Khéops

Khéops est le deuxième roi de la IVe dynastie de l'Ancien Empire. Il aurait régné aux alentours de 2600 avant notre ère[1], et aurait ainsi succédé à Snéfrou et précédé Djédefrê. Il est le commanditaire de la Grande Pyramide à Gizeh mais de nombreux autres aspects de son règne sont peu documentés.

« Cheops » redirige ici. Pour les autres significations, voir CHEOPS (homonymie).

Pour les articles homonymes, voir Khéops (homonymie).

Khéops

Statue de Khéops au Musée égyptien du Caire
Période Ancien Empire
Dynastie IVe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Snéfrou
Dates de fonction -2620 à -2580 (selon R. Krauss : 40 ans)
-2609 à -2584 (selon D. B. Redford : 25 ans)
-2589 à -2566 (selon I. Shaw : 23 ans)
-2579 à -2556 (selon J. von Beckerath : 23 ans)
-2555 à -2520 (selon D. Arnold : 35 ans)
-2551 à -2528 (selon J. P. Allen : 23 ans)
-2549 à -2526 (selon J. Málek : 23 ans)
-2547 à -2524 (selon A. D. Dodson : 23 ans)
-2538 à -2516 (selon P. Vernus & J. Yoyotte : 22 ans)
Successeur Djédefrê
Famille
Grand-père paternel ?
Grand-mère paternelle Mérésânkh Ire
Grand-père maternel Houni ?
Grand-mère maternelle ?
Père Snéfrou
Mère Hétep-Hérès Ire
Conjoint Mérititès Ire
Enfant(s) Kaouab Ier
Hordjédef
Hétep-Hérès II
Mérésânkh II
Mérititès
Deuxième conjoint Hénoutsen
Enfants avec le 2e conjoint Khoufoukhaf Ier
Minkhâf
Troisième conjoint ?
Enfants avec le 3e conjoint Djédefrê
Khafrê
Horbaf
Babaef Ire
Baoufrê ?
Khâmerernebty Ire
Néfertiabet
Fratrie Néfermaât
Kanefer
Ânkhkhâf
Netjeraperef
Rahotep
Ranefer
Iynefer
Hétep-Hérès
Néfertkaou
Néferetnésou
Mérititès Ire
Hénoutsen ?
Sépulture
Nom Pyramide de Khéops
Type Pyramide à faces lisses
Emplacement Plateau de Gizeh

Son nom égyptien est Khoufou (translittération de l'égyptien /ˈkuːfuː/ signifiant « Il protège »), ou en forme longue Khnoum Khoufou (translittération de l'égyptien /knuːmˈkuːfuː/) signifiant « Que le dieu Khnoum protège »)[2]. Il est plus connu sous la forme hellénisée de son nom, Khéops (en grec Χέοψ). Manéthon le nomme Souphis Ier (en grec Σοῦφις)[3] et Flavius Josèphe Sofe (en grec Σόφη)[4]. Les historiens arabes, quant à eux, le nomment Saurid (arabe : سوريد) ou Salhuk (arabe : سلهوق)[5].

Famille

Ascendance

Le père de Khoufou est Snéfrou et sa mère est Hétep-Hérès Ire[6].

Épouses

Seules deux épouses de Khoufou sont connues[6] :

Descendance

Les fils connus de Khoufou sont[6] :

Les filles connues de Khoufou sont[6] :

En dehors des successeurs de Khéops sur le trône d'Horus qui établirent leur propre monument funéraire, presque tous les membres de cette famille royale se firent construire leur tombeau au voisinage immédiat de la grande pyramide à Gizeh.

Règne

Durée du règne

On ne sait pas encore combien de temps Khéops a régné sur l'Égypte, car historiquement les documents postérieurs se contredisent et les sources contemporaines sont rares. Le Canon royal de Turin de la XIXe dynastie donne vingt-trois ans de règne à Khéops[7],[8]. Manéthon lui attribue soixante-trois ans de règne et l'ancien historien Hérodote l'évalue à cinquante ans ; ces chiffres sont maintenant considérés comme une exagération ou une mauvaise interprétation de sources désuètes.

Des sources contemporaines de l'époque de Khéops donnent trois informations clés : l'une d'elles a été trouvée à l'oasis de Dakhla, dans le désert de Libye. Le nom d'Horus de Khéops est gravé dans une inscription rupestre qui rapporte Mefat voyageant dans l'année qui suit le 13e recensement des bovins sous Hor-Medjedou[9] . La deuxième source se trouve dans les chambres de soutènement à l'intérieur de la pyramide de Khéops, au-dessus de la chambre funéraire. L'une de ces inscriptions mentionne une équipe d'ouvriers appelés amis de Khoufou à côté de la note année du 17e recensement des bovins, mais on se demande si le nombre d'années indique un recensement bisannuel ou si ce nombre doit être pris mot à mot[7],[8]. De nouveaux témoignages de Ouadi el-Jarf donnent cependant un troisième indice sur la véritable durée du règne : plusieurs fragments de papyrus contiennent des rapports manuscrits d'un port royal qui est aujourd'hui Ouadi el-Jarf. Les inscriptions décrivent l'arrivée de bateaux royaux emplis de minerais et de pierres précieuses, comme de la turquoise, dans l'année après le 13e recensement des bovins sous Hor-Medjedou[10],[11]. Par conséquent, la date connue comme la plus certaine de la fin du règne de Khéops est l'année après le 13e recensement du bétail[7],[8].

Dans une tentative pour résoudre l'énigme de la durée réelle du règne de Khéops, les égyptologues modernes désignent le règne de Snéfrou, le recensement du bétail ayant lieu tous les deux ans sous le règne d'un roi. Le recensement du bétail, en tant que mesure économique, aurait servi à la perception de l'impôt dans toute l'Égypte. Une récente évaluation de documents plus contemporains ainsi que l'examen de l'inscription de la pierre de Palerme renforcent la théorie selon laquelle le recensement du bétail sous Khéops aurait toutefois été effectué tous les deux ans, et non pas annuellement, comme on le pensait auparavant[7],[8].

