Joris Hébrard

Joris Hébrard, né le à Avignon (Vaucluse), est un homme politique français.

Pour les articles homonymes, voir Hébrard.

Joris Hébrard

Joris Hébrard en 2018.
Fonctions
Maire du Pontet
En fonction depuis le
(6 ans, 3 mois et 7 jours)
Élection
Réélection
Prédécesseur Jean-Louis Cros (président de la délégation spéciale)

(10 mois et 25 jours)
Élection
Prédécesseur Béatrice Lecoq
Successeur Jean-Louis Cros (président de la délégation spéciale)
Conseiller départemental de Vaucluse
En fonction depuis le
(6 ans, 5 mois et 11 jours)
Avec Danielle Brun
Élection 22 mars 2015
Réélection 27 juin 2021
Circonscription Canton du Pontet
Groupe politique FN puis RN
Prédécesseur Canton créé
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Avignon (France)
Nationalité Française
Parti politique FN/RN (depuis 2007)
Profession Kinésithérapeute

Maires du Pontet

Membre depuis 2007 du Front national (FN), devenu Rassemblement national (RN), il est élu maire du Pontet en 2014, réélu en 2015 à la suite de l'annulation de son élection, puis en 2020. Il est également conseiller départemental de Vaucluse.

Biographie

Jeunesse et formation

Joris Hébrard se présente comme « pontétien depuis quatre générations et fils d’artisan »[1]. Il s'est encarté au Front national en 2007 ; il indique avoir été plutôt de gauche lorsqu'il était étudiant et être « le premier de [sa] famille à [s]’engager politiquement »[2].

Kinésithérapeute de profession[3], il continue à exercer après son élection[4].

Premier mandat

Joris Hébrard est élu maire du Pontet après les élections municipales de 2014 : sa liste recueille 42,62 % des voix au second tour dans le cadre d'une triangulaire, avec sept voix d'avance sur la liste UMP de Claude Toutain (42,52 %), et devant la liste divers droite de Frédéric Quet (14,84 %)[5],[6]. Son élection est favorisée par la lutte interne au sein de la droite classique, le maire UMP Alain Cortade ayant décidé de quitter son siège quatre mois avant les municipales, et par la dégradation du tissu économique local[7]. Pour l'universitaire Christèle Marchand-Lagier, Joris Hébrard fait partie des élus « issus de la société civile qui tirent profit du fort ressentiment » envers les politiques traditionnels et d'« un sentiment de relégation à la périphérie, d'abandon »[8].

Il voit son élection invalidée en raison de signatures litigieuses sur les listes d'émargement[3]. Il est réélu le dès le premier tour, avec 59,43 % des voix[3]. Le Monde relève qu'il « a profité de cette nouvelle élection pour lisser son image, en se séparant de deux conseillers municipaux qui avaient eu maille à partir avec des élus de l'opposition et en donnant un accent social à son programme avec la création d'une mutuelle pour les habitants »[9]. Pour Joël Gombin, « cette confirmation montre [...] que l'élection d'un édile frontiste ne signifie pas nécessairement le début des déconvenues pour le Front national. Au contraire, cela semble souvent être le début d'un processus de réorganisation complète de l'échiquier politique local. En particulier, comme on le voit dans ce cas, la droite traditionnelle disparaît progressivement, tandis que la gauche ne profite pas d'une contre-mobilisation »[10].

