Julien Rochedy

Julien Rochedy, né le à Guilherand-Granges (Ardèche), est un entrepreneur, essayiste et ancien homme politique français.

Julien Rochedy

Julien Rochedy en 2012.
Fonctions
Directeur national du
Front national de la jeunesse

(2 ans, 1 mois et 9 jours)
Prédécesseur Nathalie Pigeot
Successeur Gaëtan Dussausaye
Conseiller municipal de Montélimar

(3 mois et 10 jours)
Élection 23 mars 2014
Maire Franck Reynier
Groupe politique FN-RBM
Successeur Alain Csikel
Biographie
Nom de naissance Julien Louis Rochedy
Date de naissance
Lieu de naissance Guilherand-Granges (Ardèche)
Nationalité Français
Parti politique FN (2006-2007 puis 2010-2014)
Diplômé de Université Lyon III (2007-2010)
Profession Essayiste
Site web rochedy.com

Il milite au Front national de 2006 à 2014, où il assume la fonction de directeur national du Front national de la jeunesse (FNJ) entre 2012 et 2014. Demeurant actif à l'extrême droite, il poursuit ses activités comme entrepreneur et vidéaste ; il crée notamment l'École Major, un institut de formation en ligne.

Situation personnelle

Jeunesse et formation

Julien Rochedy grandit à Tournon-sur-Rhône, dans l'Ardèche. Son père est expert-comptable et sa mère assureuse[1]. Selon lui, son environnement familial n'a pas contribué à sa formation idéologique, il dit s'être « construit tout seul » sur ce plan[2],[3].

Après un passage au collège Notre-Dame  dont il est exclu en classe de quatrième[4]  et au lycée Gabriel-Faure  où il obtient son baccalauréat en 2006  à Tournon[5], il étudie la science politique à l'université Lyon III, où il obtient une licence en science politique et un master 1 en relations internationales en 2009 et 2010[6]. Le sujet de son mémoire est Nietzsche et l’Europe.

À 20 ans, il écrit un essai philosophique, Le Marteau, qui développe « un point de vue nietzschéen » et passe « les valeurs modernes au crible »[2]. Il est également l'auteur d'un roman non publié dans lequel il développe déjà le thème du déclin des sociétés contemporaines[7]. Paul-Marie Couteaux relit et corrige ses manuscrits[7]. Il admire les Hussards, courant de la droite littéraire d’après-guerre[8].

C'est à l'université Lyon III qu'il côtoie des membres du Front national (FN) et est proche du « mouvement social et patriotique » animé par Grégory Gennaro, selon la journaliste Nolwenn Le Blevennec[2]. Il rejoint également l'Union nationale inter-universitaire (UNI) à cette époque[9].

Vie privée

En 2020, il est en couple avec la femme politique, journaliste et philosophe du droit néerlandaise Eva Vlaardingerbroek[10].

Parcours politique

Au sein du Front national

Julien Rochedy au défilé annuel du Front national, le .

Premiers pas

Julien Rochedy s'encarte au FN en 2006, et participe à la campagne de Jean-Marie Le Pen pour l'élection présidentielle de 2007. Se disant « dégoûté que les Français choisissent Sarkozy » à cette élection, il ne renouvelle pas son adhésion l'année suivante.

Il réadhère au parti en 2010, séduit par Marine Le Pen[3]. Lorsque celle-ci prend la présidence du FN au congrès de Tours en 2011, il entre à la direction nationale du FNJ, chargé de la formation politique des jeunes. Quelques mois plus tard, il est nommé porte-parole[2].

Lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2012, Julien Rochedy est président du mouvement « Les Jeunes avec Marine », créé pour l'occasion, et conseiller politique à la jeunesse de Marine Le Pen, ce qui fait de lui un salarié du parti[3].

Scrutins électoraux

Julien Rochedy accompagné des membres du bureau du FNJ lors de la campagne présidentielle de 2012.

Il est candidat aux élections législatives dans la neuvième circonscription du Rhône, et obtient 17,7 % des suffrages exprimés[11].

Aux élections municipales de 2014, Julien Rochedy est tête de liste FN à Montélimar et obtient 18,04 % des suffrages exprimés[12]. Il entre au conseil municipal, avec deux de ses colistiers, le 29 mars 2014, malgré une campagne électorale que Le Dauphiné libéré qualifie d'« intermittente » et un programme qui, toujours selon ce quotidien, « a laissé dubitatif beaucoup de gens, y compris parmi les sympathisants »[13]. Il démissionne quatre mois après[14].

