Jeux interdits

Jeux interdits est un film français de René Clément, écrit par Pierre Bost et Jean Aurenche, sorti en 1952. Le film est tiré d'un roman de François Boyer intitulé Les Jeux inconnus.

Cet article concerne le film français. Pour la musique (bande originale du film), voir Jeux interdits (bande originale).

Jeux interdits
Affiche pour l'exploitation du film au Japon.
Réalisation René Clément
Scénario Jean Aurenche
Pierre Bost
René Clément d'après l'œuvre de François Boyer
Acteurs principaux
Sociétés de production Silver Films
Pays d’origine France
Genre Drame
Durée 86 minutes
Sortie 1952


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film reçoit le Lion d'or à la Mostra de Venise 1952.

Synopsis

Au cours de l'exode de 1940 en France, un convoi de civils est bombardé et mitraillé par des avions allemands. Paulette, cinq ans, perd ses parents et se met à errer dans la campagne, serrant dans ses bras le cadavre de son chien. Dans les bois, elle rencontre Michel, un garçon de dix ans, qui l'emmène vivre dans la ferme de ses parents. Réticent au début, le père de Michel accepte l'arrivée de Paulette, plus par peur que les Gouard, ses voisins et ennemis jurés, le fassent et en tirent une quelconque gloire, que par charité.

Paulette enterre discrètement le petit chien, mais Michel devine rapidement son geste, et à deux ils se mettent à créer des sépultures pour tous les animaux morts qu'ils découvrent : rats, crapauds, poussins, etc. Michel en vient à tuer des animaux pour rassurer Paulette.

Ne trouvant pas très réussies les croix qu'il fabrique, Michel entreprend de voler les crucifix qu'il trouve, y compris celui du corbillard qui transporte son frère. La famille est persuadée que ce sont les Gouard qui ont volé la croix de la sépulture du fils mort il y a peu. Il s'ensuit une bagarre dans le cimetière entre les deux patriarches qui finit dans une tombe prête à recevoir un cercueil. Le prêtre révèle qu'il s'agit de Michel, qu'il avait déjà surpris en train de voler une croix de l'église, alors que quelques minutes plus tôt il avait confessé les autres vols. Michel s'enfuit et passe la nuit dans le grenier. Découvert par sa sœur, il la menace de révéler ses ébats dans le foin avec le fils Gouard si elle le dénonce au père.

Le lendemain, les gendarmes se présentent. Dans un premier temps, la famille craint que ce soient les voisins qui aient porté plainte pour la croix sur la tombe de la mère Gouard, que le père a détruite après s'être aperçu que manquait celle de son fils. Il s'avère qu'ils viennent récupérer la petite Paulette. Michel propose de révéler où sont les croix en échange de la promesse que Paulette restera avec eux. Mais le père manque à sa parole et la petite est amenée dans un couvent, mis à la disposition de la Croix-Rouge. Michel part au moulin et détruit toutes les croix. Alors qu'on l'a laissée momentanément seule à la Croix-Rouge, Paulette entend une femme appeler « Michel ». Ce n'est qu'une fille qui appelle son bon ami. Elle se met à les suivre en criant « Michel » et « maman ». C'est sur cette scène que finit le film.

Fiche technique

Distribution

Brigitte Fossey, René Clément et Georges Poujouly en 1953 lors d'un voyage promotionnel aux Pays-Bas.

Musique

La bande originale du film est choisie et interprétée par le guitariste Narciso Yepes qui a fait un léger arrangement de diverses partitions. La mélodie la plus célèbre, Jeux interdits, est depuis devenue un classique de l'apprentissage de la guitare.

Narciso Yepes a d'abord présenté ce morceau comme un arrangement d'une « romance anonyme » du folklore, puis a prétendu l'avoir composé à sept ans en 1934 en cadeau pour sa mère, mais il s'agissait bien plus vraisemblablement d'un arrangement car on a depuis retrouvé la trace de manuscrits antérieurs à sa naissance, avec comme titre Romance de Sor, ce qui suggère que l'auteur pourrait être Fernando Sor (d'autres pistes sont évoquées : Matteo Carcassi, etc.)[1].

Notons que la mélodie originale, Romance anonyme, se trouvait déjà dans le film de Rouben Mamoulian Arènes sanglantes, réalisé onze ans avant le film de René Clément.

Autour du film

Anecdotes

  • Dans un premier temps, René Clément se lance dans l'adaptation du bref roman de François Boyer pour en faire un moyen-métrage « Croix en bois, croix en fer » qui devait s’intégrer avec d'autres dans un film à sketches sur le thème « les enfants et la guerre ». Devant l'intérêt qu'il découvre dans le résultat une fois le tournage bouclé et sur les conseils de Jacques Tati, il décide de compléter le scénario et tourne de nouvelles séquences pour réaliser un long métrage indépendant qui aura le succès que l'on sait[2].
  • Ce sont les parents de l'actrice Brigitte Fossey qui interprètent les parents de Paulette.
  • Le succès du film est tel que Brigitte Fossey est présentée à la reine Élisabeth II en .
  • L'écriture de Jeux Interdits par Jean Aurenche et Pierre Bost est évoquée dans le film Jean Aurenche, écrivain de cinéma (2010).
  • Alors que le tournage du film n'était pas terminé, Georges Poujouly commença celui de Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte qui lui fit couper les cheveux, presque à ras, si bien que le jeune acteur dut, à la grande fureur de René Clément, porter une perruque lorsqu'il reprit le tournage du film[3].

Lieux de tournage

Distinctions

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Rudolphe-Maurice Arlaud, « Tribune autour de Jeux interdits », Revue internationale du cinéma, no 14, , p. 65–69.
  • (en) Ed Benson, « The Screen of History in Clément's Forbidden Games », Literature/Film Quarterly, Salisbury University, vol. 33, no 3, , p. 207–216 (JSTOR 43797230).
  • (en) Robert J. Cardullo, « Death Wish, Child's Whim, « Auteurist » Will : Boyer and Clément's Forbidden Games Replayed », Literature/Film Quarterly, Salisbury University, vol. 39, no 3, , p. 190-200 (JSTOR 43798790).
  • Patrick Glâtre, Val-d'Oise, terre de tournage, Cergy-Pontoise, Comité du Tourisme et des Loisirs du Val-d'Oise, , 118 p., p. 63.
  • (en) Anat Pick, « Reflexive Realism in René Clément's Forbidden Games », Yale French Studies, New Haven, Yale University Press, no 127 « Animots : Postanimality in French Thought », , p. 205-220 (JSTOR 44512270).
  • (en) Christoph Vatter, « Trauma, Cultures of Memory and Childhood in French Postwar Cinema : The Example of René Clément's Jeux Interdits (1952) », dans Janett Reinstädler et Oleksandr Pronkevich (dir.), (Audio-)Visual Arts and Trauma : From the East to the West, Universaar (Presses universitaires de la Sarre), coll. « Saravi Pontes – Beiträge zur internationalen Hochschulkooperation und zum interkulturellen Wissenschaftsaustausch » (no 9), , 215 p. (ISBN 978-3-86223-234-5, lire en ligne), p. 97-114.

Articles connexes

Liens externes

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