Assemblées de Frères

Les Assemblées de Frères ou Plymouth Brethren ou encore Frères de Plymouth sont un mouvement chrétien évangélique né à Dublin vers 1820. Il a connu une importante scission en 1848 qui a abouti à distinguer un courant « ouvert » d'une part, les « Open Brethren », et un courant « exclusif » d'autre part, appelé aussi « darbyste ». La branche la plus « étroite » a suivi John Nelson Darby et la branche plus ouverte des leaders comme George Müller et Henry Craik (en).

Assemblées de Frères
Repères historiques
Fondation vers 1820, Dublin, Irlande
Fondateur(s) George Müller, Henry Craik (en), John Nelson Darby
Fiche d'identité
Courant religieux Christianisme évangélique
Localisation Monde

Histoire

Les Assemblées de Frères trouvent leur origine dans les années 1820 à Dublin où de jeunes chrétiens se retrouvent pour étudier la Bible et revenir à la simplicité de l'Église primitive[1]. Parmi ces jeunes, il y avait John Gifford Bellett, Francis Hutchinson, Edward Cronin[2]. L’étude des prophéties bibliques prend une place importante dans un contexte de peurs liées notamment aux conséquences de la Révolution française et des guerres napoléoniennes. On y parle déjà de la restauration d’Israël et de se préparer au retour de Jésus-Christ. Ils provenaient d’Églises différentes et voulaient manifester l’unité des chrétiens. Leur compréhension du sacerdoce universel les amène à rejeter la distinction « clergé-laïc ».

L’assemblée à Plymouth est fondée en 1831[1]. En 1832, le périodique Christian Witness y est créé, faisant ainsi connaître cette Assemblée et le réseau qui commence à se tisser, d’où le nom « Frères de Plymouth ».

En 1832, Henry Craik et George Müller démarrent un groupe à Bristol qui sera organisé en sous-groupes selon les âges[3]. Müller sera également à l’origine de la fondation d'orphelinats dans la ville[4].

En 1840, John Nelson Darby, un prêtre irlandais, quitte l’Église anglicane en Irlande pour rejoindre le mouvement à Dublin comme prédicateur [5]. Il visitera divers pays comme les Îles Britanniques, en Suisse ou encore en France. Mais, dans plusieurs domaines, ses positions provoqueront une forte contestation notamment sur sa conception de l’apostasie de la chrétienté et son soutien au baptême des enfants [6]. En 1848, le mouvement des Frères se divisa en deux branches. L’aile « ouverte » de George Müller, Henry Craik et Robert Cleaver Chapman et l’aile « exclusive » de John Nelson Darby [7].

Développement

Malgré ces tensions, les Églises se développeront et l’élan missionnaire, à la suite de Groves, se déploiera dans de nombreuses nations. En Grande-Bretagne, le Réveil de 1859 bénéficia à l’ensemble des évangéliques et permit une croissance forte des Assemblées de Frères. Le mouvement se développa par la suite en Europe et dans tous les pays anglo-saxons. Il s'implanta aussi en Afrique, en Amérique latine, et en Asie au XXe siècle[8].

En France

En France[9], on compte notamment[note 1]:

  • les frères « larges »  : les « Communautés et assemblées évangéliques de France » (aile la plus ouverte des Frères) avec une centaine d'églises[10], et les « Assemblées de frères d'Europe francophone » (plutôt proches des frères larges traditionnels) avec plus de 70 églises recensées[11],[12] ;
  • les frères « étroits » : les assemblées exclusives sont au nombre d'une centaine dont, les « Assemblées dites darbystes » (environ 40 églises recensées[13]), et quelques petits groupes parfois très fermés comme l'« Union nationale des Frères de Plymouth de France »[14] (ou « tayloristes ») qui regroupe au moins une vingtaine d'assemblées.

Croyances

Frères larges

Les frères « larges » qui, lors de la séparation, sont devenus les assemblées évangéliques et ont suivi les enseignements de George Müller, Henry Craik et Chapman [7],[15]. Ils correspondent aux Open Brethren en Grande-Bretagne, historiquement aux Communautés et assemblées évangéliques de France (CAEF) en France, aux Assemblées et Églises évangéliques de Suisse Romande (AESR) en Suisse (maintenant intégrées à la Fédération romande d'Églises évangéliques) et aux "Assemblées de frères" d'Europe francophone. Ils donnent plus d'autonomie aux Églises locales, sont plus ouverts aux autres croyants et aux changements doctrinaux, et sont plus actifs dans l'évangélisation. Le mouvement a une théologie évangélique [16]. Leur nombre est évalué à 2,06 millions en 2011 dans le monde[17].

« Les frères larges sont guère plus larges que les frères étroits »[18].

Frères étroits

Les frères « étroits » sont restés attachés à la « doctrine » de Darby[15]. Ils sont plus interdépendants, plus conservateurs avec une propension à un code vestimentaire, très attachés à la spontanéité du culte et des prédications. Ils forment plusieurs cercles de communion plus ou moins cloisonnés, des plus modérés aux plus étroits. Le mouvement a une théologie protestante et reconnait le baptême des enfants[19]. Environ 40,000 en 2012 dans le monde, les frères "étroits" sont souvent qualifiés de darbystes, mais ne se désignent eux-mêmes que rarement ainsi[20].

