Joshua Slocum

Joshua Slocum, est né le sur la baie de Fundy (colonie britannique de Nouvelle-Écosse), juste au nord de l’actuelle frontière entre les États-Unis et le Canada, et disparu en mer le . Il se fait naturaliser américain à 25 ans et change l'orthographe de son nom de Slocombe en Slocum (phonétiquement presque identique en anglais). Il est le premier navigateur à avoir réalisé le tour du monde en solitaire à la voile[1]. Le récit de sa circumnavigation sur le Spray, un sloop en bois de 37 pieds, a inspiré de nombreux navigateurs contemporains.

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Biographie

Une vie de marin

Joshua Slocum est né le à Mount Hanley (comté d'Annapolis, Nouvelle-Écosse, sur la côte atlantique de l’actuel Canada), dans une famille traditionnellement tournée vers les métiers de la mer. C'est le cinquième des onze enfants de John et Sarah Jane Slocombe. Dès l'âge de 12 ans, il embarque comme mousse sur les bateaux de pêche de la baie de Fundy. À 16 ans, devenu orphelin, il gagne le Royaume-Uni où il embarque comme simple marin sur le vaisseau britannique Tanjore. Il gravit les échelons à bord de voiliers desservant les routes maritimes entre le Royaume-Uni et l'Extrême-Orient. On le retrouve second sur des vaisseaux britanniques transportant des cargaisons de charbon et de céréales entre les îles britanniques et San Francisco. En 1865, il s'installe à San Francisco et demande la nationalité américaine. En 1869, à l'âge de 25 ans, il prend le commandement d'une goélette assurant la route entre San Francisco et Seattle.

Slocum va passer la majorité des 25 années suivantes sur la mer, essentiellement dans le Pacifique. En 1870, il se rend avec le trois-mâts barque Washington à Sydney en Australie. Là, il fait connaissance de Virginia Albertina Walker, une Américaine, qu'il épouse le . Il aura 7 enfants de ce mariage. Plus tard, le Washington, drossé sur la côte de l'Alaska, fait naufrage. Joshua Slocum construit une baleinière et ramène son équipage sain et sauf à Kodiak. Cette péripétie, loin de lui nuire, renforce sa réputation de marin accompli et il obtient par la suite le commandement de plusieurs navires.

En 1875, il devient propriétaire d'un petit bateau puis du Northern Light, qui était, selon Slocum, le « meilleur voilier américain qui soit ». Mais en 1884, il doit vendre son navire qui a besoin de réparations qu'il ne peut payer : le temps des grands voiliers, désormais concurrencé par les navires à vapeur, touche à sa fin.

En 1884, il achète le petit trois-mâts barque l' Aquidneck de 326 tonneaux et se rend à Buenos Aires ; sa femme décède dans cette ville le . En 1885, il se remarie avec Henrietta M. Elliott. Fin 1887, l'Aquidneck, qui n'est pas assuré, s'échoue sur un banc de sable devant le village de Guarakasava au Brésil. Le navire est perdu mais l'équipage et la famille de Slocum qui était à bord en réchappent. Slocum décide alors de construire sur place un bateau de 35 pieds (10,77 mètres) portant un gréement de sampan sur lequel lui et sa famille embarquent et regagnent New York. Slocum relata cette aventure dans un livre Voyage of the Liberdade qui rencontra peu de succès.

Slocum se retrouve en 1890 à Boston, sans emploi comme de nombreux capitaines de voiliers. Il travaille quelque temps dans un chantier naval tandis que sa femme prend un emploi de couturière. Durant l'hiver 1892, son ami, le capitaine de baleinier Eben Pierce, lui fait cadeau d'un ancien bateau de pêche aux huîtres, gréé en sloop, qui avait besoin de « quelques réparations ». Le Spray, long de 11,2 mètres et large de 4,3 mètres, est en réalité une épave gisant depuis 7 ans en plein champ. Slocum, qui envisageait une reconversion dans la construction navale, décide alors de le reconstruire complètement, ce qu'il accomplit au prix d’un travail de treize mois et, nous précise-t-il, d'une dépense de 553,62 dollars. Ce bâteau sera alors son seul bien et son seul domicile[2].

Sur son nouveau bateau, il entame une saison de pêche peu fructueuse. Il décide alors d'exploiter les talents acquis au cours de sa longue vie de marin et devenus brutalement obsolètes. Il fera ce que personne n'avait jamais réalisé : un tour du monde en solitaire qui durera trois ans et deux mois, d’avril 1895 à juin 1898[3].

La circumnavigation du Spray

Par l'est ou par l'ouest

Le , Slocum quitte le port de Boston à bord du Spray pour entamer son tour du monde[4]. Il parachève d'abord l'équipement de son bateau en cabotant le long de la côte est des États-Unis puis s'élance dans l'océan Atlantique depuis Yarmouth. Il envisage alors un tour du monde vers l'est via le canal de Suez. Il atteint Horta sur l’île de Fayal (archipel des Açores) puis Gibraltar le . Dans cette importante place forte britannique, il reçoit un accueil chaleureux des autorités navales. Mais là on le convainc que la piraterie qui sévit en Mer Méditerranée constitue un risque trop important pour un navigateur solitaire. Il sera d'ailleurs pourchassé au départ de Gibraltar par une felouque qu'il n'arrivera à distancer que grâce à un coup de vent providentiel. Il décide alors de changer ses plans et de faire le tour par l'ouest en passant dans l'hémisphère sud. De Gibraltar, il prend la direction du sud-ouest vers l'île de Fuerteventura dans les îles Canaries puis les îles du Cap-Vert, franchit l'équateur et aborde le Brésil au Pernambouc.

