Jean Péraud

Jean Péraud est un photographe de guerre français né en 1925 à Saint-Dolay dans le Morbihan.

Sergent-chef dans l’armée française, il est officiellement porté disparu le à Tran-Hoa au Tonkin, actuel nord du Viêt Nam, à l'âge de 29 ans.

Biographie

Jean Péraud nait dans le Morbihan en 1925. En 1941 il commence à travailler aux Chantiers navals de Saint-Nazaire en compagnie de son père puis entre dans la résistance française à l'occupant nazi[1]. Arrêté pour espionnage, il est déporté en 1944 à Buchenwald en Allemagne[2] et libéré en 1945.

Dès sa libération, il part combattre en Indochine comme volontaire[1], atteignant le grade de sergent-chef. A partir de 1952 il devient photographe au Service cinématographique des armées (SCA), pour le compte du SPI (Service Presse Information)[3].

Le , il est rejoint par Daniel Camus, un appelé du contingent qui a été pigiste pour le magazine Paris Match[4] et Pierre Schoendoerffer dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ où se déroule l’avant-dernière bataille de la guerre d’Indochine.

Ils sont venus remplacer l’opérateur André Lebon, blessé à la jambe puis amputé sur le point d’appui Anne-Marie et le photographe Raymond Martinoff qui a été tué, tous deux victimes d’un tir d’obus ennemi le [5].

Péraud, Camus et Schoendoerffer sont faits prisonniers le au lendemain de la chute du camp retranché de Ðiện Biên Phủ, avec la totalité des troupes encore vivantes. Tous trois cassent leurs caméras et appareils photos et voilent leurs pellicules[6].

« Vers trois heures, les combats cessèrent pratiquement. J’étais dans le PC du colonel Langlais avec mes camarades Schoendoerffer et Péraud. Voyant que tout était perdu, nous avons détruit à coup de crosse nos quatre Rolleiflex, les trois caméras et les deux Leica. »

 Albert de Saint Julien, Caméra au poing, Paris : Documents du monde, 1955, p. 225.

Jean Péraud parvient à s’enfuir du convoi des prisonniers[3], mais disparaît dans la jungle[7]. On ne le reverra plus. Il avait 29 ans.

Les photographies réalisées par Jean Péraud lors de la Bataille de Diên Biên Phu jusqu'au sont conservées au Fort d'Ivry où sont situées les archives de l'Armée Française. Les photographies prises du au sont actuellement estimées comme étant détruites ou perdues. Le cinéaste Pierre Schoendoerffer considérait Jean Péraud avec qui il a couvert cette bataille comme son grand frère et frère d'armes[1],[8].

« Il aimait son métier. Il était bon, fidèle, généreux, et il est mort comme beaucoup d’autres parce que des généraux se sont trompés mais aussi parce qu’un peuple l’a abandonné, avec toute une armée, à la lâcheté des politiciens et à l‘équivoque des causes à défendre. »

 Daniel Camus, Dien Bien Phu, Éditions Julliard, 1963.

Distinction

Ouvrages

Documentaire

Les Yeux brûlés, film documentaire français réalisé par Laurent Roth en 1986, sorti en 2015. Film de commande de l'ECPAD, il met en scène Mireille Perrier qui s'entretient, autour de la mémoire de Jean Péraud, avec des reporters de guerre du XXe siècle (par ordre d'apparition : André Lebon, Daniel Camus, Pierre Ferrari, Raoul Coutard, Marc Flament, Pierre Schoendoerffer) sur la nature de leur travail, leur rôle dans la production des images de guerre ainsi que leur place au front.

Expositions

Hommages posthumes

  • La sépulture vide de Jean Péraud se trouve à Saint-Dolay dans le Morbihan, et son nom est inscrit sur le monument aux morts de cette commune[1] ainsi que sur le mémorial des guerres en Indochine à Fréjus.
  • Le nom de Jean Péraud est gravé sur le Monument aux morts du cinéma et de la photographie des armées, situé dans l’enceinte du fort d’Ivry-sur-Seine. Il comporte la mention « Sergent-Chef Jean PÉRAUD Than-Hoa (Tonkin) juillet 1954 »[11].
  • La figure de Jean Péraud brisant son appareil photo le est évoquée dans le film de Pierre Schoendoerffer Diên Biên Phu, sorti en 1992.

Références

  1. Claire Robin, « Il veut honorer le soldat de l'image inconnu », sur Ouest France,
  2. (fr) Interview de Laurent Roth dans l'Humanité du 5 avril 2019 au sujet de son documentaire Les yeux brûlés.
  3. Delphine Robic-Diaz, « Indépendances – Les soldats de l’image en Indochine », sur ECPAD
  4. (fr) Site du Musée de l'Armée-Invalides
  5. Marc Charuel, « Filmer la guerre », sur Valeurs Actuelles,
  6. Schoendoerffer évoque cette scène dans son film Diên Biên Phu sorti en 1992.
  7. Patrick Chauvel, « Il croyait au destin des hommes », sur Le Monde,
  8. « Pierre Schoendoerffer se souvient de son frère d'armes en Indochine », sur Institut National de l'Audiovisuel,
  9. « Citation à l’Ordre de l’Armée », JORF, , p. 3010 (lire en ligne)
  10. « L'Indochine en guerre, des images sous contrôle [1945-1954] », sur Musée Nicéphore-Niépce,
  11. « Monuments aux morts Ivry-sur-Seine », sur Université de Lille (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la photographie
  • Portail de la France
  • Portail de l’histoire militaire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.