Jean Messiha
Jean Messiha, né le au Caire (Égypte), est un haut fonctionnaire et homme politique français.
Adhérent du Front national (devenu Rassemblement national) de 2016 à 2020, il est à partir de 2018 délégué national du parti pour les études et argumentaires, ainsi que membre de son bureau national.
Situation personnelle
Naissance et origines
Né le au Caire[1],[2], il est le fils d'un père diplomate égyptien, chrétien copte[3], et d'une mère chimiste, « élevée chez les sœurs du Caire »[4].
Installation en France
Hossam Boutros Messiha grandit en Colombie, puis en France, où il arrive à l'âge de huit ans. Il grandit dans la cité Pranard à Mulhouse, puis à Courbevoie et Franconville[1],[4].
Lors de son arrivée en France, il déclare qu’il ne parlait pas français : « À l'école, la maîtresse m'a placé près d'elle et m'apprenait [la langue] tandis qu'elle faisait cours au reste de la classe[3],[5]. »
En , il est commis durant l'été au room service de l'hôtel de Crillon à Paris. Il y rencontre le président égyptien Hosni Moubarak et lui parle de son père contraint de retourner en Égypte et rêvant d'un retour en France ; le président opine : « C'est fait ! »[2].
En 1990, à 20 ans, il est naturalisé et adopte son prénom de baptême, Jean[1],[4].
Formation et carrière
Après des études secondaires au lycée Saint-Louis-de-Gonzague[6], il est étudiant à l'université Paris-Nanterre, où il obtient un diplôme d'études approfondies (DEA) en économie après soutenance d'un mémoire intitulé Le statut économique des politiques budgétaires face au traité de Maastricht, qu'il approfondit par la suite en une thèse de doctorat[1].
Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (promotion 1996)[7], il intègre en 2003 l'École nationale d'administration (promotion Romain-Gary) après deux échecs au concours d’entrée. Il opte pour le service de l'État au sein du ministère de la Défense[1].
En 2006, il est nommé au grade de chef de bataillon de réserve, en qualité de spécialiste, en vue d'occuper un emploi de chargé d'études auprès du centre de doctrine d'emploi des forces[8].
Vie privée
Jean Messiha est marié à Rania Messiha, collaboratrice parlementaire de Louis Aliot de 2017 à 2020[9].
Parcours politique
Débuts à gauche
Étudiant au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, il colle des affiches des Jeunesses socialistes dans le 16e arrondissement de Paris[4]. Lors de l'élection présidentielle de 2002, il déclare avoir voté pour Jean-Pierre Chevènement au premier tour et s'être abstenu au second[4].
Ascension au FN puis RN
D'après Marianne, « Jean Messiha a adressé sa candidature à Marine Le Pen en 2014 »[10]. Il la rencontre pour la première fois en 2015[4]. En , il adhère au Front national. À l'automne, il est chargé de coordonner le projet présidentiel de la présidente du parti en faisant une synthèse entre les travaux qui remontent des différents cercles conseillant la candidate[11]. À partir de l'été 2016, il est le porte-parole des « Horaces », un club de hauts fonctionnaires et de cadres du privé qui alimentent le projet de Marine Le Pen[10] ; il est le seul membre du groupe à le revendiquer publiquement[12]. En 2018, il est nommé délégué national du Rassemblement national pour les études et argumentaires[13] et intègre le bureau national du parti[4].
Candidat aux élections législatives de 2017 dans la 4e circonscription de l'Aisne[14], il se présente comme « l’exemple parfait de la réussite et de l’assimilation »[15]. Il recueille 43,7 % des voix au second tour face au candidat LREM, Marc Delatte[16].
En , il fait part de son souhait de mener la liste du RN pour les élections municipales de 2020 à Paris, contraignant la fédération parisienne du parti à reconsidérer son accord avec Serge Federbusch[17]. Le RN choisit finalement de soutenir la candidature de Federbusch[18]. Jean Messiha est cependant chargé d'être tête de liste d'un arrondissement[18].
Le RN lui refuse de figurer sur la liste du parti aux élections européennes de 2019 ainsi qu'aux élections régionales de 2021 dans l'Aisne[19],[20].
En vue de l'élection présidentielle de 2022, il travaille sur le volet économique du programme de Marine Le Pen[21].
Son départ du RN est annoncé en novembre 2020[22]. L'Opinion indique qu'il « tire les conclusions de ses déceptions successives et d’une divergence de ligne sur les questions d’identité », et que « malgré une petite notoriété auprès de la base militante, il se sentait ostracisé par la direction, lui qui n’était pas invité à la traditionnelle rentrée de Fréjus depuis 2016 »[20]. Il indique vouloir créer un think tank économique, baptisé Institut Lacordaire, du nom du prêtre dominicain Henri Lacordaire[20].
Il fonde fin 2020 l'Institut Apollon, un cercle de réflexion d'extrême droite ayant pour objectif de « préparer la grande alternance » en vue de l'élection présidentielle de 2022[23].
Présence dans les médias
Depuis la campagne présidentielle de 2017, il est habitué des plateaux de télévision, notamment dans L'Heure des pros sur CNews et dans Balance ton post ! sur C8 : Arrêt sur images indique qu'en 2020, « Jean Messiha semble faire partie des meubles sur les plateaux du groupe Canal »[4],[24]. Son débat avec Yassine Belattar, dans Balance ton post !, est vu plus de 700 000 fois sur YouTube[24].
