Joseph Claude Marie Charbonnel

Joseph Claude Marie Charbonnel, né le à Dijon, mort le à Paris), Comte de Salès et de l'Empire, est un général français de la Révolution et de l’Empire.

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Joseph Claude Marie Charbonnel

Naissance
Dijon
Décès  70 ans)
Paris
Origine France
Allégeance  République française
Empire français
 Royaume de France
 Empire français (Cent-Jours)
 Royaume de France
 Royaume de France
Arme Artillerie
Grade Général de division
Années de service 1792 – 1840
Conflits Guerres de la Révolution
Guerres napoléoniennes
Distinctions Comte de l'Empire
Grand-croix de la Légion d'honneur
Chevalier de Saint-Louis
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 32e colonne.
Autres fonctions Pair de France

Biographie

Entré à l’école militaire de Châlons, il en sort dans l'artillerie et est envoyé à l’arsenal d’Auxonne en 1792.

Période révolutionnaire

Quoique livré tout entier à ses fonctions, il ne peut échapper aux proscriptions du moment, et est destitué par les Représentants Bassal et Bernard de Saintes, en mission dans les départements de la Côte-d'Or et du Doubs.

Réintégré parce qu'on manque d'officiers de son arme, il fait ses premières armes au siège de Lyon en 1793, puis est envoyé au siège de Toulon en qualité de lieutenant, et gagne devant cette dernière place les épaulettes de capitaine en repoussant les Anglais qui voulaient surprendre les Îles d'Hyères.

Il passe alors comme capitaine à l'armée des Alpes, puis à celle du Rhin où il commande la 3e division d'artillerie. Il dirige les batteries devant Luxembourg, où il est cité avec éloge et assiste au siège devant Ehrenbreitstein.

Campagne d'Égypte

Désigné pour l'expédition d'Égypte, il est embarqué à bord du vaisseau le Généreux, concourt à la prise de Malte le et à celle d'Alexandrie le , se bat à Chebreiss le et aux Pyramides le .

Après la prise du Caire, la 2e division de l’armée d’Orient, dont il commande l’artillerie, ayant suivi les débris des Mamelouks d’Ibrahim Bey, jusqu’aux confins du désert, il revient, après l’affaire de Matairé, au Caire où il est chargé du commandement de l’artillerie de cette place, et de l’armement du château, ancienne résidence des khalifes.

Après avoir armé le château et mis en état de défense les bouches du Nil, Charbonnel est atteint à Rosette, d'une ophthalmie et d’une dysenterie des plus graves. Son état empirant de plus en plus par la continuation de son séjour au milieu des sables de l’Égypte, il reçoit l’ordre de se rendre à Malte, qui est menacée par les Anglais.

Capture et détention

Son bâtiment est capturé par un corsaire de Tripoli, entre Malte et les côtes de Sicile, et conduit dans les eaux de l’Albanie où la France est en guerre avec l'empire ottoman. Il est remis à Ali Pacha de Janina par le chef de l’équipage du corsaire barbaresque, qui entre au service d'Ali. Avec d'autres Français capturés sur le même navire (Julien Bessières, Poitevin), il est conduit à Janina. Au bout d’un certain temps, l’air salubre de l’Épire contribue à le guérir de sa dysenterie, et son ophtalmie prend un caractère moins grave. Retenu par Ali, il peut après quelques mois assister avec lui à deux expéditions contre Ibrahim Pacha de Delvinë, et doit mettre à son service ses connaissances en artillerie, participant par exemple aux opérations contre les Souliotes en établissant des batteries.

Les consuls anglais et russe à Corfou lui offrent le moyen de s'évader en lui envoyant un bâtiment neutre, qui après l'avoir embarqué à Aya-Savacéda le mène dans la capitale des îles Ioniennes. Son séjour dans cette île ayant été connu du chef turc qui y commande, il y est arrêté et conduit à Constantinople, où il reste libre sur parole. Enfin, après quatre mois de séjour dans la capitale ottomane, il peut se rendre sur les côtes de la mer Adriatique par terre, en traversant à cheval diverses contrées qu’aucun voyageur français n'a jusqu'alors parcourues. Arrivé à Scutari, il s’embarque pour Raguse, et se rend ensuite en France, en traversant l’Italie.