Des égyptologues comme Thomas Schneider, Michael Haase et Rainer Stadelmann se demandent si le scribe du Canon royal de Turin a réellement tenu compte du fait que le recensement du bétail était effectué tous les deux ans pendant la première moitié de l'Ancien Empire, alors que la collecte des impôts avait lieu chaque année sous la XIXe dynastie. En résumé, tous ces documents prouveraient que Khéops aurait régné pendant au moins vingt-six ou vingt-sept ans, et peut-être plus de trente-quatre ans, vu que l'inscription dans les chambres de soutènement indique un recensement bisannuel du bétail. En effet, si le scribe du Canon royal de Turin ne tenait pas compte d'un recensement bisannuel du bétail, cela pourrait même signifier que Khéops régna pendant quarante-six ans[7],[10].

Activités

Tête en granite supposée du roi Houni ou du roi Khéops, Brooklyn Museum

Il n'y a que peu d'indices sur les activités politiques de Khéops à l'intérieur et à l'extérieur de l'Égypte. En Égypte, Khéops est documenté dans plusieurs inscriptions et statues de bâtiments. Son nom apparaît dans les inscriptions d'El Kab et de l'Île Éléphantine et dans les carrières locales de Hatnoub et Ouadi Hammamat. À Saqqarah, deux figures en terre cuite de la déesse Bastet ont été trouvées, sur lesquelles, à leur base, le nom d'Horus de Khéops est gravé ; elles ont été déposées à Saqqarah pendant le Moyen Empire, mais leur création remonte au règne de Khéops[12].

Ouadi Maghara

Au Ouadi Maghara dans le Sinaï, une inscription rupestre représente Khéops avec la double couronne. Il a envoyé plusieurs expéditions pour tenter de trouver des mines de turquoise et de cuivre. Comme d'autres rois, tels que Sekhemkhet, Snéfrou et Sahourê, qui sont également représentés dans des reliefs impressionnants, il cherchait ces deux matériaux précieux[13]. Khéops a également eu des contacts avec Byblos. Il envoya plusieurs expéditions à Byblos pour tenter d'échanger des outils et des armes en cuivre contre du bois précieux de cèdre du Liban. Ce type de bois était indispensable pour la construction de grands bateaux funéraires stables et les bateaux découverts à la Grande Pyramide en étaient d'ailleurs faits[14].

Ouadi el-Jarf

De nouvelles preuves concernant les activités politiques sous le règne de Khéops ont récemment été trouvées sur le site de l'ancien port de Ouadi el-Jarf sur la côte de la mer Rouge à l'est de l'Égypte. Les premières traces d'un tel port avaient déjà été fouillées en 1823 par John Gardner Wilkinson et James Burton, mais le site avait été rapidement abandonné, puis oublié pendant un temps. En 1954, les chercheurs français François Bissey et René Chabot-Morisseau ont de nouveau fouillé le port, mais leurs travaux ont pris fin avec la crise du canal de Suez en 1956. En juin 2011, une équipe archéologique dirigée par les égyptologues français Pierre Tallet et Grégory Marouard, organisée par l'Institut français d'archéologie orientale (IFAO), a repris les travaux sur le site. Entre autres documents, une collection de centaines de fragments de papyrus a été trouvée[10],[11].

Dix de ces papyrus sont très bien conservés. La plupart de ces documents datent de la 27e année du règne de Khéops et décrivent comment l'administration centrale a envoyé de la nourriture et des provisions aux marins et aux ouvriers des quais. La datation de ces documents importants est assurée par des phrases typiques de l'Ancien Empire, ainsi que par le fait que les lettres sont adressées au roi lui-même, en utilisant son nom d'Horus. C'était typique quand le roi auquel la lettre s'adressait était encore en vie ; quand le souverain était déjà mort, ses noms en cartouches étaient utilisés à la place. Un document présente un intérêt particulier : le journal de Merer, un fonctionnaire impliqué dans la construction de la Grande Pyramide. Grâce à ce journal, les chercheurs ont pu reconstituer trois mois de sa vie, apportant un nouvel éclairage sur la vie quotidienne des gens de la IVe dynastie. Ces papyrus sont les premiers exemples de papyrus inscrits jamais trouvés en Égypte. Une autre inscription, retrouvée sur les murs de calcaire du port, mentionne la tête des scribes royaux qui contrôlent l'échange des marchandises : Idu[10],[11].

Le nom du cartouche de Khéops est également inscrit sur certains des blocs de calcaire lourds du site. Le port était d'une importance stratégique et économique pour Khéops parce que les navires apportaient des matériaux précieux, tels que la turquoise, le cuivre et le minerai de la pointe sud de la péninsule du Sinaï. Les fragments de papyrus montrent plusieurs listes de stockage indiquant les marchandises livrées. Les papyrus mentionnent également un certain port sur la côte opposée de Ouadi el-Jarf, sur la rive ouest de la péninsule du Sinaï, où l'ancienne forteresse Tell Ras Budran fut fouillée en 1960 par Gregory Mumford. Le papyrus et la forteresse révèlent ensemble pour la toute première fois l'histoire d'un itinéraire de navigation explicite à travers la mer Rouge. C'est la plus ancienne route de navigation archéologique de l'Égypte antique. Selon Pierre Tallet, le port aurait aussi pu être l'un des ports de haute mer légendaires de l'Égypte antique, d'où les expéditions vers le fameux pays de Pount partaient[10],[11].

Statues

Statue de Khéops au Musée égyptien du Caire
Tête de Khéops en ivoire exposée au Altes Museum
Tête supposée de Khéops, (Musée national d'art égyptien de Munich)