Il figure en treizième position sur la liste d'Aymeric Chauprade à l'occasion des élections européennes de 2014 en Île-de-France[15].

Directeur national du FNJ

Présenté comme le protégé de Marine Le Pen depuis sa création du mouvement « Les Jeunes avec Marine »[16], Julien Rochedy est nommé directeur national du Front national de la jeunesse (FNJ) en . Il apparaît en tant que tel dans les médias au cours de l'automne 2012[17] et publie un communiqué en tant que « directeur du FNJ » dès le 29 août 2012[18]. Plusieurs médias s'intéressent à lui pour son style plus « atypique » que celui que pouvaient avoir précédemment les jeunes du Front national[19].

Il est le créateur de l'affiche du Front national en 2012 intitulée « Choisis ta France » avec, d'un côté, une France des cités et, de l'autre, une France rurale dite des « oubliés »[20].

En 2013, Le Point le présente comme « l'intermédiaire entre les radicaux et un Front national qui se notabilise », ce qu'il dément[16].

En , Julien Rochedy lance, avec les représentants des mouvements jeunesse du FPÖ autrichien, du Vlaams Belang flamand et des Démocrates de Suède, le YEAH, pour « Young European Alliance for Hope » (« Alliance des jeunes Européens pour l'espoir »). Le but premier de cette formation est de faire campagne pour les élections européennes de 2014, en soutien des alliances que le Front national tente d'établir avec d'autres partis eurosceptiques en Europe[21].

Départ du parti

Dès , il annonce à Marine Le Pen qu'il désire quitter la direction du FNJ[réf. nécessaire]. C'est en qu'il est remplacé à la tête du mouvement par Gaëtan Dussausaye[22]. Alors qu'il a peiné à faire consensus à son poste, il est accusé d'inactivité par Wallerand de Saint-Just[23]. Indiquant qu'il se « sentait inutile » au nouveau poste auquel il avait été affecté, « rédacteur pour le projet présidentiel de 2017 », il dit avoir été tenté par une activité professionnelle dans le privé, pour ne plus vivre de la politique[24].

Il annonce, en , qu'il ne souhaite pas poursuivre ses activités au sein du Front national, mais qu'il garde « de bons rapports avec Marine Le Pen »[25]. En , il déclare au journal Le Rouge et le Noir que son départ du FN est également lié à l'arrivée, au sein du parti, de « petits mecs » qui gravitent « autour de Philippot », qui ne « sont pas des hommes selon [son] cœur », mais des « petits avortons », et « à qui vous auriez envie de mettre quelques claques » ; il leur reproche encore d'« attaquer le Menhir »[26],[27]. Le sociologue Sylvain Crépon analyse ses propos comme « la posture virile du nationalisme traditionnel, associant l'homosexualité au féminin et à la faiblesse »[28]. En 2012, il avait indiqué, au sujet de la présence d'homosexuels au siège du FN, que « tout le monde le [savait] » mais « ne [voyait] rien »[29].

Positionnement et prises de position

Sylvain Crépon, spécialiste de l'extrême droite, le décrit comme étant de culture maurrassienne[28]. Il se défend quant à lui d'être maurrassien et dit de Maurras qu'il n’est ni antisémite, ni antijuif mais professe un « antijudaïsme » qui « n’est pas racial »[1]. L'Opinion le qualifie de bonapartiste[30]. Il fait plusieurs fois référence dans ses vidéos à Friedrich Nietzsche, à qui il a consacré un ouvrage[31].

Selon Mediapart, Rochedy « vante [...] la supériorité de la civilisation blanche européenne » dans ses vidéos et « [revendique] fièrement son fascisme », dénonçant la « fachophobie, la discrimination scandaleuse, honteuse, nauséabonde dont sont victimes les fachos », ou considérant qu'« être extrémiste, c’est avoir raison mais en avance »[31]. Il partage, notamment, les contenus en ligne de Fluideracial.com, un site de caricatures xénophobes[32].

Tout en indiquant ne pas connaître « dans le détail » la loi russe qui condamne la « propagande » des « relations homosexuelles non traditionnelles » auprès des mineurs, il se dit plutôt favorable, lorsqu'il est directeur du FNJ, à ce qu'une législation similaire soit appliquée en France[33].