Retour en France

Le gouvernement consulaire le nomme lieutenant-colonel, puis colonel du 6e régiment d'artillerie légère, chef d'état-major au 32e avec lequel il fait les campagnes de 1805 en Autriche et 1806 en Prusse et de Pologne et se distingue à Iéna. Aux passages de l'Oder, de la Vistule, de la Narew, du Bug, partout il donne des preuves d'habileté et de courage. Blessé au-dessus du genou au passage du Bug, il suit quand même l'armée en Pologne, se bat à Eylau et commande le bombardement de Kœnigsberg.

La capitulation de cette place lui vaut la plaque de commandeur de la Légion d'honneur, et le titre de baron de l'Empire le , ainsi que le grade de général de brigade le . Il participe encore aux batailles d'Eckmühl, de Ratisbonne, et d'Essling.

À la conclusion de la paix, il est nommé par le chef du gouvernement pour présider la commission française chargée, d’après l’article 4 du Traité de Schönbrunn, de délimiter de concert avec une commission autrichienne, les nouvelles frontières entre la Bavière et l'Autriche. Cette mission importante n’étant point encore terminée, lorsqu’il reçoit l’ordre de se rendre en Espagne.

De là, il se rend en Espagne à la tête de l'artillerie du corps d'armée du Maréchal Ney, prend part au siège d’Almeida, aux combats de la Sierra d'Alcola, de Miranda do Corvo, de Fuentes de Oñoro. Après des preuves de courage qui lui valent les éloges du commandant en chef, il revient en France et suit la Grande Armée en Russie en qualité de chef d'état-major général d'artillerie. Il se bat à Witepsk, à la Moskova, puis court munir d'artillerie la place de Dantzig.

Nommé général de division le , à la suite des mesures qu'il sait prendre après la retraite de Moscou, il est attaché encore au corps de Ney avec lequel il prend part aux batailles de Lützen et de Bautzen, et combat sur le Bóbr, à Görlitz et à Leipzig.

Battu à Leipzig, à la tête des débris de l'armée de Silésie, il fait la campagne de France (1814) et est présent à Arcis-sur-Aube, à Montereau, à La Ferté-sous-Jouarre et à Nogent. Il a été créé comte de Salès et de l'Empire par lettres patentes du .

À la restauration du trône des Bourbons, il est nommé inspecteur-général de l'artillerie pour le service des forges et des fonderies, et président de la commission mixte à laquelle est confiée l'étude de «l'approvisionnement de nos places de guerre, et des moyens d'armement à créer sur nos frontières pour un système offensif et défensif».

Propriétaire du château Charbonnel à Is-sur-Tille (Côte-d'Or), il est élu maire des Issois du au . Il a été reçu Grand-croix de la Légion d'honneur le .

Placé dans la seconde section du cadre de réserve en 1840, le gouvernement de Juillet l'appelle à la pairie le . Il monte quelquefois à la tribune, par exemple lors de la discussion du projet de loi sur la chasse le , et comme rapporteur du projet d'établissement d'un port à Saint-Nazaire le .

Il meurt le à Paris, à l'âge de 70 ans, et est inhumé en la chapelle Saint-Charles au cimetière d'Is-sur-Tille auprès de sa fille Caroline, morte très jeune.

Famille

Fils du légitime mariage de Jean-Baptiste Charbonnel (1737 † 1824), avocat au Parlement de Bourgogne (1757), échevin de Dijon, président du Tribunal civil de Dijon (1812), conseiller à la Cour (1816), officier de la Légion d'honneur, et de Marcelline Finot ; il se marie en 1831 avec Mélanie-Clémentine-Antoinette (1805 † 1874), fille du Général Gudin de La Sablonnière. De leur union naîtra Caroline (1832 † 1839[1]), inhumée en la chapelle Saint-Charles au cimetière d'Is-sur-Tille.