Dès sa prise de fonction, Joris Hébrard suscite une polémique en supprimant la gratuité systématique de la cantine scolaire aux foyers démunis ; il se justifie en indiquant qu'« avec les aides sociales que touchent les familles, elles peuvent payer le demi-tarif qui est à 1,57 euro le repas »[9],[6]. Certains médias prennent cette mesure comme exemple du lunch shaming, une pratique consistant à humilier les enfants dont les parents n'arrivent pas à payer les frais de cantine[11],[12]. Durant sa première année de mandat, il augmente les effectifs de la police municipale (de 11 à 17), allonge ses plages horaires et renouvelle son matériel en bénéficiant de la réserve parlementaire de Marion Maréchal-Le Pen, celle-ci étant pourtant élue dans une autre circonscription[9],[7],[13]. Il impose des heures de fermeture aux épiceries de nuit[9]. Après son élection en 2014, le conseil municipal vote une délibération augmentant ses indemnités de maire de 44 %, ainsi que celles de ses adjoints : Joris Hébrard met en avant la baisse intervenue sous le mandat du maire précédent en raison du cumul de ses mandats mais cette augmentation est finalement annulée, la préfecture de Vaucluse la jugeant contraire au Code général des collectivités territoriales[6]. En , la municipalité annonce la fin de l'organisation du Téléthon dans la commune : Joris Hébrard justifie cette mesure par des besoins financiers[6],[14].

En 2016, il annonce une présence policière renforcée[15]. Sa gestion de la municipalité emprunte au modèle mis en place par Jacques Bompard à Orange, avec comme priorités la proximité, la sécurité et l'embellissement du centre-ville ; Le Ravi estime ainsi que Joris Hébrard « multiplie les artifices : visites de quartiers, marché de Noël pharaonique, Père Noël dans les écoles ou encore rénovation du clocher d’une église »[16]. Son directeur de cabinet est Xavier Magnin, qui occupait auparavant la même fonction auprès de Jacques Bompard à Orange[17]. L'universitaire Christèle Marchand-Lagier prend Joris Hébrard comme exemple des « jeunes têtes de liste » mises en avant par le FN lors des municipales de 2014 : « Cet affichage fonctionne d'autant mieux que ces nouvelles recrues sont managées par des cadres compétents. Dans ce cas précis, c'est Xavier Magnin qui est aux commandes » ; elle relève ainsi que « les enquêtes menées auprès de ce candidat lors des élections municipales de 2014 ont pu témoigner du fait que les entretiens accordés l'ont été sous le contrôle et la supervision de Xavier Magnin, présent à chacune des rencontres et monopolisant la parole »[18].

La chercheuse Jessica Sainty souligne que les électeurs du Pontet « ne voient pas forcément la différence [...] entre la politique menée par le RN et celle de LR », et considère que Joris Hébrard n'a pas mené « une politique de coups d’éclat, en tout cas pas autant que Robert Ménard, mais une politique de droite assez classique, en insistant beaucoup sur le côté gestionnaire »[19].

Second mandat

Soutenu par le Rassemblement national (ex-FN) et par La Droite populaire, il se présente, pour un second mandat, aux élections municipales de 2020 et fait face à deux adversaires sans étiquette : Jean-Firmin Bardisa, vice-président du Grand Avignon (soutenu par La République en marche et le Parti socialiste), et Caroline Grelet-Joli, élue d’opposition et attachée parlementaire du sénateur LR Alain Milon[20],[21].

La liste conduite par Joris Hébrard l’emporte au premier tour, le , avec 57,20 % des voix[22]. Le Courrier des maires estime qu'il a « bénéficié d'une forte abstention mêlée à la prime au sortant », mais également que « son implantation-éclair témoigne de la facilité avec laquelle le Rassemblement national a su policer son image et bousculer le jeu politique local, en récupérant une partie des voix de la droite classique »[23]. Il est réélu maire par le conseil municipal le [24].

En septembre 2020, il figure sur la liste du RN aux élections sénatoriales dans le Vaucluse[25].

Se revendiquant « Covido-sceptique », il dénonce la « dictature sanitaire » mise en place par le gouvernement dans le contexte de la pandémie de Covid-19, et affirme qu'« aucune étude sérieuse [ne] montre que le port du masque est efficace », alors que le RN a longtemps fustigé le manque de masques en France[4]. Il est plusieurs fois rappelé à l'ordre par le préfet[4]. En décembre 2020, son opposant Jean-Firmin Bardisa quitte le conseil municipal pour protester contre le fait qu'il ne porte pas de masque[26].