En , il attaque la prise de position d'Aymeric Chauprade qui développe dans un texte sa vision géopolitique pour la France[34].

Le journal Le Monde l'estime proche de Frédéric Chatillon[35].

Militantisme et entrepreneuriat depuis 2014

Après son départ du FN, il intervient lors d'un colloque de l’Action française[35].

En , il rencontre Bachar el-Assad avec une délégation parlementaire française, dans le contexte de la guerre civile syrienne[35].

Libération le présente en comme un « soutien critique » du FN[36]. À la suite de l'échec du FN à l'élection présidentielle de 2017, il manifeste le désir de dépasser les cadres partisans existants pour refonder la droite[37]. En , il participe au lancement des « Amoureux de la France », une plate-forme dont Nicolas Dupont-Aignan est à l'initiative et destinée à rassembler la droite au-delà des clivages partisans[38].

En janvier 2016, il fonde Hétairie, une entreprise « d'import-export de biens d'usage courant ». En 2018, Julien Rochedy, « extrêmement vague sur [les] activités » de cette société selon France Info, indique que son objet s'est depuis redirigé vers « les relations publiques internationales », avec des voyages en Russie, aux Pays-Bas, en Italie et dans plusieurs pays d'Afrique. Dans Marine est au courant de tout… (2017), ouvrage des journalistes Marine Turchi et Mathias Destal, l'entreprise est présentée comme faisant du « conseil en communication »[7].

En 2018, il crée l'École Major, un institut de formation en ligne où il propose, entre autres, des formations masculinistes dont le contenu est, d’après le magazine Slate, « très controversé »[39]. Julien Rochedy assume s'être inspiré du site américain The Art of Manliness (L'Art de la virilité). Le site compte trois à quatre contributeurs dont son ami Christopher Lannes, historien amateur sur TV Libertés. Selon Yves Raibaud, spécialiste de la géographie du genre, avec ce site, Julien Rochedy « fait du ras-le-bol et de l’écœurement de certains hommes après #MeToo et #BalanceTonPorc un fonds de commerce ». Julien Rochedy rejette le qualificatif de masculiniste, qu'il présente comme « entaché par l'idée de la guerre contre les femmes » qu'il dit refuser. Il affirme également que le but de l'École Major n'est « absolument pas de faire de l'argent » ; France Info souligne cependant que « la session « alpha » et ses « quelques centaines » d'abonnés commencent pourtant à rapporter un peu »[7].

Il dispose de 65 000 abonnés sur Twitter et 83 000 sur YouTube en 2019[40], de plus de 100 000 abonnés sur YouTube en 2021[31].

Œuvres

  • Le Marteau : déclaration de guerre à la décadence moderne, Paris, Praelego, , 166 p., 22 cm (ISBN 978-2-8131-0062-7, notice BnF no FRBNF42489261, présentation en ligne)
  • L'Union européenne contre l'Europe (préf. Aymeric Chauprade), Paris, Perspectives libres, , 85 p. (ISBN 979-1090742253)
  • Nietzsche l'actuel : Introduction à la philosophie nietzschéenne, suivi de Nietzsche et l'Europe : Mémoire, auto-édition, 2020, 224 p.
  • L'Amour et la Guerre : répondre aux féministes, auto-édition, 2021, 240 p.