La seule représentation tridimensionnelle de Khéops qui a survécu presque complètement au temps est une petite figurine en ivoire bien restaurée connue sous le nom de Statuette de Khoufou. Elle représente le roi avec la couronne rouge de Basse-Égypte[15]. Le roi est assis sur un trône avec un dossier court, sur le côté gauche de ses genoux le nom d'Horus Medjedou est conservé, et, sur le côté droit, un fragment de la partie inférieure du nom du cartouche Khnoum Khoufou est visible. Khéops tient un fléau dans sa main gauche et sa main droite repose avec son avant-bras sur sa jambe droite. L'artefact a été découvert en 1903 par William Petrie à Kom El Sultan près d'Abydos. La figurine a été trouvée sans tête ; d'après Petrie, elle a été causée par un accident en creusant. Lorsque Petrie reconnut l'importance de la découverte, il arrêta tout autre travail et offrit une récompense à tout ouvrier qui pouvait trouver la tête. Trois semaines plus tard, la tête a été retrouvée après un tamisage intense dans un niveau plus profond des décombres de la pièce[16]. Aujourd'hui, la petite statue est restaurée et exposée au Musée égyptien du Caire dans la salle 32 sous son numéro d'inventaire JE 36143[17]. La plupart des égyptologues pensent que la statuette est contemporaine, mais certains chercheurs, comme Zahi Hawass, pensent qu'il s'agit d'une reproduction artistique de la XXVIe dynastie. Il soutient qu'aucun bâtiment qui date clairement de la IVe dynastie n'a jamais été fouillé à Kom El Sultan ou à Abydos. En outre, il souligne que le visage de Khéops est inhabituellement squatté et potelé et ne montre aucune expression émotionnelle. Hawass a comparé la stylistique faciale aux statues des rois contemporains, tels que Snéfrou, Khéphren et Mykérinos. Les visages de ces trois rois sont d'une beauté égale, minces et d'une expression bienveillante - le résultat clair de motivations idéalistes ; ils ne sont pas basés sur la réalité. La représentation de Khoufou sur la statue d'ivoire donne plutôt l'impression que l'artiste ne se souciait pas beaucoup de réaliser une statue idéaliste. Il pense que Khéops lui-même n'aurait jamais permis l'exposition d'une œuvre aussi peu soignée. Enfin, Hawass soutient également que le genre de trône sur lequel la figurine est assise ne correspond pas aux styles artistiques des artefacts de l'Ancien Empire. Les trônes de l'Ancien Empire avaient un dossier qui s'étendait jusqu'au cou du roi. Mais la preuve ultime qui convainc Hawass que la statue est une reproduction de beaucoup plus tard est le fléau-nekhekh dans la main gauche de Khéops. Les représentations d'un roi avec un fléau tel qu'un insigne de cérémonie n'apparaissent pas avant le Moyen Empire. Hawass conclut donc que la figurine a peut-être été faite comme une amulette ou un porte-bonheur à vendre à des citoyens pieux[15],[17].

On dit souvent que la petite figurine est la seule statue de Khéops conservée. Ce n'est pas tout à fait exact. Les fouilles de Saqqarah en 2001 et 2003 ont révélé une paire de statues en terre cuite représentant une déesse lion (peut-être Bastet ou Sekhmet). Sur ses pieds, deux figures de roi enfantin sont conservées. Alors que la figurine de droite peut être identifiée comme le roi Khéops par son nom d'Horus, celle de gauche représente le roi Pépi Ier de la VIe dynastie, appelé par son nom de naissance. Les figurines de Pépi Ier ont été ajoutées aux groupes de statues plus tard, parce qu'elles étaient placées séparément et à une certaine distance de la divinité. Cela ne correspond pas à un groupe de statues typique de l'Ancien Empire - normalement, chaque groupe de statues est construit comme une unité artistique. Les deux groupes de statues sont semblables l'un à l'autre par leur taille et leur échelle, mais diffèrent par le fait qu'une déesse lion tient un sceptre. Les excavateurs soulignent que les statues ont été restaurées pendant le Moyen Empire, après qu'elles aient été démolies. Cependant, il semble que la raison de la restauration réside plus dans un intérêt pour la déesse, que dans un culte royal autour des figures du roi : leurs noms étaient couverts de gypse[18].

La pierre de Palerme rapporte sur son fragment C-2 la création de deux statues surdimensionnées pour le roi ; l'une serait faite de cuivre, l'autre d'or pur[7],[15].

En outre, plusieurs fragments en albâtre et en travertin de statues assises, trouvés par George Raisner lors de ses fouilles à Gizeh, portaient l'inscription du titre royal complet de Khéops. Aujourd'hui, les cartouches complets ou partiellement conservés avec le nom Khoufou ou Khnoum-Khoufou restent. L'un des fragments, celui d'une petite statue assise, montre les jambes et les pieds d'un roi assis. À leur droite, le nom ...fou dans un cartouche est visible, et il peut facilement être reconstruit comme le nom du cartouche de Khéops[15],[19].

Deux autres objets sont exposés au Roemer und Pelizaeus Museum à Hildesheim. Ceux-ci sont également faites d'albâtre. L'un d'eux montre la tête d'une déesse féline (très probablement Bastet ou Sekhmet). La position de son bras droit suggère que le buste appartenait autrefois à un groupe de statues semblable aux triades bien connues de Mykérinos[20].

Plusieurs têtes de statue ont pu appartenir à Khéops. L'une d'elles est la soi-disant tête de Brooklyn du Brooklyn Museum à New-York. Il mesure 54,3 cm de large et est fait de granit rose. En raison de ses joues potelées, la tête est attribuée à Khéops ainsi qu'au roi Houni[21]. Un objet similaire est exposé au Musée national d'art égyptien de Munich. La tête est faite de calcaire et est relativement petite avec seulement 5,7 cm de hauteur[22].

Reliefs

Khéops est représenté dans plusieurs fragments de relief trouvés éparpillés dans sa nécropole de Gizeh et ailleurs. Tous les reliefs ont été réalisés en calcaire finement poli. Certaines d'entre eux proviennent du temple funéraire en ruines et de la chaussée détruite, où ils recouvraient autrefois complètement les murs. D'autres ont été retrouvés réutilisés dans la nécropole pyramidale du roi Amenemhat Ier à Licht mais aussi à Tanis[7],[15]. L'un des fragments en relief montre le cartouche de Khéops avec la phrase : Construction des sanctuaires des dieux. Une autre montre une rangée de bœufs gras décorés de fleurs - ils étaient évidemment préparés en sacrifice lors d'une procession d'offrandes. L'inscription les appelle les environs de Tefef servent Khéops, les beaux taureaux de Khoufou et pleurer pour Khéops[23]. Une troisième montre la plus ancienne représentation connue d'une guerre royale : la scène est appelée les archers se préparent, car elle montre des archers dessinant leurs arcs. Et un quatrième exemple montre le roi avec la double couronne empalant un hippopotame[24],[25].

