Jupe
La jupe (de l'arabe joubba pour long vêtement de laine) est un vêtement fixé au niveau des hanches ou de la taille pour couvrir tout ou une partie du bas du corps sans division pour chaque jambe et sans qu'en principe les bords inférieurs soient refermés.
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Selon les cultures, la jupe est portée préférentiellement par les hommes (kilt, sapeta, sarong, etc.) ou par les femmes (sari, etc).
Depuis 1672, le terme désigne en Europe un vêtement presque exclusivement féminin.
Histoire
En Occident
Dans l'Antiquité, les Romains et les Grecs portaient des habits semblables à des jupes, tels la tunique et la toge pour les hommes[1], ou le péplos et le chiton pour les femmes[2].
Au contact des peuples germaniques et celtes qui avaient adopté ce type de vêtement, le pantalon commença à se populariser chez les soldats romains, puis dans le reste de la population masculine vers le IIIe siècle. Le pantalon resta néanmoins longtemps considéré comme un vêtement « barbare », comme en témoignent les décrets impériaux de 397 et 399 qui en interdisaient le port dans Rome[3],[4].
La tunique continua à être portée au cours du Haut Moyen Âge. L'habit religieux, quant à lui, évolua peu pendant cette période et les suivantes, et le clergé continua à porter des robes.
Vers l'an mil, à la fin du Haut Moyen Âge, les nobles abandonnèrent la tunique courte pour des vêtements plus longs. Les vêtements masculins et féminins étaient alors très similaires entre eux. Néanmoins, contrairement aux hommes, les jupes des femmes n'étaient pas censées découvrir les pieds de celles-ci. En témoigne la réaction du majordome de la reine Jeanne de Navarre à la fin du XIIIe siècle, à qui l'on présentait une paire de bas de soie en guise de cadeau de mariage pour celle-ci : il jeta les bas à terre et s'écria : « Ignorez-vous donc que les Reines d’Espagne n’ont point de jambes[5] ? ».
Vers le XIVe siècle, la tunique pour homme commença à nouveau à se raccourcir, tandis que les femmes conservaient de longues robes.
À partir du XVIe siècle, les tuniques courtes et les collants des hommes se muèrent progressivement en culottes, hauts-de-chausse et pantalons, définissant par opposition la jupe comme un vêtement typiquement féminin.
Au cours du XIXe siècle, la coupe des vêtements féminins se modifia plus rapidement qu'aux siècles passés. La jupe, au départ assez étroite, prit de l'ampleur et atteignit une taille spectaculaire dans les années 1860 avec la jupe à crinoline.
Au cours des années 1910, la jupe féminine commença pour la première fois depuis des siècles à se raccourcir et sa taille varia grandement au cours des décennies suivantes. Dans les années 1960, la minijupe fit son apparition.
Le XXe siècle a aussi été le témoin d'un recul de la jupe par rapport au pantalon, désormais porté quotidiennement par les femmes, et aussi par le clergé catholique, le pape Jean XXIII ayant supprimé en 1962 l'obligation du port de la soutane[6].
La jupe comme « corset invisible »
Comme la robe les formes de la jupe viseront surtout à entraver les mouvements des femmes avant d'être simplifiées au début du XXe siècle avec la popularisation du tailleur[7]. Selon Pierre Bourdieu, la jupe est un « pense-bête » qui rappelle aux femmes les exigences sociales de leur féminité, un « corset invisible » qui les oblige à marcher et à se tenir d'une certaine façon[8]. Il la compare à la soutane qui rappelle au prêtre de manière permanente son statut de prêtre en l'empêchant par exemple de courir[8]. En outre le fait que, selon la manière dont elle se tient, une jupe risque de laisser voir plus que ce que la femme désire montrer, rend la jupe « difficile à porter » et cette difficulté est selon Bourdieu la marque de « la contradiction de l'attente sociale envers les femmes » qui leur demande à la fois d'être en position de séduction et dans la discrétion, « visibles et invisibles[8]. »
Types de jupes
Aujourd'hui, dans la culture occidentale
- Lana Turner (à gauche) en jupe patineuse (1941).
- Yolande Betbeze, miss America en jupe crayon (1950). Photo : Dick DeMarsico
Il existe de nombreux types et variantes de jupes, telles :
- la jupe droite, jupe la plus classique : elle se porte seule ou avec une veste pour constituer un tailleur. Elle est généralement doublée et fendue sur le derrière pour ne pas entraver les mouvements ;
- la jupe en forme ou jupe parapluie ou jupe soleil : coupée dans une étoffe de biais, sa largeur est variable et peut aller jusqu'à former un cercle complet. C'est une forme de jupe répandue dans de nombreuses cultures. Elle affine la silhouette, en moulant la taille et les hanches, puis en s'évasant[9] ;
- la jupe-culotte : sorte de culotte ou de pantalon très ample, elle a l'apparence d'une jupe. Apparue en 1890 pour permettre aux femmes de faire de la bicyclette, elle était longue et bouffante. Utilisée dans une forme raccourcie pour le tennis en 1931, c'est un vêtement qui garde une image sportive[7] ;
- la jupe plissée : la jupe est droite ou évasée et fait des plis. Elle est souvent associée aux uniformes d'écolières, de préférence bleu marine[10]. De nos jours, les tissus synthétiques permettent la permanence des plis ;
- la jupe portefeuille : elle est constituée d'une bande de tissu qui se ferme en se croisant devant ou sur le côté ;
- la minijupe, ou microjupe si elle est très courte (mi-cuisse) ;
- la jupe midi ;
- la jupe patineuse ;
- la jupe crayon.