Le franchissement du détroit de Magellan

Après des escales à Rio de Janeiro, Montevideo, Buenos Aires et Punta Arenas, il s'élance dans le détroit de Magellan, redouté pour ses coups de vent. Ayant réussi à le franchir et à atteindre le Cap Pilar le , il est rejeté dans le détroit par une tempête : ce n'est que 40 jours plus tard qu'il peut enfin s'échapper vers l'Océan Pacifique. Un des épisodes les plus connus de son voyage se déroule durant son séjour forcé dans le détroit. Des indigènes fuégiens, qui veulent s'emparer de ce bateau au mouillage piloté par un homme seul, montent de nuit sur le pont du Spray. Mais Slocum, conseillé par des marins locaux, a répandu des clous de tapissier sur le pont et il est réveillé par les cris de douleur de ses assaillants se jetant à l'eau.

Dans le Pacifique

Slocum était un lecteur passionné et, au cours de sa traversée du Pacifique, il fait escale dans l'île de Juan-Fernandez (où vécut Alexandre Selkirk qui inspira le personnage de Robinson Crusoé) et dans les Samoa, où il rencontre la veuve de l'écrivain Robert Louis Stevenson (celle-ci lui confiera des guides nautiques ayant appartenu à son mari). Il atteint Newcastle sur la côte est de l'Australie en . Il va séjourner six mois dans ce pays, visitant Sydney, Melbourne et la Tasmanie. Le , il reprend sa croisière, remonte vers le nord en longeant la grande barrière de corail, puis traverse l'océan Indien. Après une navigation particulièrement rapide, il fait de longues escales aux îles Cocos () et à l'île Maurice (), en passant par l'île Rodrigues, car il souhaite éviter d'arriver durant l'hiver en Afrique du Sud.

Il arrive en Afrique du Sud le et va y séjourner plusieurs mois. Comme partout, il est accueilli avec bienveillance et reçu par les notables : présenté à Kruger, président de la république du Transvaal, comme un marin faisant un voyage autour du monde, ce dernier rétorque « c'est impossible ! vous voulez dire sur le monde », car il croyait que la terre était plate[réf. nécessaire].

La remontée de l'Atlantique

Slocum reprend la mer le , fait escale dans l'île Sainte-Hélène (), l'île Ascension () et enfin l'île de la Grenade le . Durant sa traversée, il découvre, par des signaux que lui adresse un navire de guerre américain, que la guerre vient d'éclater entre l'Espagne et les États-Unis et il redoute un moment une mauvaise rencontre avec un navire ennemi.

Après de courtes escales à la Dominique et à Antigua, il appareille pour la dernière traversée. Arrivé au large de New York, il essuie une des pires tempêtes de son périple, qui l'oblige à mouiller une ancre flottante. Le , après avoir franchi un barrage de mines en empruntant un passage au milieu des hauts fonds, Slocum jette l'ancre dans le port de Newport après un périple de 46 000 milles.

Épilogue

Slocum conclut son récit par ces mots :

« ... Si le Spray n'a rien découvert au cours de son voyage, c'est parce qu'il n'y a sans doute plus rien à découvrir maintenant ; d'ailleurs il ne cherchait aucun nouveau continent. Trouver sa route vers des pays déjà connus est un bon travail, et le Spray fit malgré tout une découverte : c'est que la mer la plus démontée n'est pas si terrible pour un petit bateau bien conduit... En examinant ce qui m'a conduit au succès, je vois un assortiment (pas trop complet...) d'outils de charpentier, une horloge en fer blanc, et des semences de tapissier. Mais ce qui compte le plus est l'expérience acquise pendant mes années de navigation, où j'appris avec ardeur les lois de Neptune, afin de m'y conformer exactement en traversant seul les océans... »

Les dernières années

En 1899, Slocum publie le récit de son voyage qui devient rapidement un succès de librairie. En 1902, il achète une ferme dans l'île Martha's Vineyard, dans laquelle il semble vouloir s'installer définitivement.

En novembre 1909, âgé de 65 ans, il appareille sur le Spray de Bristol (Rhode Island) pour une longue croisière qui devait l'amener jusqu'à l'Orénoque et l'Amazone. On ne le reverra plus. Il disparaît entre le triangle des Bermudes et le Delta de l'Orénoque[5].

Seul autour du monde

Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres relate la longue route qu'il fit de 1895 à 1898. Loin de la course à sensation qu'est devenue la navigation de plaisance, le capitaine Slocum nous emmène à bord du Spray découvrir à quelques nœuds un monde qui est à l'époque en train de passer de la voile à la marine moderne.

Dans les années 1960, le marin français Bernard Moitessier baptisa son ketch de 39 pieds Joshua en hommage au navigateur. C'est sur ce bateau que Moitessier participa à la première course en solitaire autour du monde, le Golden Globe, qu'il abandonna en cours de route pour continuer jusqu'à Tahiti, effectuant un tour du monde et demi en solitaire et sans escale.

Publications

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Bibliographie en anglais et entrée vers les livres en texte intégral
  • Alexandre Boussageon, Porté disparu. L'étrange destin de Joshua Slocum, Paris, Paulsen, 2016, 157 p. (ISBN 9782916552804)

Articles connexes

Liens externes

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