Jules Leleu

Jules-Émile Leleu, né à Boulogne-sur-Mer le et mort à Paris le , est un créateur et décorateur français qui s'est illustré durant la période Art déco.

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Biographie

La maison Leleu (Musée des années 30, Boulogne-Billancourt)
La maison Leleu (Musée des années 30, Boulogne-Billancourt)
La maison Leleu (Musée des années 30, Boulogne-Billancourt)

Débuts

Jules-Émile Leleu étudie aux Beaux-Arts à Boulogne-sur-Mer puis le trompe-l'œil à Bruxelles[1].

En 1909, il succède à son père dans l’entreprise de peinture que celui-ci avait fondée en 1882. Associé à son frère Marcel, il ajoute une branche « décoration » à l’activité de l’entreprise et crée en 1910 un atelier d’ébénisterie.

Les deux frères sont mobilisés en 1914, Marcel dans la DCA et Jules dans l’aviation. À son retour en 1918, Jules se spécialise dans la création de meubles et devient un des premiers officiers de l’Ordre des Arts et Lettres, en raison de ses connaissances dans le milieu artistique. La maison prend nom de « Leleu Frères » et acquiert en 1920 un hôtel particulier de trois étages à Boulogne-sur-Mer. Aménagé en magasin d’exposition, il est tenu par l’épouse de Jules, Julienne. Jules Leleu participe régulièrement dans les salons, mais ses créations ne portent pas encore l’empreinte d’un style Leleu. En 1924, il s’installe à Paris dans le 8e arrondissement.  

Cette famille de décorateurs, de créateurs et d'ensembliers est au sommet de la décoration française durant deux périodes très fécondes du XXe siècle : les années 1920-1948 sous la houlette de Jules Leleu, puis les années 1948-1970 sous la direction de son fils André Leleu, de sa sœur Paule, créatrice des tapis et leur frère Jean Leleu.

Années 1920-1948

À l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, il expose une salle à manger qui lui rapporte un Grand prix[N 1]. Parmi les meubles présentés à cette exposition figure une commode actuellement dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York.

En 1926, Jules Leleu ouvre une nouvelle activité dans le cadre de sa maison : l’aménagement de paquebots (il participe à l’aménagement de 17 paquebots et de quelques cargos)[2]. La Cie Générale Transatlantique lui commande l’installation et la décoration du salon de lecture et d’écriture du paquebot « Île-de-France » - ambassadeur du style « Art Déco » français vers les États-Unis. Leleu participe à la décoration de salons du paquebot « Atlantique » (1928-1930) destiné aux lignes de l’Amérique du Sud. Les aménagements de ce bateau préfigurent le paquebot « Normandie » de 1935[N 2].

Dès 1930, Jules Leleu fait participer sa fille Paule qui deviendra une créatrice de textiles et tapis[N 3]. Un département « tissus - papier-peint » ouvre quelques années plus tard, dont certaines collections furent imprimées par la maison Follot.

Leleu réalise l’installation d'ambassades françaises et étrangères, et travaille pour le Prince Pierre de Monaco, le Prince Takatma Tsu du Japon, le Roi du Roumanie. Il réalise le salon français[3] du Palais des Nations pour la Société des Nations à Genève – devenu l’Office des Nations unies – conservé jusqu’à ce jour dans son état d’origine. Avec son fils André, Jules Leleu réalise l’aménagement, pour l’Armée de l’Air, du sanatorium Martin de Janville. Le mobilier dessiné d’après des modelés en bois fut réalise en tôle pliée et laquée par l’atelier Jean Prouvé qui apporte son savoir-faire à Jules Leleu dans la réalisation de meubles économiques.

Années 1948-1970

Après la guerre, la Maison Leleu prend encore plus d’ampleur. Parmi les projets les plus connus, on peut citer celui des compagnies maritimes pour l’aménagement des bâtiments de leur flotte ou encore la salle à manger privée du Palais de l’Élysée (sur la demande du Président Vincent Auriol). En 1951, il est fait appel à ses conseils à l'occasion de la construction du paquebot de croisière Flandre. En 1954 la SNCF confie à Leleu l’aménagement du train présidentiel inauguré par le président René Coty. Mamie Einsenhower, l’épouse du Président américain Eisenhower, vient elle-même choisir le mobilier chez Leleu pour leur résidence française. C'est à cette époque que Leleu s'installe à New York dans le quartier chic de l'Upper East Side à côté de Baccarat avec qui la Maison LELEU s'y est associée.