Au Ouadi Maghara dans le Sinaï, une inscription rupestre contient les noms, titres et rapports de Khéops : Hor-Medjedou, Khnoum-Khoufou, Bikouj-Nebou, le grand dieu et frappeur des troglodytes, toute protection et vie sont avec lui. Le travail du relief est similaire à celui du roi Snéfrou. Dans une scène, le roi Khéops porte la double couronne ; à proximité, on peut voir la représentation du dieu Thot. Dans une autre scène, tout près, Khéops porte la couronne Atef tout en frappant un ennemi. Dans cette scène, le dieu Oupouaout est présent[13],[26].

Aucun des nombreux fragments en relief ne montre le roi Khéops en train d'offrir une offrande à un dieu. C'est remarquable, car les reliefs de Snéfrou et ceux de tous les rois à partir de Mykérinos montrent le roi faisant une offrande à une divinité. Il est possible que l'absence de cette représentation spéciale ait influencé les historiens grecs de l'Antiquité dans leurs hypothèses selon lesquelles Khéops aurait pu fermer tous les temples et interdire tout sacrifice[15],[27].

Autre

Khéops construisit également des temples, en particulier il entama la construction du temple d'Hathor à Dendérah et on a retrouvé dans les fondations du temple de Bastet à Bubastis des éléments d'un monument à son nom.

Sépulture

La nécropole

La nécropole pyramidale de Khéops a été érigée dans la partie nord-est du plateau de Gizeh. Il est possible que le manque d'espace pour construire, le manque de carrières de calcaire locales et le terrain ameubli à Dahchour aient forcé Khéops à se déplacer vers le nord, loin de la nécropole de son prédécesseur Snéfrou. Khéops a choisi l'extrémité supérieure d'un plateau naturel pour que sa future pyramide soit largement visible. Il a décidé d'appeler sa pyramide Akhet-Khoufou (qui signifie L'horizon de Khoufou)[28],[29],[30],[31]. Le monument a nécessité près de 20 000 ouvriers pour être construit.

Plusieurs dignitaires et plusieurs membres de la famille de Khéops sont enterrés dans le cimetière entourant son complexe funéraire. Du côté ouest se trouve le cimetière ouest, où reposent les plus hauts dignitaires et les prêtres. Sur le côté est de la pyramide se trouve le cimetière est de la nécropole de Khéops, contenant les mastabas des princes et princesses. Trois petites pyramides satellites, appartenant peut-être aux reines Hétep-Hérès Ire (G1-a), Mérititès Ire (G1-b) et Hénoutsen (G1-c), ont été érigées au coin sud-est de la pyramide de Khéops. Sur le côté sud de la Grande Pyramide se trouvent les fosses des bateaux funéraires de Khéops. De récentes découvertes, à la suite des fouilles menées par Mark Lehner, ont révélé une ville des artisans et des ouvriers à Gizeh.

Le complexe funéraire

La pyramide de Khoufou était entourée d'un mur d'enceinte, chaque segment se trouvant à dix mètres de distance de la pyramide. À l'est, directement en face de la pyramide, le temple funéraire de Khéops a été construit. Sa fondation était faite de basalte noir, dont une grande partie est encore conservée. Les piliers et les portails étaient en granit rouge et les pierres du plafond étaient en calcaire blanc. Aujourd'hui, il ne reste plus que les fondations. Du temple funéraire, une chaussée de 692 m de long était autrefois reliée au temple de la vallée. Le temple de la vallée était peut-être fait des mêmes pierres que le temple funéraire, mais comme la fondation n'est pas conservée, la forme et la taille originales du temple de la vallée restent inconnues[28],[29],[30],[31].

La pyramide satellite G1-d a été découverte en 1991 par l'équipe de Zahi Hawass, dirigeant à cette date du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes. Elle est située près de l'angle sud-est et à l'est de la grande pyramide, à l'extérieur de l'enceinte. Cette pyramide a livré le deuxième plus ancien pyramidion connu après celui de la pyramide rouge à Dahchour. Ce monument est identifié par son découvreur comme étant la pyramide subsidiaire du Ka bien que ce type d'édifice cultuel ait toujours été placé à l'intérieur de l'enceinte de la pyramide principale d'un complexe pyramidal.

La pyramide

Son tombeau présumé : la pyramide de Khéops.

La Grande Pyramide a une dimension de base d'environ 230,4 × 230,4 m et aujourd'hui une hauteur de 138,7 m. Autrefois, elle faisait 147 m de haut, mais la pyramide et l'enveloppe de calcaire sont complètement détruites par le vol des pierres. L'absence de parement permet d'avoir une vue d'ensemble de l'intérieur de la pyramide. Elle a été érigée par petits pas par des blocs de calcaire foncé plus ou moins grossièrement taillés. L'enveloppe était faite de calcaire presque blanc. La surface extérieure des pierres d'habillage a été finement polie de sorte que la pyramide brillait d'un blanc de chaux brillant et naturel à l'état neuf. La pyramidion était peut-être recouverte d'électrum, mais il n'y a aucune preuve archéologique de cela. Les couloirs intérieurs et les chambres ont des murs et des plafonds en granit poli, l'une des pierres les plus dures connues à l'époque de Khéops. Le mortier utilisé était un mélange de gypse, de sable, de calcaire pulvérisé et d'eau[28],[29],[30].

L'entrée originale de la pyramide se trouve du côté nord. À l'intérieur de la pyramide se trouvent trois chambres : au sommet se trouve la chambre funéraire du roi (la chambre du roi), au milieu se trouve la chambre de la reine, et sous les fondations se trouve une chambre souterraine inachevée. Alors que la chambre funéraire est identifiée par son grand sarcophage en granit, l'utilisation de la chambre de la reine est encore contestée - elle aurait pu être le serdab de la statue du Ka de Khéops. La chambre souterraine reste mystérieuse car elle est restée inachevée. Un couloir étroit se dirigeant vers le sud à l'extrémité ouest de la chambre et un puits inachevé au centre pourraient indiquer que la chambre souterraine était la plus ancienne des trois chambres et que le plan de construction original contenait un simple complexe de chambres comportant plusieurs pièces et corridors. Mais pour des raisons inconnues, les travaux ont été arrêtés et deux autres chambres ont été construites à l'intérieur de la pyramide. Remarquable est la Grande Galerie qui mène à la chambre funéraire : elle a un plafond en encorbellement et mesure 8,8 m de hauteur et 46 m de longueur. La galerie a une fonction statique importante ; elle détourne le poids de la masse de pierre au-dessus de la chambre du roi vers le noyau pyramidal environnant.

