Jean Royer (homme politique)
Jean Royer, né le à Nevers (Nièvre) et mort le à Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire), est un homme politique français. Conservateur, il est maire de Tours de 1959 à 1995, ministre sous les deux derniers gouvernements Pierre Messmer (1973-1974) et candidat à l'élection présidentielle de 1974.
Pour les articles homonymes, voir Royer et Jean Royer.
Jean Royer | |
Jean Royer en 1974. | |
Fonctions | |
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Ministre des Postes et Télécommunications | |
– (1 mois et 15 jours) |
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Président | Georges Pompidou Alain Poher (intérim) |
Gouvernement | Pierre Messmer III |
Prédécesseur | Hubert Germain |
Successeur | Hubert Germain |
Ministre du Commerce et de l'Artisanat | |
– (10 mois et 22 jours) |
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Président | Georges Pompidou |
Gouvernement | Pierre Messmer II |
Prédécesseur | Yvon Bourges |
Successeur | Yves Guéna |
Maire de Tours | |
– (36 ans) |
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Prédécesseur | Marcel Tribut |
Successeur | Jean Germain |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Nevers (Nièvre, France) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire, France)[1] |
Nationalité | Française |
Parti politique | RPF puis DVD |
Profession | Professeur |
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Liste des maires de Tours Liste des sénateurs d'Indre-et-Loire |
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Biographie
Origines, études et famille
Natif du Nivernais, Jean Royer est d'abord instituteur, puis professeur d'enseignement général de collège. Il était marié et a eu quatre enfants.
De la mairie de Tours au gouvernement
Il est élu député en Indre-et-Loire en ; il siège à l'Assemblée nationale parmi les non-inscrits jusqu'en 1993.
Il remporte l'année suivante, en 1959, la mairie de Tours, bénéficiant du soutien de Charles de Gaulle en tant qu'ancien délégué du RPF en Indre-et-Loire. Il lance, dans les années 1960, une importante politique d'extension de la ville, annexant les communes de Sainte-Radegonde-en-Touraine et de Saint-Symphorien afin d'augmenter la surface de terrains constructibles. Outre la construction du quartier Sanitas, son œuvre majeure reste l'aménagement sur quatre kilomètres des rives du Cher, déviant et viabilisant le cours de la rivière pour y construire un important quartier de barres d'immeubles et une base de loisirs comprenant un lac artificiel. Il suscita cependant la controverse en soutenant le passage de l'A10 en bordure de la ville, coupant Tours de l'est de l'agglomération, mais aussi l'admiration, faisant ainsi du centre historique de Tours l'un des premiers périmètres urbains classés de France en 1964.
Cependant, sa rivalité avec Michel Debré, maire de la ville voisine d'Amboise, écarte Tours du statut de capitale de la région Centre au profit d'Orléans, en 1964. On prête également à Michel Debré d'avoir influé sur le choix de cette ville, à la suite de son échec personnel lors des élections législatives de 1962 en Indre-et-Loire[2].
Considéré comme conservateur et réactionnaire, Jean Royer signe des arrêtés interdisant la projection de films pornographiques et ordonnant la destruction d'une ancienne maison de tolérance, qui sera finalement conservée, après une campagne de défense du site, en souvenir de Georges Courteline (l'écrivain y aurait passé quelques soirée gaillardes et les fresques, signées Jacquemin, qui ornent l'établissement avaient une réelle valeur artistique)[3]. En 1968, il chasse de Tours Michel-Georges Micberth et ses collaborateurs qui avaient fondé « un centre de recherche en psychosexologie normale et pathologique[4] ».
Il est nommé ministre du Commerce et de l'Artisanat dans le deuxième gouvernement Pierre Messmer, en ; il abandonne alors son mandat de député, mais reste maire de Tours. En , il est l'auteur de la loi d'orientation du commerce et de l'artisanat (loi Royer), qui réglemente l'ouverture des grandes surfaces de plus de 1 000 m2 dans le but de soutenir les petits commerces. Il est brièvement, au début de l'année 1974, ministre des Postes et Télécommunications.
Candidature à l'élection présidentielle de 1974
Après la mort subite de Georges Pompidou, début , Jean Royer démissionne de sa fonction de ministre pour se lancer dans la course à l'Élysée. Il se présente comme le candidat de droite de l'« ordre moral ». Durant la courte campagne, certains de ses meetings sont chahutés : ainsi, à Toulouse, des étudiants scandent des slogans obscènes et exhibent des posters osés pour protester contre la politique moraliste de Jean Royer en cette période de révolution sexuelle[5]. À Lille, où il exprime sa volonté de développer, une fois élu, la production charbonnière de la France, il obtient un certain succès. Au soir du premier tour, il arrive en quatrième position, en recueillant 3,17 % des voix (810 540 voix). Beaucoup de ses voix proviennent d'Indre-et-Loire et des départements limitrophes.