État de service

  • Élève à l’École militaire de Châlons ;
  • Sous-lieutenant dans le corps de l’artillerie le  ;
  • Destitué par les représentants en mission ;
  • Réintégré en qualité de lieutenant d’artillerie le  ;
  • Capitaine en 1793, confirmé le  ;
  • Chef de bataillon, nommé sur le champ de bataille des Pyramides, en Égypte le  ;
  • Lieutenant-colonel, major du 1er régiment d’artillerie en 1800 ;
  • Chef d'escadron le  ;
  • Chef de bataillon le  ;
  • Colonel du 6e régiment d'artillerie légère (ou à cheval) en 1802 ;
  • Chef d’état-major (1805) puis commandant de l'artillerie du 3e corps de la Grande Armée du au  ;
  • Général de brigade d’artillerie le  ;
  • Commandant de l'artillerie du 5e corps de l'armée d'Espagne du au  ;
  • Commandant de l'artillerie du 6e corps de l'armée du Portugal du au  ;
  • Commandant de l'École d'artillerie de Grenoble du au  ;
  • Chef d'état-major de l'artillerie de la Grande Armée du au  ;
  • Général de division le  ;
  • Commandant de l'artillerie du 3e corps de la Grande Armée du au  ;
  • Commandant de l'artillerie du 2e corps de la Grande Armée du au  ;
  • Inspecteur général du 5e arrondissement d'artillerie (Côtes de l’Océan et places de l’Est) à la première Restauration du au  ;
  • Commandant de l'artillerie de la 13e division militaire du au  ;
  • Commandant de l'artillerie de l'armée des Alpes du au  ;
  • Membre du Comité central d'artillerie du au  ;
  • Inspecteur général de l’artillerie pour le service des forges et des fonderies le  ;
  • Membre du Comité central et consultatif de l'artillerie du royaume du à  ;
  • Mis en disponibilité de au  ;
  • Inspecteur général du 5e arrondissement d'artillerie du au  ;
  • Inspecteur général du 6e arrondissement d'artillerie du au  ;
  • Inspecteur général du 5e arrondissement d'artillerie 1833 au  ;
  • Membre du Comité consultatif de l'Artillerie du au  ;
  • Inspecteur général du 3e arrondissement d'artillerie du au  ;
  • Inspecteur général du 1er arrondissement d'artillerie du au  ;
  • Inspecteur général du 5e arrondissement d'artillerie du au  ;
  • Inspecteur général du 4e arrondissement d'artillerie du au  ;
  • Placé dans la 2e section de réserve le .

Campagnes

Faits d'armes

  • Siège de Toulon (1793) : Employé à l’armement et à la défense des Îles d'Hyères, il parvient, avec quelques hommes à repousser une descente des Anglais. Son action lui mérita les éloges du général en chef de l’artillerie Dommartin, qui l’attacha à son état-major, et lui fait obtenir le grade de capitaine.
  • Siège de Luxembourg (1794-1795) : Chargé du commandement de l’attaque dirigée contre cette importante forteresse. Le , la garnison, plus nombreuse que l’armée assiégeante, effectua une nouvelle sortie : l’une des batteries qu'il commande rend de grands services, et est citée de la manière la plus honorable par le général Hatry, qui commandait en chef.
  • Chargé de la construction des ponts sur la Narew et sur le Bug au mois de  : en présence de l’armée russe, il fait construire ces ponts avec célérité, malgré les glaces que charriaient ces rivières, le peu de moyen qu’offrait le pays, et les difficultés de ce climat rigoureux dans une telle saison.
  • À Rediecha, où le 6e corps du maréchal Ney qui a à soutenir tous les efforts de l’armée de Wellington, l’artillerie de ce corps, aux ordres de Charbonnel, est citée avec les plus grandes éloges par le maréchal, qui demande pour lui le grade de général de division.

Blessures

  • Il est atteint d’une balle au-dessus du genou droit, lors du passage de la Grande Armée sur les rivières Narew et Bug, qui s’effectua de vive force, en .