Le Sphinx

Une partie possible de la nécropole de Khéops est le célèbre Grand Sphinx de Gizeh. Il s'agit d'une statue de calcaire de 73,5 × 20,3 m de large en forme de lion couché avec la tête d'un humain, ornée d'une coiffe royale de type némès. Le Sphinx a été taillé directement dans le plateau de Gizeh et peint à l'origine en rouge, ocre, vert et noir. Jusqu'à ce jour, il y a un débat passionné pour savoir qui a exactement donné l'ordre de le tailler : les candidats les plus probables sont Khéops, son fils aîné Djédefrê et son fils cadet Khéphren. L'une des difficultés d'une attribution correcte réside dans l'absence d'un portrait de Khéops parfaitement conservé. Les visages de Djédefrê et de Khéphren sont similaires à ceux du Sphinx, mais ils ne sont pas parfaitement concordants. Une autre énigme est la fonction cultuelle et symbolique originale du Sphinx. Beaucoup plus tard, il fut appelée Herou-im-Akhet (Horus à l'horizon) par les Égyptiens et Abou el-Hὀl (père de la terreur) par les Arabes. Il se peut que le Sphinx, en tant que représentation allégorique et mystifiée du roi, ait simplement gardé le cimetière sacré de Gizeh[28],[29],[30],[31].

Titulature

Khéops à travers l'Histoire

Ancien Empire

Khéops possédait un culte mortuaire étendu pendant l'Ancien Empire. Jusqu'à la fin de la VIe dynastie, au moins soixante-sept prêtres mortuaires et six hauts fonctionnaires indépendants servant à la nécropole sont attestés archéologiquement. Dix d'entre eux servaient déjà sous la fin de la IVe dynastie (sept d'entre eux étaient des membres de la famille royale), vingt-huit servaient sous la Ve dynastie et vingt-neuf sous la VIe dynastie. C'est remarquable, son père Snéfrou n'avait que dix-huit prêtres mortuaires pendant la même période, même Djédefrê n'en avait que huit et Khéphren en avait vingt-huit. Ces cultes mortuaires étaient très importants pour l'économie de l'État, car pour les ablations, des domaines spéciaux devaient être établis. Un grand nombre de noms de domaine sont attestés pour l'époque du règne de Khéops. Cependant, à la fin de la VIe dynastie, le nombre de domaines a rapidement diminué. Au début de la VIIe dynastie, plus aucun nom de domaine n'était transmis[7],[32],[33].

Moyen Empire

Au Ouadi Hammamat, une inscription rocheuse datant de la XIIe dynastie énumère cinq noms en cartouche : Khoufou (Khéops), Djédefrê, Khafrê, Baoufrê et Hordjédef. Parce que tous les noms royaux sont écrits à l'intérieur de cartouches, on a cru pendant un temps que Baoufrê et Hordjédef avaient régné pendant une courte période, mais les sources contemporaines qualifient Hordjédef de simple prince et ne mentionnent même pas Baoufrê. La présence de Khéops dans cette liste pourrait indiquer que lui et ses fils (ou considéré comme tel pour Baoufrê) étaient vénérés comme saints patrons. Cette théorie est promue par des découvertes telles que des vaisseaux en albâtre portant le nom de Khéops trouvés à Coptos, la ville de départ et de retour des voyageurs du Ouadi Hammamat[34],[35],[36].

Un chef-d'œuvre littéraire de la XIIIe dynastie parlant de Khéops est le célèbre papyrus Westcar, où le roi Khoufou assiste à un tour magique et reçoit une prophétie d'un magicien nommé Djédi. Dans l'histoire, Khéops se caractérise d'une manière difficile à évaluer. D'une part, il est dépeint comme impitoyable lorsqu'il décide de faire décapiter un prisonnier condamné pour tester les prétendus pouvoirs magiques de Djédi. D'autre part, Khéops est décrit comme curieux, raisonnable et généreux : il accepte l'indignation de Djédi et son offre alternative pour le prisonnier, remet en question les circonstances et le contenu de la prophétie de Djédi et récompense généreusement le magicien après tout. La représentation contradictoire de Khéops fait encore aujourd'hui l'objet d'une grande controverse entre égyptologues et historiens. Les égyptologues et les historiens comme Adolf Erman, Kurt Heinrich Sethe et Wolfgang Helck, en particulier, considéraient le personnage de Khéops comme étant sans cœur et sacrilège. Ils se sont appuyés sur les traditions grecques anciennes d'Hérodote et de Diodore de Sicile, qui décrivaient une image exagérée du caractère négatif de Khoufou, ignorant les traditions paradoxales (parce que positives) que les Égyptiens eux-mêmes avaient toujours enseignées[33],[37],[38],[39],[40].

Mais d'autres égyptologues, comme Dietrich Wildung, voient dans l'ordre de Khéops un acte de miséricorde : le prisonnier aurait retrouvé la vie si Djédi avait réellement exécuté son tour magique. Wildung pense que le refus de Djédi était une allusion au respect des Égyptiens pour la vie humaine. Les anciens Égyptiens étaient d'avis que la vie humaine ne devrait pas être utilisée à mauvais escient pour la magie noire ou d'autres choses maléfiques. Verena Lepper et Miriam Lichtheim soupçonnent qu'une représentation difficile à évaluer de Khéops était exactement ce que l'auteur avait prévu. Il voulait créer un personnage mystérieux[33],[37],[38],[39],[40].

Nouvel Empire

Pendant le Nouvel Empire, la nécropole de Khéops et les cultes mortuaires locaux ont été réorganisés et Gizeh est redevenue une importante destination économique et culturelle. Au cours de la XVIIIe dynastie, le roi Amenhotep II érigea un temple commémoratif et une stèle près du Grand Sphinx. Son fils et successeur au trône Thoutmôsis IV libéra le Grand Sphinx du sable et plaça une stèle commémorative - connue sous le nom de Stèle du rêve - entre ses pattes avant. Les inscriptions des deux stèles sont similaires dans leur contenu narratif, mais ni l'une ni l'autre ne donne d'informations spécifiques sur le véritable bâtisseur du Grand Sphinx[7],[32],[33].