Retour à la politique locale
Jean Royer se recentre ensuite sur son mandat de maire de Tours, et retrouve son siège de député le , après la démission de Jean Chassagne. Son action en tant que maire est cependant ralentie à partir de 1974 par la crise économique et l'exode rural : la ville commence à perdre des habitants, le grand projet des Rives du Cher doit être revu à la baisse. Néanmoins, comme par le passé, si sa politique municipale demeure teintée de certaines décisions autoritaires, Jean Royer reste d'un grand recours dans les situations de crise : après l'effondrement du pont de pierre en , faisant preuve d'un grand sang-froid, il a chapeauté le ravitaillement en eau de la ville de Tours.
Plus tard, dans les années 1980, la ville stagne économiquement, l'agglomération est frappée par d'importantes vagues de fermetures et de licenciements (notamment à la SKF, fabrique suédoise de roulements à billes, à Saint-Cyr en 1989). L'arrivée du TGV en plein centre-ville, la construction du centre de congrès Vinci, d'après les plans de l'architecte Jean Nouvel, sont à mettre au crédit de Jean Royer. Mais briguant un nouveau mandat lors des élections municipales de 1995, il est battu par Jean Germain (PS) à l'occasion d'une triangulaire[6]. Acceptant sa défaite, Jean Royer décide de se « retirer totalement de la mairie ».
En tant que responsable de l'Établissement public d'aménagement de la Loire et de ses Affluents (EPALA), de 1983 à 1995, il doit concéder l'abandon du plan de construction du barrage de Serre de la Fare, en amont du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Ce projet, en décalage total avec les préoccupations nouvelles de l'opinion publique en matière d'environnement, a poussé l'État à l'abandonner.
Retrait de la vie politique
Il préside de 1993 à 1997 le groupe parlementaire République et liberté, renonçant sur le tard à sa non-affiliation politique. Le Front national lui apporte son soutien aux élections municipales de 1995[7].
Lors des élections législatives de 1997, il renonce à briguer un nouveau mandat de député, favorisant ainsi l'élection à l'Assemblée nationale du chiraquien Renaud Donnedieu de Vabres, qui a pour suppléant Benoît Roy, qui était jusqu'alors le suppléant de Jean Royer.
Il apporte son soutien à Philippe de Villiers aux européennes de 1999 et à Jean-Pierre Chevènement à l'élection présidentielle de 2002. Il se retire ensuite de la vie politique.
Le , il meurt à l'âge de 90 ans[8].
Mandats et fonctions
Au gouvernement
- - : ministre du Commerce et de l'Artisanat dans le gouvernement Pierre Messmer (2)
- - : ministre des Postes et Télécommunications dans le gouvernement Pierre Messmer (3)
À l'Assemblée nationale
- 1958 - 1973 ; 1976 - 1997 : député français, élu en Indre-et-Loire
- 1993 - 1997 : président du groupe République et liberté
Au niveau local
- 1959 - 1995 : maire de Tours
- 1961 - 1988 : conseiller général d'Indre-et-Loire, élu dans le canton de Tours-Ouest
- 1983 - 1995 : président de l'Établissement public d'aménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA, aujourd'hui Établissement public Loire)[9]
Hommages
- Un boulevard porte son nom à Tours depuis 2012. Il s'agit de l'ancien boulevard Thiers[10].
- Une statue de Jean Royer est inaugurée place de la Liberté à Tours, en ; elle est l'œuvre du sculpteur Vincent Guderzo et est à l'initiative de l'association « Les Amis de Jean Royer ». Cette statue est en bronze[11],[10].
Notes et références
- Ancien ministre et maire de Tours, Jean Royer est mort, Le Parisien, 25 mars 2011
- Deux villes, deux stratégies - article de L'Express du 6 mars 2003.
- « Jeune chambre économique de tours - Visite de l'étoile bleue », sur jcetours.pagesperso-orange.fr (consulté le )
- Vincent Soulier, Presse féminine, La puissance frivole, L'Archipel 2008, p. 214-215
- « Monsieur Royer à Toulouse » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
- « Jean Royer, père-la-pudeur et maire bâtisseur de Tours », sur lanouvellerepublique.fr, (consulté le ).
- « Clermont Ferrand : municipales » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
- « Mort de Jean Royer, maire de Tours pendant 36 ans », sur La Nouvelle République.fr, 25 mars 2011.
- Une diversité d'élus sur le site de l'EPL (Établissement public Loire).
- Tours : un boulevard et une statue pour honorer Jean Royer sur lanouvellerepublique.fr (consulté le 18 janvier 2015)
- « La statue de Jean Royer attend son inauguration », La Nouvelle République, 29 octobre 2013
Voir aussi
Bibliographie
- Michel Jouet et Jean-Jacques Martin, Jean Royer, un réformisme autoritaire, Éditions sociales, .
- Christiane Baillaud, Jean Royer, la cité retrouvée, Paris, Presses de la cité, (ISBN 2-258-00223-0).
- Christian Garbar, Jean Royer 1974 : objectif Élysée, Blois, Le clairmirouère du temps, .
- Jean Royer, il était une fois… un maire, Éditions C.L.D, (ISBN 2-85443-340-8).
Articles connexes
Liens externes
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