Conseiller départemental de Vaucluse (depuis 2015)

Lors des élections départementales de , Joris Hébrard, en binôme avec Danielle Brun, est élu conseiller départemental de Vaucluse dans le canton du Pontet avec 53,7 % des voix au premier tour[27] ; au Pontet, le binôme recueille 58 % des voix, améliorant ainsi de 500 voix le score du FN aux élections municipales de 2014[2].

Candidats à leur succession dans le canton du Pontet lors des élections départementales de , Danielle Brun et Joris Hébrard obtiennent 59,8 % des suffrages exprimés au premier tour, mais la forte abstention ne leur permet pas d'être directement élus[alpha 1] ; le binôme l'emporte au second tour avec 59,5 % des voix[28].

Au sein de la communauté d'agglomération du Grand Avignon

Joris Hébrard est vice-président de la communauté d'agglomération du Grand Avignon de 2014 à 2019 et depuis 2020.

Après son élection en 2014, il est élu à ce poste avec les voix des 30 élus de la droite, tandis que le FN a voté à la présidence en faveur de Jean-Marc Roubaud (UMP) face à la nouvelle maire PS d'Avignon, Cécile Helle : pour La Provence, Roubaud et Hébrard ayant obtenu le même nombre de voix (43 sur 72), « l'existence d'un accord préalable UMP-FN relève donc de l'évidence mathématique » ; de son côté, Jean-Marc Roubaud réfute tout « accord » en amont avec le FN et indique qu'un accord a été prévu « pour ne présenter qu’un candidat par commune pour les vice-présidences »[29]. Après sa réélection comme maire du Pontet en 2015, Joris Hébrard est réélu vice-président de l'intercommunalité en recueillant 32 voix, dont 3 voix issues des élus de gauche alors que celle-ci avait prévu de dénoncer l'accord prévoyant d'accorder une vice-présidence à chaque commune[30].

Lors du renouvellement du bureau en 2019 consécutif à la démission de Jean-Marc Roubaud, il perd sa vice-présidence au profit de Jean-Firmin Bardisa, son principal opposant municipal, par 27 voix contre 22, ce qui est une surprise pour la presse locale[31],[32]. Le nouveau président décide en effet d’exclure le RN des vice-présidences, ce que la chercheuse Jessica Sainty interprète comme « la volonté cynique de ne pas avoir à afficher d’alliance avec le RN à la veille des élections municipales »[19]. Joris Hébrard dénonce « un déni de démocratie » et met en cause « le vote unanime des élus socialistes de la Ville d’Avignon »[33]. Pour Le Dauphiné, ce choix rompt « l’accord de début de mandature, actant que les vice-présidences soient occupées par chaque maire des communes »[33].

Après les élections municipales de 2020, alors que le maire divers droite de Vedène remporte la présidence de la communauté d’agglomération face à Cécile Helle après que le RN a choisi de ne pas présenter de candidat, Joris Hébard obtient la deuxième vice-présidence. Cette situation est identique à celle de 2014[19]. Il est délégué aux travaux (voirie et bâtiments)[34].

Notes et références

Notes

  1. Les résultats du premier tour tiennent compte de l'abstention : il faut obtenir un nombre de suffrages au moins égal au quart du nombre des électeurs inscrits pour être directement élu et pas seulement la majorité absolue des suffrages exprimés (article L. 193 du Code électoral).