À la fin de la XVIIIe dynastie, un temple pour la déesse Isis fut construit à la pyramide satellite G1-c (celle de la reine Hénoutsen) de la nécropole de Khéops. Pendant la XXIe dynastie, le temple a été agrandi et, pendant la XXVIe dynastie, les extensions se sont poursuivies. À partir de cette période, plusieurs prêtres d'Isis (Hem-netjer-Iset), qui étaient aussi prêtres de Khoufou (Hem-netjer-Khoufou), y travaillaient. De la même XXVIe dynastie, une bague de sceau d'or portant le nom d'un prêtre Néferibrê a été trouvée à Gizeh[7],[32],[33].

Basse époque

Pendant la période tardive, un grand nombre de scarabées portant le nom de Khéops ont été vendus aux citoyens, peut-être comme une sorte de porte-bonheur. Plus de trente scarabées sont conservés. Au temple d'Isis, un arbre généalogique des prêtres d'Isis est exposé, qui énumère les noms des prêtres de 670 à 488 avant notre ère. De la même période vient la célèbre Stèle d'inventaire, qui nomme Khéops et son épouse Hénoutsen. Cependant, les égyptologues modernes se demandent si Khéops était encore personnellement adoré en tant qu'ancêtre royal à cette époque ; ils pensent qu'il est plus probable que Khéops était déjà considéré comme une simple figure symbolique à la base de l'histoire du temple d'Isis[7],[32],[33],[41].

Manéthon

L'historien égyptien Manéthon a appelé Khéops Souphis et l'a crédité d'un règne de soixante-trois ans. Il mentionne aussi que Khéops a construit la Grande Pyramide, puis il affirme que son contemporain Hérodote avait dit que la pyramide a été construite par un roi Khéops. Manéthon pensait que Khéops et Souphis étaient deux rois différents. Manéthon dit aussi que Khéops a reçu un mépris de la part des dieux et qu'il a écrit un livre sacré à ce sujet et qu'il (Manéthon) a reçu ce livre pendant son voyage en Égypte. L'histoire du prétendu Livre sacré est remise en question par les égyptologues modernes, car il serait très inhabituel qu'un pharaon écrive des livres et qu'un document aussi précieux puisse être vendu si facilement[42],[43],[44].

Hérodote

Copie d'un portrait posthume d'Hérodote datant du IVe siècle avant notre ère, palais Massimo alle Terme

L'historien grec Hérodote dépeint plutôt Khéops comme un tyran hérétique et cruel. Dans son ouvrage littéraire Historiae, Livre II, chapitre 124-126, il écrit :

« Tant que Rhámpsinîtos était roi, comme on me l'a dit, il n'y avait rien d'autre qu'une règle ordonnée en Égypte, et la terre prospérait beaucoup. Mais après lui, Khéops est devenu roi sur eux et les a amenés à toutes sortes de souffrances : il ferma tous les temples ; après cela, il empêcha les prêtres d'y faire des sacrifices, puis il força tous les Égyptiens à travailler pour lui. Ainsi, certains ont reçu l'ordre de tirer des pierres des carrières de pierre dans les montagnes arabes jusqu'au Nil, et à d'autres, il les a forcé à recevoir les pierres après qu'elles aient été transportées sur le fleuve dans des bateaux, et de les attirer à ceux qui sont appelés les montagnes libyennes. Et ils travaillaient par 100 000 hommes à la fois, tous les trois mois continuellement. De cette oppression, il s'est écoulé dix ans pendant que l'on faisait le pont-jetée par lequel on dessinait les pierres, quel pont-jetée on construisait, et c'est un travail pas beaucoup moins, il me semble, que la pyramide. Sa longueur est de cinq stades, sa largeur de dix brasses et sa hauteur, là où elle est la plus haute, de huit brasses, et il est fait de pierre polie et de figures gravées dessus. Pour cela, disaient-ils, dix ans furent passés, et pour les chambres souterraines sur la colline sur laquelle se trouvent les pyramides, qu'il se fit faire comme chambres sépulcrales pour lui-même dans une île, ayant conduit là un canal du Nil.

Pour la fabrication de la pyramide elle-même, il a passé une période de vingt ans ; et la pyramide est carrée, chaque côté mesurant huit-cents pieds, et sa hauteur est la même. Il est construit en pierre lissée et ajustée de la manière la plus parfaite, aucune des pierres n'ayant moins de trente pieds de longueur. Cette pyramide a été réalisée à la manière d'étapes que certains appellent rangées et d'autres bases : lorsqu'ils l'avaient faite ainsi, ils soulevaient les pierres restantes avec des dispositifs faits de courtes pièces de bois, les soulevant d'abord du sol jusqu'à la première étape des marches, et quand la pierre était montée à ce niveau, elle était placée sur une autre machine debout sur la première étape, et ainsi de là elle était tirée à la seconde sur une autre machine ; car il y avait autant de machines qu'il y avait de marches, ou peut-être ont-ils transféré une seule et même machine, faite pour être transportée aussi facilement, à chaque étape successivement, afin qu'ils puissent soulever les pierres ; car qu'on le dise dans les deux sens, selon ce qui est rapporté. Cependant, il se peut que les parties les plus hautes aient d'abord été terminées, et qu'ensuite elles aient fini ce qui leur était adjacent, et finalement elles en aient fini les parties près du sol et dans les zones les plus basses.