S'exprimant abondamment sur les réseaux sociaux, il dispose de quelque 40 000 abonnés sur Twitter en 2019[4], de 110 000 en 2020[19].
En , il est annoncé comme éditorialiste dans l'émission Hondelatte raconte sur Europe 1[25], mais la direction de la station l'écarte : Frédéric Schlesinger, vice-président d'Europe 1, met alors en cause les « polémiques que lance monsieur Messiha, notamment par voie numérique »[26].
Prises de position
Immigration
Adepte de la théorie du grand remplacement, il se dit « Français de souche par naturalisation » et juge l’islam « incompatible avec la République », même s’il dit ne pas le confondre avec « les musulmans »[10],[26]. Au lendemain de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, il juge « glaçant » que l'assaillant n'ait pas été « fiché S quand on sait que cinq millions de musulmans ne le sont pas non plus »[26]. Après l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, il plaide pour déclarer l’islam « incompatible avec la République », et présente la décapitation de Samuel Paty comme l’œuvre d’« un musulman en colère », ce qui conduit Marine Le Pen à déclarer que cet avis n'est « ni le [sien] ni celui du Rassemblement national »[20].
Économie
Après l'élection présidentielle de 2017, Jean Messiha déclare qu'un revirement du FN au sujet de l'euro disqualifierait « définitivement » le parti[27]. Ce revirement est en fait acté par le parti quelques semaines plus tard[28].
Covid-19
Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, il s'exprime sur les polémiques relatives à Didier Raoult et Luc Montagnier : Arrêt sur images estime que « sans se positionner clairement sur ces sujets, Messiha laisse entendre, dans une rhétorique typiquement conspirationniste, que certains tentent de les faire taire pour des motifs peu clairs »[24].
Publications
Notes et références
- « Jean Messiha : énarque bien intégré » (version du 28 octobre 2016 sur l'Internet Archive), sur lepoint.fr,
- Arnaud Folch, « Jean Messiha : l’autre énarque de Marine Le Pen », sur valeursactuelles.com, .
- Dominique Albertini, « Jean Messiha, un cadre atypique au FN », sur liberation.fr, .
- Ivanne Trippenbach, « Jean Messiha, le ferrailleur venu d’Egypte du RN », sur lopinion.fr, (consulté le ).
- « Messiha, un haut fonctionnaire en charge du projet de Marine Le Pen », sur Le Point, (consulté le )
- DE TANOUARN, « Entretien avec Jean Messiha », Monde & Vie, (lire en ligne, consulté le )
- « Jean Messiha », sur sciences-po.asso.fr'
- Arrêté du 17 mai 2006 conférant un grade d'officier de réserve au titre de l'article 9 de la loi n° 99-894 du 22 octobre 1999 portant organisation de la réserve militaire et du service de défense
- « Les cadres du FN se recasent comme collabs à l'Assemblée », sur lalettrea.fr,
- Louis Hausalter, « Jean Messiha, le nouveau techno de Marine Le Pen », sur marianne.net,
- Olivier Faye, « Front national : Jean Messiha, profession énarque », sur lemonde.fr,
- Marine Turchi et David Dufresne, « Les conseillers secrets de la campagne de Marine Le Pen » , sur Mediapart, (consulté le ).
- Charles Sapin, « Marine Le Pen fait le ménage dans l'organigramme du FN », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- Frédéric Gouis, « Le FN investit du très lourd pour les législatives dans l’Aisne », L'Union, (lire en ligne)
- Mikaël Libert, « Résultats Législatives. Aisne: Battu, le frontiste Jean Messiha se déchaîne sur Twitter », sur 20minutes.fr,
- « Résultats des élections législatives 2017 », sur interieur.gouv.fr
- Victor-Isaac Anne, « Municipales à Paris : au RN, Messiha lève le doigt » (version du 27 août 2019 sur l'Internet Archive), sur valeursactuelles.com, .
- « L'option Messiha écartée par le RN à Paris pour les municipales », sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
- Paul Laubacher, « INFO OBS. Jean Messiha va quitter le RN », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
- Ivanne Trippenbach, « Jean Messiha quitte le RN : un départ en forme d’échec », sur L'Opinion.fr, (consulté le ).
- Tristan Berteloot, « 2022 : les proches de Le Pen planchent déjà sur son programme présidentiel », sur liberation.fr, (consulté le ).
- Charles Sapin, « Jean Messiha claque la porte du RN », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- Hubert Prolongeau, « Génération identitaire, au cœur de l’ultradroite décomplexée », sur leparisien.fr, .
- Tony Le Pennec, « Jean Messiha, le RN préféré des chaînes Canal », sur Arrêt sur images.net, (consulté le ).
- Pierre Dezeraud, « "Hondelatte raconte" : Pascale Clark devient éditorialiste sur Europe 1 », sur ozap.com, .
- Alexandra Milhat, « Jean Messiha écarté d'Europe 1: l'ancien candidat FN aux législatives déverse sa colère dans des tweets incendiaires », sur huffingtonpost.fr,
- Romain Houeix, « Le Front national se fracture autour de l'euro », sur france24.com, (consulté le ).
- Damien Cottin, « Européennes : comment le Rassemblement national a abandonné l’idée du Frexit », sur Le Monde, .
- « Publications de Jean Messiha », sur cairn.info (consulté le ).
Liens externes
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