Décorations

Titres

  • Baron de l'Empire par lettres patentes du  ;
  • Comte de l'Empire par lettres patentes du .

Hommage, Honneurs, Mentions,...

  • À la veille de son décès, dans son testament, il rajoute deux articles dans le partage de sa succession, laissant à son épouse Mélanie la somme de 40 000 francs francs pour la création d'un asile (actuellement Salle Charbonnel) dans la commune d'Is-sur-Tille ; 600 francs de rente perpétuelle pour l'entretien de cette salle et une rente perpétuelle de 200 francs pour les plus démunis de cette commune :

« Le lieutenant général Charbonnel est devenu le , propriétaire du château de la ville d'Is-sur-Tille, puis maire des Issois, du au . Il a le malheur de perdre sa fille, Caroline, alors qu'elle n'a que 12 ans. Ce sont, sans aucun doute ces trois raisons qui le poussent à faire une donation à la ville, mentionnée à la veille de sa mort. Ce vœu est conforme à une ordonnance royale qui reconnait l'existence d'un établissement d'asile destiné à recevoir les filles et les garçons de 2 à 6 ans où seraient donnés les soins nécessités par leur âge, pendant les heures de travail de leurs parents (Le Bien public, ). »

Noms gravés sous l'arc de triomphe de l'Étoile : pilier Ouest, 31e et 32e colonnes.
  • Le nom de Charbonnel est gravé au côté Ouest (32e colonne) de l’arc de triomphe de l’Étoile, à Paris ;
  • Un tableau représentant le général Charbonnel est conservé dans la salle du conseil municipal de la mairie de Is-sur-Tille (Côte-d'Or). Cette peinture à l'huile, du peintre Félix Frillié (1821 - Dijon † 1863 - Is-sur-Tille), qui mesure 2,50 m de hauteur par 1,80 m de largeur, représente, selon la veuve du général, avec une parfaite ressemblance les traits du général Charbonnel.

Autres fonctions

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du baron Charbonnel et de l'Empire (décret du , lettres patentes de (Palais de Saint-Cloud))

D'azur; au casque taré de front et grillé d'or, panaché de six plumes d'autruche de sable, accompagné à dextre d'une épée en pal d'argent, et à sénestre d'un bouclier incliné d'argent chargé d'une tête de lion au naturel, surmontée de deux tourterelles affrontées aussi au naturel; quartier des barons militaires.[2],[3]

Livrées : bleu, jaune, blanc, et noir[2].

Armes du comte de Salès et de l'Empire (lettres patentes du )

D’azur au casque taré de front et grillé d’or, panaché de 6 plumes d’autruche de sable, accosté à dextre d’une épée haute d’argent, à senestre d’un bouclier incliné d’argent chargé d’une tête de lion au naturel, senestré d’une lance en pal de sable surmonté de 2 tourterelles affrontées au naturel ; au chef tiercé en pal : 1) d’azur à l’épée haute d’argent, montée d’or ; 2) de gueules au sautoir d’argent, cantonné de 3 étoiles d’argent et d’un croissant du même ; 3) d’or accosté à dextre de 3 foudres de gueules, à senestre d’une muraille de sable.[4],[5],[6]

Annexes

Articles connexes

Liens externes

    Bibliographie

    Notes et références

    1. Décédée le d'après son acte de décès figurant aux archives départementales de la Côte d'Or http://www.archinoe.net/v2/ark:/71137/g264421eb0f4085066818d3efc8ad69f8/c5d91615aff5048f252d57788f9f0c85/303. Certains documents indiquent l'année 1844, sans préciser leur source
    2. PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).
    3. Louis de La Roque, Armorial de la noblesse de Languedoc, Généralité de Montpellier, vol. 1-2, F. Seguin, (lire en ligne)
    4. Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur www.euraldic.com
    5. Source : lesapn.forumactif.fr, Les Amis du Patrimoine Napoléonien
    6. La noblesse d'Empire sur http://thierry.pouliquen.free.fr
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