Sur la pyramide, il est écrit en égyptien combien on a dépensé en radis, oignons et poireaux pour les ouvriers, et si je me souviens bien de ce que l'interprète a dit en lisant cette inscription pour moi, une somme de 1 600 talents en argent fut dépensée. Khéops en arriva d'ailleurs à une telle méchanceté, que faute d'argent, il envoya sa propre fille dans un bordel et lui ordonna d'obtenir de ceux qui venaient une certaine somme d'argent (combien c'était ils ne me l'ont pas dit). Mais elle n'a pas seulement obtenu la somme fixée par son père, mais elle a aussi créé un projet pour elle-même, en privé, pour laisser derrière elle un mémorial : elle a demandé à chaque homme qui venait la voir de lui donner une pierre pour son projet de construction. Et de ces pierres, m'ont-ils dit, la pyramide a été construite qui se trouve devant la grande pyramide au milieu des trois, chaque côté faisant cent-cinquante pieds de long[33],[43],[44]. »

Il en va de même pour l'histoire du roi Khéphren. Il est dépeint comme l'héritier direct de Khéops et comme le même mal et qu'il a régné pendant cinquante-six ans. Au chapitre 127-128, Hérodote écrit : Après la mort de Khéops, son frère Khéphrên succéda au trône royal. Ce roi a suivi la même voie que les autres... et a régné pendant cinquante-six ans. Ici, ils comptent en tout cent-six ans, pendant lesquels ils disent qu'il n'y a eu que du mal pour les Égyptiens, et que les temples ont été gardés fermés et pas ouverts pendant tout ce temps[33],[43],[44].

Hérodote termine l'histoire des rois maléfiques au chapitre 128 par les mots : Ces rois, les Égyptiens, à cause de leur haine contre eux, ne sont pas très disposés à dire leur nom. De plus, ils appellent même les pyramides du nom de Philítîs le berger qui, à cette époque, faisait paître les troupeaux dans ces régions[33],[43],[44].

Diodore de Sicile

Représentation de Diodore de Sicile sur une fresque du XIXe siècle

L'historien antique Diodore de Sicile prétend que Khéops était tellement détesté par son propre peuple que les prêtres funéraires ont secrètement déplacé le sarcophage royal, avec le corps de Khéops, dans une autre tombe cachée. Par cette narration, il renforce et confirme l'opinion des érudits grecs, selon laquelle la pyramide de Khéops (et les deux autres pyramides de Gizeh également) devait être le résultat de l'esclavage. Cependant, en même temps, Diodore se distancie d'Hérodote et affirme qu'Hérodote ne raconte que des contes de fées et des fictions divertissantes. Diodore prétend que les Égyptiens de son vivant n'ont pas été en mesure de lui dire avec certitude qui a effectivement construit les pyramides. Il déclare également qu'il ne faisait pas vraiment confiance aux interprètes et que le véritable bâtisseur aurait pu être quelqu'un d'autre : la Grande Pyramide aurait été - selon lui - construite par un roi nommé Harmais, celle de Khéphren par le roi Amasis II et celle de Mykérinos par le roi Inaros Ier[8].

Diodore déclare que la Grande Pyramide était magnifiquement couverte de blanc, mais que le sommet était recouvert d'un capuchon. La pyramide n'avait donc déjà plus de pyramidion. Il pense aussi que la pyramide a été construite avec des rampes, qui ont été enlevées lors de la finition du parement en pierre calcaire. Diodore estime que le nombre total de travailleurs était de 300 000 et que les travaux de construction ont duré vingt ans[8].

Khéops dans la tradition arabe

En 642, les Arabes conquirent l'Égypte. En arrivant aux pyramides de Gizeh, ils cherchèrent des explications pour savoir qui avait pu construire ces monuments. À cette époque, aucun habitant de l'Égypte n'était capable de le dire et personne ne pouvait plus traduire les hiéroglyphes égyptiens. En conséquence, les historiens arabes ont écrit leurs propres théories et histoires[45].

L'histoire la plus connue de Khéops et de sa pyramide se trouve dans le livre Hitat (al-Mawāʿiẓ wa-'l-iʿtibār fī fī ḏikr al-ḫiṭaṭ wa-'l-ʾāṯār), écrit en 1430 par Muhammad al-Maqrizi (1364-1442). Ce livre contient plusieurs théories et mythes recueillis sur Khéops, en particulier sur la Grande Pyramide. Bien que le roi Khéops lui-même soit rarement mentionné, de nombreux écrivains arabes étaient convaincus que la Grande Pyramide ainsi que les deux autres pyramides de Gizeh avaient été construites par le dieu Hermès (nommé Idris par les Arabes)[45].

Al-Maqrizi note que Khéops a été nommé Saurid, Salhuk et/ou Sarjak par les Amalécites bibliques. Puis il écrit que Khéops a construit les pyramides après des cauchemars répétés dans lesquels la terre tournait à l'envers, les étoiles tombaient et les gens hurlaient de terreur. Un autre cauchemar avait montré les étoiles tombant du ciel et kidnappant des humains, puis les mettant sous deux grandes montagnes. Le roi Khéops reçut alors un avertissement de ses prophètes au sujet d'un déluge dévastateur qui allait venir et détruire l'Égypte. Pour protéger ses trésors et ses livres de sagesse, Khéops construisit alors les trois pyramides de Gizeh[45].

Critique de la tradition par les égyptologues

Au fil du temps, les égyptologues ont examiné les motifs et les raisons possibles de l'évolution de la réputation de Khéops au fil du temps. Un examen plus approfondi des documents contemporains, des documents ultérieurs et des lectures grecques et coptes, ainsi que des comparaisons entre eux, révèle que la réputation de Khéops a lentement changé et que les opinions positives sur le roi ont toujours prévalu à l'époque grecque et ptolémaïque[46]. Alan B. Lloyd, par exemple, cite des documents et des inscriptions de la VIe dynastie énumérant une ville importante appelée Menat-Khoufou, qui signifie Infirmière de Khoufou. Cette ville était encore tenue en haute estime à l'époque du Moyen Empire. Lloyd est convaincu qu'un nom aussi réconfortant n'aurait pas été choisi pour honorer un roi dont la réputation est mauvaise (ou, du moins, douteuse). En outre, il souligne le nombre écrasant d'endroits où les cultes mortuaires pour Khéops étaient pratiqués, même en dehors de Gizeh. Ces cultes mortuaires étaient même encore pratiqués aux époques Saïte et Perse[46].

Les célèbres Lamentations d'Ipou-Our de la Première Période intermédiaire révèlent des vues intéressantes sur les tombes monumentales du passé ; elles étaient à l'époque considérées comme des preuves de vanité. Cependant, ils ne donnent aucune indication d'une réputation négative des rois eux-mêmes, et donc ils ne jugent pas Khéops d'une manière négative[46].

