimes d'une rébellion démocratique dans la province de Gwangju en Corée en 1980[5].

Kimsooja, A Needle Woman, Tokyo, 1999. Video Performance

En 1999, Kimsooja a présenté sa performance A Needle Woman au CCA Kitakyūshū au Japon. Présentée à plusieurs reprises, cette installation l'a été dans sa version la plus aboutie à l'InterCommunication Center de Tokyo, au printemps 2000. Elle fut ensuite présentée à MoMa PS1 en 2001, au Kunsthalle Bern en 2001, et fut l'objet d'une présentation sur la façade de l’hôtel de ville de Paris à l'occasion de La Nuit Blanche 2009.

Apparaissant filmée de dos, vêtue d'une longue robe noire, sur six écrans disposés en rectangle, l'artiste se dévoile dans divers paysages urbains ou naturels : debout dans une rue passagère à New York, à Delhi, à Shanghai, à Tokyo ; allongée, seule, sur un rocher à Kitakyūshū, au Japon ; debout de nouveau et seule encore, devant la Jamuna, une rivière indienne.

Dans Earth – Water – Fire – Air, une vidéo présentée en 2009 pour la biennale de Lanzarote en Espagne, Kimsooja a filmé la fusion des éléments sur une île des Canaries[6].

Kimsooja, Thread Routes Chapter I, 2010. Video, 29:31, son, film 16mm transféré au format HD

Débutée en 2010 et tournée en 16mm, la série de films Thread Routes est une exploration du monde à travers diverses pratiques liées au textile, envisagée par Kimsooja telle une anthropologie visuelle. Les différents chapitres de Thread Routes sont autant d’invitations au voyage que des indicateurs des relations à l’oeuvre entre le traitement du textile, l’architecture et les paysages environnants. Les six chapitres de la série ont été filmés respectivement au Pérou, en Europe, en Inde, Chine, Amérique du Nord et Maroc[7] et ont été présentés dans plusieurs musées internationaux tels que: le Musée Guggenheim de Bilbao en 2015, CC Strombeek et le Musée national d’art moderne et contemporain de Séoul en 2016, le Musée des Beaux-arts du Liechtenstein en 2017, et le Musée Sainte-Croix de la Ville de Poitiers en 2019.

Installations publiques

Kimsooja, To Breathe - Invisible Mirror / Invisible Needle, La Fenice, Venise, 2006.

A Lighthouse Woman (2002) est une installation pour laquelle Kimsooja a projeté un spectre lumineux sur le phare de l'île de Morris Island aux États-Unis, pour le festival de Spoleto en 2002. A Lighthouse Woman inaugura une série d'installations commémoratives qui incluent: Sewing Into Walking - Dédié aux victimes de Kwangju, 1995; Planted Names, 2002; Mandala: Chant for Auschwitz, 2010; et A Mirror Woman: The Ground of Nowhere, 2003[8].

Pour To Breathe: Invisible Mirror/ Invisible Needle qui fut présenté à La Fenice de Venise en 2006, Kimsooja a projeté un spectre coloré sur un écran qui occupait la scène du théâtre. Une bande son intitulée The Weaving Factory (2004) formait un couplet d'inspiration et d'expiration du souffle de l'artiste[9].

Traditionnellement utilisé pour transporter des effets personnels, l’artiste coréenne étend la conception du Bottari à des espaces, et à des architectures. Dans To Breathe – A Mirror Woman, qui fut développé pour le Palais de Cristal de Madrid en 2006[10], Kimsooja a installé un miroir qui recouvrait le sol. La coupole du palais était recouverte d'un film transparent diffractant qui dispersait la lumière. Le palais était aussi rempli par le son de la respiration de l'artiste[11].