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Une liste exhaustive est difficile à établir, seules les églises identifiées comme associations cultuelles étant facilement recensables. Cette organisation n'est adoptée que si l'activité ou la taille des églises l'impose.

Références

  1. (en) Randall Herbert Balmer, Encyclopedia of Evangelicalism : Revised and expanded edition, USA, Baylor University Press, , p.458.
  2. (en) Massimo Introvigne, The Plymouth Brethren, USA, Oxford University Press, , p.31.
  3. Introvigne 2018, p. 40-41.
  4. BBC, Museum opens for Bristol orphanage founder George Müller, bbc.com, UK, 4 septembre 2019
  5. William H. Brackney, Historical Dictionary of Radical Christianity, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 99
  6. Ian S. Markham, The Blackwell Companion to the Theologians, 2 Volume Set, John Wiley & Sons, USA, 2009, p. 42
  7. (en) Samuel S. Hill, Charles H. Lippy et Charles Reagan Wilson, Encyclopedia of Religion in the South, USA, Mercer University Press, , p.246.
  8. (en) J. Gordon Melton et Martin Baumann, Religions of the World : A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, USA, ABC-CLIO, , p.606.
  9. https://www.fileo.info/qui-sommes-nous/histoire/le-mouvement-des-freres-aujourdhui/
  10. https://www.caef.net/index.php/lieux-de-culte.html
  11. https://www.fileo.info/nous-trouver/
  12. http://www.eglises.org/types/freres/
  13. http://www.eglises.org/types/freres-darbystes/
  14. « Frères de Plymouth », sur Frères de Plymouth (consulté le ).
  15. Melton et Baumann 2010, p. 609.
  16. Sébastien Fath, Du ghetto au réseau: Le protestantisme évangélique en France, 1800-2005, Édition Labor et Fides, France, 2005, p. 132
  17. Stephen Hunt, Handbook of Global Contemporary Christianity: Movements, Institutions, and Allegiance, BRILL, USA, 2016, p. 360
  18. Dicton en usage dans ces milieux.
  19. Introvigne 2018, p. 81.
  20. Charles E. Farhadian, Introducing World Christianity, John Wiley & Sons, USA, 2012, p. 215

Liens externes

Bibliographie

  • (en) Robert H. Baylis, My people: the story of those Christians sometimes called Plymouth Brethren, Harold Shaw Publishers, Wheaton, 1995, 336 p. (ISBN 978-0877885771)
  • (en) F. Roy Coad, A history of the Brethren movement: its origins, its worldwide development and its significance for the present day, Regent College Publishing, Vancouver, 2001, 327 p. (ISBN 1573831832) (1re édition, Paternoster Press, 1968)
  • (en) Neil Dickson, Tim Grass, The growth of the Brethren Movement: national and international experiences: essays in honour of Harold H. Rowdon, Wipf & Stock Publishers, Eugene, 2006 (ISBN 9781556351174)
  • (en) Tim Grass, Gathering to His name: the story of the Open Brethren in Britain and Ireland, Paternoster, Milton Keynes, 2006, 589 p. (ISBN 1842272209)
  • Christian Maillebouis, Vie et pensées d’un darbyste, A. Dentan : 1805-1873, Mazet-Saint-Voy, Sociéte d’histoire de la montagne, 1991, 174 p.
  • Christian Maillebouis, « Influences darbystes au Mazet-Saint-Voy, dans la deuxième moitié du XIXe siècle », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, 2003, p. 289-357.
  • Christian Maillebouis, « Sur l’implantation du “darbysme” en France au XXe siècle », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, vol. 159, 2013, p. 329‑364.
  • Christian Maillebouis, « Le plateau du nord Mézenc, terre d’élection du darbysme français », Cahiers de la Haute-Loire, 2016, p. 211‑261.
  • Christian Maillebouis, « Assemblées darbystes », dans Anne-Laure Zwilling (dir.), Les minorités religieuses en France, un état des lieux, Paris, CNRS, 2018, p. 964‑979.
  • (en) Harold Hamlyn Rowdon, The origins of the Brethren, 1825–1850, Pickering and Inglis, Londres, 1967, 323 p. (ISBN 0720800005)
  • Alfred Kuen, L’audace de la foi : George Müller, Édition Emmaüs, Saint-Légier, 1982, 175 p. (ISBN 9782828700225)
  • La série d’articles de Jean-Pierre Bory publiés par la revue Servir en l’attendant, à [lire en ligne]
  • "Le monde attend derrière la porte", roman ado, Thierry Magnier, 2004, inspiré par la communauté des "Frères de Plymouth" N° 4, dits aussi "Frères exclusifs" ou "Purs"
  • Histoire des protestants en France, Fayard, 2012


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