Références

  1. Charlotte Rotman et Laure Equy, « Premiers conseils municipaux : qui sont les nouveaux maires FN ? », sur liberation.fr, (consulté le )
  2. Stéphanie Harounyan, « Au Pontet, le frontiste Joris Hébrard confirme son ancrage », sur liberation.fr, (consulté le ).
  3. « Le candidat frontiste Joris Hébrard est largement réélu dès le premier tour de l'élection municipale partielle au Pontet, dans le Vaucluse », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  4. Lucie Delaporte, « Au Pontet, le maire RN revendique son «Covido-scepticisme» », sur Mediapart, (consulté le ).
  5. « Municipales 2014 : quelles sont les 14 mairies d'extrême droite ? », sur lemonde.fr,
  6. « De l'élection à son annulation... Joris Hébrard, un maire FN et des polémiques sur tous les fronts », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  7. Stéphanie Harounyan, « Municipale au Pontet : le Front national occupe le vide », sur liberation.fr, (consulté le ).
  8. AFP, « Au Pontet, le Front national en terrain conquis », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  9. Le Monde.fr avec AFP, « Le maire Front national du Pontet, Joris Hébrard, réélu au premier tour », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  10. « Municipales Le Pontet : «Dans le Vaucluse, la droite traditionnelle disparaît progressivement », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  11. Alexandra Klinnik, « Le « lunch shaming », ou comment les cantines scolaires humilient les enfants défavorisés », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  12. Charlotte Viguié, « Le "lunch shaming", ou comment les cantines scolaires discriminent les enfants défavorisés », sur mashable.france24.com, (consulté le ).
  13. Laure Equy, « La réserve parlementaire sans frontières de Marion Maréchal-Le Pen », sur liberation.fr, (consulté le ).
  14. « La mairie FN du Pontet se désengage du Téléthon », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  15. Pierre Pellet, « Le Pontet : Joris Hébrard annonce une présence policière renforcée », sur laprovence.com, (consulté le ).
  16. Jean-François Poupelin, « Les mairies « bleu Marine » virent Orange », sur Le Ravi.org, (consulté le ).
  17. Gilles Rof, « Comment le FN s’est enraciné au Pontet », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  18. Christèle Marchand-Lagier, Le vote FN : pour une sociologie localisée des électorats frontistes, Louvain-la-Neuve, De Boeck Superieur, , 221 p. (ISBN 978-2-8073-0559-5, lire en ligne), p. 55.
  19. Lucie Delaporte, « LR-RN: des alliances à bas bruit », sur Mediapart, (consulté le ).
  20. « Municipales dans le Vaucluse : "le RN ne fait pas de grosses prises" », sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur (consulté le ).
  21. Daniel Morin, « Municipales au Pontet : les trois candidats débattent en direct sur France Bleu Vaucluse », sur Francebleu.fr, (consulté le ).
  22. « Municipales au Pontet : Joris Hébrard réélu pour un second mandat », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  23. Nathalie Perrier, « Au Pontet, la sur-prime au sortant bénéficie au Rassemblement national », sur courrierdesmaires.fr, (consulté le ).
  24. « Vaucluse. Élu au premier tour, Joris Hébrard entame son 2e mandat au Pontet », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  25. Annie Vergnenegre, « Sénatoriales 2020 : les forces en présence dans le Vaucluse », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  26. Dominique Ghidoni, « La maire n’a pas de masque : un opposant quitte le conseil du Pontet », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  27. Andrée Brunetti, « Le Pontet : l'ex-maire Joris Hébrard élu dès le premier tour des départementales », sur midilibre.fr,
  28. « Élections départementales dans le Vaucluse : tous les résultats du 2d tour », sur francebleu.fr, (consulté le ).
  29. Marine Turchi, « Dans le Vaucluse, des élus UMP et FN font alliance », sur Mediapart, (consulté le ).
  30. Tristan Quinault Maupoil, « Hébrard (FN) élu au Grand Avignon avec les voix de la droite et de la gauche », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  31. Cécile Bordawe, « Le Rochefortais Patrick Vacaris prend la tête du Grand Avignon », sur midilibre.fr, (consulté le ).
  32. « Le maire RN du Pontet perd sa vice-présidence au Grand Avignon », sur laprovence.com, (consulté le ).
  33. « Grand Avignon : le maire RN du Pontet, Joris Hébrard, dénonce « un déni de démocratie » », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  34. « Le président du Grand Avignon a attribué les délégations à ses vice-présidents », sur ledauphine.com, (consulté le ).
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