Kimsooja a représenté La Corée du Sud pour la 55e Biennale de Venise en 2013[8]. Pour le pavillon coréen, Kimsooja a créé l'installation To Breathe: Bottari. et a recouvert le pavillon d'un film transparent qui dispersait la lumière, illuminant la structure interne du bâtiment avec des auréoles de couleur. Sa bande son The Weaving Factory (2004-2013) aussi remplissait l'espace avec un rythme alterné d'inspiration et d'expiration[12]. Aussi présent dans l'installation To Breathe: Blackout (2013), une chambre anéchoïque où le public pouvait être plongé dans l'obscurité et le silence absolus[12].

D'autres installations publiques importantes incluent A Needle Woman: Galaxy was a Memory, Earth is a Souvenir (2014); une sculpture monumentale commissionnée et installée pour la biennale du Cornell Council for the Arts en 2014[13]. Mandala: Zone of Zero en 2003, et Lotus Zone of Zero, une commission publique pour le palais Rameau à Lille, où Kimsooja créa un cercle composé de 384 lanternes[11]

En 2019, Kimsooja investit la Ville de Poitiers à l’occasion de la première édition de Traversées, un nouvel événement artistique et culturel international, intimement lié au destin d’un édifice majeur, le Palais des ducs d’Aquitaine, et de son quartier, cœur historique et patrimonial de la ville. Pour Traversées\Kimsooja, curatée par les directrices artistiques Emma Lavigne et Emmanuelle de Montgazon, l'artiste présente plus d'une dizaine d'installations spécifiques au sein des monuments historiques de la ville, et ouvre la voix du dialogue entre art contemporain et histoire.

En 2020, Kimsooja est la première artiste du XXIe siècle commissionnée pour réaliser les vitraux du transept sud de la Cathédrale Saint-Étienne de Metz dont l'inauguration a lieu à l'occasion du 800e anniversaire de la cathédrale.

Voir aussi

Notes et références

  1. (en) Kimsooja, « Kimsooja », sur kimsooja.com (consulté le ).
  2. « Kimsooja - AWARE », AWARE, (lire en ligne, consulté le )
  3. Yilmaz Dziewior, Cities on the Move, exhibition catalogue, Art-Worlds in Dialogue: From Gauguin to the Global Present, Museum Ludwig Cologne, 2000.
  4. Mello Laetitia, The Pilgrimage of Our Own Existence, Arte Al Limite, Published by Arte Al Limite, Chili, March 2012. p. 30-38
  5. Brewinska, Maria, from the exhibition catalogue Kimsooja at the Zacheta Gallery of Art, Warsaw, 2003.
  6. Ingrid Commandeur, Kimsooja: Black holes, Meditative Vanishings and Nature as a Mirror of the Universe, in Windflower, Perceptions of Nature, NAI and Kroller-Muller Museum, 2012
  7. http://guggenheim-bilbao.es/en/exhibitions/kimsooja-thread-routes/
  8. Kimsooja Biography: http://www.kimsooja.com/biography.html
  9. Ricky D’ambrose, Kim Sooja: To Breathe: Invisible Mirror / Invisible Needle, les presses du reel, 2013
  10. Ricky D’ambrose, Kim Sooja: To Breathe: Invisible Mirror / Invisible Needle, les presses du réel, 2013
  11. Doris Van Drathen, Standing at the Point Zero Catalogue for a solo exhibition Kimsooja, A Mirror Woman: The Sun & The Moon at the Shiseido Gallery, Tokyo, Published by Shiseido Corporate Culture Department, 2008
  12. Anita Hackethal, http://www.designboom.com/art/kimsooja-korean-pavilion-at-the-venice-art-biennale/
  13. Cornell Council for the Arts, http://cca.cornell.edu/?p=galaxy-was-a-memory-earth-is-a-souvenir