La Compagnie Générale Transatlantique qui entreprend la construction du paquebot « France » confie à la Maison Leleu la bibliothèque, le salon de lecture et d’écriture et le salon de bridge. En 1957, les aménagements de la villa « Medy Roc » au Cap d’Antibes sont confiés à Leleu. En 1962 le Président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, demande à Leleu l’aménagement de la grande salle à manger, la chambre à coucher de Madame la Présidente, et la chambre à coucher du Président réalisée en galuchat.

Le Salon des industries du commerce de Bureau (SICOB) s'installe au C.N.I.T. à la Défense en 1958. Leleu y présente chaque année une création différente pendant une dizaine d’années.

En 1961, Jules Leleu meurt dans un accident de la circulation.

Fin de la Maison Leleu

La direction de la Maison reste familiale. La clientèle particulière se fait plus rare, mais les bureaux prennent la relève. Les administrations telles que le Palais des Congrès de Versailles, et banques comme la Société Générale, la Banque Populaire et des sociétés comme la Librairie Larousse et la Librairie Hatier sont aménagées et décorées par la Maison Leleu.

Le Shah d'Iran désire célébrer l'anniversaire des 2500 ans de l'empire perse. La conception et la décoration du "camp", cadre de cette fête, déployé sur 64 hectares au pied des ruines de Persépolis, est confiée à la Maison Jansen, qui pour cette occasion fusionne avec la Maison Leleu fondant la "Société Nouvelle Jansen".

En 1973, c'est l'ère du design, l'emploi de matériaux différents, l'oubli du bois au profit du verre et de l’acier, l’abandon des formes chantournées au profit de lignes pures. Les stocks de bois précieux dont les débouchés sont moins réguliers deviennent difficiles à gérer. La décoration telle que la conçoit Leleu dans son souci extrême du détail et sans préoccupation de prix de revient devient un luxe inaccessible et anachronique. Après 50 ans d'activité, la fermeture de cette maison tourne une page dans le domaine de l'art décoratif.

Le renouveau de la Maison Leleu

En 2017, l'arrière petite-fille de Jules, Alexia Leleu, relance la création Leleu. Elle poursuit l’œuvre familiale grâce à l’adaptation sur mesure des tapis iconiques de la Maison[4],[5].

Musées possédant des pièces de Leleu

Prix et récompenses

Notes et références

Notes

  1. G. Remon écrit dans la revue Mobilier et Décoration d’août 1925 « Jules Leleu peut tenir pour l’un des plus sûrs artisans du beau meuble »
  2. Les deux paquebots furent détruits par un incendie peu après.
  3. Certainement motivée par Da Silva Bruhns, grand ami de Jules

Références

  1. « Le jour où : Jules Leleu, le style,l’art, la matière », sur lavoixdunord.fr, (consulté le )
  2. Emilie Tillier, Leleu, décorateur de paquebots : (1927-1964), Paris, Université Paris-Sorbonne. UFR Art et archéologie,
  3. Appelé aujourd'hui salon Leleu.
  4. « La Maison LELEU », sur MAISONLELEU (consulté le ).
  5. « La Maison LELEU | Maison de Décoration Fondée par Jules LELEU en 1910 », sur La Maison LELEU | Maison de Décoration Fondée par Jules LELEU en 1910 (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Viviane Jutheau, Jules et André Leleu, Paris, Éditions Vecteurs, 1989.
  • Leleu : 50 ans de mobilier et de décoration, 1920-1970 (exposition, Roubaix, La Piscine, -, Boulogne-Billancourt, Musée des années 1930, -), catalogue par Françoise Siriex, Bruno Foucart, Yves Badetz, et al., Paris, Somogy, 2007.
  • Françoise Siriex, Leleu, décorateurs ensembliers, Ed. Monelle Hayot, Saint-Rémy-en-l'Eau, 2007.
  • Emilie Tillier, Leleu, décorateur de paquebots : (1927-1964), Mémoire de maîtrise en Histoire de l'art, sous la direction de Bruno Foucart. Université Paris-Sorbonne. UFR Art et archéologie, 2001.
  • Interview avec Françoise Siriex par Yana Mihailuka (Galerie Lefebvre) Paris, 2014.

Liens externes

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