Les jupes en cuir sont généralement considérées comme sexy par les personnes attirées par le fétichisme du cuir.[réf. souhaitée]
Il y a aussi la jupe entravée avec volant asymétrique
Autres types
- La nage, jupe en toile de frise noire portée par les veuves vers 1590 ;
- la basquine, jupe portée par les femmes en pays basque ;
- le philibeg, jupe courte portée par les montagnards écossais ;
- la fustanelle, courte jupe portée par les hommes dans le costume traditionnel grec ;
- la cotte ou cotillon, jupe portée par les paysannes autrefois ;
- le sarong, pièce de tissu que l'on enroule autour du bas du corps et que l'on noue à la hauteur des hanches ;
- le pagne, pièce de tissu, généralement rectangulaire, avec laquelle une personne se couvre les hanches jusqu'aux cuisses ou aux genoux, ou du nombril aux chevilles ;
- le paréo, pièce de tissu coloré, à l'origine tahitien, utilisé comme un pagne, enroulé autour de la taille puis noué.
Jupes pour hommes en Occident
La jupe a toujours été portée par les hommes[11] (pagne égyptien, tunique romaine, etc.). Elle est portée de nos jours dans les pays comme l'Indonésie (sarong) et l'Écosse (kilt) mais a disparu dans de nombreux pays.
La jupe revient progressivement dans la garde-robe masculine, apparaissant dans les collections hommes de couturiers et grands couturiers (Jean Paul Gaultier, Vivienne Westwood, agnès b., Marc Jacobs qui en porte régulièrement lors de ses apparitions publiques, Anderslandinger, Amok, Midasclothing, etc.), voire le cas de danseurs en jupe dans les chorégraphies de Kamel Ouali, Florian Dubos du groupe Kyo en longue jupe noire, David Beckham en sarong, etc.
Comme pour le port du pantalon par les femmes il y a quelques dizaines d'années[12], le port de la jupe par les hommes est aujourd'hui encore source de préjugés (homosexualité, travestisme).[réf. nécessaire]
Après New York, Londres et Madrid qui ont eu leur exposition sur la jupe masculine, c'est au tour d'Ambazac dans la région du Limousin où a lieu en la première exposition bénévole en France sur le sujet[13].
Voir aussi
Bibliographie
- M.N. Boutin-Arnaud et S. Tasmadjian, Le vêtement, Éditions Nathan, 1997 (ISBN 2-09-182472-0)
- Carol Lipton et Patricia Loué-Milanese, Le vêtement féminin : Tome 1, Les bases de jupes, de corsages, de chemisiers et de robes, collection « Devenir modéliste », ESMOD, 2009 (ISBN 978-2909617220)
- Christine Bard, Ce que soulève la jupe : Identités, transgressions, résistances, collection « Mutations », Autrement, 2010 (ISBN 978-2746714083)
Vidéographie
- Éloge de la jupe (Juliette Armanet, Arte France, 2011)
- Sous les pavés, la jupe (Isabelle Cottenceau, Arte France, 2011)
Articles connexes
Notes et références
- Roman clothing
- Roman clothing: Women
- Roman military clothing (3): AD 400-640, Raffaele D'Amato, Graham Sumner, p.18
- The Theodosian Code, C. Pharr, p. 415
- Revue Bleue, politique et littéraire (1863)
- Comment vivent les prêtres : vêtement, logement, traitement, retraite (Cybercuré)
- M.N. Boutin-Arnaud et S. Tasmadjian, Le vêtement, Éditions Nathan, 1997.
- Pierre Bourdieu, « Le Corset invisible : entretien avec Catherine Portevin », Télérama, no 2534, repris sur le site homme-moderne.org.
- Richard Zingoula, Sape et appropriation technologique, Editions Publibook, , 236 p. (ISBN 978-2-342-03637-4, lire en ligne)
- « La jupe plissée », M, le magazine du Monde, semaine du 28 septembre 2013, page 126.
- « L'histoire du port de la jupe par les hommes ».
- « Article : L'histoire résumée du port du pantalon par les femmes »
- « Exposition « Mâles en jupe, bien en Limousin » (francophone et anglophone) »
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