Bibliographie

  • (en) Diana Augaitis, Kimsooja : Unfolding, Vancouver, Vancouver Art Gallery and Hatje Cantz, , 183 p., 29 cm (ISBN 978-3-7757-3234-5 et 3-7757-3234-9)
  • (ko + en) Bae, Soon-hoon (préface) et Cho, Eunjung ; Rubio, Olivia María et Soyeon, Ahn (Catalogue publié à l'occasion de l'exposition qui s'est tenue à la Yonggwang Hydro & Nuclear Power Plant Station du 3 au 19 septembre 2010. - Biogr. et liste des expositions de l'artiste), Earth - water - fire : air : by Kimsooja, Séoul, National Museum of Contemporary Art, Korea, , 38 p., 26 cm
  • (fr + en) Marcella Beccaria, Kimsooja, Sivana, , 96 p., 20 x 1 x 16 cm (ISBN 978-88-366-2321-1 et 88-366-2321-2)
  • (fr + en) Gilles Coudert (réalisateur), Doris van Drathen et Emma Lavigne (texte) et Emma Lavigne (commissaire) (exposition, Centre Pompidou-Metz, 26 octobre 2015-4 janvier 2016), Kimsooja : To Breathe, Paris/Metz, Centre Pompidou-Metz, , 96 p., 21 cm (ISBN 979-10-91490-25-2)
  • (en) Hegyi, Lóránd (commissaire) et al. (exposition au Musée d'Art moderne, Saint-Etienne Métropole, 25 février, 28 mai 2012), Kimsooja : [exposition, Musée d'art moderne, Saint-Étienne métropole, 25 février-28 mai 2012], Milan, Cinisello Balsamo (Milano) : Silvana editoriale ; Saint-Étienne : Musée d'art moderne, , 111 p., 20 cm (ISBN 978-88-366-2321-1)
  • (en) Kimsooja (personne interviewée) et Gautherot, Franck (intervieweur) (exhibition presented at the Korean pavilion of the 55th International art exhibition-la Biennale di Venezia, June 1-November 24, 2013), Kimsooja : To Breathe : Bottari, Dijon, Presses du réel, , 239 p., 27 cm + 1 foulard plié (ISBN 978-2-84066-612-7)
  • (ja + en) Yasuo Kobayashi, Robert Storr, David Elliott, Noi Sawaragi et Ariella Azoulay (exhibition held at Setagaya art museum (Tokyo), 8 Feb. - 23 Mar. 1997. Interview with Soo-Ja Kim by Hans-Ulrich Obrist), De-genderism : détruire dit-elle/il, Tokyo : Setagaya art museum : Tankosha, , 134 p., 26 cm + 1 cahier (30 p.) (ISBN 4-473-01526-2 et 978-4-473-01526-6) : Présente les œuvres de Eva Hesse, Matthew Barney, Yayoi Kusama, Mona Hatoum, Marie-Ange Guilleminot, Janine Antoni, Rebecca Horn, Marina Abramovic, Ma Liuming, Soo-Ja Kim, Go Kato, Robert Gober, Minako Nishiyama, Kazuhiro Hachiya, et Vito Acconci.
  • (fr + en + de) Thierry Raspail et Jean-Hubert Martin (Musée d'art contemporain de Lyon ; Museum Kunst Palast), Kim Sooja : conditions of humanity = conditions d'humanité, Lyon : Musée d'art contemporain ; Milan : 5 continents, , 105 p., 27 cm (ISBN 88-7439-059-9, 2-906461-61-X et 3-9808208-7-4)

Vidéographie

  • Kimsooja, To Breathe, Centre Pompidou-Metz, film de Gilles Coudert (52 min / 2015 / a.p.r.e.s production / Centre Georges Pompidou), Dans le cadre de l’année France-Corée, l’artiste coréenne Kimsooja transfigure l’espace du Centre Pompidou-Metz avec son exposition To Breathe. Les surfaces vitrées recouvertes de films diffractant la lumière, le sol transformé en miroir sans fin recadrent toute notion d’horizontalité ou de verticalité, et la projection du spectre coloré accompagnée par la respiration de l’artiste, métamorphose l’espace en un immense tableau monochrome tridimensionnel, un paysage sensible et onirique, que les visiteurs peuvent traverser. Le film deGilles Coudert suit l’installation de l’exposition jusqu’à son accomplissement et est nourri des propos de Kimsooja et de la directrice du Centre Pompidou-Metz,Emma Lavigne, ainsi que des impressions de visiteurs.

Articles connexes

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