Aujourd'hui, les égyptologues considèrent les récits d'Hérodote et de Diodore de Sicile comme une sorte de diffamation, basée sur la philosophie contemporaine des deux auteurs. Ils appellent également à la prudence face à la crédibilité des traditions anciennes. Ils affirment que les auteurs classiques ont vécu environ 2 000 ans après Khéops et que leurs sources qui étaient disponibles de leur vivant étaient sûrement obsolètes[33],[43]. De plus, les égyptologues soulignent que les philosophies des anciens Égyptiens avaient complètement changé depuis l'Ancien Empire. Des tombes surdimensionnées comme les pyramides de Gizeh ont dû consterner les Grecs et même les prêtres du Nouvel Empire, car ils se souvenaient sûrement du pharaon hérétique Akhenaton et de ses projets mégalomaniaques de construction[43],[44]. Cette image extrêmement négative a évidemment été projetée sur Khéops et sa pyramide. Cette vue a peut-être été favorisée par le fait que, du vivant de Khéops, l'autorisation de créer des statues surdimensionnées en pierre précieuse et de les exposer en public était limitée au roi seul[32],[33]. À leur époque, les auteurs grecs, les prêtres mortuaires et les prêtres du temple ne pouvaient pas expliquer les monuments et statues impressionnants de Khéops autrement que par le résultat d'un personnage mégalomane. Ces points de vue et les histoires qui en ont résulté ont été avidement repris par les historiens grecs et ils ont donc également fait des évaluations négatives de Khoufou, car les histoires scandaleuses étaient plus faciles à vendre que les histoires positives[43],[44].

En outre, plusieurs égyptologues soulignent que des historiens romains comme Pline l'Ancien et Frontin (tous deux vers 70 de notre ère) n'hésitèrent pas non plus à ridiculiser les pyramides de Gizeh : Frontin les appelle pyramides oisives, contenant les structures indispensables aussi à certains de nos aqueducs abandonnés à Rome et Pline l'Ancien les décrit comme l'ostentation oisif de la richesse royale. Les égyptologues voient clairement dans ces critiques des intentions politiques et sociales motivées et il semble paradoxal que l'utilisation de ces monuments ait été oubliée, mais que les noms de leurs constructeurs soient restés immortalisés[47].

Un autre indice de la mauvaise réputation de Khéops au sein des peuples grec et romain pourrait être caché dans la lecture copte du nom de Khéops. Les hiéroglyphes égyptiens formant le nom Khoufou sont lus en copte comme Shêfet, ce qui signifie en fait malchance ou péché dans leur langue. La lecture copte dérive d'une prononciation ultérieure de Khoufou sous le nom de Choufou, qui à son tour a conduit à la lecture grecque Souphis. Il est possible que les auteurs grecs et romains aient inconsciemment copié la mauvaise signification de la lecture copte de Khéops[46].

Les égyptologues et historiens modernes appellent également à la prudence quant à la crédibilité des histoires arabes. Ils soulignent que les Arabes médiévaux étaient guidés par la croyance islamique stricte qu'il n'existe qu'un seul dieu et qu'aucun autre dieu n'était donc autorisé à être mentionné. En conséquence, ils transférèrent les rois et dieux égyptiens en prophètes et rois bibliques. Le dieu égyptien Thot, nommé Hermès par les Grecs, par exemple, a été nommé d'après le prophète Henoch. Le roi Khéops, comme déjà mentionné, a été nommé Saurid, Salhuk et/ou Sarjak, et souvent remplacé dans d'autres histoires par un prophète nommé Šaddād bīn'Âd. En outre, les chercheurs soulignent plusieurs contradictions que l'on peut trouver dans le livre d'Al-Maqrizi. Par exemple, dans le premier chapitre du Hitat, les Coptes auraient nié toute intrusion des Amalécites en Égypte et les pyramides auraient été érigées comme tombeau de Šaddād bīn'Âd. Mais quelques chapitres plus tard, Al-Maqrizi affirme que les Coptes appellent Saurid le constructeur des pyramides[45].

Notes et références

  1. -2551 à -2528 (J. P. Allen), -2549 à -2526 (J. Málek), -2620 à -2580 (R. Krauss), -2609 à -2584 (D. B. Redford), -2579 à -2556 (J. von Beckerath), -2589 à -2566 (I. Shaw), -2555 à -2520 (D. Arnold), -2547 à -2524 (A. D. Dodson), -2538 à -2516 (Dictionnaire des Pharaons de P. Vernus et J. Yoyotte, p. 42).
  2. Khéops a pour origine une locution verbale au subjonctif khufui que l'on retrouve dans les cartouches sous la forme de « khnoum khufui », « que le dieu Khnoum protège ». Source : (en) Robert M. Schoch, Robert Aquinas McNally, Pyramid Quest, Penguin, , p. 301
  3. Aidan Mark Dodson, Monarchs of the Nile. American Univ in Cairo Press, 2000, (ISBN 977-424-600-4), p. 29–34.
  4. Flavius Josephus, Folker Siegert, « Über Die Ursprünglichkeit des Judentums (Contra Apionem), Volume 1, Flavius Josephus », dans : Schriften Des Institutum Judaicum Delitzschianum, Westfalen Institutum Iudaicum Delitzschianum Münster). Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen 2008, (ISBN 3-525-54206-2), p. 85.
  5. Gerald Massey, The natural genesis, or, second part of A book of the beginnings: containing an attempt to recover and reconstitute the lost origines of the myths and mysteries, types and symbols, religion and language, with Egypt for the mouthpiece and Africa as the birthplace, vol. 1. Black Classic Press, 1998, (ISBN 1574780107), p. 224-228.
  6. Dodson et Hilton 2004, p. 52–53.
  7. Thomas Schneider: Lexikon der Pharaonen. Albatros, Düsseldorf 2002, (ISBN 3-491-96053-3), page 100–104.
  8. Michael Haase: Eine Stätte für die Ewigkeit: der Pyramidenkomplex des Cheops aus baulicher, architektonischer und kulturgeschichtlicher Sicht. von Zabern, Mainz 2004, (ISBN 3805331053), p. 12-13.
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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