John Nelson Darby

John Nelson Darby (né le et mort le ) était un prédicateur protestant du mouvement des Assemblées de Frères et le fondateur du mouvement des frères « étroits » (Exclusive Brethren), ainsi qu'un traducteur en plusieurs langues de la Bible.

Biographie

John Nelson Darby naît à Londres le dans la Cité de Westminster au sein d'une famille influente originaire d'Irlande [1]. Le deuxième prénom, Nelson, rend hommage à lord Nelson un ami de la famille. Darby est le neveu de l'amiral de la Royal Navy Henry D'Esterre Darby.

Il fait de brillantes études en humanités à Westminster School puis à Trinity College, Dublin, et se convertit au cours de sa scolarité. Il songe un moment à être avocat, mais y renonce rapidement, pensant que ce ne serait pas compatible avec sa foi. Il est alors ordonné prêtre anglican en Irlande.

En octobre 1827, après un grave accident de cheval, Darby consacre sa convalescence à réfléchir à la relation entre l'homme et Dieu. Il en naît une conception révolutionnaire des institutions ecclésiales : pour lui, nul besoin d'une organisation pour se réunir entre chrétiens, nul besoin de l'ordination (chaque croyant est fait prêtre, sans aucune ordination) ; il conclut même que la notion de clergé est un affront fait à Jésus-Christ. Rapidement, Darby s'associe à des gens qui partagent les mêmes idées que lui, notamment Benjamin Wills Newton (en), et ils se réunissent périodiquement à Dublin pour rompre le pain (rappel du sacrifice de Jésus-Christ sur la croix).

En 1840, Darby quitte la Communion anglicane pour rejoindre le mouvement des Assemblées de Frères [2]. Il développe alors des prises de position publiques radicales, engageant les fidèles à se détourner de l'Église officielle. Il écrira ainsi dans son Étude sur la seconde épître de Paul à Timothée : « Là où est la forme sans la puissance, nous ne devons pas aller ; et plus que cela, dans un sens positif, nous devons nous retirer de tels gens. » Il visitera divers pays comme les Îles Britanniques, la Suisse ou encore la France. Mais, progressivement, dans plusieurs domaines, ses positions provoquent une forte contestation notamment sur sa conception de l’apostasie de la chrétienté et son soutien au baptême des enfants[3]. En 1848, le mouvement des Frères se divisa en deux branches. Une aile « exclusive » suivra les positions de Darby, et les autres suivent l’approche plus « ouverte » de George Müller, Craik ou Chapman [4].

Darby voyage en Europe, rassemblant au passage des « frères »  en vieil anglais, brethren, nom que se donnent les groupes, ailleurs on parle aussi de « piétistes », de « darbystes » ou de « momiers ». Il voyage ensuite en Amérique, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les frères ne s'appellent jamais « darbystes » eux-mêmes, ils préfèrent le terme de « frères » en français, « brethren[note 1]» en anglais.

Il meurt en 1882 et est enterré à Bournemouth, dans le Dorset en Angleterre.

Traduction de la Bible

Darby qui connaît six langues (hébreu, grec ancien, anglais, français, allemand et italien), traduit la Bible, directement à partir des textes hébreu et grec, en trois langues: anglais, allemand et français[5]. En 1859, il publie Le Nouveau Testament en français. Cette traduction a pour particularité d'être très littérale, de vouloir avant tout respecter le texte, en sacrifiant au besoin l'élégance du style, voire la clarté du texte traduit. Il rédige aussi un synopsis de la Bible, de nombreux commentaires bibliques, des traités doctrinaux. Sa correspondance est également très abondante.

Sa formation anglicane laissa des traces dans sa doctrine concernant les peines éternelles. Cyrus Ingerson Scofield s'inspira de la Bible Darby pour la Bible annotée par lui-même et qui est aujourd'hui la Bible commentée de référence aux États-Unis.

Darby et le dispensationalisme

Darby est à l'origine de la systémisation et de la diffusion de la méthode de lecture de la Bible appelée « dispensationalisme », qui distingue des grandes époques dans la révélation progressive de Dieu[6]. Il affirme qu'après l'époque actuelle de la grâce viendra celle du royaume dans laquelle le Christ reviendra sur terre avec une série d'événements avant-coureurs (Enlèvement de l'Église, guerre, apparition d'un nouvel ordre politique et économique mondial, arrivée de l'Antéchrist, bataille d'Armageddon), et établira un règne de paix pendant mille ans, avant que ne vienne le jugement dernier.

Cette méthode de lecture, popularisée par Cyrus Scofield, est très influente dans les milieux évangéliques fondamentalistes. Darby fut adulé par ceux qui reconnaissaient en lui des capacités exceptionnelles, et ses enseignements font encore aujourd'hui autorité, faisant de lui un « maître à penser » de référence.

Œuvres

  • 1840 : L’attente actuelle de l’Église[7]
  • 1841 : Sur la formation des églises
  • 1844 : De la présence et de l’action du Saint-Esprit dans l’Église[8]
  • 1850 : L’Église selon la Parole[9]

Notes et références

Notes

  1. Les brethrens constituent en fait un mouvement plus ancien, dont les origines remontent au moins au XVIIe siècle. Les écrits de Darby s'inscrivent, avec ses nuances propres, dans la doctrine générale de ces chrétiens.

Références

  1. (en) J. Gordon Melton, Martin Baumann, Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, ABC-CLIO, États-Unis, 2006 p. 862.
  2. (en) William H. Brackney, Historical Dictionary of Radical Christianity, Scarecrow Press, États-Unis, 2012, p. 99.
  3. (en) Ian S. Markham, The Blackwell Companion to the Theologians, 2 volumes, John Wiley & Sons, États-Unis, 2009, p. 42.
  4. (en) Samuel S. Hill, Charles H. Lippy, Charles Reagan Wilson, Encyclopedia of Religion in the South, Mercer University Press, États-Unis, 2005, p. 246.
  5. (en) Ed Hindson, Dan Mitchell, The Popular Encyclopedia of Church History, Harvest House Publishers, États-Unis, 2013, p. 116.
  6. (en) Ed Hindson, Dan Mitchell, The Popular Encyclopedia of Church History, Harvest House Publishers, États-Unis, 2013, p. 119.
  7. Lire sur Wikisource.
  8. Lire sur Wikisource.
  9. Lire sur Wikisource.

Annexes

Bibliographie

  • F. Cuendet, Souvenez-vous de vos conducteurs, éd. ELBC, 160 p..
  • Christian Maillebouis, Vie et pensées d’un darbyste, A. Dentan : 1805-1873, Mazet-Saint-Voy, Sociéte d’histoire de la montagne, 1991, 174 p.
  • Christian Maillebouis, Influences darbystes au Mazet-Saint-Voy, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, 2003, p. 289-357.
  • Christian Maillebouis, Sur l’implantation du “darbysme” en France au XXe siècle, Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, vol. 159, 2013, p. 329‑364.
  • Christian Maillebouis, Le plateau du nord Mézenc, terre d’élection du darbysme français, Cahiers de la Haute-Loire, 2016, p. 211‑261.
  • Christian Maillebouis, Assemblées darbystes, dans Anne-Laure Zwilling (dir.), Les minorités religieuses en France, un état des lieux, Paris, CNRS, 2018, p. 964‑979.

Liens externes

  • 소금성경: (SaltBible) Darby Bible français - Texte de la Bible, Références croisées
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