Notes et références

    1. Nolwenn Le Blevennec, « Julien Rochedy, le jeune frontiste qui présente bien », Rue89, (lire en ligne)
    2. Le Blevennec 2011.
    3. Coroller 2012.
    4. Portrait dans Charles.
    5. Florent CHABOUD, « TOURNON-SUR-RHONE (ARDECHE) / Ce Tournonais qui a su séduire Marine », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne, consulté le ).
    6. Antoine Huot de Saint Albin, « Le Supplément : qui est Julien Rochedy, directeur du Front national de la jeunesse ? », sur Terrafemina.com, (consulté le ).
    7. Mathilde Goupil, « Il ne veut pas passer pour "un gros fragile" : comment l'ancien frontiste Julien Rochedy mise sur le masculinisme », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
    8. « Le petit soldat présentable » (consulté le ).
    9. Hurst 2014.
    10. Célina Barahona, « Le féminisme a la sauce Schiappa renforce le nationalisme », sur causeur.fr, (consulté le ).
    11. « Résultats des élections législatives : 9ème circonscription du Rhône », sur Le Monde, (consulté le ).
    12. « Résultats Municipales 2014 à Montélimar », sur Libération.fr, (consulté le ).
    13. David Bonnet, « Reynier : les raisons de la victoire », Le Dauphiné libéré, , p. 9 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
    14. « Montélimar : Julien Rochedy (FN) va démissionner » (consulté le ).
    15. Ministère l'Intérieur, « Résultats des élections européennes 2014 », sur http://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Europeennes/elecresult__ER2014 (consulté le ).
    16. Jean-Michel Décugis et Aziz Zemouri, « Les mauvaises fréquentations de Marion Maréchal-Le Pen », sur lepoint.fr, (consulté le ).
    17. David Doucet, « Les dix nouveaux visages du Front national », sur Les Inrockuptibles.com, (consulté le ).
    18. Julien Rochedy, « Nouveaux programmes d'Histoire : Ils veulent oublier la France ! », sur Front national.com, (consulté le ).
    19. « Le Supplément Politique », sur Canalplus.fr (consulté le ).
    20. « "Choisis ta France" : le Front national pris au jeu de la caricature », sur L'Obs (consulté le ).
    21. E.Pe, « Européennes : les jeunes de quatre partis d'extrême droite s'unissent », sur Le Parisien.fr, (consulté le ).
    22. « Nomination », sur Front national.com, (consulté le ).
    23. Hélène Sergent, « Gaëtan Dussausaye (FNJ), le bon petit gars de la Marine », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
    24. « Rochedy a quitté le FN à cause «des petits mecs» qui gravitent «autour de Philippot» » (consulté le ).
    25. « L'ancien président du FNJ Julien Rochedy menace de "l'ouvrir" si "les petits mecs du FN" le "titillent" trop - Le Lab Europe 1 » (consulté le ).
    26. Samengrelo, « Julien Rochedy et le Front National », lerougeetlenoir.org.
    27. Marie-Pierre Bourgeois, Rose Marine : enquête sur le FN et l'homosexualité, Paris, Le Moment, , 221 p. (ISBN 978-2354174927), p. 12-13.
    28. Sylvain Crépon, « La politique des mœurs au Front national : sociologie d'un parti politique », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-Semblants du Front national, Presses de Sciences Po, (lire en ligne), p. 203.
    29. Nolwenn Le Blevennec, « Mariage gay : au FN, les homos se taisent, comme d’habitude », sur rue89.nouvelobs.com, (consulté le ).
    30. « Julien Rochedy ne veut plus voir «les petits mecs» qui arrivent au Front national », L'Opinion, (lire en ligne, consulté le )
    31. Lucie Delaporte, « Les youtubeurs de la haine: un néofascisme débonnaire », Mediapart, (lire en ligne, consulté le )
    32. Adrien Sénécat, « La galaxie Suavelos, vitrine d’un racisme décomplexé », sur lemonde.fr, (consulté le ).
    33. Maëlle Le Corre, « Le directeur du FNJ favorable à une loi pénalisant la «propagande» LGBT à l’école », sur Yagg.fr (consulté le ).
    34. Abel Mestre et Caroline Monnot, Comment Alain Soral veut évincer Aymeric Chauprade du FN, blog « Droites extrêmes » de journalistes du Monde, .
    35. Matthieu Goar, « Quand une délégation de politiques français trouve Bachar Al-Assad « plus détendu », sur lemonde.fr, (consulté le )
    36. Dominique Albertini, « Au FN, l’heure des règlements de comptes », sur oeilsurlefront.liberation.fr, (consulté le )
    37. Tugdual Denis, « Droite, année zéro », Valeurs actuelles, no 4200, , p. 14-16 (lire en ligne).
    38. Hadrien Mathoux, « Dupont-Aignan, Poisson et Emmanuelle Ménard lancent leur union des droites... snobée par les droites », sur marianne.net, (consulté le ).
    39. « J’ai suivi un cours masculiniste à l’École Major de Julien Rochedy. », sur Slate.fr,
    40. Youness Bousenna, « Julien Rochedy, l’ex-cadre FN qui a peur de la “féminisation du monde” », sur telerama.fr, (consulté le ).

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